revega « Agent Orange »
Publié le 17/12/25 à 08:23
Rapport qualité/prix :
Excellent
Cible :
Les utilisateurs avertis
Si de l’Angleterre chacun cultive sa carte postale folklorique (la gelée rouge fluo, les Fish&chips, la Livre Sterling, la pluie, la famille royale télé-réalité ou Benny Hill) on peut aussi leur reconnaitre (aux anglais pas les Fish & Chips) une certaine originalité dans leurs entreprises ‘sonore’. Déjà responsable du son emblématique d Abey Road’ aux ‘Stawberry studio’, le tout pimpé aux consoles Neve/Trident, aux effets AMS, Studiomaster, Gramophone Company. Le marché des synthétiseurs made in UK est resté lui aussi assez unique pour s’inscrire dans l’histoire. Que ce soit EMS avec le VCS3/synthi, EDP avec le Wasp, OSC avec l’Oscar, NEDCO avec le Synclavier ou DUBREQ avec le stylophone, il est difficile de ne pas leur reconnaitre un goût certain pour l’originalité et l’innovation. De ces entreprises, peu ont survécues à la concurrence nippone du numérique 80’s (DX7&Co) et seul Dubreq surnage encore dans les eaux mondialisées de ce marché à coups de Stylophone hybrides et reclonés.
C’est dans cette ambiance culturelle et passionnée que Tom Carpenter s’est positionné au début des années 2010 avec sa société Analogue Solutions. D’abord spécialisé dans la réparation et la vente de ‘vintage’ (qu’il continu toujours mais à des prix très…. Prohibitifs), il se dirigera naturellement vers la fabrication ‘artisanale’ (car oui les appareils sont tous ‘Made in England’) de synthétiseurs, expandeurs et séquenceurs . Les débuts ne furent pas évidents et le positionnement compliqué face aux DSI, MOOG, KORG, ROLAND, WALDORF rendait la tâche difficile voir laborieuse. Avec de la patience et de la curiosité on pouvait alors se réjouir des créatures inspirées comme le Vostok (MS20 sous stéroïde), Red Square (MS20 en rack inspiré aussi) , Polymath ( Oberheim Four Voice modulaire), Leipzig (Moog Rogue), Telemark (Oberheim Sem) et bien d’autres. Car la particularité de Analogue Solutions c’est de construire en permanence de nouveaux synthétiseurs éphémères. En fait ce que vous achetez aura probablement disparu du catalogue à court ou moyen terme.
J’ai commencé à m’intéresser à AS avec le Leipzig V3, plutôt bien pensé et au son brut, puissant et accessible et j’ai toujours suivi du coins de l’oeil ce que le doux dingue avait en tête.
Alors le Fuzebox est sûrement le fruit d’une maturité de constructeur et aussi une porte d’entrée dans le monde et la philosophie « électrique » de Tom Carpenter.
Bien construit et fortement inspiré du Telemark (donc Oberheim SEM) il s’impose dans sa robe orangé métallique (il existe une option noire moins originale) avec ses flancs en bois et sa position incliné qui le rend proche d’un Arp 2600m un peu moins large.
L’aiim est déportée et l’allumage se fait à l’arrière. Pas d’indication sur le Midi in/out/thru (pour info si vous regardez au dessus la le midi in est à droite, le midi out au milieu et le thru à gauche) et pas de précision dans le manuel (je vais revenir dessus).
Les potards sont bien vissés et le poids est cohérent (6kg) il tient bien en place quand on le manipule. Les points de patch ne sont pas vissés mais n’ont pas trop de résistance ça passe très bien, le seul hic vient des interrupteurs rouges. Je le trouves un peu cheap et pas très précis, si l’on appui dessus il semble s’enfoncer. Pareil pour les boutons noirs éclairés, ils ne tiennent pas leur détourage, ça se balade un peu. C’est les 2 points le plus sensibles et il faudra être vigilant même si pour le moment c’est assez fiable et que, après pas mal de manipulations tout se tient très bien.
La prise en main est déroutante non pas dans son architecture mais dans le routage de chaque interrupteur (horloge Clock, clavier, séquenceur, arpégiateur, paternator, enveloppes). Donc déjà faut être sûr que tout est au bon endroit sinon rien ne se déclenche. Et forcément quand on le reçoit en sorti de carton…. y’a que dale pour aider. Le manuel est succinct, beaucoup trop, alors qu’une prise en main de base aurait été judicieuse. De même Tom Carpenter n’explique pas suffisamment en détail la synchronisation de certains blocs (comme sur la Paternator par exemple dont la syncro dépend du LFO, du Midi ou du CV, encore faut il bien positionner ses potards et ses interrupteurs). De même le séquenceur (très sommaire) n’est pas ludique et propose 16 pas mais pas évident de l’activer.
Les vidéos sur le net dépannent pas mal et grâce à ça en moins d’une heure je voyais le potentiel très intéressant de l’engin mais bon… Comme Dave Smith Instruments à leurs débuts les manuels c’est vraiment pas leur fort.
Autre point léger, les bugs via le ‘MIDI’. Le Fusebox n’aime pas que l’on change le Midi Clock en cours et ça demande de l’éteindre et le rallumer pas méchant mais bon…
Pour le son Analogue Solutions ne semble ne pas avoir d’estime pour le « numérique » et propose des outils résolument ‘analogiques’. Le Fuzebox est présenté comme tel! Ici pas de chichi, pas de digital, il le souligne, le chainon est « 100% analogique » excepté le séquenceur, l’arpégiateur et la connexion Midi. De là vous partez pour des terres brutes mais en perpétuels mouvement. Sur le papier on pourrait dire que l’on est en face d’un synthé classique avec 3 Osc+mixer+filtre+2 enveloppes+2 séquenceurs (dont le fameux Paternator)+ un intervale generator + des tas de points de patch pour animer tout ça.
Les 2 OSC ont tous 2 formes d’ondes et le 3ème en a…3 . Ont peut régler le detune et la positon de l’octave . Les OSC 2 et 3 peuvent se comporter comme des LFO complémentaires.
A partir de là, tout comme un ARP 2600 vous pouvez commencez à jouer et tester les interconnexions patchant de ci de là car l’appareil propose 21 points de sorties et 16 points d’entrées (Je n’ai pas compté les sorties MIDI/CV). Très ludique le Fusebox vous emmène inévitablement sur 1 outil distinctif pour faire bouger vos idées: le « Paternator ». Vulgairement un modulateur de 4 pas qui va, forcément, moduler vos séquences soit au niveau de la hauteur des notes soit sur l’ouverture du filtre. On peut modifier la fréquence d’ouverture assez judicieusement afin de le rendre ça encore plus vivant.
l y a 6 points de mémoire pour le ‘transpose’ que l’on retrouve sous le nom de ‘Intervalle Generator’ que l’on règle avec les petits potards fluides. Bref de quoi faire et… Ça groove, ça bouge, ça module et mine de rien c’est très réussi.
Le son me direz vous? Et bien il a sa patte, très lourd, dense, velouté et acidulé mais surtout très expressif. Les basses accrochent fort, les leads déchirent l’espace, les séquences modulées claquent Pour comparer il me fait penser à certains sons d’un vieux Roland System 100m (notamment dans les modulations du filtre) et inévitablement du SEM/Oberheim dont le Fuzebox semble hériter en grande partie. Sinon l’excellente démo (sur une version X quasi identique) ci dessous vous en dira nettement plus:
https://www.youtube.com/watch?v=OAxW422iGGE
Epitaphe:
Le Fusebox ne laisse pas indifférent et la version MKII renforce l’idée d’un appareil en constante évolution surfant sur les acquis d’un monde musical dont l’héritage ne cesse de nous rappeler ses bienfaits. Car ce qui ressort d’un tel engin c’est avant tout le son diablement organique, sa facilité d’utilisation (une fois qu’on a compris les bases hein!), la singularité de son design (couleur orange, potards, interrupteurs, multiséquençage) et son accessibilité (cher mais pas hors de prix).
En bref: ENJOY!!!!
ps: Pour info Analogue Solutions est un des rares fabricants à proposer une copie revisité et impressionnante de l’ARP 2500 (le TC5000) mais sa gamme tarifaire n’en fait pas un outil pour toutes les bourses très loin de là. Son Colossus est un peu dans le même esprit ‘pharaonique’. Jetez un oeil ça vaut le détour:
https://www.analoguesolutions.com/tc5000
C’est dans cette ambiance culturelle et passionnée que Tom Carpenter s’est positionné au début des années 2010 avec sa société Analogue Solutions. D’abord spécialisé dans la réparation et la vente de ‘vintage’ (qu’il continu toujours mais à des prix très…. Prohibitifs), il se dirigera naturellement vers la fabrication ‘artisanale’ (car oui les appareils sont tous ‘Made in England’) de synthétiseurs, expandeurs et séquenceurs . Les débuts ne furent pas évidents et le positionnement compliqué face aux DSI, MOOG, KORG, ROLAND, WALDORF rendait la tâche difficile voir laborieuse. Avec de la patience et de la curiosité on pouvait alors se réjouir des créatures inspirées comme le Vostok (MS20 sous stéroïde), Red Square (MS20 en rack inspiré aussi) , Polymath ( Oberheim Four Voice modulaire), Leipzig (Moog Rogue), Telemark (Oberheim Sem) et bien d’autres. Car la particularité de Analogue Solutions c’est de construire en permanence de nouveaux synthétiseurs éphémères. En fait ce que vous achetez aura probablement disparu du catalogue à court ou moyen terme.
J’ai commencé à m’intéresser à AS avec le Leipzig V3, plutôt bien pensé et au son brut, puissant et accessible et j’ai toujours suivi du coins de l’oeil ce que le doux dingue avait en tête.
Alors le Fuzebox est sûrement le fruit d’une maturité de constructeur et aussi une porte d’entrée dans le monde et la philosophie « électrique » de Tom Carpenter.
Bien construit et fortement inspiré du Telemark (donc Oberheim SEM) il s’impose dans sa robe orangé métallique (il existe une option noire moins originale) avec ses flancs en bois et sa position incliné qui le rend proche d’un Arp 2600m un peu moins large.
L’aiim est déportée et l’allumage se fait à l’arrière. Pas d’indication sur le Midi in/out/thru (pour info si vous regardez au dessus la le midi in est à droite, le midi out au milieu et le thru à gauche) et pas de précision dans le manuel (je vais revenir dessus).
Les potards sont bien vissés et le poids est cohérent (6kg) il tient bien en place quand on le manipule. Les points de patch ne sont pas vissés mais n’ont pas trop de résistance ça passe très bien, le seul hic vient des interrupteurs rouges. Je le trouves un peu cheap et pas très précis, si l’on appui dessus il semble s’enfoncer. Pareil pour les boutons noirs éclairés, ils ne tiennent pas leur détourage, ça se balade un peu. C’est les 2 points le plus sensibles et il faudra être vigilant même si pour le moment c’est assez fiable et que, après pas mal de manipulations tout se tient très bien.
La prise en main est déroutante non pas dans son architecture mais dans le routage de chaque interrupteur (horloge Clock, clavier, séquenceur, arpégiateur, paternator, enveloppes). Donc déjà faut être sûr que tout est au bon endroit sinon rien ne se déclenche. Et forcément quand on le reçoit en sorti de carton…. y’a que dale pour aider. Le manuel est succinct, beaucoup trop, alors qu’une prise en main de base aurait été judicieuse. De même Tom Carpenter n’explique pas suffisamment en détail la synchronisation de certains blocs (comme sur la Paternator par exemple dont la syncro dépend du LFO, du Midi ou du CV, encore faut il bien positionner ses potards et ses interrupteurs). De même le séquenceur (très sommaire) n’est pas ludique et propose 16 pas mais pas évident de l’activer.
Les vidéos sur le net dépannent pas mal et grâce à ça en moins d’une heure je voyais le potentiel très intéressant de l’engin mais bon… Comme Dave Smith Instruments à leurs débuts les manuels c’est vraiment pas leur fort.
Autre point léger, les bugs via le ‘MIDI’. Le Fusebox n’aime pas que l’on change le Midi Clock en cours et ça demande de l’éteindre et le rallumer pas méchant mais bon…
Pour le son Analogue Solutions ne semble ne pas avoir d’estime pour le « numérique » et propose des outils résolument ‘analogiques’. Le Fuzebox est présenté comme tel! Ici pas de chichi, pas de digital, il le souligne, le chainon est « 100% analogique » excepté le séquenceur, l’arpégiateur et la connexion Midi. De là vous partez pour des terres brutes mais en perpétuels mouvement. Sur le papier on pourrait dire que l’on est en face d’un synthé classique avec 3 Osc+mixer+filtre+2 enveloppes+2 séquenceurs (dont le fameux Paternator)+ un intervale generator + des tas de points de patch pour animer tout ça.
Les 2 OSC ont tous 2 formes d’ondes et le 3ème en a…3 . Ont peut régler le detune et la positon de l’octave . Les OSC 2 et 3 peuvent se comporter comme des LFO complémentaires.
A partir de là, tout comme un ARP 2600 vous pouvez commencez à jouer et tester les interconnexions patchant de ci de là car l’appareil propose 21 points de sorties et 16 points d’entrées (Je n’ai pas compté les sorties MIDI/CV). Très ludique le Fusebox vous emmène inévitablement sur 1 outil distinctif pour faire bouger vos idées: le « Paternator ». Vulgairement un modulateur de 4 pas qui va, forcément, moduler vos séquences soit au niveau de la hauteur des notes soit sur l’ouverture du filtre. On peut modifier la fréquence d’ouverture assez judicieusement afin de le rendre ça encore plus vivant.
l y a 6 points de mémoire pour le ‘transpose’ que l’on retrouve sous le nom de ‘Intervalle Generator’ que l’on règle avec les petits potards fluides. Bref de quoi faire et… Ça groove, ça bouge, ça module et mine de rien c’est très réussi.
Le son me direz vous? Et bien il a sa patte, très lourd, dense, velouté et acidulé mais surtout très expressif. Les basses accrochent fort, les leads déchirent l’espace, les séquences modulées claquent Pour comparer il me fait penser à certains sons d’un vieux Roland System 100m (notamment dans les modulations du filtre) et inévitablement du SEM/Oberheim dont le Fuzebox semble hériter en grande partie. Sinon l’excellente démo (sur une version X quasi identique) ci dessous vous en dira nettement plus:
https://www.youtube.com/watch?v=OAxW422iGGE
Epitaphe:
Le Fusebox ne laisse pas indifférent et la version MKII renforce l’idée d’un appareil en constante évolution surfant sur les acquis d’un monde musical dont l’héritage ne cesse de nous rappeler ses bienfaits. Car ce qui ressort d’un tel engin c’est avant tout le son diablement organique, sa facilité d’utilisation (une fois qu’on a compris les bases hein!), la singularité de son design (couleur orange, potards, interrupteurs, multiséquençage) et son accessibilité (cher mais pas hors de prix).
En bref: ENJOY!!!!
ps: Pour info Analogue Solutions est un des rares fabricants à proposer une copie revisité et impressionnante de l’ARP 2500 (le TC5000) mais sa gamme tarifaire n’en fait pas un outil pour toutes les bourses très loin de là. Son Colossus est un peu dans le même esprit ‘pharaonique’. Jetez un oeil ça vaut le détour:
https://www.analoguesolutions.com/tc5000