Tous les avis sur Linnemann Amplifiers 1987 clone

Comme certains le savent, je suis souvent en contact avec pas mal de matos. Du coup, quand un pote avait besoin d'une bonne tête à pas cher, je lui ai conseillé d'aller jeter un oeil chez Linnemann, plutôt que d'aller chez Ceriatone et de payer plus cher, une tête qu'il devrait upgrader après coup.

Maintenant, comme toujours quand on écrit un avis à chaud sur un produit qu'on n'a que quelques jours, l'avis va progresser et évoluer. Il sera probablement édité maintes fois. Mais rien ne m'empêche de vous en entretenir maintenant.

Linnemann est un petit fabricant allemand, qui construit des amplis guitare à côté de son activité principale, qui est la réparation d'appareils électroniques. Ses amplis sont très connus en Allemagne où une communauté assez nombreuse utilise ses produits. De même, en occasion, on en trouve plus fréquemment que des "budda" ou "Vintage Sound Amps"... bref, ce n'est pas un truc forcément super rare dès qu'on passe la frontière.

Et il est simple de comprendre pourquoi si vous regardez les photos en dessous. Un board en PTP soudé à la main, super propre, sans bavure, des composants corrects (triés et contrôlés) pour être à leurs specs et les tenir. Des tubes TAD correct et des transformateurs tout à fait standard pour un prix d'appel qui commence à 1'140 Euros... et ensuite, la presque banale, et longue, liste des options possibles :
- Tu veux un PPIMV master volume pour profiter du crunch de l'étage de puissance à niveau moindre ? Il le fait.
- Tu veux un tolex mon petit poney ? Il le fait.
- Tu veux un étage de puissance à 10w ? Il peut le faire.
- Tu veux des transformateurs "Clasic tone" de fabrication US top moumoute. Il le propose en option.

C'est riche. Je préciserai donc qu'on est en face d'un ampli assez classique, qui n'embarque que le PPIMV et un set de transfos "classic tone". Avec toutes ces options, son prix grimpe alors à 1'400 Euros.

Je fais aussi un petit aparté pour préciser que Linnemann fait aussi ses propres amplis. Des petits amplis de scène sur des schémas maison. Certains étant proposé sous la barre des 1'000 euros.

Mais revenons au test de cet ampli.


Qualité d'ensemble :

La qualité globale de l'ampli est très bonne. Et ça n'étonnera personne. Le case est en multi-plis classique, probablement en provenance de Tube Town ou TAD (qui sont deux fournisseurs réguliers de Linnemann), la finition de ce dernière est très bonne. Certains petits détails sont biens travaillés, comme l'intégration du route piping qui ne perturbe pas la course du liseré sur la façade, et ça fait plaisir. Le turret board sur lequel sont soudé les composants est standard, tout est très classique et tout est très propre dans la présentation. C'est un ampli qui sera réparable par n'importe quel technicien radio de coin de rue. Facile à entretenir donc, très solide ensuite, il sera aussi très facile à modder si le besoin s'en fait sentir.

Je note un bon point pour les potentiomètres, qui n'ont pas essayé de copier Marshall (avec des potards qu râclent un peu lors de la rotation). Ici, on a choisi des modèles plus propres dans la rotation et ça se sent. La résistance sous le doigt est bon. C'est du tout bon.

Les composants à l'intérieur sont standards, hormis les transfos qui sont de haute volée. On ne trouve pas de composants VOS, mais c'est totalement de la bonne came (voir photos en dessous).


Prise en main :

Comme toujours, c'est du matos plug&play, assez intuitif dans la prise en main. C'est ce genre de matos que j'affectionne. Tu branches, tu enclenches, tu tournes quelques boutons en façade, tu grattes deux accords et t'as un bon son. Ensuite, tu peux fignoler et aller chercher un son qui tue, ou un bon son. Car la tête a quelques tweaks sympas. Par exemples, chaque rangée d'entrée possède son propre potard de gain en façade. Et chacun de ces rangées possède un voicing différents. Si on les relie entre elles via un petit jack, on peut exploiter les deux étages de gains en pré-amplification, et combiner leurs voix spécifiques. L'une est plutôt claire et clinquante, et l'autre est plutôt chaude et sâle en fonction des réglages.


Sonorités :

Pouvant effectuer des comparaisons A+B+C avec une Rockitt retro 50 et une Marshall 1959SLP de 1974... les différences sont dans des mouchoirs de poche. Mais, pour le moment, je vais éviter d'être complètement catégorique, car des biais subsistaient pendant les comparaisons (Marshall avec condos vieux et tubes glissant lentement hors bias, Rockitt branchée sur un cab ancien en blackbacks alors que la Linnemann devait se contenter d'un 1960a actuel avec ses G12H75)...

Mais la Linnemann n'est pas larguée. Elle a juste un voicing un peu différent. Plus graineuse quand on chatouille son gain que les deux autres comparses, moins absolument transparente/douce que la Rockitt sur les petites inflexions de jeu. Elle est plus proche d'une dynamique de Marshall moderne en la matière, sans perdre de vue l'excellence. Mais on est déjà dans le très bon depuis longtemps ; et il vous faudra vraiment jouer au niveau Clapton pour exploiter ces différences. Pour un utilisateur lambda, qui cherche du bon ampli et qui débarque d'un ampli industriel du milieu de gamme, ce sera juste la grosse claque "houah la dynamique de fou" !

L'EQ, comme sur tout clone Marshall qui se respecte, fait son travail de façon discrète, on doit y aller de façon assez franche pour vraiment percevoir ce qu'il fait, et il est plus là comme correctif léger que comme outil de sculpture.

Le presence était très discret dans son efficacité lors de nos premiers tests. Mais il faudra vraiment attendre d'autres tests avant que je puisse me fixer à ce sujet.

Un très bon point restant le PPIMV master volume, qui est très bon. Linnemann est connu pour ses excellents master, c'est une marque de fabrique, et cet ampli n'y fait pas exception. On peut jouer à des volumes tamisés et petits locaux, sans souffrir outre mesure. La perte de dynamique dans cet usage est minime, et probablement meilleur que si on faisait hurler la tête sans pouvoir distinguer quoi que ce soit de toute façon.

On a aussi noté des différences assez fortes en fonction des guitaristes qui la jouaient. Chacun, avec la même guitare, ayant un son différent. Ce qui, dans ma conception d'un bon ampli, est une bonne chose. Le toucher du guitariste passant très vite du poignet au baffle, sans vrai intermédiaire ou voile. J'ai d'ailleurs trouvé que j'entendais bien mieux absolument tous les pains et hésitations de mon collègue pendant la répétition classique que nous avons eu à la suite de l'essai. Mais aussi, dès qu'il appuie une émotion sur un solo, ou qu'il s'applique sur un truc, ce genre de tête va l'amplifier ; et ça, c'est le gros point fort de ce genre de matos.

Donc ce n'est pas un matos à mettre entre toutes les mains, il faut plutôt une main expérimentée sur ce genre d'amplis, ou, en tous cas, savoir sur quelle corde son plectre est entrain de traîner.

Ajoutons que le gain n'ira pas jusqu'au dernier métal, à moins qu'on attaque le tout avec une pédale d'OD de bonne facture. Le son pouvant alors se faire, effectivement, violent. Mais là où elle excelle, ce sont tous ces sons "à l'ancienne". Suivant les réglages, vous pourrez lui arracher de bons cleans avec suffisamment de headroom pour jouer en groupe, ou alors, vous pourrez sortir des crunchs légers et pleins de lumières (ou de saleté... c'est vous qui choisissez)... ensuite, on peut partir dans des choses très Hard Rock 70's. Et je n'ai pas encore cité les applications indé, la pop, la folk... En fait, il faut aimer le "son british" , et cette tête vous apporte ceci.


Mot de la fin :

A 1140 Euros, et même 1'400, Linnemann offre une vraie alternative aux ténors du marché. Situé sur le sol européen, pas de TVA en plus à attendre, et pas de mesures de tunning lourdes à prévoir après l'achat. Juste du bon matos, pour créer, pour bosser, ou simplement pour casser les oreilles a sa femme (ou son partenaire paxé) un dimanche matin ; le tout sans se ruiner et avec l'assurance d'une bonne qualité.