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Korg Ps-3100
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Korg Ps-3100

Clavier synthétiseur analogique de la marque Korg

foox foox

« Un Polyphonique (quasiment) modulaire. »

Publié le 16/01/17 à 17:45
Rapport qualité/prix : Mauvais
Cible : Les utilisateurs avertis
Il s'agit du premier des trois plus gros synthétiseur jamais construit par Korg, en 1977 et précurseurs en quelque sorte du MS-20 qui sortira un an plus tard, tout du moins le précédant. Sur le plan technique il s'agit de la même architecture constituant le "gros' PS-3300 (3 x PSU-3301) sorti la même année, et la partie Mixer/General Enveloppe/Sample & Hold/Voltage processors (1 x PSU-3302 sur le 3300). Puis viendra le 3200 en 1978 un an plus tard, à deux VCO et d'une architecture légèrement plus "classique", une vraie enveloppe ADSR et un EQ à 7 bandes non-dynamique en lieu et place des resonators (quelle drôle d'idée) mais doté de 16 mémoires (sur lesquelles tout ne se sauvegarde pas, notamment la positions des switchs, grrr et le patchage, forcément). Un concept basé sur la technologie à diviseur, commune aux orgues et aux strings-machines (et solution aussi utilisée pour les Polymoog, Arp omni & Quadra, Farfisa Synthorchestra etc etc) mais où chaque note possède son enveloppe et son VCF, permettant le non-redéclenchement d'une enveloppe si vous avez déjà des doigts appuyés quelque part… Technologie à diviseur donc; permettant une polyphonie totale au prix d'un son plus fin, ténu, au grain moins épais. Il est également semi-modulaire, à l'instar d'un MS-20. La finition est celle de cette époque, potentiomètres de qualité et clavier correct (bien mieux qu'un MS-20, le pompon revenant au Polyvoks russe, le gagnant toutes catégories du clavier le plus pourri du monde!)

S'asseoir devant un Korg ps-3100 revient à rentrer dans un univers: Ce grand panel presque vertical peuplé de nombreux boutons face à soi, quelques leds qui clignotent, on se retrouve en cabine de pilotage (ne me demandez pas de quoi) Mais si c'est la première fois que vous touchez un PS, vous serez un peu perdu malgré la parenté évidente du panel avec celui du ms20. Il y a des routages à chaque module, les enveloppes sont quelque peu ésotériques et il y a donc ce grand "patch – panel" à droite, l'amplitude modulator (modulation sur le volume) pas si courant et les resonators dynamique (entendez par dynamique qu'on peut l'allouer à une source de modulation, LFO, enveloppe, clavier, molette etc), sans toucher aux resonators, juste en jouant un peu des deux LFO vers diverses modulations on rentre dans l'esprit du ps-3100, et on comprend vite que sa force réside dans les nombreuses façons de moduler un son pourtant constitué d'un seul VCO. Ce ventru engin excellera dans les cordes, les nappes planantes, les pianos ou clavinet et dans d'autres sonorités inhabituelles si l'on patche un peu, la GEG (enveloppe générale) au pulse width, MG-1 en FM dont la fréquence sera modulée par la molette. Le LFO principal (MG-1) propose moult forme d'onde ainsi que du bruit blanc et rose, mais surtout monte très haut en fréquence, plus que celui d'un jupiter-4, jusqu'aux fréquences audio, à nous la FM et les effets terribles de Ring-Modulator! Et on peut bien évidemment router un LFO vers un autre, les possibilités sont nombreuses et nous disposons d'une molette assignable partout ainsi que d'un "momentary-switch", il est à son aise pour l'expérimentation et les FX, les basses ne sont pas son point fort. Rendons nous compte que nous sommes ici en présence d'un POLYPHONIQUE MODULAIRE, une architecture rare dans le monde du synthétiseur puisqu'il faudra attendre les numériques pour trouver dans certains d'entre eux des matrices de modulation (qui reviennent à du modulaire) de façon logicielle, genre le Korg Wavestation, le Prophet VS, en analogique l'Oberheim Xpander et Matrix12 quand même... En fait à cette époque et pour longtemps (puisqu'en 2017 un polyphonique patchable n'existe toujours pas, même si en théorie et au prix de prise de tête et d'achats onéreux on peut faire un modulaire poly) Je crois bien que les Korg PS (3100, 3200 et 3300) sont uniques de ce point de vue! Que l'on me rattrape si je dis une bêtise, je corrigerai.

Voici la description module par module:

- Le VCO propose 6 formes d'onde, dont le PWM, au son assez distinct les unes des autres, puis en dessous leur routage, avec un inter d'inversion de modulation.
- Un VCF passe-bas, avec balance sur le clavier, et le routage, comme le VCO.
Et bien sur un bouton de dosage de l'enveloppe nommé "EXPAND" pas tout-à-fait conventionnel: plus on l'ouvre plus il ferme le filtre en augmentant l'influence de l'enveloppe, je ne sais si je me fais bien comprendre - dans une architecture classique, ce bouton, en augmentant l'action de l'enveloppe ne ferme pas le filtre, au contraire il faut fermer manuellement un peu le VCF pour obtenir la couleur recherchée - là c'est le contraire, il faut "compenser" en ouvrant la fréquence du filtre, c'est très perturbant !
- Une enveloppe à la fois classique et bizarre: Attack/decay/sustain et un inter 3 positions pour le release, seulement la réaction du release dépend beaucoup du réglage de decay ET sustain, ceux-ci étant en plus très sensibles, et ne réagit pas vraiment pareil selon le choix parmi les trois release... Assez déroutant, il faut du temps pour s'y habituer, d'autant que le VCA et le VCF partage cette même enveloppe, donc il faut jongler soigneusement entre le bouton DECAY, SUSTAIN et ce switch pour obtenir ce que l'on veut, ainsi que le bouton "EXPAND" cité plus haut.
A noter: l'inter "HOLD" dont le fonctionnement est curieux: on l'enclenche, on met "Attack" à 10, on appuie sur une ou plusieurs touche brièvement, on ramène "Attack" à MOINS DE '3', et nous obtenons une note (ou accord) "tenu", sur laquelle on peut jouer sur tout le clavier, pour l'(ou les) arrêter, il suffit de ré-appuyer sur les notes en question! Étonnant, non? À noter également que dans le mode "HOLD" le filtre est bien plus ouvert, étrange mais c'est ainsi.
- Un potentiomètre de balance de volume sur le clavier, à l'instar de la balance du VCF-kb, qui peut se révéler fort utile, à ma connaissance cela n'existe QUE sur la série des "PS".
- un Amplitude Modulation, correspondant à l'action du LFO-1 sur le volume, donc.
- Le Modulator Generator '1' à 6 forme d'onde, avec une entrée d'intensité et de fréquence (vitesse) qui monte en FM, donc, alloué à la fréquence du VCO et du VCF, ainsi qu'au VCA (Amplitude Modulation, voir au dessus)
- Suivi du Modulator Generator '2', une seule sinusoïde et une course de vitesse "classique", allouée d'office au PWM mais aussi aux resonators. Une sortie permets de l'envoyer moduler ailleurs si j'y suis.
- Enfin les resonators, sorte de EQ à trois bandes avec dosage de résonance (non débrayable, attention! si on ne veut pas des resonators il faut régler ce potentiomètre à zéro) et choix de la fréquence bien sur, un peu dans le même esprit que les resonators du Polymoog, sauf que là on peut les moduler! (pas sur le Polymoog , mille fois hélas) Et avec ce que l'on veut grâce à une entrée idoine (enveloppe, joystick, clavier, LFO)
- N'OUBLIONS PAS la douzaine de tout petits boutons situés tout en bas qui permettent d'accorder chaque note sur une octave permettant de jouer des modes kabyles et orientaux divers en créant des quart-de-tons ou demi-bémol, de retrouver les gammes utilisées en musique ancienne, de faire du micro-tonal avec grande précision. Une particularité quasiment unique, surtout à l'époque.

Puis des fonctions supplémentaires à droite, à savoir
- Une "GEG" (General Envelope Generator) une DAR -Delay/Attack/Release avec ce paramètre "Delay" appréciable, similaire à l'enveloppe 2 du MS-20, rattachée à la commande d'un curieux rotacteur nommé "KBD TRIGGER SELECT", qui déclenchera un ou des paramètres, par l'intermédiaire de l'enveloppe générale (GEG) ou des VP (Voltage processors), à partir d'un certain nombre de touches appuyées! Fonction étrange (et unique chez les constructeurs de synthés) s'il en est mais qui se révèlent à l'usage fort intéressante, elle permet par exemple de faire passer un son de droite à gauche (en passant par la GEG) : on règle le rotacteur sur '4", on fait un accord de 3 notes et au 4e doigt qui s'abat sur le clavier, zou! Le son se barre de l'autre coté, ou ouvre un filtre, ou rajoute un vibrato etc.
- Deux Controlled Voltage Processors (VP), qui permettent de choisir une plage de début et de fin pour un paramètre donné, concept pas évident à comprendre et maitriser, mais par exemple on pourra moduler un vibrato à partir du "momentary switch", le VP permettra d'enclencher le vibrato, plus ou moins puissamment, ou le contraire c'est à dire d’interrompre le vibrato en appuyant sur le bouton. Considérons simplement que les VP sont une interface entre une source de commande et un paramètre à moduler.

- Un Sample-and-Hold, il conviendra d'y relier la sortie d'un LFO (surtout le MG-1, réglé sur "noise" par exemple) quelconque si on veut moduler autre chose de façon aléatoire.
- un multiple qui permet de relier une source et 2 ou 3 destinations, ou l'inverse: 2 sources qui se mélangent pour une destination par exemple. Essentiel dans tout modulaire ou semi-modulaire!
- Deux réglages de volume, avant un certain nombre de traitement, et après, à utiliser en conjonction avec les Voltage processor et/ou Kbd trigger select, pour des effets stéréo bien sympathiques.
- Un petit inter "Ensemble" un chorus, quoi, bienvenu pour enrichir sensiblement notre seul VCO, pas présent sur le 3200 ni le 3300.

Rappelons que le concept semi-modulaire est de permettre d'avoir du son par la chaine classique VCO→VCF→VCA sans rajouter le moindre câble, alors qu'un "pur" modulaire ne peut sortir de son tant qu'on a pas à l'aide de jack 6.35 ou 3.5 (ou pins dans le cas du Synthi 'A', 'F' ou '100') relié plusieurs modules entre eux, ce qui peut paraître parfois rébarbatif, mais qui est aussi passionnant, dans la mesure ou l'utilisateur maîtrise de bout en bout la création du son.
Le choix - judicieux - de ce concept simplifie tout de même une machine déjà suffisamment compliquée. Les entrées/sorties présentes sur quasiment tous les modules permettent d'aller plus loin si l'on ne se contente pas d'un son "classique". Néanmoins ces options sont prévues pour les Geo-trouvetou du son car au final la plupart des gens qui utilisent ces machines ne patchent pas, à l'instar de ceux qui ont un MS-20 et/ou un Arp-2600, tous deux semi-modulaires, mais bast! Chacun son truc.

Le son: comme je le disais plus haut, on trouvera des sonorités qui sortent de l'ordinaire, des cordes légères et transparentes, des nappes éthérées, des sons boisés. Même si le son basique du VCO manque un peu d'épaisseur la machine permet beaucoup de possibilités avec six formes d'ondes assez distinctes les unes des autres et la possibilité de moduler dans tous les sens, une fois que l'on a bien compris sa philosophie. Le son peut paraître parfois fin, parfois "naïf" aux dires d'utilisateurs de 3100 - souvent très poétique et surprenant. On retrouve le grain un peu râpeux des Korg de cette époque, sans égaler le "gras" du MS-10 ou 20, c'est fort dommage. Le 'Gros' surprend aussi dans le registre piano électrique car enfin, sans être des coups de tonnerre les enveloppes sont mordantes et le grain global parfois aigrelet permet de programmer des pseudo-clavinets de façon crédible... On parvient même à rendre des sons très expressifs, par le biais des modulations toujours.

On reproche souvent à cette machine de ne pas descendre assez dans les graves, mais
il existe une astuce pour baisser le clavier d'une octave ou plus: il faut raccorder la sortie d'un des VP ou plus simplement celle du KBD TRIGGER SELECT (à 0 ou 2 etc), la "TRIG OUT" dans l'entrée "Freq " du VCO et de régler le bouton "EXT INTENSITY CONTROL" sans oublier de mettre l'inter du VCO sur "reverse" de façon à obtenir l'octave inférieur, en accordant finement, ça se situe à peu près à 6,5...

Et la maintenance me direz-vous? Et bien c'est plutôt du genre fiable et ça tient le coup dans le temps à condition de l'allumer souvent (comme tous les vintages). MAIS les connecteurs sur lesquels les cartes sont enfichées, il y en a une quinzaine (je n'ai pas compté), vieillissent mal et sont particulièrement sensibles aux déplacements indélicats, ils deviennent cassants, se fendent et les contacts ne se font plus. Alors il faut patiemment les changer, pour ce faire on en trouve des modèles équivalents mais pas exactement donc il faut bien les placer au micro-poil lors de remplacement. De plus ils ne sont pas donnés, environs 15 ou 20€ pièce - On me glisse à l'oreille que l'on en trouve à prix correct ici: https://www.tme.eu/fr/details/305-044-500-202/connecteurs-idc/edac/ (merci Patroche ;) )
et un truc pour bien les placer, car il se peut que le connecteur ne soit pas EXACTEMENT à la taille des anciens: "la solution est de coller un petit bout d'allumette à la base du connecteur pour que la carte soit bien en face des trous" (bravo à Patroche pour l'astuce)
Sinon tous les composants sont remplaçables, donc un Korg PS se réparera toujours, de l'aveu récent d'un réparateur c'est plutôt simple à réparer car bien organisé à l'intérieur. Pour accéder aux cartes, on dévisse la grande plaque d'isorel derrière et 2 vis tiennent chaque carte aux connecteurs, on les défiche et voilà. Le problème étant toujours le poids de l'appareil pour le retourner!
En outre en ce qui concerne les diviseurs il en existe des clones qui fonctionnent très bien (il existe également un clone pour Polymoog) chez Flatkeys à cette adresse: http://www.flatkeys.co.uk/MM5824N.html
MAIS AUSSI à cette adresse http://www.crazy-patroche.com/2017/01/clone-mm5824-pour-korg-serie-ps3100-3200-3300.html Patroche est parvenu de son coté également à les cloner et partage son montage pour notre plus grand plaisir sur son site (où vous trouverez d'ailleurs de nombreuses autres astuces)

La relative rareté de cet instrument induit une cote exagérée, un PS-3100 mis aux enchères à la Vémia est parti pour 6500 euros en 2016! (j'espère pour l'acheteur qu'il était au moins en état irréprochable) Quant aux prix pratiqués sur Ebay le constat n'est guère mieux, en France le prix à peu près admis est maintenant autour de 4000€ en complet état de fonctionnement. C'est un instrument qui a son charme et une architecture unique, et donc un son unique mais qui ne justifie pas forcément ce prix élevé.









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