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coyote14 « Vocoder chaleureux, avec une belle personnalité »
Publié le 21/08/22 à 11:28
Rapport qualité/prix :
Correct
Cible :
Tout public
Fan de la marque Roland et de tout ce qu'elle a produit à l'articulation des décennies 70/80, je poursuis ma quête des instruments de cette époque avec patience et détermination. Une annonce sur AF m'a entraîné vers l'achat du SVC-350. Une démo de bonne facture (pas de moi!) avant les explications:
Sur cette vidéo on voit les 2 usages principaux:
- comme processeur vocal, pour des effets classiques de vocoder
- comme processeur d'effet sur des loops rythmiques, ou même des mixes complets!
L'ensemble de la connectique se trouve en façade. La machine accepte une entrée micro avec gain réglable, ou une entrée ligne pour le signal de modulation (le signal qui module le son du vocoder, typiquement une voix ou une boucle). Les 2 autres entrées sont dédié au signal porteur, à savoir une entrée ligne pour des sons de synthé ou une entrée guitare. Cette dernière est doté d'un "tone control" qui semble être un filtre passe bande assez large pour mettre en avant une partie des fréquences, le reste étant atténué. Le manuel explique qu'elle est dédié à tous les signaux à forte dynamique. J'imagine qu'elle est aussi de type haute impédance, mais cela n'est pas précisé. On note tout de suite que l'appareil n'accepte que les entrées mono. A la différence de la sortie qui propose mono ou stéréo, ainsi qu'une sortie mono ampli guitare. La raison d'être de la sortie stéréo est la présence de l'effet ensemble qui élargit et donne un rendu stéréo au signal traité. Attention: on ne peut pas l'utiliser seul ou sur un signal dry, juste sur le signal vocodé.
Les contrôles sont peu nombreux mais efficaces:
- 11 fréquences ajustables dans la section "tone control" (je sais pas pourquoi on voit "10" un peu partout sur le net). C'est un super EQ très efficaces à des fréquences judicieusement choisies (plutôt des filtres passe-bande résonants), qui permettent de sculpter le son vocodé. Ils sont très efficaces, il faut les régler finement! On est loin du réglage gadget.
- le contrôle des niveaux: celui de l'entrée micro et ligne, celui de la guitare, celui de la sortie et un potentiomètre "mix" qui permet de mélanger son sec et son traité. Un sélecteur de sortie permet de choisir le niveau de sortie entre "low, medium, high", comme sur beaucoup d'instruments Roland de cette époque. Pas de sortie symétrique, toutefois.
La gestion des niveaux n'est pas simple: contrairement à un synthé analogique où on peut pousser les niveau pour driver les filtres et faire saturer un signal de façon créative et musicale, ici, ce n'est pas le cas: quand on tape dans le rouge les suiveurs d'enveloppe qui pilote un VCA par fréquence "talonnent" et le son traité n'a plus aucune nuance. C'est encore plus compliqué pour le signal porteur: si vous voulez "chanter" une simple mélodie monophonique, vous allez devoir monter le gain pour que le vocoder travaille le son avec un niveau de dynamique conforme, mais dès que vous plaquez un accord, le signal va rapidement saturer. La solution consiste donc à envoyer dans l'entrée instrument un signal compressé ou même avec un limiteur avant l'étage d'entrée.
L'effet ensemble n'est pas à proprement parler un chorus façon Juno, dans le sens où on ne perçoit pas de modulation sur l'effet. On a plutôt un signal déphasé sur une sortie par rapport à l'autre, plutôt du type phaser non résonant, et c'est vrai que l'effet stéréo est réussi. C'est très utile sur les sons de nappe ou les sons doux. 2 choses importantes à savoir: il n'est déclenchable que par une pédale de switch branchée sur la façade, et il mange pas mal le signal dans les aigus, on perd en précision et en intelligibilité. Par contre, on gagne en chaleur et en douceur!
J'ai testé l'appareil avec plusieurs sources pour la modulation: ma voix, des samples de voix, des patterns rythmiques, des boucles complètes. Avec chacune de ces sources, on obtient des résultats intéressants et assez variés (voir vidéo). L'appareil est hyper réactif sur les changements d'intonation, de voyelle, consonne, de niveau...On voit qu'on a l'électronique de Roland à l'époque où ça ne lésinait pas sur la qualité de la conception et des composants! Le suiveur d'enveloppe semble s'adapter au type de signal entrant, doux quand il le faut, pêchu quand il y a besoin.
On peut donc sculpter le son avec les 11 sliders en façade, mais ce qui influe encore bien davantage le résultat produit, c'est le signal porteur ("instrument"). Le manuel conseille d'entrer un signal comportant beaucoup d'harmonique comme une saw ou une PWM étroite. C'est vrai qu'en faisant ainsi, le vocodeur est hyper dynamique, tranchant et ressort du mix. Mais mon conseil est de ne surtout pas vous limiter à cela! essayez plusieurs sources, monophoniques, polyphonique, analogiques comme numériques. L'injection d'un signal triangle par exemple est sans doute moins spectaculaire, mais quelles belles nappes on peut obtenir ainsi, avec l'effet ensemble, tout est doux, moelleux, épais...Il ne faut pas non plus hésiter à lui envoyer autre chose qu'un signal uniforme! Un sweep, un arpège, un solo diabolique avec vibrato à la molette et coups de pitch bend...font merveille sur l'expressivité!
Ce vocoder est tout simplement très bon. Analogique, vintage, chaleureux...il n'est pas forcément hyper spectaculaire au premier abord, et vous allez devoir passer quelques heures sur les différents signaux injectés et leurs réglages avant de faire du Daft Punk, soyons clair. Il y a quelques heures à passer pour "sentir" la machine et comprendre ce qu'il lui faut pour produire un résultat intéressant, mais quand le résultat est atteint, quel pied!
On sent surtout que cette époque était bénie des dieux pour Roland (l'appareil est sorti en 79) et disposait d'équipes créatives, compétentes qui ne cédaient rien à la qualité. La qualité du signal audio, la réactivité des VCA, des filtres et des suiveurs d'enveloppe...sont venue empiéter sur un marché restreint tenu par les leader de l'époque (EMS, Moog) pour une fraction de leur prix. Sans prétendre que ce SVC-350 leur a fait de l'ombre, car les leaders avaient des appareils bien plus aboutis, et une longue expérience. Plus en entrée de gamme, on a eu de bons vocoders sur des synthés numériques (Alesis Ion, Ultra Nova, MicroKorg, V-Synth avec carte VC2), parfois avec plus de possibilités et souvent davantage de bandes, mais ils manquent de chaleur/rondeur, parfois même de dynamique.
Finalement, pour qui recherche un bon vocoder, ce SVC-350 malgré le prix élevé qu'il atteint désormais (régulièrement 1500€ et au delà...), est un bon compromis entre l'inaccessible ré-édition Moog (6000€...), le tout nouveau GRP V22 (4000€), les EMS introuvable et stratosphériques en tarifs, et les innombrables versions numériques, pédales, VST...parfois efficaces, rarement musicaux. C'est surtout le son d'une époque. L'appareil en tant que tel fait peu de choses et vous ne devriez pas vous en servir tous les matins, mais en lui injectant une grande diversité de sources, on est surpris par la grande variété de sons vocodés produits, tous plus chaleureux les uns que les autres.
Sur cette vidéo on voit les 2 usages principaux:
- comme processeur vocal, pour des effets classiques de vocoder
- comme processeur d'effet sur des loops rythmiques, ou même des mixes complets!
L'ensemble de la connectique se trouve en façade. La machine accepte une entrée micro avec gain réglable, ou une entrée ligne pour le signal de modulation (le signal qui module le son du vocoder, typiquement une voix ou une boucle). Les 2 autres entrées sont dédié au signal porteur, à savoir une entrée ligne pour des sons de synthé ou une entrée guitare. Cette dernière est doté d'un "tone control" qui semble être un filtre passe bande assez large pour mettre en avant une partie des fréquences, le reste étant atténué. Le manuel explique qu'elle est dédié à tous les signaux à forte dynamique. J'imagine qu'elle est aussi de type haute impédance, mais cela n'est pas précisé. On note tout de suite que l'appareil n'accepte que les entrées mono. A la différence de la sortie qui propose mono ou stéréo, ainsi qu'une sortie mono ampli guitare. La raison d'être de la sortie stéréo est la présence de l'effet ensemble qui élargit et donne un rendu stéréo au signal traité. Attention: on ne peut pas l'utiliser seul ou sur un signal dry, juste sur le signal vocodé.
Les contrôles sont peu nombreux mais efficaces:
- 11 fréquences ajustables dans la section "tone control" (je sais pas pourquoi on voit "10" un peu partout sur le net). C'est un super EQ très efficaces à des fréquences judicieusement choisies (plutôt des filtres passe-bande résonants), qui permettent de sculpter le son vocodé. Ils sont très efficaces, il faut les régler finement! On est loin du réglage gadget.
- le contrôle des niveaux: celui de l'entrée micro et ligne, celui de la guitare, celui de la sortie et un potentiomètre "mix" qui permet de mélanger son sec et son traité. Un sélecteur de sortie permet de choisir le niveau de sortie entre "low, medium, high", comme sur beaucoup d'instruments Roland de cette époque. Pas de sortie symétrique, toutefois.
La gestion des niveaux n'est pas simple: contrairement à un synthé analogique où on peut pousser les niveau pour driver les filtres et faire saturer un signal de façon créative et musicale, ici, ce n'est pas le cas: quand on tape dans le rouge les suiveurs d'enveloppe qui pilote un VCA par fréquence "talonnent" et le son traité n'a plus aucune nuance. C'est encore plus compliqué pour le signal porteur: si vous voulez "chanter" une simple mélodie monophonique, vous allez devoir monter le gain pour que le vocoder travaille le son avec un niveau de dynamique conforme, mais dès que vous plaquez un accord, le signal va rapidement saturer. La solution consiste donc à envoyer dans l'entrée instrument un signal compressé ou même avec un limiteur avant l'étage d'entrée.
L'effet ensemble n'est pas à proprement parler un chorus façon Juno, dans le sens où on ne perçoit pas de modulation sur l'effet. On a plutôt un signal déphasé sur une sortie par rapport à l'autre, plutôt du type phaser non résonant, et c'est vrai que l'effet stéréo est réussi. C'est très utile sur les sons de nappe ou les sons doux. 2 choses importantes à savoir: il n'est déclenchable que par une pédale de switch branchée sur la façade, et il mange pas mal le signal dans les aigus, on perd en précision et en intelligibilité. Par contre, on gagne en chaleur et en douceur!
J'ai testé l'appareil avec plusieurs sources pour la modulation: ma voix, des samples de voix, des patterns rythmiques, des boucles complètes. Avec chacune de ces sources, on obtient des résultats intéressants et assez variés (voir vidéo). L'appareil est hyper réactif sur les changements d'intonation, de voyelle, consonne, de niveau...On voit qu'on a l'électronique de Roland à l'époque où ça ne lésinait pas sur la qualité de la conception et des composants! Le suiveur d'enveloppe semble s'adapter au type de signal entrant, doux quand il le faut, pêchu quand il y a besoin.
On peut donc sculpter le son avec les 11 sliders en façade, mais ce qui influe encore bien davantage le résultat produit, c'est le signal porteur ("instrument"). Le manuel conseille d'entrer un signal comportant beaucoup d'harmonique comme une saw ou une PWM étroite. C'est vrai qu'en faisant ainsi, le vocodeur est hyper dynamique, tranchant et ressort du mix. Mais mon conseil est de ne surtout pas vous limiter à cela! essayez plusieurs sources, monophoniques, polyphonique, analogiques comme numériques. L'injection d'un signal triangle par exemple est sans doute moins spectaculaire, mais quelles belles nappes on peut obtenir ainsi, avec l'effet ensemble, tout est doux, moelleux, épais...Il ne faut pas non plus hésiter à lui envoyer autre chose qu'un signal uniforme! Un sweep, un arpège, un solo diabolique avec vibrato à la molette et coups de pitch bend...font merveille sur l'expressivité!
Ce vocoder est tout simplement très bon. Analogique, vintage, chaleureux...il n'est pas forcément hyper spectaculaire au premier abord, et vous allez devoir passer quelques heures sur les différents signaux injectés et leurs réglages avant de faire du Daft Punk, soyons clair. Il y a quelques heures à passer pour "sentir" la machine et comprendre ce qu'il lui faut pour produire un résultat intéressant, mais quand le résultat est atteint, quel pied!
On sent surtout que cette époque était bénie des dieux pour Roland (l'appareil est sorti en 79) et disposait d'équipes créatives, compétentes qui ne cédaient rien à la qualité. La qualité du signal audio, la réactivité des VCA, des filtres et des suiveurs d'enveloppe...sont venue empiéter sur un marché restreint tenu par les leader de l'époque (EMS, Moog) pour une fraction de leur prix. Sans prétendre que ce SVC-350 leur a fait de l'ombre, car les leaders avaient des appareils bien plus aboutis, et une longue expérience. Plus en entrée de gamme, on a eu de bons vocoders sur des synthés numériques (Alesis Ion, Ultra Nova, MicroKorg, V-Synth avec carte VC2), parfois avec plus de possibilités et souvent davantage de bandes, mais ils manquent de chaleur/rondeur, parfois même de dynamique.
Finalement, pour qui recherche un bon vocoder, ce SVC-350 malgré le prix élevé qu'il atteint désormais (régulièrement 1500€ et au delà...), est un bon compromis entre l'inaccessible ré-édition Moog (6000€...), le tout nouveau GRP V22 (4000€), les EMS introuvable et stratosphériques en tarifs, et les innombrables versions numériques, pédales, VST...parfois efficaces, rarement musicaux. C'est surtout le son d'une époque. L'appareil en tant que tel fait peu de choses et vous ne devriez pas vous en servir tous les matins, mais en lui injectant une grande diversité de sources, on est surpris par la grande variété de sons vocodés produits, tous plus chaleureux les uns que les autres.