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Moog Music Vocoder
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Moog Music Vocoder

Synthétiseur analogique en rack de la marque Moog Music

Prix public US : $4,999 incl. VAT
laurent BERGMAN laurent BERGMAN

« Excellent ! »

Publié le 22/01/21 à 17:57
Rapport qualitĂ©/prix : Correct
Cible : Les utilisateurs avertis
INTRODUCTION:
Initialement créé par Harald Bode en 1978, le Model 7702 était distribué par Bode Sound Co, ce projet fut repris en 1979 par R.A Moog qui l’a fabriqué en y apportant quelques modifications et commercialisé sous sa marque avec la référence MBVO 327A. Le Bode model 7702 original est extrêmement difficile à trouver sur le marché et vu la rareté, il atteint des prix stratosphériques !
40 ans après, Moog a donc ré-édité le modèle 327A en reprenant les schémas d’origine, profitant de l'occasion pour y apporter des améliorations au niveau des parties mécaniques et de l’alimentation. Les spécifications sont identiques à celles détaillées dans l’avis précédent qui concerne le 327A original (excepté le niveau de sortie qui est de +15dB sur l'ancien modèle et +10dB sur la ré-édition). A noter que les entrées sont asymétriques.
J’ai eu l’occasion d’utiliser les modèles originaux à plusieurs reprises lors de sessions de studio, j’en connaissais donc la qualité de traitement.

UTILISATION:
Le principe de base est le même que celui des vocodeurs classiques et s’appuie sur l’utilisation de deux signaux, le premier appelé "Porteur" et le second "Modulateur", la machine analyse et divise ces signaux en bandes de fréquences via des banques de filtres. Généralement, dans pas mal de vocodeurs, ces banques de filtres sont constituées uniquement de filtres de type passe-bande réglés pour ne laisser passer qu’une largeur de bande spécifique (mais le processus est plus complexe que ça, je passe les détails techniques plus pointus, ce n’est pas le sujet). Ce qui différencie ce Moog MBVO de ses concurrents c’est que le filtre de la première banque est de type passe-bas et que celui de la dernière banque est un filtre de type passe-haut suivi d’une sorte de circuit de découplage qui permet d’ajouter une portion des hautes fréquences provenant du signal de l’analyseur à la sommation.
On branche un micro (ou toute autre source qui fera moduler le signal porteur) dans l’entrée Micro/Ligne destinée au signal modulateur et on injecte le signal porteur dans l’entrée ligne et c'est parti...
Là où le Moog va plus loin, c’est qu’en plus de ses 16 bandes situées entre 50 Hz et 5.080 Hz (la banque de filtre la plus basse couvre une plage d'environ une octave 1/2 et les 15 autres sont au 1/3 d'octave), il dispose d’une baie de patch ou plutôt d’une matrice croisée de 16 canaux assez expérimentale.
Cette baie est constituée de 16 sorties "Analyzer" et de 16 entrées "Synthesizer", elle permet de diriger le signal de commande en tension de n’importe quelle sortie de l’analyseur vers n’importe quelle entrée de synthèse (je reviendrais sur cette particularité un peu plus loin). On dispose de quelques réglages additionnels tels que le contrôle des sibilantes, des plosives, de la balance, du bypass ainsi qu’une fonction de Sample&Hold et si l’on a pas assez de ses deux mains ou si le rack ne se trouve pas à proximité, on peut commander certaines de ces fonctions à l’aide de pédales switch branchées aux connecteurs Jack 6,35 situés à l’arrière du rack (j’utilise des Boss FS-5L).
Le mode d’emploi (uniquement en anglais) est vraiment trop succinct sur les points de la baie de patch. Seuls deux exemples de raccordement y sont décrits et quelques autres sont imprimés sur l’intérieur du couvercle de l’emballage (drôle de choix, un patch-book aurait été bienvenu).
La baie de patch transforme le vocodeur en système modulaire. Si l’interrupteur "External Patch" est placé sur "IN", la baie est active et toutes les sorties "Analyzer" sont déconnectées de leurs entrées "Synthesizer" respectives. En dirigeant le signal de commande en tension de la sortie d'une bande de l’analyseur à l'entrée de synthèse d'une autre bande, seule cette bande est audible. Normal me direz-vous, bien sûr mais grâce à cette baie on peut donc ignorer certaines bandes de fréquence ou encore router une sortie "Analyzer" vers n’importe quelle entrée "Synthesizer" en ne raccordant que les bandes que l’on souhaite utiliser, cette baie se montre donc aussi flexible qu’un câble de patch !
Lors la sortie de l’original ils communiquaient aussi sur une utilisation conjointe avec des équipements externes analogiques et ici encore, je déplore le mode d’emploi fourni trop généraliste, par chance je suis tombé sur celui du Bode 7702 qui est beaucoup plus complet, avec quelques détails sur les connexions entre les sorties de signal de commande en tension des bandes de l’analyseur et les entrées CV de synthés analogiques pour le contrôle de leurs VCO’s, VCA’s, VCF’s ou autres.
Il faut donc faire preuve d’ingéniosité, tester diverses combinaisons de routing et c’est là que l’on entrevoit les applications nombreuses, voire infinies que ce vocodeur est en mesure d’offrir.
Je possède ce rack depuis 15 jours et au moment où j’écris ces lignes j’ai encore énormément de choses à tester, je suis loin d’en avoir fait le tour. Durant les sessions studio pendant lesquelles j’ai utilisé ce modèle il fallait aller à l’essentiel donc pas de place à l’expérimentation. En plus, chaque soir je vais me coucher en étant un peu moins con, les aficionados du modulaire comprendront très bien de quoi je veux parler !
En sortant un peu des sentiers battus pour les types de signaux porteurs et modulateurs on étend la recherche sonore en ouvrant des perspectives sur de nouveaux territoires. Il faut aimer bidouiller, ne pas oublier de prendre des notes et/ou faire des photos du câblage en façade.

SONORITÉS:
Le verdict est sans appel, on entend tout de suite qu’on est dans une gamme bien supérieure à celle du Roland SVC-350 (que je possède), du Korg VC-10 (que j’ai possédé il y a quelques années) ou encore du MAM VF-11 (celui-ci est vraiment très loin derrière), attention je ne dénigre en rien ces machines mais elles ne jouent clairement pas dans la même division.
Le premier point, primordial pour le rendu sonore, dépend de la qualité du circuit de détection et d’analyse ainsi que celle des banques de filtres, sur ce point le 327A est vraiment excellent et c’est ça qui lui donne une superbe présence associée au velouté analogique. Pouvant faire la comparaison entre le SVC-350 et ce 327A (en utilisant exactement les mêmes sources de signaux porteurs et modulateurs), le résultat obtenu avec le Moog est plus subtil et surtout nettement plus précis que celui du SVC-350, ce dernier, pourtant assez réputé, me semble à présent très brouillon. Le second point important et déterminant pour la richesse de la palette sonore c’est le trajet du signal, la flexibilité de la baie de patch permet d’obtenir des textures particulières qui sont matériellement impossible à reproduire avec un vocodeur classique, en particulier l’influence sur les formants. Pour finir, le troisième point, qui a autant d’importance que les deux précédents, concerne la conception du vocodeur et la sélection des composants utilisés. Ces trois points principaux font vraiment toute la différence (y compris en ce qui concerne le prix). Le grain est magnifique et le ramage est à l’image du plumage !
Pour finir, l'ajout d’une tranche de voix possédant un compresseur, un EQ et un noise-gate est idéal (j'utilise un Focusrite Voice Master, ok ce n’est pas du haut de gamme mais c’est parfaitement adapté à cet usage). Ne pas hésiter a égaliser en coupant un peu de bas et en accentuant légèrement les hautes fréquences du signal micro, cela augmente l’intelligibilité selon la réponse en fréquence du micro utilisé (mais ça c'est le cas quelque soit le modèle de vocodeur).

QUALITÉ DE FABRICATION:
C’est incontestablement du haut de gamme, irréprochable et fidèle à l’image de Moog. Le rack est très classe, en impose (4U) et respire la fiabilité. Son poids (7 Kg) est inférieur à celui du modèle original principalement en raison de l’alimentation externe. Les finitions sont très soignées et la sérigraphie bien lisible. Les côtés sont réversibles pour utiliser le rack soit en type desktop ou pour le positionner dans un meuble.
Poussé par la curiosité j’ai regardé sous le capot, pas de CMS, tous les composants sont traversants (j’ai posté quelques photos de l’intérieur dans la galerie du produit). Le seul détail qui fait un peu tâche sur cette ré-édition en regard de son prix, c’est le bloc d’alimentation externe 12V, quoique le fait que l’alimentation soit déportée évite à la machine de trop chauffer et en allège le poids. En bonus, le constructeur a glissé gracieusement 16 câbles de patch dans le carton pour pouvoir exploiter les possibilités de la machine une fois celle-ci extirpée de son emballage… Merci Moog :bravo:

EN RÉSUMÉ:
On est loin du vocodeur classique, de bonnes connaissances en matière de synthèse analogique et avoir un intérêt pour les systèmes modulaires sont indispensables pour tirer parti des possibilités offertes par cette machine !
Après avoir bien saisi le fonctionnement de la baie de patch on est face à un système extrêmement ouvert, qui donne d’excellents résultats tant pour la production musicale que pour le sound-design. Il est vrai que le ticket d’entrée n’est pas donné, c’est Moog, on paie la marque et l’aura quelle dégage, mais aussi la qualité de fabrication et des composants, sans oublier que ces modèles ne sont fabriqués qu’en quantités limitées et cet aspect a forcément un impact non négligeable sur le prix final.

Les +:
+: Le son.
+ La qualité du circuit d’analyse.
+: La précision du traitement.
+: La baie de patch.
+: L'architecture modulaire.
+: La qualité de fabrication irréprochable.

Les -:
-: Le prix élevé.
-: L’alimentation externe.
-: Le mode d’emploi anecdotique (heureusement que celui du Bode Model 7702 est disponible sur le net).

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