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Polyend Medusa
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Polyend Medusa

Synthétiseur hybride analogique/numérique de la marque Polyend

Prix public : 789 € TTC
ElliotValentine ElliotValentine

« Avis_ DreadBox/PolyEnd - Medusa (Hybrid Synthesizer) »

Publié le 17/03/19 à 03:01
Rapport qualité/prix : Excellent
Cible : Les utilisateurs avertis
J’ai acheté la jolie bête par pur hasard pour tout vous dire, un peu sur un coup de tête parce que le prix auquel il était proposé (en stock-B) était assez avantageux au regard des performances techniques. Et parfois c’est dans le hasard des pérégrinations nocturnes sur le net qu’on fait les plus belles rencontres (et qu’on perd un peu de pognon).
Cette rencontre c’est le Medusa qui est le fruit d’une collaboration entre deux fabricants : PolyEnd & Dreadbox. Le premier s'est fait connaitre pour son séquenceur hardware, et le second est une boite qui s'est fait un nom pour ses synthétiseurs analogiques au charme certain. C’est donc tout naturellement que cette union a accouché d’un produit qui combine les savoir-faire des deux entreprises.

Lorsque l'on ouvre la boite on tombe raide dingue devant le charme de la machine et de sa coque en métal peinte en noir et où les paramètres sont sérigraphiés dans une teinte gris-beige du plus bel effet. En fait, le synthé est vraiment beau, il semble vraiment solide, et il mélange assez subtilement l’identité visuelle des deux boites.

Pour parler un peu plus prosaïquement et techniquement de la machine. Le Medusa se découpe en deux parties distinctes. A gauche on a une matrice de 64 pads et à droite on a toute la partie synthétiseur.

On va commencer par parler de cette partie.
Elle est composée de 6 oscillateurs (3 analogiques/3 numériques) qui offrent trois modes de jeu :
- Dans le premier tous les oscillateurs peuvent être combinés pour faire du très gros son monophonique qui tache.
- Le second mode offre la possibilité de jouer sur trois voix de « paraphonie » où chaque voix se compose du "mix" entre un oscillateur analogique et un oscillateur numérique.
- Et dans le dernier mode on peut avoir 6 voix de "paraphonie" où chaque oscillateur occupe une voix et dans ce mode chaque voix possède son enveloppe d’amplification.

Les oscillateurs partagent tous 4 formes d’ondes en commun. Les oscillateurs numériques ont en plus la possibilité de charger une table d’onde sur un choix de vingt pré-installées dans le synthé.
Il n’y a pas pour le moment la possibilité de charger ses propres formes d’ondes. Il n’y a d’ailleurs aucun logiciel pour contrôler le synthé via le PC comme on peut le voir chez certains concurrents, donc on ne peut pas pour le moment exporter nos presets sur l’ordinateur.

Les oscillateurs 2 & 3 peuvent être synchronisés avec l’oscillateur 1. On peut également gérer la largeur d’impulsion des 3 oscillateurs (de 50% à 95%). On peut également faire de la modulation de fréquence (FM) par l’oscillateur 3 sur les deux autres et/ou injecter cette modulation de fréquence dans la fréquence de coupure du filtre.

Il y a un module de bruit qui peut être filtré en Coupe haut/Coupe bas par un potard dédié.
Et pour finir sur la partie oscillateur, il y a une partie "Mixer" où on peut régler le volume des 6 oscillateurs et du module de bruit. On filtrera tout ça dans un filtre multimode (L2/L4/HP) commun à tous les oscillateurs.

Pour ce qui est de la modulation, il y a cinq LFO synchronisables et cinq enveloppes D-ADSR – deux réservées à l’amplification et au filtre et trois autres assignables à un peu près tous les paramètres du synthé. Enveloppes qui possèdent la possibilité d’être bouclées faisant d’elles des LFO.

Voilà pour la partie synthétiseur qui est sur le papier clairement très puissante et quand on le manipule on se rend compte que dans les faits c’est le cas.
Pour les amoureux du filtre de l’Erebus de Dreadbox, le filtre multimode du Medusa est assez différent, mal géré il peut être assez agressif.
Dans les autres griefs je trouve que les enveloppes sont assez « molles », et le synthé n’embarque aucun effet interne. A part le manque d’effet interne le reste ne sont que des menus défauts tant le synthé est agréable à manipuler et possède un grain qui lui est propre. Le manque d’effet peut donner le sentiment d’un synthé « bruitiste » mais c’est un synthé qui peut (avec une petite réverbération ou/et un delay en fin de chaine) sortir des sons de pad assez « aériens » et de jolis drones et avec un filtre maîtrisé, des sons assez doux. Il fait aussi de joli sons très typés chiptune mais sans vraiment en être difficile à décrire mais très agréables à mes oreilles. En gros le Medusa possède une vraie belle couleur sonore qui personnellement m’a conquis.
Par contre les presets d’usine ne rendent pas hommage à la couleur musicale et aux possibilités de la machine mais ce n’est pas forcément grave, car ce n’est clairement pas une machine à presets, c’est une machine qui donne envie de triturer et de sculpter son propre son.

La partie gauche, la matrice de 64 pads se décompose en deux modes de fonctionnement, le premier fait d'elle un super périphérique midi à pads et la seconde la transforme en un séquenceur « 64 pas » très puissant.

Dans le premier mode les 64 pads se comportent comme les touches d’un clavier midi mais en ils peuvent même faire plus qu’un clavier midi puisque chacun de ces pads répondent selon un axe XYZ et on peut définir à loisir le paramètre de chacun des axes des pads. En gros c’est comme du MPE des périphériques Roli.
Dans la configuration « clavier » on peut choisir de restreindre les notes à une gamme spécifique (37 de listées dans le menu) et on peut également choisir la disposition des touches du « clavier » parmi une liste de 7.

Le séquenceur permet de créer un seul pattern d’une durée maximale de 64 pas. Ce pattern peut être lu de 4 manières différentes (vers l'avant/vers l'arrière/partir d'un coté et revenir de l'autre/ et de manière aléatoire). On peut bidouiller et chaîner les patterns en sauvegardant les presets, et ainsi créer un simili de mode Song mais la philosophie du synthé n’est pas de créer des chansons complètes.
Le séquenceur est très puissant car on peut sur chaque pas de notre séquence changer tous les paramètres du synthé, ce qui veut dire qu’on peut se construire un pattern ou chaque pas possède son propre preset et ça permet des possibilités complétement folles.
D’ailleurs dans le mode Grid, le mode qui permet cela, on peut très bien couper la grille en deux et créer une partie en bas avec un kick, une snare, un hihat et séquencer cela dans une séquence de 32 pas en haut, on peut également imaginer un setup pour le live où on aurait créé 64 pas, et chaque pas correspondrait à un accord et des paramètres du synthé complétement différents.
En vrai ce séquenceur est mortel, on peut faire des trucs ultra riches, et compliqués et cela très facilement.

Et c’est là la force de l’instrument c’est que bien qu’il propose de faire des choses très puissantes il est suffisamment bien pensé pour qu’au bout d’une journée on a cerné a peu près comment tout fonctionne. Et pourtant ce n’était pas un pari gagné d’avance vu le niveau de complexité de la bête.
On ne peut que saluer le travail sur l’ergonomie globale. On ne croule pas sous les fonctions cachées, et les sous-menus. On sait toujours ce que l’on fait et quand on veut faire quelque chose on sait comment le faire ! Et cet instrument offre un large éventail de possibilités qui demandent qu'à être défriché, il apporte également une fraîcheur dans la manière de composer des patterns/mélodies que rien que ça pour moi c’est cool. C’est une machine ultra ludique, qui donne envie de triturer dans tous les sens. On ne peut qu’adhérer à mon sens à la philosophie de la machine. C'est pas la seule machine à avoir cette philosophie mais le Medusa le fait mieux que les autres à mon avis.

Par contre la machine possède un grain sonore qui semble ne pas plaire à tout le monde, personnellement moi j’ai tellement été conquis par le son que ça m’a fait acheter d’autres synthés Dreadbox. Je n’ai pas eu de gros bugs à part les oscillateurs qui peuvent se désaccorder de temps en temps. Un coup de recalibration et le problème est réglé. J’ai reçu la machine avec la mise à jour 1.2 qui a corrigé beaucoup des bugs que rencontraient les gens. Le vrai défaut à mon sens c'est de n'avoir aucun effet interne, rien même pas un petit delay.

Les plus :
- Elégance de la machine
- Ergonomie générale
- Philosophie de l’instrument
- Séquenceur de 64 pas aux possibilités incroyables
- Rapport qualité/prix quand on y pense
- Caractère du synthétiseur…

Les moins :
- …qui ne plaira pas à tout le monde
- Enveloppes un peu « mollassonnes »
- Encodeurs très sensibles
- Encore quelques petits bugs et de soucis d’accordage des oscillateurs
- Presets en deçà de ce que peut faire l’instrument
- Aucun effet intégré

5/5