Richmond Belmont Bigsby

J'ai acheté cette guitare neuve après un coup de coeur en ayant lu un essai dans la presse ; coup de bol, j'ai traîné avant de craquer, ce qui a laissé le temps à la marque de sortir une version Bigsby toute de blanc vêtue, quand l'essai que j'avais lu était celui de la version à chevalet fixe.
Je n'ai pas été déçu, et elle m'a servi en live le soir même du jour où je l'ai reçue, c'est dire si pour une fois, une guitare commandée en VPC arrive bien réglée.
Au déballage, bonne surprise : la guitare est livrée dans une housse bien épaisse griffée Godin ; et oui, c'est Godin qui a créé cette marque pour sa ligne de guitares à l'esprit vintage. A l'heure où j'écris ces lignes, le modèle Empire subsiste, mais il a intégré la marque Godin, la marque Richmond n'existant plus...

Côté finition, rien à redire, même au niveau du bouton de potard de volume, bien centré dans le trou du pickguard, pour une rotation sans frottement. On observe quelques bavures de peinture si on ouvre la trappe de l'électronique, mais qui s'en souciera ?
Les frettes sont bien polies et ne dépassent pas, par contre leur bord est un peu anguleux à mon goût, et sur des démanchés rapides, mieux vaut ouvrir la main un tant soit peu, pour ne pas les accrocher, sinon ça "pique" un peu. Rien de rédhibitoire, cependant, et il est (fort) possible que j'aie pris de mauvaises habitudes...

Les mécaniques sont assez précises pour des mécaniques ouverte, pas la peine d'envisager de les remplacer par des bain d'huile à mon avis.
Le chevalet à rouleaux est efficace, j'apprécie qu'il soit légèrement surélevé par rapport à la table, à la manière d'un Tune-O-Matic, je trouve ça plus facile à jouer qu'un chevalet façon Strat' ou Télé.
Le Bigsby est un B70, moins fluide que son grand frère le B7 : ne pas hésiter à mettre une goutte de WD40 sur les points de friction, et surtout remplacer le ressort de 7/8" par un ressort de 1". Ca surrélève légèrement la poignée, qui devient plus facile à attraper et actionner, et rend l'ensemble plus souple et sensible.

Côté micros, c'est du tout bon avec du Seymour Duncan à tous les étages. Le déséquilibre ne niveau de sortie entre les lipsticks et le '59 est flagrant, mais pas désagréables. Je le trouve au poil pour baisser le niveau de disto en passant du micro chevalet au micro manche. Le '59 est un poil brillant, il s'accorde du coup très bien aux lipsticks, et apporte du graou au niveau médiums, quand il s'agit d'envoyer la jaja.
D'ailleurs, si j'ai dans un premier temps remplacé ce '59 par un double lipstick, j'ai vite remis un '59, mais splittable, cette fois, pour avoir un ensemble plus équilibré sur le niveau de sortie quand le micro est splitté, et un apport plus conséquent quand les deux bobines sont en action.
En tout cas, j'apprécie d'avoir, avec cette configuration, des sons stratoïdes, mais sans pour autant répliquer, ou tenter de répliquer, les sons d'une Strat'. C'est très proche, tout en ayant sa personnalité propre. Le corps léger en acajou y est sûrement aussi pour quelquechose : c'est un poil plus clair qu'une Strat', il y a un peu moins de présence dans le bas du spectre, c'est très équilibré et parfait pour aider à ressortir du mix, en groupe.

Niveau jeu, c'est du tout bon : la guitare est légère, et bien équilibrée, elle reste bien en place quand on lâche les deux mains, en jeu debout.
Le diapason de 24,75", à la Gibson, est celui que j'aime le plus : ni trop court, ni trop long, mes petits bras peuvent parcourir toute la longueur du manche sans fatigue, et les bends se font facilement avec mon tirant de cordes habituel.
Le manche n'est ni large, ni étroit, assez traditionnel à ce niveau, et fin. Un régal pour les petits doigts comme les miens, on arrive à plaquer des accords avec le pouce qui sert pour le mi grave, en haut du manche, ce qui est pour moi indispensable. Je le rapprocherais d'un 60's slim taper, chez Gibson, pour ceux qui connaissent.

Bref, un choix que je referais sans hésiter, et cette guitare a beau ne pas être celle que je joue le plus, préférant l'ergonomie d'une Les Paul (désolé à ceux qui pensent que ces deux mots ne peuvent pas figurer dans la même phrase ) à un sélecteur 5 positions que j'ai du mal à gérer, quand je dois changer de micro en cours de morceau, elle fait partie pour moi de celles à garder, car à la fois plaisante, originale, et jolie.