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< Tous les avis Roland D-50
revega revega

« Le fantasme rose flashi des 80's »

Publié le 05/11/22 à 18:37
Rapport qualité/prix : Correct
Cible : Tout public
Le Roland D50 est un instrument dont la vie est, comme beaucoup de synthétiseurs, en véritable dent de scie. Adoubé à sa sortie en 1987 (concurrent du DX7 en déclin) il devient le synthétiseur le plus vendu au monde et s’installe peinard sur quasi toutes les prods de l’époque. Imaginez un peu, le premier synthétiseur ‘abordable’ utilisant des échantillons (samples) PCM mixé à des formes d’onde classiques, plein de 64 mémoires (plus des cartes en option) et facile d’accès. Du jamais vu ni entendu à l’époque. La liste de ses interventions est très très longue, ça va de Jarre à Enya, New Order, Banarama, Paula Abdul, Prince et son super pote Jackson en passant par Mylène Farmer et tous les ‘hasbeen’ de la variété Française. Ajoutez à cela un paquet de gingles, pubs et bande sons (Eric Serra en tête de proue). Bref il était partout pour le meilleur, le médiocre et souvent pour le pire (faut tout de même le dire)….

Le succès fut tel que Roland produisit des versions « pauvres » du D50 pour les musiciens fauchés comme le D10, le D5 ou les racks genre M32 ou D110. Autant dire des guimbardes sans grand intérêt qui permettaient vaguement d’avoir un bout du D50 à vil prix.
Puis petit à petit, technologie oblige et mode passante (Korg débarquait avec le M1 et tous les sons bien lourdingues de la Dance 90’s), il tombe progressivement dans le bac des ‘vieux pépères un peu ringards'. Les studios lui préfèrent aussi le Triton qui sera le deuxième carton Japonais dans la catégorie workstation. Début des années 2000 il ne vaut plus tripette, le revival ‘néo/virtual/hybride/analogique’ le fait tomber dans la catégorie ‘Synthé Craignos’.

Mais depuis quelques années, suivant la mode infatigable des années 80’s le D50 revient en grâce par l’intermédiaire de quelques sons uniques dont il a secrètement retenu les recettes (fantasia, Stacato Heaven, Pizzagogo, Living Calliope etc…), faisant de ce synthétiseur un outil identifiable entre 1000. En 2013 les géniaux Boards of Canada lui trouvent une place dans leur chef d’oeuvre Tomorrow’s Harvest et le prolifique Legowelt ne tari pas d'éloges à son sujet. La mode 'synth wave' et son armada de doux dingues biberonnés aux sons Italo-Disco/New-Wave le porte en référence. Et pour peu que l’on sache programmer l’appareil on entre alors dans les joies du ‘faites le vous même’ et ça rend le D50 encore plus attachant.

Son achat est il justifié? Oui si on aime cette période et que l’on a les idées pour se servir de ces sons si caractéristique sans tomber dans la caricature ou la ringardise. Car il faut bien admettre que sous ses aires de vieux con des années 80’s le bougre sait se faire admirer par quelques critère bien à lui. D’abord et toujours le son! Difficile de retrouver le même velours, la même empreinte sur un autre clavier. Ce qu’il fait il le fait diablement bien et avec puissance et précision. Les pads sont admirables (la touche « Back in the 80’s larme à l’oeil » serait à rajouter), les basses sont rondes et bien définies, les ‘guitares’ sont horribles (bon tu rigoles quand même), les sons acoustiques sont pas très ‘réalistes’ mais ont ce truc assez musicale (la signature ‘Enya’ entre autre) et les effets ou percus sont pas mal du tout. En fait ce qu’il faut souligner c’est la chaleur du son et sa musicalité, ce qui fait toute la différence avec des VST ou de vagues clones. Alors oui il reste dans la course pour sa signature unique et surtout pour ceux qui sauront vraiment s’en servir. Pour le look on est dans ce qui se faisait chez les 3 nippons à cette époque (Korg, Yamaha, Roland) c'est à dire des calculette géante avec claviers.
Sa programmation est pas évidente mais si vous avez l’habitude de vous prendre la tête sur toutes sortes de bécanes depuis des années (mon cas) et bien c’est pas super sorcier. Ce qui n’aide pas c’est le fait de tout faire via les boutons en façade qui ne sont pas super intuitifs. Je me souviens avoir eu le programmeur PG1000 que je trouvais méga naze (latence, taille, et tout en platoc). Le mieux est de passer par un éditeur via votre ordi, là c’est top.

Côté construction on est sur du métal et plastique à la japonaise du 20 ème siècle donc ça tient pas mal. Moins résistant qu’un DX mais moins fragile qu’un Yamaha SY, bref il tient bien sur le temps si il est pas passé dans de mauvaises mains. Le point sensible du clavier reste ses bouton poussoir qui peuvent s’user avec le temps (notamment le ‘increment/decrement’), la molette assez fragile (qui peut perdre son chapeau), le potard général du son qui grésille ou ne fonctionne que sur une valeur (maximum) et l’intensité de l’écran qui faibli. Mais rien de bien grave, tout ça se répare, se remplace et se remet sur pied pour peu qu’on l’envoi en convalescence chez un pro des réparations.
Son prix? Et bien c’est assez fou de l’avoir vu passer de 250€ à plus de 600/1000€ en quelques années. La mode ‘hype’ rétro 80’s et ses délires mercantiles me direz vous….
Alors D50 encore dans la course? Sans problème car plus de 30 ans après on en parle encore.
Enjoy!