25 ans d'AF : la chasse au trésor - Petite histoire des débuts d'Audiofanzine

La Génèse

L’idée d’Au­dio­fan­zine germe en 1999 dans la tête de Philippe Raynaud, un jeune homme faisant des études d’in­gé­nieur en infor­ma­tique à l’ISEP. Pour remettre les choses dans leur contexte, il faut se souve­nir qu’à cette époque, Inter­net est encore majo­ri­tai­re­ment un espace de geeks et qu’au­cun réseau social, pas même Myspace ou Youtube n’existe. Google comme Amazon ne sont d’ailleurs que de jeunes compa­gnies en deve­nir, la musique, en l’ab­sence de strea­ming, se consomme essen­tiel­le­ment via les CD et les télé­phones portables sont très loin des smart­phones que l’on connait : ce n’est en effet qu’en 2000 que débarque le fameux Nokia 3310.

En marge de ses études, Philippe nour­rit une vraie passion pour la musique élec­tro­nique et rêve de produire son propre disque de Trance Goa, Phan­tasms and dreams qu’il sortira sous le pseudo de Psycom Unity. À son grand éton­ne­ment, lorsqu’il lance la recherche « Comment auto­pro­duire son album ? » sur Alta­vista, il se rend compte que rien ou presque ne répond à cette ques­tion sur la toile françai­se…

Et pour­tant, il y a tant à dire sur le sujet : Quel maté­riel choi­sir ? Comment l’uti­li­ser ? Comment enre­gis­trer, mixer, faire le maste­ring d’un disque et obte­nir avec ses petits moyens un son digne des pros ? Comment distri­buer son album ensuite ? Autant de ques­tions qui se bous­culent dans la tête du jeune home-studiste et auxquelles il a cher­ché les réponses dans les maga­zines de l’époque (Keyboard, Recor­ding Musi­cien, Guitare et Claviers, etc), les livres ou sur les forums anglo­pho­nes… avec toute­fois une lumi­neuse idée en tête, dans l’es­prit commu­nau­taire du web de l’époque : parta­ger tout le fruit de ses recherches sur un site web nommé… Audio­fan­zine !

Le site est lancé en 2000 alors qu’In­ter­net est dans la tour­mente : après l’en­thou­siasme déli­rant de ses débuts, les inves­tis­seurs se sont ravi­sés et pour s’im­po­ser, il faut donc plus que jamais faire ses preuves. Philippe est pour­tant convaincu qu’Au­dio­fan­zine ne sera pas seule­ment un hobby mais son métier, une plate­forme d’échange pour tous les musi­ciens qui, animés d’une même passion, cherchent à faire de la musique avec leurs petits moyens, une plate­forme qui devra le faire vivre lui, mais aussi d’éven­tuels employés ou pres­ta­taires.

De la graine à l’ar­bris­seau

Au départ, il est forcé­ment seul pour tout faire : coder le site en utili­sant PHP/MySQL (eh oui, pas de Word­press non plus à l’époque !), rédi­ger son contenu, modé­rer les forums, gérer l’ad­mi­nis­tra­tif et assu­rer enfin le démar­chage commer­cial. Un vrai webmas­ter à l’an­cienne ! Son ambi­tion dépasse toute­fois ce cadre car il ne veut pas faire un site perso de plus sur le sujet mais LA plate­forme qui permet­tra de couvrir la plupart des besoins du home-studiste. Et c’est dans cet esprit qu’il rencontre Fréde­ric Tous­saint, un codeur fou qui a réalisé dans son coin ASTAHO (A Studio At Home), un site autre­ment plus sophis­tiqué tech­nique­ment, conçu autour d’une base de données de maté­riel audio et d’ins­tru­ments de musique.

Pour chaque élément de la base, il est possible de rédi­ger des news, des astuces, des avis, des articles mais aussi de discu­ter dans un forum ou de poster une petite annon­ce… Vous recon­nais­sez là la matrice d’Au­dio­fan­zine qui va valoir au site son succès, pour la concen­tra­tion inédite de conte­nus et services qu’il propose à l’époque, mais aussi pour son effi­ca­cité en termes de réfé­ren­ce­ment dans les moteurs de recherche. Quelques jours suffisent à Philippe et Fred pour défi­nir toutes les nouvelles fonc­tion­na­li­tés du site, et à Fred pour le coder et même lui impro­vi­ser un logo : un boomer bleu et une forme d’onde blanche sur lesquels se détachent, dans une police inspi­rée du film Blade Runner, le nom d’Au­dio­fan­zi­ne… Pour l’anec­dote, sachez que la forme d’onde est d’ailleurs issue d’En­ter Sand­man de Metal­lica, trahis­sant le goût pour le rock pêchu de Fred Tous­saint.

À comp­ter de ce moment, la commu­nauté de passion­nés s’agrège douce­ment mais sûre­ment, au point que Philippe doit inves­tir dans son propre serveur et surtout s’en­tou­rer d’une équipe de qualité. Si quelques amis lui donnent en effet des coups de main gracieux dans un premier temps (dont Nico­las Debar­not alias Nero, déve­lop­peur formé à l’Im­pe­rial College de Londres et aujour­d’hui Président de la boîte) et s’il va s’adjoindre le concours d’une stagiaire en com pour faire sa première Apple expo, il réalise vite toute­fois qu’il doit vrai­ment profes­sion­na­li­ser son équipe, et comme cela passe par des salaires et des factures, cela nous renvoie au modèle écono­mique mis en place dès le début. L’idée de Philippe, c’est que le musi­cien ne doit pas avoir à dépen­ser un argent qu’il n’a pas pour accé­der aux conte­nus et services du site. Le finan­ce­ment passera donc par la publi­cité présente sur les pages sous formes de bannières ou de liens spon­so­ri­sés, et par un compa­ra­teur de prix réalisé avec des maga­sins affi­liés. Plus anec­do­tique, un espace payant permet aussi aux membres de mettre en ligne leurs compos : n’ou­blions pas qu’à cette époque pré-MySpace, ce sont MP3.com et Fran­ceMP3 qui sont les valeurs sûres de ceux qui cherchent à faire entendre leur musique sur le web.

Le modèle écono­mique est perti­nent mais du côté des reven­deurs comme des possibles annon­ceurs, il faut redou­bler d’ef­forts pour les convaincre du poten­tiel d’Au­dio­fan­zine à l’époque où la vente en ligne est nais­sante et où Inter­net doit faire ses preuves en termes de busi­ness. Si l’on taira le nom des vision­naires un peu borgnes qui, à ses débuts, ont écon­duit Phil­lipe au motif qu’In­ter­net n’était qu’une mode qui ne marche­rait jamais ainsi qu’un ramas­sis de pirates en tous genres et de jeunes désar­gen­tés, on souli­gnera en revanche le rôle impor­tant qu’ont eu les premiers clients du site pour son déve­lop­pe­ment : les maga­sins Homes­tu­dio et Play­back, le distri­bu­teur SCV, la marque M-Audio comptèrent ainsi parmi les premiers à croire dans le projet et à inves­tir… De nombreux maga­sins physiques saisissent aussi l’op­por­tu­nité que leur donne le site pour lancer leur service de vente en ligne.

De l’arbre à la forêt

À force de téna­cité, Philippe a de fait pu signer ses premiers contrats et dès qu’il en a eu le budget, s’est mis à faire gros­sir son équipe, ce qui a forcé­ment porté ses fruits, Audio­fan­zine offrant toujours plus de conte­nus comme de services et deve­nant peu à peu, même au-delà de la France, une réfé­rence dans son domaine. Quelques dizaines de déve­lop­peurs, rédac­teurs, commer­ciaux et modé­ra­teurs se sont ainsi relayés tout au long de ces vingt-cinq ans pour que batte le coeur du petit site bleu, mais c’est surtout avec vous, musi­ciens et passion­nés de l’au­dio de tous poils, que l’his­toire s’est écrite.

Cet anni­ver­saire, ce n’est donc pas seule­ment celui d’un site, mais aussi celui de ceux qui l’ont soutenu, alimenté, aidé, et lui ont permis de garder sa belle couleur bleue au fil de ses vingt-cinq ans, dans le sillage de ce que Philippe – loué soit-il – avait initité :  parte­naires, clients, colla­bo­ra­teurs, modé­ra­teurs ou simples musi­ciens, tous membres à la fin d’une commu­nauté fidèle et ô combien géné­reuse et enthou­siaste, à laquelle la petite vidéo qui suit devrait peut-être rappe­ler des souve­nirs :

Très bon anni­ver­saire à nous tous donc, sachant que pour l’oc­ca­sion, nous vous propo­sons un petit jeu de piste à travers le site à l’is­sue duquel de nombreux cadeaux sont à gagner : autant dire une chasse au trésor, donc ! Et pour commen­cer cette dernière, il vous suffit de vous rendre sur la fiche membre de l’au­teur de cet article : là vous attend l’in­dice suivant… Bonne chasse !