Tous les avis sur Fatar / Studiologic Sledge Black Edition

Ce synthé m’a jeté le trouble, je l’ai à la fois adoré mais ses défauts à mes yeux ont fait que je ne l’ai pas gardé.

Clavier utilisé en studio uniquement pour compléter d’autres synthés physiques analogiques et numériques. Style minimal electro et éclectique. Je l’ai acheté pour son look et son programme annoncé : un VA inspirant avec de nombreuses commandes pour la synthèse sonore.

Sur la finition : L’aspect est décevant au déballage : de près le plastique granuleux n’est pas du plus bel effet. Le noir des touches semble sensible aux rayures, il est léger et sonne creux, pas qualitatif. En contrepartie son look est incroyable noir/orange, c’est un ovni à côté des autres, et une fois en place il arrive à s’imposer. J’ai trouvé le clavier un peu plus dur que ce que j’attendais mais de bonne qualité et agréable à jouer ce qui compte beaucoup. Les boutons et potentiomètres font le job, mais légers, ils ne donnent pas un feedback qualitatif. Il est encombrant et profond, l’ergonomie et la disposition des commandes est intuitive et didactique.

Le son : quelques sons vraiment fat. De grosses basses très puissantes, pads, beaucoup de patches utilisables. Un surprenant split contrebasse/piano assez musical que je n’attendais pas à trouver sur un tel clavier. J’ai moins aimé les presets de synthés polyphoniques. Effets simplistes et pas terribles du tout, de plus la commande reverb et/ou delay n’est pas très pratique.

Mais venons-en aux vrais problèmes que j’ai rencontrés :

La sortie casque inutilisable : bruit de fond continu même à bas volume : rapport signal/bruit très mauvais et saturation dès la mi-course du volume, comme s’il y avait trop de gain sur cette sortie pour un casque en fait.
Sur les sorties lignes, beaucoup d’étrangetés dans le rendu sonore avec des défauts numériques « tics » à l’attaque de certains sons, moins fréquents quand on baisse le volume. Mon sentiment c’est que les niveaux de sorties ont été augmentés lors des dernières mises à jour, mais on dirait « de trop » puisqu’ils saturent facilement.
Le filtre fait aussi saturer le synthé rendant les recherches de sonorités entre cutoff et résonnance pas très agréables, surtout que c’est ce à quoi est destiné ce synthé. J’ai eu le sentiment qu’il fallait être prudent en permanence, c’est désagrable.

Je ne suis pas persuadé que mon exemplaire était 100% normal, j’ai fait remonter les problèmes rencontrés à studiologic, et la marque a été très réactive, et a essayé de m’aider dans le diagnostic autant que possible, très pro. Ils n’ont pas pour autant conclu à une panne évidente du clavier mais m’ont conseillé de le faire contrôler.

Dans le doute, je l’ai donc retourné pour remboursement à contre-coeur, craignant qu’on me renvoie un autre exemplaire identique, et après avoir beaucoup hésité car il est vraiment attachant et il peut sonner.

Je serai curieux d’essayer un blofeld, car c’est sur qu’il y a de sacrés bons sons à en tirer.

Encore une chose : son encombrement . Si l’on considère qu’il n’est que bi-timbral, il prend de la place, comme un analogique, mais quitte à avoir un VA on attendrait plus de possibilités de ce côté là.

Une expérience donc un peu frustrante, un synthé qui a un vrai charme mais de gros défauts.
Je vous conseille vivement l’essai avant achat, bien qu’il ne soit pas souvent visible en boutique.

D'abord il y a ce look d'enfer : ces énormes potards du sledge mais cette fois dans une livrée noire mat et ce clavier en bi-chromie noir/gris, une façade qui évoque un Minimoog model D qui aurait soudain pris de l'embonpoint, avec ces immenses espaces entre chaque boutons, cette qualité de fabrication, notamment le clavier, qui en dépit d'une coque en plastique donne clairement envie de tripoter ce synthé sans arrêt ...

Car ce synthé est, je ne sais comment dire, sensuel. Certes c'est un VA et dans ses veines ne coule que du numérique mais comment dire ? C'est un VA sensuel. Son interface est lumineuse et les débutants en synthèse n'auront plus d'excuse pour dire qu'il n'y comprennent rien. Ne rien comprendre au Sledge est juste impossible tant la disposition de la façade est remarquable de clarté. Ensuite il y a le son. Franchement excellent dans le style virtuel analogue qui assure : lead, basse, pad, pianos électriques, FX ou atmosphère planante ... on peut franchement couvrir un spectre assez large, d'autant plus que l'animal outre sa modulation de fréquence sur 2 oscillateurs et sa table d'ondes sur l'oscillateur 1 dispose de 6 filtres et d'un drive.

Question synthèse sonore finalement, s'il faut lui faire un ou deux reproches ce serait d'abord celui de la limitation des options de modulations. On a la base mais c'est tout : deux LFOs et une molette, mais les destinations sont très, de mon point de vue, un peu trop, limitées. De même, les effets notamment réverb et délai sont assez rustiques : disons qu'ils rendent service quand on travaille un patch, mais sans plus ... Mieux vaut les couper et passer direct sur votre "vrai" processeur d'effet.

Maintenant avec du talent (voir par exemple les excellents tutorials de Georges Hall sur YouTube), c'est incroyable ce qu'on tire de cette machine qui arrive à couvrir avec beaucoup de facilité et de crédibilité les sons mythiques des grands analos 70/80s .... Cela vient en bonne part de cette interface géniale qui "donne envie" mais c'est au fond c'est aussi la qualité de la programmation des oscillos et des filtres et des enveloppes qui permet à la fin de trouver ce "grain". La table d'ondes permet aussi de couvrir la décennie 90 avec des sons bien "digitaux" ... Maintenant le fun, c'est de mélanger les deux dans un même patch et au fond je crois que c'est bien là l'originalité de ce synthé. J'y retrouve parfois un peu les sonorités de mon Waldorf Q, ce qui n'a finalement rien d'étonnant puisque l'équipe Waldorf fournit le moteur de synthèse ...

Au final, pour moins de 1000 euros, un excellent produit, attachant, avec une palette sonore un peu limité à cause des modulations trop restrictives, mais qui se rattrape par clavier très agréable et surtout, par cette interface qui est un bonheur tactile sans réserve.