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Citation : Renault fait, avec la Logan, le pari de la "voiture économique" (ECLAIRAGE)
12:26:00 - 02/06/2004


Par Isabelle CORTES
PARIS, 2 juin 2004 (AFP) - Avec le lancement de sa "voiture économique", la
Logan, Renault fait le pari stratégique d'un véhicule taillé sur mesure pour les
pays émergents, alors que d'autres constructeurs automobiles ont abandonné de
tels projets en cours de route ou s'y sont cassé le nez.
Connue jusqu'alors sous le nom de code L90, la Logan a été dévoilée mercredi
à la presse mondiale au centre technique de Renault à Guyancourt (Yvelines).
Ambitieux, le constructeur français vise 700.000 exemplaires vendus par an
d'ici 2010, pour lui permettre d'atteindre son objectif de 4 millions de
voitures commercialisées à cette date.
Néanmoins, contrairement à la position adoptée jusqu'ici par Renault, le
président du groupe Louis Schweitzer n'a pas exclu mercredi, lors d'une
conférence de presse, une éventuelle commercialisation de cette voiture en
Europe occidentale.
Renault expliquait auparavant que ce modèle avait été conçu pour des pays où
le pouvoir d'achat est limité et où les consommateurs veulent des voitures
modernes mais fonctionnelles, sans tous les équipements supplémentaires demandés
en Europe occidentale.
Produite dans un premier temps dans l'usine Dacia de Pitesti en Roumanie,
cette voiture le sera aussi en Russie et au Maroc (2005), en Colombie et en Iran
(2006), voire en Chine. Après les pays de l'Est sous la marque Dacia dès cet
automne, il sera vendu ensuite, sous marque Renault, dans d'autres pays, dont
l'Iran, la Russie ou encore la Colombie.
Fabriquer et vendre une voiture à bon marché pour les pays émergents,
beaucoup de constructeurs y ont réfléchi, tels que Chrysler ou Citroën, mais
seul Fiat a mené le projet à terme, avec la Palio, sans connaître le succès
attendu.
"La Palio de Fiat, destinée notamment au Brésil, est vraiment l'exemple de
l'échec cuisant d'une voiture mondiale. L'élévation du niveau de vie s'y est
traduite par une hausse des dépenses dans l'automobile, une montée vers le haut
des gammes qui a bénéficié à d'autres modèles de voitures", observe un analyste
parisien sous couvert de l'anonymat.
Pour Michel Freyssenet, directeur de recherche au CNRS et co-directeur du
Gerpisa (Groupe d'étude et de recherche permanent sur l'industrie et les
salariés de l'automobile), "Fiat, avec la Palio, n'avait pas poussé la logique
jusqu'au bout puisque sa voiture était moins moderne, son prix supérieur et ses
marchés un peu plus développés".
Par contre, "ce que fait Renault est en rupture : c'est un modèle spécifique
pour une clientèle qui ne peut pas accéder pour l'instant à la voiture neuve",
estime-t-il.
Toutefois, cela reste "un pari dans la mesure où ce véhicule doit inventer
un marché qui n'existe pas, un marché de premier achat entre celui de l'occasion
et celui du luxe, de la même façon que le constructeur a inventé le marché des
monospaces, note-t-il. Le propre de cette stratégie d'innovation conceptuelle,
c'est qu'elle fonctionne à quitte ou double", ajoute-t-il.
La difficulté, dans le cas de la voiture à 5.000 euros, est de ne pas faire
figure de "sous-voiture", estiment ces spécialistes. Car, même dans les pays
émergents, les personnes qui peuvent se payer une voiture veulent une vraie
voiture, préférant une voiture de marque prisée d'occasion à une voiture au
rabais, tant l'automobile reste une marque de réussite sociale.

Citation : culture AF