Arturia KeyLab Essential 88

Intro:

Je cherchais un clavier maitre à installer dans le tiroir coulissant d’un meuble Glorious DJ Sound Desk Pro en remplacement d'un piano numérique Roland FP10 qui est trop haut et trop lourd (limite par rapport au poids maxi supporté par le tiroir)
J’étais obligé d’avoir mon tiroir réglé dans sa position la plus basse, et donc je n’avais quasiment plus de place pour les jambes. Pas pratique, donc pas satisfait.

Mes critères de recherches étaient donc les suivants:

88 notes, 10kg maxi, le plus fin possible, pas hors de prix, quelques possibilités de contrôle (faders/knobs/transport) et surtout pas de clavier tout mou comme sur les synthés.
Après quelques recherches, je me suis résolu rapidement à abandonner tous les claviers à toucher lourd (car trop lourds et trop épais comme mon FP10) et je suis tombé sur le KeyLab Essential 88 qui semblait possèder les caractéristiques que j’attendais : 88 notes, 8.5kg, 64mm de hauteur, des pads/knobs/faders, et surtout Arturia sur son site, présente le toucher de ce clavier comme étant intermédiaire entre les mécaniques à marteaux et des claviers synthés tout mou, qu'ils appellent "hybrid synth-piano feel"

Installation:

Installé dans le tiroir du Glorious SoundDesk Pro (voir les photos), j’ai pu régler mon tiroir coulissant plus haut et j’ai de nouveau de la place pour les jambes. Le KE88 est léger, la manipulation du tiroir pour le rentrer et le sortir est facile, comme sur des roulettes. Pour ces deux points, mes objectifs sont atteints.
Une remarque quand même : Arturia annonce 64mm d’épaisseur, ce n'est pas tout à fait exact: c’est l’épaisseur du châssis uniquement, sans compter les fader et les knobs. En tout il fait plutôt 84mm.

Aspect général :

l’instrument est très bien fini. L’esthétique est réussie, les matériaux sont de qualité. Les plastiques sont bien rigides et épais, ça ne grince pas de partout quand on appuie dessus. Les faders et les knobs sont agréables, on n’a pas peur qu’ils nous restent dans la main. Le pitchbend et la modulation sont bien réalisés. J’avais déjà lu qu’Arturia apporte un soin particulier à la qualité de ses équipements : je le confirme tout à fait, ça donne une bonne impression de sérieux.

Le clavier :

c’est donc avec une très grosse appréhension que j’ai posé mes mains la première fois dessus. Verdict: les touches sont agréables, assez silencieuses, de taille standard, et surtout bien plus fermes que ce que j’avais pu essayer avant. Ouf, ce n’est pas un clavier de synthé ! Bonne surprise donc, mais cependant, soyons très clair : "hybrid synth-piano feel", cela n’a rien à voir du tout avec un clavier lourd; c’est juste entre les deux.

Le KE88 est alimenté directement par USB, il n’est donc pas nécessaire d’utiliser une alimentation externe (qui n’est pas fournie d’ailleurs). Je trouve ça assez pratique. Dès l’USB branché, le KE88 s’illumine de toutes les couleurs dans un effet dégradé plutôt sympa, vous affiche la version du firmware sur l’écran LCD.
Windows 10 reconnait le KE88 directement, rien à installer, c’est prêt.

Un détail un peu surprenant : il n’y a pas d’interrupteur ON/OFF.
Donc du coup, on fait comment pour l’éteindre ? Bah, on ne peut pas, sauf à débrancher le câble USB. Un peu déçu sur ce détail, j’aurais aimé pouvoir l'éteindre quand même.

Activation et logiciels :

Une fois le compte créé chez Arturia, il faut installer Arturia Software Center qui permet de gérer ses licences, et de faire les installations de logiciels. Si comme moi vous êtes utilisateur des produits Steinberg, c’est l’équivalent de Steinberg Download Assistant + eLicenser Control Center dans un seul et unique logiciel, mais en bien plus simple et pratique. Un fois le KE88 enregistré, cela débloquera la licence AnalogLab 4.

Le KE88 est livré aussi avec une licence Ableton Live Lite et le VSTi UVI Steinway Model D, que je n'ai pas installés.


Utilisation:

Je dois bien avouer que ma première semaine d’utilisation du KE88 a été difficile car j’ai quand même eu du mal à passer d’un clavier lourd à celui-ci. Ma plus grande difficulté a été de gérer la vélocité correctement sur l’étendu du clavier, les touches répondant de manière identique quelle que soit l’octave utilisée. Je n’arrivais pas à retrouver l’expression que je souhaitais, c’était soit trop dynamique, soit pas assez.
Mais au bout de 15 jours je m’y suis adapté et je prends désormais du plaisir à jouer dessus. Question d'habitude...( Alors que je suis toujours incapable de jouer du piano sur un clavier de synthé, rien à faire, je ne suis pas doué sans doute).
Par contre j'insiste encore une fois, cela n’a rien à voir du tout avec un clavier lourd; les pianistes puristes, passez votre chemin !
Pour les autres utilisations, basses, synths, leads, nappes, et autres je n’ai eu aucune difficulté particulière, c’est parfait.
J'ai branché dessus ma pédale de sustain Yamaha FC4A qui fonctionne parfaitement.

Bilan du "hybrid synth-piano feel": c'est pas mal du tout je trouve. Sans avoir la difficulté d'un toucher lourd, il offre un meilleur controle, une meilleure expressivité que les claviers "synthés" pour les "non-pianistes pro". C'est un bon compromis au regard du poids, et surtout du prix.


Surfaces de contrôle avec Cubase 11

Un autre logiciel est également à installer : le Midi Control Center qui permet de paramétrer le KE88, de réassigner les boutons et faders sous forme de templates qu’on peut ensuite envoyer dans les 6 mémoires internes du KE88. C’est également avec le Midi Control Center qu’on réalise facilement la mise à jour des firmwares.

Mode HUI:
La documention Arturia préconise de configurer le KE88 en Mackie HUI avec Cubase.
Dans ce mode les 6 touches de transport (Play, Stop, Record, Rewind, Fast Forward et Loop) fonctionnent parfaitement, ainsi que le punch, undo et save. Le bouton Metro par contre ne fait rien du tout. Les knobs pour les panoramiques marchent nickel, par contre j’ai eu des problèmes avec les faders qui « sautaient » régulièrement (perte de synchro avec le mixer Cubase).
Quand a la dernière tranche (n°9/Master), elle ne marche pas du tout.
En dessous de l’écran LCD, il y a le jog wheel entouré de 4 boutons : en mode Mackie HUI, ils ne servent à rien.
Bref ce n’est vraiment pas terrible tout ça…

Mode Mackie Control:
J’ai donc reconfiguré le KE88 et Cubase 11 en Mackie Control. Dans ce mode, aucun changement sur les 6 boutons de transport (Play, Stop, Record, Rewind, Fast Forward et Loop) qui marchent impec, ainsi que le punch. Par contre save et undo deviennent inopérants. Metro ne marche pas non plus mais c’était déjà le cas en Mackie HUI.
Pas de changement sur les knobs de panoramiques qui marchent très bien également, mais surtout je n’ai plus eu de problème du tout avec les faders. De même la tranche master fonctionne ce coup-ci en pilotant le master du mixer Cubase. Ahhh mais c’est bien mieux comme ça finalement !
Mais ce n’est pas tout : en mode Mackie Control, le jog wheel fonctionne enfin : il permet d’avancer en avant ou en arrière dans votre arrangement. Après avoir appuyé sur le bouton cat/char le jog wheel bascule en mode scrubbing sur les pistes audio. Les touches de directions permettent de naviger dans les tracks du mixer ou dans les parts d’une piste. Après avoir appuyé sur la touche preset, les touches de directions permettent de faire du zoom+ ou zoom- dans le mixer ou les pistes.
Nickel tout ça !

Mais alors pourquoi Arturia conseille d’installer le KE88 en mode HUI avec Cubase ??
mystère… je ne comprends pas.

Mise à jour Aout 2022: Cubase 12 gère désormais nativement le KE88 avec le Midi Remote Control. Finies les galères Mackie, HUI etc... Intégration totale de Cubase, du mixer, et des VST (voir photo 3)
c'est parfait

Pads:

Je n’ai pas d’avis sur les 8 pads lumineux souvent utilisés en mode « drums », simplement parce que je n’en avais jamais utilisé jusqu’à présent, donc je suis bien incapable de juger s’ils sont bien ou pas par rapport à la concurrence.

Ces pads ont une seconde fonction : ils permettent de sélectionner une des 8 mémoires (2 presets et 6 mémoires user) de configuration du KE88, qui sont réalisées avec le Midi Control Center. Je me suis fait une config pour piloter Halion Sonic 3 avec les 8 faders et 8 knobs, et c’est bien pratique en fait. (voir seconde photo)

Conclusion :

Finalement, après un temps d’adaptation necessaire au clavier "hybrid synth-piano feel", cet Arturia Keylab Essential 88 a répondu aux critères que je m’étais fixés, mais ce ne sont pas forcément ceux de tout le monde.
Excellente qualité matérielle et logicielle, le tout dans un prix plutôt serré pour ce niveau.
En plus c’est une société française ce qui ne gâche rien. Cocorico !
note 5/5 pour moi.

J'ai acheté le clavier pour venir au secours de mes autres appareils limités en fonctionnalités midi. Comme je ne suis pas pianiste j'ai écarté, après essai en magasin, le 88 mkII de très belle facture mais dont la technologie à marteaux ne m'est vraiment pas familière.
Le toucher de la version Essential est plus proche de celui d'un synthé tout en gardant une expressivité agréable parfois absente des claviers maîtres où le toucher parait "binaire" ( enfoncé vs relâché ).
Les pads, potars et curseurs sont très agréables sous les doigts et la carcasse de l'instrument donne une belle sensation de rigidité. Les touches sont un peu bruyantes en jeu rapide mais je ne connais pas de claviers absolument silencieux sur ce point. Le bruit reste suffisamment sourd à mon goût pour être tout à fait acceptable.
Ma déception vient de quelques mesquineries qui limitent l’utilisation ( j'aurais dû mieux me renseigner ) : pas d'aftertouch, pas de connectique pour pédale d'expression et ... même pas de split possible ! Pour un 88 touches, c'est un peu ridicule car rares sont les instruments virtuels dont l'usage s'étend sur une telle plage.
L'intégration au DAW est facile et fonctionne très bien. Le logiciel Arturia de gestion des programmations midi de l'instrument est lisible et intuitif.

Pour résumer, le rapport qualité/prix me semble tout à fait attractif. Reste à juger la fiabilité et le vieillissement des matériaux.