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Test Master X210

Introduction

Bonjour,

 

Je suis un simple ingénieur façade et à ce titre, pas vraiment habilité à chasser sur les terres des ingénieurs acousticiens. De plus je suis partisan de la séparation entre l’église et l’état, qui consisterait ici à dissocier les gens qui étudient et installent de ceux qui exploitent les sonorisations. Un bon mixeur n’est pas forcément calé, et un docteur en physique ne sait pas toujours manipuler une console. Chacun son boulot.

 

C’est donc un simple avis d’exploitant que je vais vous livrer concernant mon utilisation du Master X210 dans sa configuration la plus simple car à la base, la jauge public ne devait pas dépasser 5000 personnes.

 

Je ne parlerais que très peu de théorie, mais un peu tout de même pour justifier ma critique.

 

Configuration :

4 X210 par côté (têtes) – 2 X218 par côté (sub)

Petit système 206 en ouverture latérale

2 enceintes 1k5 X15LT en front

 

Salle : Le dôme – Marseille, décembre 2010

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Étape 1

 

 

 

Je n’ai jamais utilisé ni entendu ce système. Je possède un 206 dont je suis ravi et j’ai écouté la version précédente du 210.

Je vais donc bosser « sans filet » sur un Array de location tout neuf.

 

Je l’examine donc attentivement à l’arrivée.

Les gros flys s’ouvrent en deux et il ne reste que les chariot permettant à une personne seule une manipulation facile.

Les fly’s contiennent 4 têtes actives et le bumper d’accroche. Tout est déjà claveté et câblé. L’ensemble ne pèse pas plus de 150kg (37kg par tête)

Les subs double 18 également actifs sont revêtus de housses laissant place à un accès poignées. Des roulettes genre « diable » me rappellent les anciens caissons toboggan de Cerwin Vega. Elles sont en tout cas très pratique pour déplacer les 98KG de chaque caisson.

 

Les enceintes sont alimentées par de solides cordons Power Speakon. On accède aux fonctions de paramétrage par un pavé numérique qui parait étanche. Un afficheur bleu permet de suivre facilement la configuration. Deux prises RJ45 permettent la mise en réseau et le déport des fonctions de chaque boîte sur un PC. Il suffit pour ça de chaîner l’ensemble un peu comme du DMX

 

Une fois tout sorti, je jette un coup d’œil à la fabrication. Ça m’a l’air plutôt soigné et conforme aux besoins techniques de création d’une ligne. Je m’explique :

 

Tout ceux qui connaissent un peu les line array savent qu'il ne suffit pas d'empiler des boîtes pour obtenir un champ cylindrique de type ligne source.

Je donne donc un modeste  avis valable uniquement dans le cas d'une mise en oeuvre respectant la WST (étude et conclusions de Christian Heill). Je ne veux gonfler personne avec de la théorie mais je survoler cette « norme » pour justifier mon avis sur le Master X210 Je vais essayer de parler Français et de réduire au minimum.

 

 

Petit rappel concernant deux ou trois points de la WST (il y en a d’autres) :

 

La surface des différents haut parleurs et pavillons doit représenter au moins 80% de la banane. Les espagnols étant de bons élèves je ne prends pas le temps de sortir un mètre pour vérifier. La surface du Master X210 est recouverte de transducteurs 10'', protégés par une grille solide et un tissu anti-poussière armé. Au premier coup d'oeil, nous sommes largement à 80% de la surface du baffle, c'est un premier bon point qui est évident, mais parfois non respecté par les fabricants de boîtes pas chères.

 

Les haut parleurs et pavillons doivent être le plus proche possible les uns des autres (distance inférieure à une demi forme d'onde) Ce point vital est sans problème pour les basses dont la  fréquence donne une valeur de forme d'onde élevée. Pour les hautes fréquences par contre, l'écartement doit être quasiment nul entre deux pavillons (1/4 de la forme d’onde : quelques millimètres ou quasiment rien à 18khz). Une simple observation du X210 laisse apparaître une ébénisterie à la fois robuste et fine, et la proximité des champs haute fréquence est résolue à l'aide de pavillons précis type DOSC traversant la partie avant de la boîte et venant s'accoupler parfaitement à l'enceinte suivante sans perte de place due à l’ébénisterie. Le contrat est rempli pour cette deuxième obligation.

 

Les systèmes d'accroches sont  importants pour créer une ligne source à partir d'enceintes d'array. Tout en étant robustes, ils doivent coupler les enceintes avec précision au millimètre maintenant ainsi la faible distance entre les haut parleurs, malgré l’angle donné pour « viser » telle ou telle partie du public. Les accroches Master me paraissent être en acier matricé, munis d'une clavette permettant l'articulation de la banane. La clavette est un modèle à piston bien pratique qui empêche tout retrait intempestif. Une élingue évite la perte de pièces au démontage. (Je trouve ces élingues un peu fragiles sur mon MA206)

 

Je parle de goupilles et d'accroches, car sans rentrer dans les détails de courbure du front d’ondes, je peux vous dire que la précision du réglage mécanique est vitale pour la création d’une ligne source. Et ce phénomène permettant de doubler la portée est la raison d'être des systèmes Array. Mal étalonnés, ils sonnent invariablement comme des casseroles. Si vous ne maîtrisez pas, mieux vaut utiliser un système audio traditionnel qui donnera un son plus naturel.

 

Pour ce système Master, je pense globalement avoir devant moi les qualités permettant de créer le fameux champ cylindrique à longue portée.

 

L'ouverture horizontale des têtes est donnée pour 120°. Pour ceux qui ne connaissent pas le Dôme, c’est une salle à très large ouverture.

Je complète donc le système X210 par mon petit 206 du même fabriquant stacké sur scène en position d’écartement. Il sera en charge de la couverture au-delà des 120°.

 

Un logiciel fourni, ainsi qu'une possibilité de mise en réseau éthernet permet à la fois l'étalonnage mécanique et audio du système. Pratique pour les profanes (et pour les autres).

 

Je reste prudent, ne connaissant pas le système, et décide de le calibrer sans tenir compte des dix premiers mètres d’avant scène. Je dispose de deux X15LT bien suffisantes pour atténuer les basses de la fosse. Elles s’avéreront d’ailleurs diaboliquement efficaces.

 

Les têtes 210 sont hissées à une dizaine de mètres à l’aide de moteurs, tandis que les Subs 218 qui n’ont pas d’accroche (à ma connaissance) sont disposés en bas de scène. Ils diffuseront donc une simple forme d’onde sphérique de moyenne portée. Je compte un peu sur les têtes pour envoyer un peu de basses au loin, puisque leur coupure est donnée à 70hz et que je ne dispose pas des subs 215 étudiés pour le haut de grappe.

 

Nous procédons au calibrage à l’aide du logiciel Master hyper simple. Les informations de niveau et d’égalisation propres à chaque enceinte sont transmises instantanément, ce qui nous permet de procéder rapidement aux premiers essais. Je suis dubitatif quant à l’efficacité de l’informatique en concert, mais je dois reconnaître que le calibrage est bon. Je range donc mon petit amour propre et délaisse définitivement les molettes de mon égaliseur façade.

 

Le test est réalisé avec des CD de différents styles. La portée est bonne, plus de 40m, distance au-delà de laquelle les Sub 218 se ramollissent sensiblement, puisqu’ils émettent en sphérique. Le constructeur annonce une possibilité de positionnement « dos à dos » des 218 qui augmenterait sensiblement la portée. Je ne l’ai su qu’après et n’ai pas eu l’occasion de vérifier.

 

A 50m dans ma configuration, les basses sont plus hautes car elles proviennent majoritairement des têtes. Le son reste toutefois très puissant et lisible à cette distance. Les hautes fréquences sont claires, les médiums nets et l’ensemble est parfaitement équilibré.

 

 

Par gourmandise, je taquine un peu l’égalisation et je sens là aussi une réponse obéissante même ou loin, et qui permet de s’amuser au son hi fi comme à la maison, dans une salle de dix mille place.

 

Je suis surpris par la réserve de puissance. La jauge finale est finalement de 8500 personnes et mon général n’atteint pas -10.

 

Le personnel du Dôme reçoit 200 concerts par an. Ces gens sont habitués à voir de gros systèmes beaucoup plus importants et chers. Aussi lors du montage matinal, ils regardaient nos huit boîtes avec un demi sourire. (En repérage l’avant-veille, j’avais été impressionné par 24 arrays d’une grande marque suspendues au plafond)

 

Pendant le concert, ils nous ont demandé de baisser un peu.

Après le concert, ils nous ont demandé la référence des enceintes.

 

Je ne suis donc pas le seul à avoir été convaincu ce jour là.

 

Vu la qualité et la réserve obtenue avec une configuration minimale d’une marque peu connue, je me demande ce qu’on bien pu faire les ingénieurs de la veille avec leurs 24 boîtes, et combien ils ont du facturer leur prestation.

 

 

Conclusion

Pour conclure, je trouve ce système parfaitement conçu et équilibré. Les enceintes sont légères, l’électronique embarquée permet une mise en œuvre simplissime et le prix plus que raisonnable sans avaler des siècles de leasing. Ça ouvre la porte des grandes scènes à de petits prestataires comme moi. J’ai bossé sur pas mal de marques réputées et je ne trouve aucune différence en défaveur du X210. A prix inférieur, c’est donc naturellement vers ce système que je vais me tourner dans les investissements futurs.

 

Au risque de vexer des industriels, je m’interroge aussi sur la nécessité de surdimensionner les systèmes audio à outrance. Sans cette pratique, les place de concerts seraient peut être plus abordables et nous aurions sûrement tous plus de travail…

 

Bruno, Artec (Arles) Février 2011

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