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Anonyme
« Le plus attachant des claviers groovy »
Publié le 26/06/16 à 19:24
Rapport qualité/prix :
Excellent
Cible :
Tout public
J'écris cet avis parce que je vois qu'il n'y en a pas de bien loquace sur le Clavinet. Je vais m'emporter, c'est tellement bon la Clavinet, il faudrait être à moitié mort déjà pour garder son sang-froid à son évocation!
Totalement bercé à la musique de ces années 70 et 80, j'ai acheté ce clavier d'occasion à la moitié de son prix d'occase voici quelques années après avoir dégoté un Rhodes et un Wurlitzer quelques mois plus tôt. A cette heure je joue toujours de chacun d'entre eux avec un très grand bonheur! Je dirais que j'ai eu de la chance, j'ai beaucoup de gratitude pour la chance quand elle prend cette allure, et je me dis que même à 2500 euros en très bon état ce serait encore du caviar pour un clavierman ou un amoureux de la musique qui fait remuer les guibolles!
Il était en état de marche sauf que comme pour les autres antiquités il faut être prêt ou bien à le confier à un spécialiste, ou bien il faut apprendre à le maintenir en état ou à le réviser. Comme j'avais l'expérience sur le Rhodes et le Wurli, j'ai assuré moi-même la révision, ce n'est pas très difficile, on trouve les pièces très facilement sur http://clavinet.com/products.html et aussi sur d'autres boutiques spécialisées, c'est un budget mais il y a des solutions pour dépanner. Le mien avait déjà eu les marteaux en caoutchouc refaits. Les marteaux en plastique d'origine fondent, il faut de toute façon changer ces pièces si cela n'a pas déjà été fait, c'est le fait qu'elles collent aux cordes en fondant qui rend ce son collant avec une très forte note au relâché de la touche, c'est drôle parce que tous les synthés des années 80 à nos jours ont samplé ce bruit qui est en fait un défaut dû à ces caoutchoucs d'usine non stables, aujourd'hui une fois changés on a un key release mais bien moins prononcé.
Par exemple la seule grosse réparation que j'ai du faire a été d'adapter les gommes qui tiennent les touches sur leur axe, normalement il faut les changer car elles gonflent avec le temps ou sous l'action de lubrifiants que l'on applique à tort pour essayer de fluidifier les touches, ce qui a en réalité un effet inverse à celui recherché, ça les fait gonfler. J'ai préféré les tailler une à une aux ciseaux sur chaque côté, ça fait un peu peur mais finalement ça marche très bien, il y a un peu de jeu latéral sur le clavier mais ça joue d'enfer et il sera toujours temps de les changer plus tard. On peut aussi vouloir changer les cordes, les micros, l'électronique, refaire le tolex, changer le yarn (cf. plus bas), les marteaux donc, les ressorts des touches, bref on trouve vraiment toutes les pièces, et il est possible de restaurer totalement ces claviers dont la pertinence musicale n'a pas pris une ride. J'ai aussi blindé comme j'ai pu le préamp en lui fabriquant une cage en carton avec du ruban adhésif métallisé sur l'extérieur, cela blinde la partie du préamp à droite, mais pas la partie à gauche au dessus des micros, lorsque je pose un laptop dessus toutes les fritures du cpu passent dans les micros etc.
C'est un instrument au principe électromécanique simplissime : le plan des cordes est placé en biais, ce sont des cordes très similaires aux cordes de guitares, elles ne sont pas très tendues, sur le côté du chevalet en haut à gauche de l'instrument se trouvent 2 micros à 3 têtes d'une vingtaine de centimètres de longs qui captent et amplifient les vibrations des cordes sur 2 tessitures. A gauche grâce à 2 boutons à bascule on peut régler la position de chaque micro en phase ou hors phase, ce qui donne 4 possibilités de timbre, et par 4 autres bascules on règle des filtres coupant de l'aigu au grave, lorsque les 4 sont ouverts le son est complet quand ils sont tous fermés il n'y a pas de son du tout et on peut donc ainsi créer 4x4x2X2-4=60 sons différents si mon calcul est bon, qui sont tous une variation sur un même thème bien entendu.
Du côté mécanique les marteaux situés sous les touches directement (mécanique ultra-simple et on ne peut plus directe), écrasent les cordes sur des enclumes situés sur la table d'harmonie en métal qui accueille les cordes et qui pèse assez lourd. Une fois les marteaux sur les enclumes, la parie entre le chevalet et le marteau/enclume vibre et les micros captent cette vibration qui est préamplifiée vers une sortie jack d'un niveau qu'une table avec préampli peut porter au niveau ligne (il faut ajouter disons de l'ordre de 30dB lorsqu'alimenté en 6V, ce qui permet d'augmenter le rapport signal/bruit, sans rien changer fondamentalement à la dynamique qui donnée mécaniquement dans le jeu. Il est possible aussi de brancher l'instrument dans un ampli de guitare ou de basse, style un petit ampli 10 ou 20W qui traine par là c'est déjà très bien pour la maison!)
Lorsque l'on relâche la touche, ce qui reste de la vibration de la corde se répartit sur toute la longueur de la corde, laquelle se termine du côté des clefs d'accordage par une zone entrelacée de laine (le yarn) Le motif dense de l'entrelacement de la laine fait en sorte que dès lors la vibration est stoppée net sitôt qu'elle se propage jusqu'à cette zone. Il n'y a pas de pédale de sustain, seule une tirette sur le côté droit permet de raccourcir le son des cordes pour obtenir à peu près ce que donnerait un jeu de guitare aux cordes étouffées.
On comprend très vite que toute réparation est très simple sur ce clavier, le principe physique étant très facile à comprendre, il n'y a quasiment aucun réglage technique difficile à réaliser, aucun piège mortel, il suffit de lire les forums et de s'y mettre en cas de problème afin simplement de régler le problème.
Une fois la mécanique en état de marche, l'accord fait, le yarn en état, le préampli en marche, les touches ont un ressort bien net, l'enfoncement est très court, on peut slapper le clavier et obtenir des nuances et une expressivité ahurissantes, comme aucun clavier imitant le Clavinet ne pourra jamais donner.
C'est le principal choc, on n'avait pas vraiment accroché à ces sons, même si on les aimes bien dans les disques, sur les meilleurs synthés ça donnait rien de bien fameux, mais c'est fini, là là, ce n'était qu'un mauvais rêve, adieu Nord et consorts, calme bloc ici bas auprès du Clavinet, dès que l'on pose les mains sur son clavier on comprend immédiatement le problème de ces sons de Clavinet samplés, aussi bons soient-ils, c'est que le clavier du Clavinet est à lui seul une merveille de transmission instantanée de la pensée du cerveau aux oreilles! Et le son est vivant!, c'est plus proche du lapsteel que l'on ne croit, c'est une guitare couchée que l'on joue avec des marteaux, presque un cimbalum, un clavecin quoi, une épinette, un clavicorde, un balafon, une sorte de kora germanique primitive, Couperin aurait composé dessus tout aussi volontiers que Peter Tosh ou Herbie Hancock!
Une fois que l'on obtient donc un son il reste quelques problèmes, les micros d'origine sont (très) bruyants, le blindage était conçu pour une époque où l'environnement électromagnétique était beaucoup plus propre que de nos jours. On peut remplacer les micros par des humbucker neufs du site plus haut (cher) ou régler le problème avec un noise gate par exemple. Sur la chaîne à la sortie jack c'est le domaine des pédales de guitare, tout est envisageable, en ce moment chez moi ça passe par un phaser, une wah trafiquée pour la tessiture du Clavinet (voice mod sur crybaby), un Micro QTron (avec ou sans la wah), un chorus stéréo, cela permet déjà de faire une palette de sons intéressants mais on peut aller aussi du côté des overdrives et distorsions et on tombe vite sur quelque chose qui ressemble à la guitare mais au clavier et sans pouvoir tirer sur les cordes.
Le domaine d'application du ou de la Clavinet est très très large si l'on est capable de mettre à profit des progressions harmoniques et des techniques de jeu percussif et rythmique. Le registre des basses offre de quoi vraiment surligner une basse électrique, les mediums sont riches harmoniquement comme un clavecin du pauvre et le jeu rythmique peut donner dans les allures de la guitare rythmique très facilement.
Il faut s'appliquer à développer un jeu à deux mains et commencer peut-être par le rudiment de batterie du paradiddle : gauche gauche droite gauche droite droite gauche droite etc. On peut dès lors aussi jouer de la dynamique d'attaque, et trouver un point d'équilibre avec la pédale wah : alors on a très vite les cocottes funk si caractéristiques. On peut aussi se servir d'une ligne de basse pour donner une suspension sur une répétition autour de quoi s'enroule le jeu harmonique à la main droite par exemple ou le reste du morceau.
On peut en jouer aussi comme d'un clavecin pour des parties très classiquement construites, sur presque 5 octaves (60 touches) c'est confortable. Attention il faudra réviser un peu les inversions d'accords parce que le clavier va du fa au mi et non du do au si!
C'est aussi la proto version des solo de jazz fusion des années 70 à 90 puisque nombres de patches servant à cela, en gros tout ce que l'on retrouve sous la catégorie "polysynths", depuis le DX7, s'inspiraient largement du Clavinet, il faut juste alors un Qtron ou un enveloppe follower et tout autre effet de modulation spatiale pour décoller le papier peint fleurs de pavots et ressentir immédiatement une forte remontée de patchouli dans les narines!
La Clavinet D6 est un instrument impossible, les micros sont fragiles aux chocs lors des transports (les fils des micros sont moulés dans une résine qui devient cassante aux chocs), il pèse 35Kg, il est ingrat à jouer, il faut se motiver, on est tout seul là-dessus, il faut faire le son, faire le groove, il faut jouer du clavier pour de vrai.
Mais c'est de loin le clavier le plus attachant, le plus gratifiant de tous, il est incroyablement expressif, très simple à prendre en main, et si tous tes potes se demandent ce que tu leur montres là avec ce gros clavier en bois châtain qui semble hors d'âge, il suffit que tu mettes les pattes dessus pour y présenter un petit groove minute pour les rassurer, ta folie des claviers ne t'a pas rendu gaga! La wah fait rire les enfants et les vieillards, les guitaristes ont l'oeil qui frise en réalisant que tu vas devenir leur copain de tessiture, les batteurs comprennent tout de suite qu'ils n'ont pas développé toute cette science du groove pour rien et qu'il y a quelque part un eldorado où un autre instrument à percussion les suivra partout où ils le mèneront.
Il y a des semaines où il boude le Clavinet, il est là, on ne fait pas de musique avec, mais ce n'est pas comme un gros synthé neuf, il est retraité, amorti, sa valeur ne chute pas chaque minute à ne pas le jouer, et il y a des semaines où c'est la folie furieuse des doigts et des mains montées sur ressort où rien ne résiste au groove ravageur du D6.
C'est un clavier comme un paradis retrouvé, il suffit de s'y asseoir comme aux commandes d'un motoscaffo intergalactique rudimentaire et de gagner l'hyperespace en un rien de temps, puis de groover tout son saoul en mille chorus jusqu'à en avoir les avant-bras qui gonflent.
Si vous voyez passer un Clavinet ne réfléchissez pas trop, il est indémodable, inusable, irremplaçable, il a déjà dormi 20 ans avant vous peut-être et il peut bien vous attendre quelques années de plus si vous ne savez qu'en faire tout de suite, foncez plutôt, vous développerez un autre jeu plus aérien, léger léger, finesse et rapidité, ce qui vous manque d'harmonie peut-être vous le compenserez par la rythmique au début, ou inversement, n'ayez pas d'inquiétude sur votre capacité à en jouer, il est l'un de ces instrument qui vous portent à perfectionner votre jeu, tout le contraire d'un instrument sur lequel vous appliquez par après un savoir-faire acquis ailleurs.
C'est enfin une boite en bois qui a une âme, dites-vous qu'il serait content de poursuivre sa carrière chez vous si seulement vous le gratifiiez de temps à autres, dans les bonnes semaines, d'un peu joie supplémentaire!
Totalement bercé à la musique de ces années 70 et 80, j'ai acheté ce clavier d'occasion à la moitié de son prix d'occase voici quelques années après avoir dégoté un Rhodes et un Wurlitzer quelques mois plus tôt. A cette heure je joue toujours de chacun d'entre eux avec un très grand bonheur! Je dirais que j'ai eu de la chance, j'ai beaucoup de gratitude pour la chance quand elle prend cette allure, et je me dis que même à 2500 euros en très bon état ce serait encore du caviar pour un clavierman ou un amoureux de la musique qui fait remuer les guibolles!
Il était en état de marche sauf que comme pour les autres antiquités il faut être prêt ou bien à le confier à un spécialiste, ou bien il faut apprendre à le maintenir en état ou à le réviser. Comme j'avais l'expérience sur le Rhodes et le Wurli, j'ai assuré moi-même la révision, ce n'est pas très difficile, on trouve les pièces très facilement sur http://clavinet.com/products.html et aussi sur d'autres boutiques spécialisées, c'est un budget mais il y a des solutions pour dépanner. Le mien avait déjà eu les marteaux en caoutchouc refaits. Les marteaux en plastique d'origine fondent, il faut de toute façon changer ces pièces si cela n'a pas déjà été fait, c'est le fait qu'elles collent aux cordes en fondant qui rend ce son collant avec une très forte note au relâché de la touche, c'est drôle parce que tous les synthés des années 80 à nos jours ont samplé ce bruit qui est en fait un défaut dû à ces caoutchoucs d'usine non stables, aujourd'hui une fois changés on a un key release mais bien moins prononcé.
Par exemple la seule grosse réparation que j'ai du faire a été d'adapter les gommes qui tiennent les touches sur leur axe, normalement il faut les changer car elles gonflent avec le temps ou sous l'action de lubrifiants que l'on applique à tort pour essayer de fluidifier les touches, ce qui a en réalité un effet inverse à celui recherché, ça les fait gonfler. J'ai préféré les tailler une à une aux ciseaux sur chaque côté, ça fait un peu peur mais finalement ça marche très bien, il y a un peu de jeu latéral sur le clavier mais ça joue d'enfer et il sera toujours temps de les changer plus tard. On peut aussi vouloir changer les cordes, les micros, l'électronique, refaire le tolex, changer le yarn (cf. plus bas), les marteaux donc, les ressorts des touches, bref on trouve vraiment toutes les pièces, et il est possible de restaurer totalement ces claviers dont la pertinence musicale n'a pas pris une ride. J'ai aussi blindé comme j'ai pu le préamp en lui fabriquant une cage en carton avec du ruban adhésif métallisé sur l'extérieur, cela blinde la partie du préamp à droite, mais pas la partie à gauche au dessus des micros, lorsque je pose un laptop dessus toutes les fritures du cpu passent dans les micros etc.
C'est un instrument au principe électromécanique simplissime : le plan des cordes est placé en biais, ce sont des cordes très similaires aux cordes de guitares, elles ne sont pas très tendues, sur le côté du chevalet en haut à gauche de l'instrument se trouvent 2 micros à 3 têtes d'une vingtaine de centimètres de longs qui captent et amplifient les vibrations des cordes sur 2 tessitures. A gauche grâce à 2 boutons à bascule on peut régler la position de chaque micro en phase ou hors phase, ce qui donne 4 possibilités de timbre, et par 4 autres bascules on règle des filtres coupant de l'aigu au grave, lorsque les 4 sont ouverts le son est complet quand ils sont tous fermés il n'y a pas de son du tout et on peut donc ainsi créer 4x4x2X2-4=60 sons différents si mon calcul est bon, qui sont tous une variation sur un même thème bien entendu.
Du côté mécanique les marteaux situés sous les touches directement (mécanique ultra-simple et on ne peut plus directe), écrasent les cordes sur des enclumes situés sur la table d'harmonie en métal qui accueille les cordes et qui pèse assez lourd. Une fois les marteaux sur les enclumes, la parie entre le chevalet et le marteau/enclume vibre et les micros captent cette vibration qui est préamplifiée vers une sortie jack d'un niveau qu'une table avec préampli peut porter au niveau ligne (il faut ajouter disons de l'ordre de 30dB lorsqu'alimenté en 6V, ce qui permet d'augmenter le rapport signal/bruit, sans rien changer fondamentalement à la dynamique qui donnée mécaniquement dans le jeu. Il est possible aussi de brancher l'instrument dans un ampli de guitare ou de basse, style un petit ampli 10 ou 20W qui traine par là c'est déjà très bien pour la maison!)
Lorsque l'on relâche la touche, ce qui reste de la vibration de la corde se répartit sur toute la longueur de la corde, laquelle se termine du côté des clefs d'accordage par une zone entrelacée de laine (le yarn) Le motif dense de l'entrelacement de la laine fait en sorte que dès lors la vibration est stoppée net sitôt qu'elle se propage jusqu'à cette zone. Il n'y a pas de pédale de sustain, seule une tirette sur le côté droit permet de raccourcir le son des cordes pour obtenir à peu près ce que donnerait un jeu de guitare aux cordes étouffées.
On comprend très vite que toute réparation est très simple sur ce clavier, le principe physique étant très facile à comprendre, il n'y a quasiment aucun réglage technique difficile à réaliser, aucun piège mortel, il suffit de lire les forums et de s'y mettre en cas de problème afin simplement de régler le problème.
Une fois la mécanique en état de marche, l'accord fait, le yarn en état, le préampli en marche, les touches ont un ressort bien net, l'enfoncement est très court, on peut slapper le clavier et obtenir des nuances et une expressivité ahurissantes, comme aucun clavier imitant le Clavinet ne pourra jamais donner.
C'est le principal choc, on n'avait pas vraiment accroché à ces sons, même si on les aimes bien dans les disques, sur les meilleurs synthés ça donnait rien de bien fameux, mais c'est fini, là là, ce n'était qu'un mauvais rêve, adieu Nord et consorts, calme bloc ici bas auprès du Clavinet, dès que l'on pose les mains sur son clavier on comprend immédiatement le problème de ces sons de Clavinet samplés, aussi bons soient-ils, c'est que le clavier du Clavinet est à lui seul une merveille de transmission instantanée de la pensée du cerveau aux oreilles! Et le son est vivant!, c'est plus proche du lapsteel que l'on ne croit, c'est une guitare couchée que l'on joue avec des marteaux, presque un cimbalum, un clavecin quoi, une épinette, un clavicorde, un balafon, une sorte de kora germanique primitive, Couperin aurait composé dessus tout aussi volontiers que Peter Tosh ou Herbie Hancock!
Une fois que l'on obtient donc un son il reste quelques problèmes, les micros d'origine sont (très) bruyants, le blindage était conçu pour une époque où l'environnement électromagnétique était beaucoup plus propre que de nos jours. On peut remplacer les micros par des humbucker neufs du site plus haut (cher) ou régler le problème avec un noise gate par exemple. Sur la chaîne à la sortie jack c'est le domaine des pédales de guitare, tout est envisageable, en ce moment chez moi ça passe par un phaser, une wah trafiquée pour la tessiture du Clavinet (voice mod sur crybaby), un Micro QTron (avec ou sans la wah), un chorus stéréo, cela permet déjà de faire une palette de sons intéressants mais on peut aller aussi du côté des overdrives et distorsions et on tombe vite sur quelque chose qui ressemble à la guitare mais au clavier et sans pouvoir tirer sur les cordes.
Le domaine d'application du ou de la Clavinet est très très large si l'on est capable de mettre à profit des progressions harmoniques et des techniques de jeu percussif et rythmique. Le registre des basses offre de quoi vraiment surligner une basse électrique, les mediums sont riches harmoniquement comme un clavecin du pauvre et le jeu rythmique peut donner dans les allures de la guitare rythmique très facilement.
Il faut s'appliquer à développer un jeu à deux mains et commencer peut-être par le rudiment de batterie du paradiddle : gauche gauche droite gauche droite droite gauche droite etc. On peut dès lors aussi jouer de la dynamique d'attaque, et trouver un point d'équilibre avec la pédale wah : alors on a très vite les cocottes funk si caractéristiques. On peut aussi se servir d'une ligne de basse pour donner une suspension sur une répétition autour de quoi s'enroule le jeu harmonique à la main droite par exemple ou le reste du morceau.
On peut en jouer aussi comme d'un clavecin pour des parties très classiquement construites, sur presque 5 octaves (60 touches) c'est confortable. Attention il faudra réviser un peu les inversions d'accords parce que le clavier va du fa au mi et non du do au si!
C'est aussi la proto version des solo de jazz fusion des années 70 à 90 puisque nombres de patches servant à cela, en gros tout ce que l'on retrouve sous la catégorie "polysynths", depuis le DX7, s'inspiraient largement du Clavinet, il faut juste alors un Qtron ou un enveloppe follower et tout autre effet de modulation spatiale pour décoller le papier peint fleurs de pavots et ressentir immédiatement une forte remontée de patchouli dans les narines!
La Clavinet D6 est un instrument impossible, les micros sont fragiles aux chocs lors des transports (les fils des micros sont moulés dans une résine qui devient cassante aux chocs), il pèse 35Kg, il est ingrat à jouer, il faut se motiver, on est tout seul là-dessus, il faut faire le son, faire le groove, il faut jouer du clavier pour de vrai.
Mais c'est de loin le clavier le plus attachant, le plus gratifiant de tous, il est incroyablement expressif, très simple à prendre en main, et si tous tes potes se demandent ce que tu leur montres là avec ce gros clavier en bois châtain qui semble hors d'âge, il suffit que tu mettes les pattes dessus pour y présenter un petit groove minute pour les rassurer, ta folie des claviers ne t'a pas rendu gaga! La wah fait rire les enfants et les vieillards, les guitaristes ont l'oeil qui frise en réalisant que tu vas devenir leur copain de tessiture, les batteurs comprennent tout de suite qu'ils n'ont pas développé toute cette science du groove pour rien et qu'il y a quelque part un eldorado où un autre instrument à percussion les suivra partout où ils le mèneront.
Il y a des semaines où il boude le Clavinet, il est là, on ne fait pas de musique avec, mais ce n'est pas comme un gros synthé neuf, il est retraité, amorti, sa valeur ne chute pas chaque minute à ne pas le jouer, et il y a des semaines où c'est la folie furieuse des doigts et des mains montées sur ressort où rien ne résiste au groove ravageur du D6.
C'est un clavier comme un paradis retrouvé, il suffit de s'y asseoir comme aux commandes d'un motoscaffo intergalactique rudimentaire et de gagner l'hyperespace en un rien de temps, puis de groover tout son saoul en mille chorus jusqu'à en avoir les avant-bras qui gonflent.
Si vous voyez passer un Clavinet ne réfléchissez pas trop, il est indémodable, inusable, irremplaçable, il a déjà dormi 20 ans avant vous peut-être et il peut bien vous attendre quelques années de plus si vous ne savez qu'en faire tout de suite, foncez plutôt, vous développerez un autre jeu plus aérien, léger léger, finesse et rapidité, ce qui vous manque d'harmonie peut-être vous le compenserez par la rythmique au début, ou inversement, n'ayez pas d'inquiétude sur votre capacité à en jouer, il est l'un de ces instrument qui vous portent à perfectionner votre jeu, tout le contraire d'un instrument sur lequel vous appliquez par après un savoir-faire acquis ailleurs.
C'est enfin une boite en bois qui a une âme, dites-vous qu'il serait content de poursuivre sa carrière chez vous si seulement vous le gratifiiez de temps à autres, dans les bonnes semaines, d'un peu joie supplémentaire!