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Le Tremplin Fallenfest ou Arnaque pour les groupes en développement

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Sujet de la discussion Le Tremplin Fallenfest ou Arnaque pour les groupes en développement

Sur le papier, le procédé est classique. Inscription gratuite, résider en ile de France et jouer en live sont les seuls conditions à remplir. Les groupes passent alors différents tours grâce aux vote du public pour finir dans une grosse salle parisienne s’ils sont plébiscités jusque là. Ce tremplin promet de nombreux lots et un jugement final par un jury de professionnels. Cerise sur le gateau, un discours écologique est plaidé par l’organisation qui revêt alors quasiment sont plus beau costume de philanthrope.

Qu’en est-il dans les faits ?

L’Organisateur

Derrière l’étiquette Fallenfest, il y a Capitol Studios Paris qui comme son nom ne l’indique pas est situé à St Ouen à côté d’un immeuble insalubre. Ces studios sont des studios de mastering et d’enregistrement qui ont subit la désaffection des maisons de disques et labels. La crise du disque n’aidant pas, on comprend l’intérêt de ces loueurs d’espace et prestataires de service pour faire rentrer le manque à gagner : le Fallenfest est né.

Le déroulement des phases du tremplin

1er et 2ème Tour : Ils ont lieu à Capitol Studios à St Ouen  avec une moyenne de 6 à 8 groupes par soir, du mardi au dimanche. Il est important de noter que la « salle de concert » est en fait un studio d’enregistrement. Ce détail est capital quand on sait les normes que doivent remplir les lieux de spectacle et café concert. Le gérant du studio garde la tête dans le sable pour éviter les contrôles au mépris de la sécurité du public et du cadre légale auquel sont soumis les professionnels.

Les groupes doivent réaliser des préventes pour passer au tour suivant et/ou remporter son enregistrement live. En effet, un système de bille permet de remporter un tour si on dépasse un certain seuil (ce seuil étant laisser à l’appréciation quotidienne et partiale des personnes de l’organisation). Donc suivons la mathématique de ce système : faire beaucoup de prévente, donc mobiliser son public et passer à la suite pour les plus chanceux. Tout entre dans les poches lors de cette étape des organisateurs qui rentabilise un espace inapproprié leur appartenant.

 

Les autres tours se déroulent dans des salles parisiennes à petite jauge.

 

Les demi-finales sont au Trabendo et les finales à la Cigale. Des salles mythiques mais là encore la réalité est autre.

Tout d’abord, il convient de noter que la Boule noire, le Trabendo et la Cigalle sont dirigés par les mêmes personnes. Il s’agit de salles garages comme la plupart des lieux parisiens c'est-à-dire qu’ils ne programment pas et ne font que de la location. On comprend alors le deal tacite entre Capitol // Fallenfest et ces structures : pour les salles, des locations régulières sur des créneaux qui n’intéressent pas les professionnels (tourneurs et producteurs) – pour Capitol des noms prestigieux et des prix de locations rentables.

Enfin le jury finale comporte bien un ou deux professionnels mais est surtout constitué de partenaires du tremplin qui peuvent se goinfrer dans l’espace V.I.P pendant que les groupes défilent : 14 groupes par finale et environ mille personnes dans le public. La salle est remplie à la moitié et on comprend que les finalistes mobilisent peu de personne.

 

Le story telling ou comment monter une belle histoire

Tout d’abord, nous nous attarderons juste une seconde sur le choix de nom de ce dispositif : Fallenfest, une connotation métaleuse-émo pour ce qui forge le fond de commerce des groupes et le fest pour festival alors qu’il s’agit d’un tremplin à l’année et non d’un événement ponctuel.

Avec Fallenfest, nous sommes au cœur du cynisme du milieu musical né d’abord dans les maisons de disques et qui s’étend désormais au milieu du spectacle vivant.

L’idée étant de surfer sur une donnée prophétisée par Andy Warhol: tout le monde aura son quart d’heure de gloire et de rajouter ou est prêt à la mesure de ces moyens à se payer ses minutes de gloire.

Cela se traduit par un calcul sur le volume, la quantité au détriment de la découverte, l’accompagnement, la qualité artistique.

Au final, nous avons le cas général : le parcours des groupes dépend uniquement de leur capacité à faire payer leur public. Pour preuve la typologie du public : des lycéens pour les groupes de teenage rock et les familles des musiciens soit en sommes des personnes déjà conquise et pas de nouveaux champs. Pas de diffusion de leur art, pas de communication ni de promo hormis celle que les groupes pourront faire, pas d’encadrement ou de direction artistique en somme de l’abattage pour cette « Nouvelle star du pauvre » ; pas d’éthique et une belle histoire marketée et vendue qui colle bien à l’époque et à l’attirance vers la starification formatée.

Pour les autres groupes, Fallenfest est dans la liste des tremplins comme Emerganza ou les dispositifs locaux.

Les groupes amateurs se retrouvent dans des studios désuets, dépassés et rêve de jouer dans des salles où ils ont vu leurs idoles musicales : l’illusion se paiera en prévente et durera le temps de 2 ou 3 concerts.

Le comble du cynisme est atteint lorsqu’on comprend que l’équipe semble aussi bercée de ces illusions. Ils sont très jeunes, de bonne foie,  généralement stagiaires pour la technique et non professionnels dans la culture ou dans le spectacle vivant : une main d’œuvre corvéable qui ne se plaindra pas puisqu’elle réalise un rêve de papier mâché. Pendant ce temps, la direction, elle, en caresse un tout autre à l’instar de son grand frêre Emerganza : franchiser le système pour le vendre à qui voudra sans avoir à en gérer le déroulement. Nos exploitants de studios se font alors VRP, les masques tombent. Dans leur aigreur ces passionnés d’hier ont tourné le dos à la musique mais s’en défendent car il faut donner le change pour que leur ruse tienne. A la manière des ex babas devenus ultra capitaliste, ils conservent l’habit mais ont troqué leurs idéaux artistiques par avidité. D’ailleurs et c’est l’ultime constat d’échec de ce type de tremplin, les groupes émergents qui se professionnalisent restent très discret sur leur passage et les professionnels de la musique n’y accorde aucune crédibilité.

 

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Flag. Ca synthétise pas mal de jugements que j'ai déja entendus sur ce truc (et avis que je partage).

J'ai pu assister à quelques "concerts" de premier et seconds tours dans la "salle" du Capitol Studio et c'est bien pourri, mais pas pire que la moyenne des pubs à concert. C'est déja ça. A la limite, c'est "moins pire" que le rade miteux avec le patron qui te file même pas une bière.

Je connais quelques groupes qui ont participé à ce "tremplin" et les seuls qui en ont tiré un bénéfice sont ceux qui ont pris le contre-pied total du système : s'inscrire, ne faire strictement aucune prévente ni promo, et jouer devant un public constitué à 100% de gens que l'on ne connais pas. Aucune chance de gagner quoi que ce soit dans le cadre du tremplin, mais deux bénéfices évidents
- jouer un set en conditions "hostiles" mais néanmoins semi-pro dans l'esprit (sono, sondier, retours: quand on viens du circuit DIY des bars miteux, ça change la vie)
- distribuer du flyer à mort après le concert pour rameuter des gens sur son myspace/facebook/autres concerts. Même 5 ou 10 personnes ce serait un bénéfice net énorme pour un investissement nul.

Bref, jouer selon les rêgles c'est perdre son temps, ses sous, et potentiellement ses potes. Jouer contre l'esprit du truc, c'est rentable ou en tout cas ça mange pas de pain.

I must not fear. Fear is the mind-killer. I will face my fear.

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Alerte troll anonyme : Meloyelo envoie le même post délétère partout, probablement pour Emergenza...

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Message de modération :
Par contre on va quand même éviter les doublons, donc je verrouille ce sujet-ci.

La suite ici... (je vous invite à y recopier vos messages)

[ Dernière édition du message le 17/08/2010 à 19:22:31 ]