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Un musicien intervenant en colère.

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Sujet de la discussion Un musicien intervenant en colère.
Bonjour à tous,

Certain d'entre vous ont déjà reçu ce message, excusez moi. Quant aux autres que je ne connaît pas, veuillez bien vous pencher sur mon, votre? notre? problème. Il ne s'agit pas d'un spam mais d'une tentative de prise de parole "citoyenne" (rien que le mot m'amuse!)

Je vous envoie un petit texte que j'ai écrit et qui reflète mon état d'esprit suite au dernier "concours" du cnfpt filière" assistant spécialisé en enseignement artistique"

Retrouvez ce texte avec une vidéo d'un extrait de spectacle d'une école de lyon, et laissez vos commentaires à;

http://fr.youtube.com/watch?v=zRCV33QRDR4



Bises à tous
Dominique

PS; faites circuler ce texte, ça ne peut pas nous nuire!



Un (2, 3, 600, 4000?)musicien(s) intervenant en colère.



Tout d’abord qu’est ce qu’un musicien intervenant ? Une instit avec qui je collabore depuis trois ans m’a récemment dit qu’elle avait toujours pensé que j’étais un instituteur spécialisé, eh bien non !

Un musicien intervenant appelé aussi Dumiste (nous y reviendrons), c’est d’abord un musicien avec sa formation initiale faite de milliers d’heures de travail sur de nombreuses années. Mais cela ne suffit pas. Il faut, après deux années d’études supérieures réussir le concours d’entrée au Centre de Formation des Musiciens Intervenant (CFMI), y passer deux années à temps plein et obtenir le Diplôme Universitaire de Musicien Intervenant (DUMI).

Il y a neuf CFMI qui proposent chaque année 20 places par établissement pour 120 candidatures en moyenne. A l’issue de ces deux années 18 étudiants par établissement obtiendront leur diplôme

Nos collègues instituteurs ont aussi passé un concours après 3 années d’études supérieures pour rentrer à l’IUFM (Institut Universitaire des Maîtres). Après ce concours, ils sont rémunérés et passent un an à l’IUFM en alternance avec des stages dans les écoles, puis ils sont titularisés. De notre côté, après l’obtention du DUMI, nous pouvons postuler à des emplois précaires (CDD renouvelable chaque année…) de musicien intervenant dans les écoles. Nous sommes en général employés par les communes, qui sont responsables de l’école élémentaire, souvent par le biais d’écoles de musique ou de conservatoires.

Jusqu’ici tout va bien, le problème est que le CFMI ne dépend pas de l’éducation nationale mais des études supérieures. Pour devenir titulaire de notre emploi et avoir un véritable contrat de travail à durée indéterminée, il nous faut passer un autre concours qui nous permettra de figurer sur une liste d’aptitudes. On ne peut être titularisé sans figurer sur cette liste. Nous sommes donc réputés inaptes. A ce titre nous avons le droit à un CDD et 1200 euros mensuel primes comprises (cette année, mon salaire a augmenté de 5 euros !).


La colère commence à monter, mais ce n’est rien, le pire est à venir ; tous les trois ans, ce concours est organisé par le CNFPT (Centre National de la Fonction Publique Territoriale). A titre d’exemple, en 2008, il y avait 70 postes pour 690 candidats. Le but d’un concours est de sélectionner les meilleurs pour occuper les postes vacants ce qui est tout à fait louable. Sauf que les 690 musiciens intervenant postulant au concours ont déjà fait leur preuve et sont indispensables puisqu’ils ont tous déjà un emploi, précaire soit, mais un emploi. Je rappelle que les 690 musiciens intervenant en question ont aussi tous déjà passé un concours pour pouvoir rentrer au CFMI et un examen pour obtenir le DUMI.



En quoi consiste ce concours ? la première étape consiste à faire parvenir au CNFPT, un dossier d’une vingtaine de pages. Ces dossiers ne sont pas lus avant que tous les candidats soient convoqués à l’autre bout de la France pour la deuxième étape : un entretien de trente minutes face à un jury de 4 ou 5 personnes. En 2008, le concours avait lieu à Lille, c’est donc 690 musiciens intervenant inaptes qui ont pris le chemin du nord, soit l’équivalent de 2 TGV.

Une petite partie des postulants passe un concours dit « interne », ils doivent avoir exercé un certain nombre d’années pour ce privilège. Dans ce cas le concours consiste ni plus ni moins à repasser le DUMI ; Ils repassent donc les mêmes épreuves qu’au CFMI mais devant les représentants d’une autre administration…

Dans trois ans, pour le prochain concours, les neuf CFMI auront produit environ 500 nouveaux dumistes qui s’ajouteront aux 631 malheureux candidats. Nous serons donc plus de 1100 à espérer décrocher les quelques dizaines de places offertes au concours.



Un musicien intervenant me confiait l’autre jour, la difficulté de se rendre à l’école après ce concours. Pour d’autres c’est des nuits de cauchemars et de rage face à cette injustice. On nous parle sans arrêt des usagers pris en otage par telle ou telle grève. Je peux donc me permettre de comparer nos situations avec celle des sans-papiers et de demander au nom de tous mes camarades musiciens intervenant une régularisation massive.

J’ai personnellement passé mon DUMI en 2002, sur les 19 qui ont réussi le concours d’admission et l’examen final cette année-là, un seul est à ce jour titularisable, les autres continuent à se dévouer à leur travail pour quelques euros et une situation précaire.

Il semblerait, aux dernières nouvelles, qu’une loi (à une époque c‘était la loi « Sapin », mais maintenant ?) permet d’être titularisé après 6 ans de travail chez le même employeur. Je vous laisse le soin d’apprécier la cohérence du dispositif !



Le but de ce texte est modeste, faire du buzz sur Internet. Nous ne serons jamais en grève, nous sommes de toutes façons «inaptes».

Pour rédiger ce texte, j’ai parlé avec de nombreux musiciens intervenant, nombre d’entre eux sont employés par des employeurs indélicats qui exploitent à fond le système. Par exemple des contrats de 10 mois reconduits chaque année après un passage de 2 mois aux Assedic. Beaucoup se demandent comment ils pourraient se recycler. Tous se donnent à fond, mais il y a un réel malaise.

Mais tant de gens sont concernés, les parents ou les grands parents qui viennent nous voir à la fin des spectacles, les instituteurs qui nous font confiance. Tout le monde nous demande si on sera là l’année suivante, c’est difficile de leur répondre, surtout à la fin d’un spectacle, quand l’émotion est encore là…Je pense aussi aux enfants qui trouvent dans nos séances de musique l’occasion de vivre l’école autrement…



Pour finir, je tiens à répondre par avance aux aquoibonistes. C’est sans doute un rêve de penser que quelques lignes peuvent peser sur une administration, mais c’est aussi une partie de notre métier que de rêver et de faire rêver.

Et je sais que de nombreux élus locaux réalisent que nous sommes plus qu’un luxe.

Faites circuler ce texte ou écrivez en d’autres.

La lumière arrivera bien un jour au fonds du couloir.



Dominique Martin

Musicien intervenant « inapte »
A ciao
2
Salut,

Malheureusement, c'est également le cas des prétendants aux postes d'enseignants tout court. Cette année, j'ai passé le CAPES de philo (26 postes pour 1200 candidats) et l'agreg de la même matière (40 postes pour un millier de candidats). et dans toutes les matières c'est le même problème. Bien sûr, pour les matières potentiellement productive de concret (j'entends par là les maths, la physique, l'informatique, les sciences dures, quoi), il y a entre 40 % et 60 % d'admis, contre 4 à 6 % en philo, et c'est pareil dans les lettres et sciences humaines en général (peut-être pas dans des proportions aussi catastrophiques que la philo, mais c'est quand même pas la joie). Et pour la suite ? Hé bien pour la suite, le gouvernement prévoit d'allonger de deux ans la durée d'étude avant de prétendre à l'enseignement, il faudra bientôt un master (bac +5) au lieu d'une licence, comme tu le dis (bac +3). Par ailleurs, le CAPES va être supprimé incessamment sous peu, au profit d'un système de recrutement par les principaux et proviseurs des établissements scolaires, qui se verront donc assigner une fonction de DRH. Quand on te dit au bout de cinq ans d'étude que tu ne pourras peut-être jamais enseigner alors que c'est ce que tu désires faire de ta vie, ça donne pas franchement envie de continuer. D'ailleurs je mets la philo entre parenthèse pour l'année qui s'annonce, en espérant décrocher un CAPES, histoire d'avoir un salaire un jour... Bref, tout ça pour dire que vous n'êtes pas les seuls. Une mobilisation globale ne suffirait d'ailleurs pas : les usagers qui se disent "pris en otage" lors des grèves, récitant bien sagement la leçon que leur inculque Pernault à 13 heures ne se rendent d'ailleurs même pas compte que ces gens se battent pour eux, pour leur bien à eux, le bien public. Alors que faire ?

Merci aux modos d'avoir la gentillesse de ne pas supprimer ce topic, mais de le déplacer dans la section la plus appropriée (le pub ? :volatil: )...
"C'est blazman legacy ici" (Apocryphe) / Live music / Soundcloud
3
Hello,

La différence avec le Capes, c'est que nous avons passé un concours pour entrer en formation comme les professeurs des écoles...
Par contre, notre situation est a rapprocher de tous ceux qui sont en CDD dans l'éducation nationale, et je sais qu'ils sont nombreux...
un nouveau lien pour un autre extrait de spectacle:

http://fr.youtube.com/watch?v=VX8fveHXPS0
A ciao
4

Hors sujet : Dhomhi > c'est toi qui a fait "l'arrangement" sur
Carmina Burana dans le spectacle?

5
Non, je passe pas mal de temps sur le net pour dénicher des playbacks, j'ai trouvé ce remix sur limewire. J'adore les remix techno,ça donne beaucoup d'énergie.
A ciao
6
Juste pour dire : bon courage !

Etant enseignant certifié en Éducation Musicale, j'ai eu pas mal l'occasion de cotoyer les collègues DUMIstes qui font souvent un chouette boulot en primaire et nous apportent au collège des élèves ouverts et mûrs pour faire des choses originales et intéressantes, qui participent au développement social et psychomoteur des enfants, futurs citoyens.

Malheureusement, je me classerais dans la catégorie des "aquoibonistes", puisque j'ai laissé tomber ce boulot, préférant nettoyer des toilettes que de me battre contre des moulins à vent.

Votre boulot est vraiment ingrat, et je pense pouvoir imaginer la somme colossale d'énergie qu'il vous faut pour le faire au quotidien, et pour une paye misérable (avec souvent des frais de transport importants). Bravo les gars et les filles, c'est chouette !

A mon avis, si je puis me permettre, plutôt que d'essayer de réveiller la masse, faites-vous discrets pendant quelque temps : la politique actuelle n'est pas vraiment d'encourager l'Art et l'Humain, mais bien le Pognon et la Flexibilité. Plus vous vous montrerez, dans ces 4 ans qu'il reste à tenir, et plus vous aurez de chance de voir les quelques derniers avantages et reconnaissances qui vous restent partir en fumée. Je sens bien un plan genre : suppression du CNFPT, du DUMI, possibilité pour n'importe qui, sans formation, d'intervenir en école, réduction des budgets (encore) etc.


Bon courage, et merci pour votre taf ! :boire:

(et n'oubliez pas que, quand on a marre de tout donner pour rien, il reste aussi la possibilité de se barrer et de laisser les autres dans la merde ; c'est pas honnête, mais ca fait du bien)

On ne voit bien qu'avec les yeux. Le cœur est invisible pour l'essentiel.