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- dart
My God!
Publié le 04/08/16 à 00:17Ca faisait longtemps que je rêvais des produits Neve et que je me documentais sur les différents modèles d'époque, ceux sortis par AMS, ceux par Rupert Neve Designs, les clones dont certains semblent excellents en me disant "un jour peut-être..." mais sans vraiment y croire. Jusqu'ici c'était un fantasme, quelque chose qui ne devait pas être pour moi, simple amateur, tant ces machines paraissent construites sans compromis et arborent des prix affolants qui présupposent qu'elles soient amorties par une activité commerciale. Sinon quoi, on tombe dans le caprice, dans le GAS comme diraient certains...
Les années ont passé et le matériel moyen de gamme s'est accumulé et divisé en deu…Lire la suiteCa faisait longtemps que je rêvais des produits Neve et que je me documentais sur les différents modèles d'époque, ceux sortis par AMS, ceux par Rupert Neve Designs, les clones dont certains semblent excellents en me disant "un jour peut-être..." mais sans vraiment y croire. Jusqu'ici c'était un fantasme, quelque chose qui ne devait pas être pour moi, simple amateur, tant ces machines paraissent construites sans compromis et arborent des prix affolants qui présupposent qu'elles soient amorties par une activité commerciale. Sinon quoi, on tombe dans le caprice, dans le GAS comme diraient certains...
Les années ont passé et le matériel moyen de gamme s'est accumulé et divisé en deux catégories. D'une part ce que j'utilisais abondamment et d'autre part, ce qui tenait plus de l'anecdotique ou de la découverte pure et simple. Avec acharnement et grâce à des sites comme AF (rendons à César...), la curiosité a cédé sa place à l'intérêt duquel a découlé une expérience croissante et sans cesse plus vorace d'outils performants pour matérialiser une idée.
Il ne fallait pas être mathématicien pour comprendre que la revente de 4 ou 5 objets de valeur moyenne pouvait aisément financer l'acquisition d'un objet de grande valeur. Alors pourquoi pas un produit haut de gamme? Et pourquoi pas un produit Neve? Oui mais lequel? Et pour quoi faire? Je cherchais quelque chose qui pourrait être aussi utile en home studio qu'en live, quelque chose dépourvu de lampes, trop fragile pour du nomade, et qui pourrait magnifier une source. Ma voix par exemple! Donc un preamp mono... Et pourquoi pas une tranche de console qui offrirait plus de possibilités? C'est ainsi qu'est née l'idée d'acheter un Portico.
Désolé pour ce long démarrage mais l'intro est à la hauteur de la machine : généreux! Evidemment, on ne se rue pas sur ce genre de matériel sans des avis experts et des précisions pour s'assurer que ça cadre bien avec ce que l'on recherche. A ce niveau je dois bien avouer que le seul avis laissé sur AF par Robin Schneider m'a donné l'envie d'en savoir plus sur le potentiel réel de cette machine. Et quelques échanges avec le principal intéressé ont fini par me persuader que c'est un outil qui offre énormément de possibilités, qui peut être à la portée d'un amateur éclairé et qu'on ne regrette pas.
Quelques mois plus tard, je faisais l'acquisition du Portico 2 de Jean-Félix Lalanne et aujourd'hui je faisais ma première prise avec.
Alors c'est bien beau tout ça mais ça sonne comment???
Je ne reviendrai pas sur les détails techniques décrits par Robin ou les spécifications reprises sur le site de RND et du mode d'emploi, par ailleurs très bien foutu! Je m'attarderai sur le son qui sort de cette tranche. On est occupé à enregistrer une démo et dans ce cadre, le bassiste du groupe est venu avec une basse d'entrée de gamme (Sterling Ray 4) dont il ne parvenait pas à obtenir un son appréciable à la maison...
On a branché via l'entrée DI et monté le son, toutes sections bypassées dans un premier temps. C'était droit mais sans fioritures. Puis on s'est intéressé à la partie compression. Je précise que je n'avais JAMAIS manipulé l'appareil, on y est donc allé à tâtons. On a commencé par régler le comp, en choisissant de travailler sur les crêtes du signal. Puis on est passé en mode feedback. D'un coup, le son a attrapé du corps (renforcement du bas) et dans l'excitation, on a tourné le blend au max, poussant la compression parallèle dans ses retranchements. Le son devenait carrément mordant. Puis vint enfin la cerise sur le gâteau... Les textures. On a essayé la rouge (à fond)... On a essayé la bleue (à fond également)... Et là, on n'a plus bougé à rien. L'enregistrement pouvait commencer. My God! C'est comme si sa basse venait d'absorber virtuellement une dose d'amphétamines! Le son était plein, détaillé, vivant en quelques sortes… Il nous a tellement plu qu'on n'a pas ressenti le besoin d'utiliser l'EQ… Et tout ça s'est fait avec une rapidité déconcertante. Moi qui pensait devoir y passer des plombes pour sortir quelque chose de valable, j'ai été littéralement surpris par la rapidité de la prise en main!
Vous l'aurez compris, ça reste un avis à chaud. Je dois encore faire passer ma voix dedans et comprendre toutes les subtilités de l'appareil. Mais une chose est sûre : ça magnifie bel et bien le son qui entre à l'intérieur et rien que ça a un impact direct sur la performance qui s'en suit. Bref, à ce stade je ne regrette pas du tout cet achat. Plus d'info dans un edit à venir, très probablement...
PS : Encore merci à Robin!
EDIT 1 : j'ai eu l'occasion d'utiliser le Portico2 en répète, en remplacement des preamps de mon interface audio Apollo Quad qui sont très corrects et évidemment, il y a une différence, surtout quand on abuse de la texture bleue qui dope littéralement le son et lui donne du caractère… Le son a plus de consistance et de détails. Mais le revers de la médaille c'est qu'un son aussi dense diffusé dans un espace (même traité) nécessite une bonne connaissance de la machine! On n'est plus dans la situation d'un enregistrement au casque… Par rapport aux preamps de mon Apollo, j'ai eu plus difficile à obtenir du niveau sans départ de larsens et ce même avec des coupes franches dans les hautes fréquences. J'ai testé différentes choses pendant la séance mais j'ai quand même galéré, je dois l'avouer. J'hésite à poursuivre avec le Portico2 en live tant j'ai peur de ne pas gérer dans les petits espaces. A voir à l'usage si je parviens à dompter la bête!
EDIT 2 : après des mois d 'utilisation, j'ai finalement décidé de me séparer du Portico 2 dont j'ai principalement utilisé la texture silk (rouge), poussée au taquet et évidemment la section EQ et comp. Couplé au TLM170R (réputé pour avoir une bosse dans le mid moins prononcée que le U87), j'obtenais systématiquement quelque chose de très chargé, sur pratiquement tout le spectre des fréquences. N'ayant pas une pièce traitée comme il se doit, je me suis retrouvé à devoir tailler pas mal à l'EQ (en amont et en aval), notamment dans le milieu et haut pour étouffer d'une part le côté nasal de ma voix et d'autre part pour atténuer les problèmes de sibilantes. En regard d'autres preamps, je trouve le rendu du Portico 2 plutôt "agressif" sur ma voix et très chargé dans l'énergie qu'il délivre. Étrangement, mon Portico 5017 ne donne pas du tout les mêmes résultats. En sortie de ce "petit" preamp, je n'ai pratiquement aucune coupe à faire et la voix s'insère dans le mix sans forcer. La texture silk (via simple commutateur) me semble moins prononcée que celle du Portico 2 quand elle poussée au taquet et les options sont évidemment plus rudimentaires. Mais le gain de temps est énorme pour moi. Sur une basse, comme expliqué plus haut, j'ai par contre obtenu de très bon résultats avec le Portico 2 et tout cela m'amène à penser qu'il est beaucoup plus à l'aise pour magnifier spontanément des sources qui nécessitent de la nervosité (kick, basse, etc). Je comprends mieux aujourd'hui pourquoi j'ai rencontré autant de soucis de larsen en répète avec cette tranche de console. La réponse est tellement survitaminée qu'il est difficile de l'utiliser en live dans de petits espaces (locaux de répète). Donc voilà, je viens éditer mon avis pour éclairer ceux qui s'intéressent à cette bête car je reste persuadé que bien utilisé mais surtout utilisé en conditions adaptées, ce Portico 2 peut donner des résultats surprenants. Perso, je n'ai pas pu arriver jusque là et j'ai préféré m'orienter vers autre chose. Je laisse les 5 étoiles parce que ça reste une bécane très polyvalente dans son architecture et à sens un outil qui s'inscrit dans une chaîne audio et un contexte résolument pro.Lire moins201 - Robin Schneider
On ne fait pas mieux au monde.
Publié le 16/03/13 à 16:19Wouah, je suis le premier à poster un avis !
Ayant l'incroyable chance d'en posséder deux, j'ai mis à jour ma review, les nouvelles remarques sont marqué d'une étoile*
2016-02-05 : quelques petites mises à jour et corrections.
Le Portico II de Rupert Neve Designs est un channelstrip Mono totalement analogique dans un rack 2U.
Il comporte :
-un préamplificateur micro avec 66 dB de gain + 6dB sur le trim pour un total de 72dB, ce qui est suffisant pour tous les types de microphones, y compris les rubans.
-un filtre coupe-bas réglable de 20 à 250 Hz à 12dB/octave
-un EQ 4 bandes (deux shelfs/peak et deux full paramétrique). La bande haut-médium possède aussi un de-esseur (plus d…Lire la suiteWouah, je suis le premier à poster un avis !
Ayant l'incroyable chance d'en posséder deux, j'ai mis à jour ma review, les nouvelles remarques sont marqué d'une étoile*
2016-02-05 : quelques petites mises à jour et corrections.
Le Portico II de Rupert Neve Designs est un channelstrip Mono totalement analogique dans un rack 2U.
Il comporte :
-un préamplificateur micro avec 66 dB de gain + 6dB sur le trim pour un total de 72dB, ce qui est suffisant pour tous les types de microphones, y compris les rubans.
-un filtre coupe-bas réglable de 20 à 250 Hz à 12dB/octave
-un EQ 4 bandes (deux shelfs/peak et deux full paramétrique). La bande haut-médium possède aussi un de-esseur (plus d'explications au paragrahe suivant).
-un compresseur très flexible.
-un réglage de texture avec les modes silk bleue et rouge (petite coquetterie 100% Neve).
Parmis les autres caractéristiques :
- un affichage à led de reduction de gain, de 0 à -24 dBu
-un affichage du niveau de sortie, de 0 à +24 dBu (je ne plaisante pas).
-tous les switchs sont rétro-éclairés.
-l'EQ peut être placé avant ou après le compresseur
-l'EQ possède un bypass général et un bypass pour la bande Low, la bande High et un pour les deux bandes paramétriques. Très pratique pour comparer l'impact de chaque bande.
-le filtre coupe bas peut être routé vers le sidechain du compresseur, pour le rendre moins sensible aux basses (très utile pour compresser une basse sans écraser les fréquences graves).
Côté connectique :
entrée Mic et line sur Xlr
Entrée Hi-z et thru en jack sur la face avant
sortie ligne en Xlr
I/O link sur jack pour linker les compresseurs si on en possède deux.
insert send et return sur jack pour le sidechain du compresseur (pour égaliser finement le sidechain).
Le seul petit défaut pour moi est la conception monobloc qui ne permet pas d'utiliser les éléments séparément, ce que permet de faire l'Everest de Summit audio par exemple.
Du reste, il est clair qu'on tape dans la très haute qualité et la polyvalence.
UTILISATION
En terme de branchement, c'est très simple vu qu'il n'y a que 2 entrées et une sortie.
Le manuel est écrit dans un anglais simple et accessible. Il décrit les fonctionnalité pour qu'on puisse utiliser l'appareil au top de ses capacités. En bonus quelques écrits de Rupert Neve sur la distorsion, la conception du préamplificateur ainsi que des indices sur les inspirations de certaines fonctions (la bande grave de l'EQ est directement hérité du 1073 par exemple).
Les dernières pages sont consacrées à des feuilles de presets qui sont bienvenues.
Obtient-on facilement un bon son ?
On parle de Neve les amis, et le portico II n'échappe pas à la règle.
En réalité, on a qu'à monter le gain pour obtenir un bon son, tout le reste dépend des goûts de chacun.
La bonne question est "peut-on obtenir un mauvais son ?", à cela je répondrais oui, à condition de se lever tôt, ou alors en plaçant très mal son microphone, ce qui de fait n'incrimine pas le Portico II de toute façon.
QUALITÉ SONORE
Le Portico II propose une palette sonore inégalée chez Neve.
Certains aiment Neve pour ses circuits des années 1970. L'utilisation des transformateurs permettait d'obtenir une emphase des harmoniques basses donnant une illusion d'un son "plus grand que nature". C'est typiquement le 1073 qui représente cette période.
D'autres aiment le Neve des années 80 avec Focusrite, qui cherchent des performances "audiophiles" et une coloration plus subtile, celle des préamplificateurs ISA.
Enfin, tout le monde s'accorde à dire que le matériel Neve améliore le son rien qu'en passant dedans.
Eh bien le Portico II permet d'avoir tout ça dans un seul rack !
Je vais passer en détail les différentes sections de l'appareil, comme il est très complet, ça risque d'être un peu long.
1) la section d'entrée (preamp, line in, DI)
Le préamplificateur propose jusqu'à 72 dB de gain avec une bande passante de 2Hz à 160Khz.
On fait donc dans le très large et le très performant avec un souffle inexistant.
Note : Rupert Neve précise qu'il à REDUIT la bande passante à 160Khz pour éviter de capter la radio.
Il peut encaisser un signal à +20dBu, ce qui lui permet d'accepter un niveau ligne.
Le préamplificateur est très transparent, surtout pour mes oreilles habituées jusque là au 610 Universal audio. Il tient plus du ISA des consoles Focusrite que du 1073. La dynamique est parfaitement restituée, le son est neutre, précis tout en restant agréable à l'écoute.
L'entrée DI est excellente. J'adore le rendu sur ma basse (Rickenbacker 4003 pour les connaisseurs).
Le thru permet d'ailleurs de splitter l'entrée et d'attaquer un ampli ou un autre préamplificateur.
On ne perd pas de graves, le son est là aussi précis et agréable, même avec des cordes neuves jouées au médiator. Elle propose enfin un ground lift (dont je n'ai pas encore eu l'utilité) indépendant du ground lift en face arrière.
Au passage, cette entrée DI existe a présent en boitier séparé, la RNDI, que je possède également.
L'entrée Ligne est à l'image du reste. C'est de la classe A transparente. La trim de +/- 6dB est pratique pour faire des traitements poussés sur n'importe quel signal (ou pour forcer un préamplificateur à lampe en amont du portico II).
Enfin, on retrouve un switch 48v, un inverseur de polarité et un très pratique bouton Mute qui coupe le son à la sortie du rack.
2) Le filtre
Pas grand-chose à dire à part qu'il balaye assez large pour toutes les utilisations. Le fait de pouvoir l'assigner au compresseur lui donne un intérêt certain lorsqu'on enregistre une basse ou une grosse caisse, voire une voix grave.
3) L'égaliseur
L'EQ du portico II est un modèle du genre. C'est la quintessence Neve avec un de-esseur intégré en prime !
Il est doux et précis à la fois. Il se situe entre la précision chirugicale SSL et la musicalité Trident (avec moins de déphasages ceci dit).
On est très loin du plugin aussi dans le sens ou bouger le gain de 2dB s'entend à l'oreille, surtout dans le bas.
Chaque bande propose +/- 15 dB de gain
le facteur Q des bandes Lomid et Himid va de 0.7 à 5, celui des bandes Low et High est d'environ 2,5.
Bande grave :
Fréquences : 35Hz, 60Hz, 100Hz, 220Hz
Mode peak ou shelf. Son design vient directement du 1073.
Lo-mid
fréquence variable de 80Hz à 1600Hz
Hi-mid/De-esseur :
fréquence variable de 800Hz à 16000Hz (tiens donc, le Lo-mid x10)
Cette bande est originale puisqu'elle intègre aussi un réglage de seuil du de-esseur.
Il s'agît d'un circuit original puisque la réduction de gain s'applique directement sur le gain de L'EQ et pas sur l'ensemble du signal. En clair, on a un Eq automatique.
Je m'en suis peu servi puisque j'ai rarement des problèmes de sifflantes avec mes R84.
En revanche, sur une basse au médiator agressive, il permet de rétablir l'équilibre entre les cordes graves et aigues.
High :
fréquences : 4,7K, 6,8K, 12K et 25Khz.
Mode Peak ou shelf
La bande aigue est un nouveau schéma très doux qui ajoute beaucoup d'air sans agressivité. Un boost généreux à 25Khz rendra vos prises de voix incomparables. J'ai tendance à l"appliquer systématiquement par défaut tellement il donne la sensation d'un son détaillé et présent sans le rendre agressif.
4) le compresseur
Version améliorée des compresseurs demirack portico I comme le 5043, que je possède également depuis peu. Le rendu sonore est vraiment proche.
Le compresseur du portico II est très performant et très complet. Il est peut-être l'élément qui demande le plus de pratique pour le maîtriser parfaitement.
un peu de chiffres :
Attaque : de 20 à 80ms
release : de 100ms à 3s
Ne vous laissez pas influencer par les chiffres, ce compresseur peut être très réactif.
seuil de +20dBu à -30dBu
ratio de 1:1 à 40:1
mix dry/wet
gain de -6dB à +20dB
swtich "comp in"
switch Rms/ Rms peak
switch "feedback"
Par où commencer... on a là un compresseur moderne VCA typique, mais qui propose des fonctionnalités vraiment cool au mixage. Déjà la compression parallèle pour épaissir le son tout en gardant la dynamique originelle. C'est une fonction popularisé depuis les plugins que l'on retrouve de plus en plus sur les machines hardware.
Le mode Feedback/Feedfoward change radicalement le comportement du compresseur.
En mode feedfoward, le signal de commande est prélevé à l'entrée du compresseur (typique des compresseurs modernes), en mode Feedback, il est prélevé à la sortie du compresseur, après le VCA.
Ainsi en feedfoward, le compresseur ne regarde que le signal entrant et applique la réduction de gain par rapport à ce signal uniquement. Il ne se voit pas faire. Il en résulte une action rapide et précise.
En mode feedback, le compresseur tient compte de sa propre action sur le signal pour déterminer la réduction de gain. On retrouve alors une réponse plus douce, un "soft knee" et une musicalité qui tient plus des vieux dbx, 1176 et autres la-2a.
Ces deux modes sont complété par le type de détection "RMS" ou "hybride RMS/peak", la aussi on choisit si le compresseur réagit aux crètes ou par rapport au niveau global.
En clair, on peut obtenir un compresseur très moderne et très rapide si on est en feed foward/peak, ou un compresseur très "musical" en feedback/RMS. Par défaut on a un compromis Feedfoward/RMS.
A noter qu'apparement (les sources du manuel ne sont pas très claires) le mode Peak permet de réduite le temps d'attaque à 0,1ms. Comme je me sers très peu de cette fonction je ne peux pas confirmer.
L'assignation du coupebas rajoute encore des possibilités au compresseur. Compresser une basse est un vrai bonheur, surtout sur une basse qui manque de corps.
Attention, il ne pompe pas des masses, on est vite tenté d'atteindre 8dB de réduction de gain vu qu'on ne l'entend pas agir sur le signal (contrairement à un 1176 qui laisse sa patte par exemple), surtout en mode feedback. Un vrai gentleman. En revanche en feedfoward, il se fait un peu plus remarquer surtout avec des constantes rapides.
*Depuis que j'en possède un deuxième, je suis en mesure d'expliquer la fonction "link" des compresseurs. Il s'agit en fait d'un partage des side chain. Cela signifie qu'il faut répéter les réglages sur les deux appareils pour respecter l'image stéréo. Cela permet aussi de faire des traitements plus fantaisistes en réglant deux compresseurs sur deux sources différentes tout en partageant le Sidechain. Je n'ai pas encore eu l'occasion de faire ce genre de délire, mais dès que j'essaierai je vous en parlerai.
Cette possibilité existe aussi sur le 5043, la version demi rack du compresseur.
En tant que compresseur master, il faut prendre le temps de tester les réglages et de comparer. Le résultat est moins immédiat qu'avec mon vieux C1 Tl audio par exemple, mais en travaillant un peu les réglages et surtout les modes Feedback/Feedfoward on peut obtenir de bons résultats. Il faut faire attention au temps d'attaque de 20ms minimum qui rend difficile une utilisation en tant que limiteur très rapide. Certaines crêtes passeront dans tous les cas, à moins d'utiliser le mode peak.
Le principal défaut en utilisation "mastering" du portico II réside dans la graduation de la réduction de gain ou chaque led correspond à environ 1dB de reduction de gain et l'absence de réglages crantés.
5) la texture
On arrive au bout du rack, et pourtant le meilleur reste à venir.
Jusque là j'ai beaucoup parlé de neutralité, de transparence, de "focusrite" finalement. Où est le neve 70's ? Il est là, et il s'appelle silk/texture !
Le mode silk agît sur le transformateur de sortie chère à Rupert Neve. Il change le negative feedback pour modifier la réponse harmonique du transformateur, permettant d'ajouter de la distortion harmonique.
Cette fonction est déjà présente sur les portico demi rack. Là ou le portico II innove, c'est qu'on peut modifier la distorsion harmonique avec le réglage texture !
Deux types de distorsion harmoniques sont diponibles.
Le mode rouge correspond aux silk standard des séries portico I. Il rajoute de la clarté, un peu de bas médium et met l'attaque en valeur. Idéale sur les percussions, les voix affirmées ainsi que sur les basses punk. Peut aussi souligner le jeu au médiator d'un guitariste. Le but semble déjà de s'approcher d'un son plus 70's. Le rendu oscille entre le 1073 et du API pour le punch des médiums.
Le mode bleu est totalement différent. En fait, Neve à recréé la réponse "des consoles vintage en classe A", référence probable aux séries 80 qui utilisaient les modules 1073/1084/1081. La différence, c'est qu'on peut en mettre un peu, beaucoup, jusq'à 2 fois plus que les versions des modules portico 1 !
On retrouve alors cette emphase du grave, ce son riche, large et détaille du neve 70's. C'est lourd, c'est beau, c'est rock. Idéal pour la basse jouée aux doigts (attention aux boomers), les voix féminines très fines, des percussions plus grandes que nature. Un pur bonheur.
*Depuis que j'en possède deux, j'ai bien entendu essayé les textures sur un mix complet. Ca marche très bien, peut-être même trop dans le sens où on peut détruire un mix ou signer l'arrêt de mort de l'ingénieur de mastering si on en met trop, surtout le mode bleu qui rajoute beaucoup de "masse" et qui peut sonner "boueux" si utilisé avec excès.
Le mode rouge en revanche est presque un sans faute sur un mix, puisqu'il rajoute de la présence et de l'attaque sans massacrer la dynamique (tenir compte du fait que la texture est après le compresseur). En revanche si le mix est déjà très chargé et très compressé, ça peut rendre l'ensemble criard.
AVIS GLOBAL
Je le possède depuis décembre 2012.
J'ai acheté le deuxième durant le printemps 2013.
Je possède déjà plusieurs channelstrips. un 6176, un LA610, un C1 TL audio des anées 90 ainsi que des EQ summit audio Feq-50. Depuis la première version de ce test, j'ai également acquis des modules de la série Portico I, l'EQ 5 bandes 5033 et le compresseur deux canaux 5043 ainsi que la RNDI.
Les Neve sont au dessus des autres. C'est indéniable. Le reste est affaire de goût. Cela ne signifie pas pour autant que je jetterai les autres.
En fait, le portico II peut s'intégrer dans n'importe quelle chaîne audio. Il améliorera l'ensemble et permet de tirer le meilleur parti des autres appareils.
Il peut être très neutre, ou très coloré. Là où le portico II brille c'est dans ce mélange de qualité continue et de polyvalence. Tout le monde peut utiliser le portico II quelquesoit le projet, le style et les goûts de chacun. C'est pour moi un outil indispensable tant à la prise qu'au mixage.
Pour ma part, le l'utilise souvent avec le 610 universal audio pour bénéficier à la fois du son lampe et de la texture. Les deux se complètent très bien et donnent beaucoup de caractère à la prise, surtout pour les voix et les guitares. Notons aussi qu'en cas de voix faible on a une réserve de 26 dB de gain en niveau ligne (trim line in + comp) pour éviter de faire souffler un préampli à lampes, pratique.
Quand j'enregistre un groupe live, je les mets sur la basse et la caisse claire. Je n'ai jamais eu une telle palette sonore à portée de main. Je peux faire le son parfait à la prise et juste peaufiner au mixage.
Son seul petit défaut est d'être conçu comme un bloc sans pouvoir accéder aux fonctions séparées. Ceux qui cherchent ce type de polyvalence au mixage se tourneront plutôt vers l'Everest de Summit audio.
Le rapport qualité/prix est juste excellent. Depuis 2015 et les rééquilibrages euro/dollar le prix est passé de 3000 à 3500 euros, c'est du haut de gamme. Mais quand on pense que le Voxbox Manley est plus cher et offre moins de possibilités, qu'API utilise des amplis Op (ce qui peut être un défaut pour certains même si j'adore leurs produits) partout et que même les 1073 re-issue de chez ams Neve coûtent plus cher alors qu'il n'y a qu'un preamp/eq... Je vous laisse méditer la dessus.
Depuis deux ans environ, le Portico II fait régulièrement apparition sur les petites annonces audiofanzine. Faites attention au prix proposés car la récente augmentation du prix peut inciter certains à proposer leur appareil d'occasion au prix où ils l'ont acheté neuf... n'hésitez pas à demander le numéro de série de l'appareil. Le plus récent que je possède date de 2011/2012 et porte le numéro 543 et à l'époque il valait 2900 euros neuf.
*Pour en finir avec la basse, il peut m'arriver de splitter la basse (ou d'utiliser la sortie stéréo d'une rickenbacker) pour enregistrer la basse en double avec un son "brillant" en mode rouge et un son "lourd" en mode bleu. Ensuite on choisit le son final en mixant les deux couleurs.
J'ai uploadé sur mon soundcloud une playlist où je teste différents réglages de l'EQ et du compresseur du porticoII sur une boucle de batterie :
https://soundcloud.com/robin-schneider-14/sets/robin-s-analog-tasting-on-drums
Vous pourrez aussi le comparer avec d'autres racks de mon studio, comme le Valley Audio 610 et le Tl audio C1, ou encore mes EQ Neumann.
Merci d'avoir pris le temps de lire mon test, n'hésitez pas à me contacter si vous avez des questions ou à poster sur le forum !
Rob'
Ps : désolé si des fautes persistent, je me relis constamment mais j'ai aussi du travail à côté. Je corrigerai au fur et à mesure.Lire moins800