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Pédago
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Corriger les problèmes de timing

Quantiser les parties de guitare avec un logiciel de MAO

Ne vous est-il jamais arrivé de jouer le solo ou le riff de guitare parfait, au détail près qu'une note était un peu trop « devant » ou « derrière » ? Si vous ne connaissez pas cette situation, arrêtez immédiatement de lire cet article et déménagez sur-le-champ à Los Angeles, New York ou Nashville pour lancer votre carrière de musicien de studio. Dans le cas contraire, poursuivez votre lecture.

Outils de quan­ti­sa­tion audio­nu­mé­riques

La première fois que j’ai vu la quan­ti­sa­tion audio en action, c’était dans Opcode Studio­Vi­sion. Le procédé néces­si­tait des signaux avec des tran­si­toires pronon­cés et des attaques rapides, par exemple une batte­rie, une guitare, une basse, un piano, etc.

La quan­ti­sa­tion se dérou­lait en deux étapes : d’abord, il fallait trai­ter le signal avec un genre de noise gate pour accen­tuer tous les silences de la piste audio. Ainsi, toutes les notes dispo­sant de tran­si­toires pronon­cés marquaient le début d’un nouveau « bloc audio ». À l’image des notes MIDI, le début de chaque bloc pouvait alors être aligné sur une grille afin de quan­ti­ser la partie enre­gis­trée.

 

Morceler l'audio pour quantiser

Le fait de morce­ler l’au­dio permet de quan­ti­ser les blocs en fonc­tion d’une grille tempo­relle donnée.

 

Beat Detec­tive de Pro Tools utilise une approche plus sophis­tiquée. En quelques mots, il recherche égale­ment les tran­si­toires mais fonc­tionne de façon plus auto­ma­tique. Après avoir iden­ti­fié les tran­si­toires, il les déplace de sorte qu’ils tombent sur une grille. Ce faisant, il rallonge ou raccour­cit l’au­dio avant les tran­si­toires pour compen­ser toute irré­gu­la­rité dans le timing.

 

Il existe diffé­rentes variantes de ce procédé de base. Cepen­dant, penchons-nous sur une méthode qui fonc­tionne avec presque tous les séquen­ceurs audio­nu­mé­riques. Il ne s’agit pas d’une méthode auto­ma­tique : vous devrez décou­per l’au­dio manuel­le­ment puis dépla­cer les blocs vous-même. Certes, ce procédé est peu pratique mais il possède l’avan­tage de vous permettre de choi­sir les passages à quan­ti­ser tout en lais­sant les autres inchan­gés.

 

Cela est impor­tant car il n’est pas toujours souhai­table de quan­ti­ser toutes les notes tant que les notes en ques­tion sonnent bien. Les légères varia­tions de timing, autre­ment dit les notes qui sont légè­re­ment devant ou derrière le tempo, sont même primor­diales pour conser­ver la portée émotion­nelle de l’en­re­gis­tre­ment. Par exemple, j’ai analysé des solos de guitares dans lesquels certaines notes étaient jouées 30 à 50 ms « trop tard ». Pour­tant, elles confé­raient une certaine sensi­bi­lité à l’en­re­gis­tre­ment. Le fait de les placer exac­te­ment sur le tempo aurait détruit le carac­tère vivant du solo. Par consé­quent, utili­sez toujours la quan­ti­sa­tion pour répa­rer des erreurs audibles et non pas pour suppri­mer des imper­fec­tions percep­tibles unique­ment grâce à la repré­sen­ta­tion graphique de la forme d’onde.

 

Une autre diffi­culté réside dans le fait que la quan­ti­sa­tion d’un signal isolé peut engen­drer des problèmes d’en­semble. Par exemple, suppo­sons que le batteur ait joué la caisse claire au fond du temps et que tous les autres musi­ciens se soient calés sur lui. Si vous quan­ti­sez une seule partie, son timing semblera inadapté par rapport aux autres et vous devrez quan­ti­ser tous les instru­ments du grou­pe… À la fin, il est possible que tout ce travail se révèle inutile car vous consta­te­rez que le morceau sonnait mieux avec la caisse claire au fond du temps. Bref, si l’en­re­gis­tre­ment sonne bien, ne faites rien.

 

Ça ne colle pas !

Je me suis décidé à écrire cet article alors que je travaillais à une nouvelle banque de boucles de guitare, inti­tu­lée « Adre­na­linn Guitars », qui utili­sait essen­tiel­le­ment des effets basés sur le proces­seur Adre­na­linn de Roger Linn. Étant donné que ce genre de boucles est géné­ra­le­ment utilisé avec des parties de batte­ries quan­ti­sées ou d’autres boucles, les notes doivent tomber exac­te­ment sur le rythme pour s’in­té­grer parfai­te­ment au morceau. Si l’uti­li­sa­teur des boucles veut ajou­ter des varia­tions de timing, il le fera géné­ra­le­ment en insé­rant un léger chan­ge­ment de tempo pour mettre la guitare devant ou au fond du groove. En revanche, il ne s’amu­sera pas à dépla­cer des portions de signal audio.

 

La partie supé­rieure de l’illus­tra­tion suivante montre le riff de guitare origi­nal (on ne voit qu’un seul canal pour plus de clarté). Les quatre lignes – trois blanches et une rouge – indiquent les croches. Remarquez que la première note tombe exac­te­ment sur une croche, la seconde est légè­re­ment devant tandis que la troi­sième et la quatrième sont légè­re­ment derrière.

 

Quantiser un riff de guitare

Un riff de guitare avant et après quan­ti­sa­tion.

 

La partie infé­rieure de l’illus­tra­tion montre le même riff après quan­ti­sa­tion avec la tech­nique décrite ci-après. Le timing a été amélioré sans géné­rer d’ef­fet indé­si­rable qui pour­rait révé­ler une mani­pu­la­tion.

 

Exemple 1 : quan­ti­ser une note jouée trop tard

Dans l’exemple qui suit, le but est de dépla­cer une note jouée au fond du temps de sorte qu’elle tombe exac­te­ment sur le début de la troi­sième mesure. Voici les étapes succes­sives du procédé :

 

Quantisation

1. Faites un zoom avant dans la forme d’onde.
2. Désac­ti­vez la fonc­tion de posi­tion­ne­ment auto­ma­tique sur la grille tempo­relle.
3. Coupez l’en­re­gis­tre­ment à l’en­droit exact de la note en retard. Dans l’illus­tra­tion ci-dessous, le curseur de lecture se trouve au début de la troi­sième mesure et la coupe est effec­tuée juste avant l’at­taque de la note.
4. Effec­tuez égale­ment une coupe à la fin de la note ou à l’en­droit où appa­raît le tran­si­toire suivant afin d’iso­ler la section à dépla­cer.

Quantisation

5. Acti­vez la fonc­tion d’ali­gne­ment auto­ma­tique sur la grille tempo­relle (dans notre exemple, la grille est réglée à la noire).
6. Coupez et suppri­mez la portion de l’évé­ne­ment gauche qui déborde sur le début de la troi­sième mesure. Le résul­tat est un vide très court entre l’en­droit où la note à quan­ti­ser doit commen­cer et sa posi­tion actuelle.
7. Dépla­cez la note en retard vers la gauche jusqu’au début de la troi­sième mesure. L’évé­ne­ment se cale auto­ma­tique­ment à la posi­tion souhai­tée car la fonc­tion d’ali­gne­ment sur la grille tempo­relle est active.
8. Notez que cette mani­pu­la­tion crée un espace vide après le segment que vous venez de dépla­cer (c’est pour cette raison que nous avons effec­tué la coupe de l’étape 4, sans quoi vous auriez décalé tout l’en­re­gis­tre­ment à partir de la note à quan­ti­ser). Vous devrez très certai­ne­ment combler cet espace avec un fondu croisé (cross­fade) utili­sant la tech­nique décrite dans le second exemple (voir plus bas).

 

 

Quantisation

 

9. À présent, insé­rez un fondu croisé (ou fondu enchaîné) au-dessus du point de coupe pour suppri­mer tout bruit indé­si­rable. Pour cela, éten­dez le fondu vers la gauche à partir de l’at­taque de la note de sorte que l’en­chaî­ne­ment s’ef­fec­tue correc­te­ment.
Certains objec­te­ront que le fondu croisé n’a pas de sens car les deux événe­ments ne se chevauchent pas. En fait, dans la plupart des séquen­ceurs actuels, les données audio qui précèdent le début du segment sont utili­sées par défaut pour réali­ser le fondu croisé inséré avant l’évé­ne­ment.
10. Écou­tez votre travail pour vous assu­rer que tout va bien.

 

Exemple 2 : quan­ti­ser une note jouée trop tôt

À présent, voyons comment quan­ti­ser une note jouée devant le temps. Le procédé est simi­laire à celui décrit ci-dessus.

 

 

Quantisation

 

1. Faites un zoom avant dans la forme d’onde.
2. Désac­ti­vez la fonc­tion de posi­tion­ne­ment auto­ma­tique sur la grille tempo­relle.
3. Coupez l’en­re­gis­tre­ment à l’en­droit exact de la note en avance. Dans l’illus­tra­tion ci-dessous, le curseur de lecture se trouve au début de la troi­sième mesure et la coupe est effec­tuée juste avant l’at­taque de la note.
4. Effec­tuez égale­ment une coupe à la fin de la note ou à l’en­droit où appa­raît le tran­si­toire suivant afin d’iso­ler la section à dépla­cer.

 

 

Quantisation

 

5. Acti­vez la fonc­tion d’ali­gne­ment auto­ma­tique sur la grille tempo­relle (dans notre exemple, la grille est réglée à la noire).

6. Dépla­cez la note jouée trop tôt vers la droite jusqu’au début de la troi­sième mesure. L’évé­ne­ment se cale auto­ma­tique­ment à la posi­tion souhai­tée car la fonc­tion d’ali­gne­ment sur la grille tempo­relle est active.
Suite à cette mani­pu­la­tion, la fin de l’évé­ne­ment que vous venez de dépla­cer chevauche le segment suivant (c’est pour cette raison que nous avons effec­tué la coupe de l’étape 4, sans quoi vous auriez décalé tout l’en­re­gis­tre­ment à partir de la note à quan­ti­ser). Vous devrez très certai­ne­ment suppri­mer ce chevau­che­ment avec un fondu croisé utili­sant la tech­nique décrite dans le premier exemple (voir plus haut).

7. Le résul­tat est un vide très court entre la fin de l’évé­ne­ment gauche et le début de la troi­sième mesure. Si le déclin du son précé­dent la note quan­ti­sée est suffi­sam­ment progres­sif, ce silence sera inau­dible dans le cadre de l’ar­ran­ge­ment. En revanche, si le déclin de la dernière note de l’évé­ne­ment gauche est abrupte, ou si l’ar­ran­ge­ment comporte peu d’ins­tru­ments, il se peut que ce silence soit audible. Dans ce cas, effec­tuez les étapes suivantes.

 

Quantisation

 

8. Insé­rez un fondu croisé au-dessus du point de coupe pour suppri­mer tout bruit indé­si­rable. Pour cela, éten­dez le fondu vers la gauche à partir de l’at­taque de la note de sorte que l’en­chaî­ne­ment s’ef­fec­tue correc­te­ment. Comme mentionné dans le premier exemple, la plupart des séquen­ceurs actuels utilisent par défaut les données audio qui précèdent le début du segment pour réali­ser le fondu croisé inséré avant l’évé­ne­ment.
9. L’illus­tra­tion ci-dessus montre un autre cas de figure dans lequel le fondu croisé ne donnait pas de résul­tat satis­fai­sant lorsqu’il était placé juste avant la note quan­ti­sée. C’est pourquoi le vide a été comblé avec les données audio qui la précèdent et le fondu croisé a été inséré plus tôt dans la phase de déclin de la dernière note de l’évé­ne­ment gauche.
10. Écou­tez votre travail pour vous assu­rer que tout va bien.

 

Cette méthode peut sembler longue et fasti­dieuse, surtout si le musi­cien enre­gis­tré possède un timing hasar­deux. En revanche, pour répa­rer quelques impré­ci­sions, cette tech­nique consti­tue une solu­tion simple et indé­ce­lable.

 

Origi­nel­le­ment écrit en anglais par Craig Ander­ton et publié sur Harmony Central.

Traduit en français avec leur aimable auto­ri­sa­tion.


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