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Editorial du 12 mai 2018 : commentaires

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Sujet de la discussion Editorial du 12 mai 2018 : commentaires

Bras dessus, bras dessous, les figures de Genette s’en vont sur la belle voix de Maurane et tandis que la twittosphère s’enflamme comme à son habitude sur la maladresse d’une Françoise Hardy ou l’imbécilité d’un Kanye West, on apprend que Spotify assume enfin une ligne éditoriale en pénalisant les artistes aux comportements jugés problématiques. C’est ainsi que des artistes accusés de violences sexuelles ou conjugales tels que R. Kelly ou XXXtentacion ont été retirés des playlistes de la plateforme sous la pression d’associations, même si leur musique demeure accessible. À peine enterré qu’un Genette doit se retourner dans sa tombe en considérant qu’on confond de plus en plus une oeuvre et son auteur, comme si la diffusion de l’une impliquait le cautionnement des actes de l’autre, tandis que les amateurs de droits ne manqueront pas d’apprécier le fait qu’une accusation est désormais passible de sanctions médiatiques et culturelles de la part d’un leader de marché.

Il vaut mieux entendre ça que d’être sourd, sans doute, même si à ce rythme-là, il n’y aura bientôt plus grand-chose à entendre. Heureusement, il y a encore des choses à voir cette semaine, comme l’interview-reportage réalisé par Locomotiv sur Algam, le plus gros distributeur français d’instruments de musique.

Sur ce, bon week et à la semaine prochaine.

Los Teignos
From Ze AudioTeam

__________________________________________________________________________________
Le GIEC chiffre à 3,3 milliards le nombre de victimes du réchauffement climatique. On en parle ?

 

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Il y a probablement deux questions en jeu :
- la séparation entre l'artiste et l'homme (le fait que Picasso picolait, fumait, fréquentait des prostituées, n'était peut-être pas un père idéal, etc. fait-il de lui un mauvais peintre ? et à l'inverse, le fait que tel chanteur de variété soit éventuellement un mari idéal, un bon voisin voire un citoyen politiquement correct est-il une garantie artistique ?) ;
- la réactivité de certaines institutions (associations ou entreprise privées) à confondre leur rôle avec celui d'un justicier.
Sur ce dernier point, Dominique Reynié vient de rédiger un article pertinent intitulé "Génération identitaire censuré : quand Facebook s'arroge les pouvoirs d'un juge".

Je ne suis pas un "posteur-euse". Je suis un homme. Libre.

 

32
@Los Teignos, je crois que l'art et la morale ne sont pas antinomiques. C'est une idée un peu courante... Mais comme déjà évoqué, l'esthétique et l'éthique sont assez proches chez certains philosophes. Et l'art est porteur de sens. Parfois engagé, parfois pas.
Je kiffe le rap côté groove, mais la colère du quartier, c'est autre chose. Même si elle est totalement justifiée. Des œuvres picturales par exemple nous émeuvent par la beauté de la nature ou du monde humain qu'elles dépeignent. La notion de bien, de bon, émane souvent de la beauté. Raccourci, sûrement.
Mais l'art exprime souvent éthique, sans aller forcément jusqu'à la moralisation de type religieuse.
God Hates Us All, dit Slayer. C'est un message. XD
33
Citation :

Je ne connais pas les lois en Allemagne mais en France, les propos racistes sont condamnés, et une oeuvre contenant de tels propos est condamnable. Si l'oeuvre ne contient pas de tels propos, alors il n'y a pas lieu de la condamner ni elle ni son auteur............


Les lois, si elles représentent tout ce que nous sommes, sont les mêmes en Allemagne.
Suffit-il d'être "politiquement correct" et éviter le coût de la loi pour justifier l’existence d'une chose?
Est-ce que la loi peut tout?
Les extrémistes savent très bien jouer sur la ligne rouge.
Il y a encore en Allemagne un festival de musique, le 20 avril (date de naissance d'Hitler) le festival "Shield & Sword", je vous laisse deviner l'abréviation, et qui est fréquenté, dans un lieu privé, par des "patriotes", des "nationalistes", pas des Néonazis.
On est dans les clous!:bravo::oo:

[ Dernière édition du message le 12/05/2018 à 13:50:06 ]

34
Citation :
À l'époque où Zola écrit son J'accuse pour défendre Dreyfus, la France est antisémite dans sa grande majorité (d'où son courage politique). Au début du 20e siècle, les livres d'histoire distribués par l'éducation nationale expliquaient encore aux enfants de 10 ans comment on classifiait les races, du magnifique blanc au nègre ingrat en passant par le jaune ou le rouge. Soyez donc sûr que chez la plupart des artistes qui précédent le 20e siècle, on trouvera un fond de racisme, d'antisémitisme et de misogynie qui était la norme. Juger les gens de ces époques sur des critères modernes est donc parfaitement dénué de sens.


Pas à mon sens, pour ceux qui s'offusquent qu'on écoute un artiste "inconvenant", qu'il soit de 1800 ou de 2000 on se tient à son propos sinon on n'est pas vraiment crédible dans son argumentation. Un antisémite de 1800 est-il plus "justiciable" que celui de 2000 ? hum. Mais là on s'égare un peu du sujet.
En tout cas, ce qui à plu n'est plus à plaire ! ;)
35
L'important étant à qui on plait loooolllll
(je plaisante)

[ Dernière édition du message le 12/05/2018 à 15:05:14 ]

36
Bon, ben comme personne ne l'a faite, je me dévoue : pas d'âme Algam?

Oui, bon, je sais, c'est pas hi-level, mais vous n'allez comme même (sic) pas me juger sur le niveau de mes blagues...si?

...non, rien....

37
Citation de Jesus-Régis :
@Los Teignos, je crois que l'art et la morale ne sont pas antinomiques. C'est une idée un peu courante... Mais comme déjà évoqué, l'esthétique et l'éthique sont assez proches chez certains philosophes. Et l'art est porteur de sens. Parfois engagé, parfois pas.
....



Que "certains" philosophes rapportent l'esthétique à l'éthique (et le vice versa...), c'est un fait (philosophique).
Mais que font-ils, quand ils font ça ?
Ils établissent qu'une oeuvre d'art, déterminée comme telle par son contenu esthétique (i.e. par sa Forme "belle"), peut aussi, par le moyen même de ce contenu esthétique, exprimer un contenu éthique (déterminé par sa correspondance avec l'action "bonne").
Aucun - aucun philosophe digne de cette appellation - ne désigne la conduite personnelle de l'artiste. Ça, décider que telle personne (la personne qu'est l'artiste) est "bonne" ou "méchante", au regard de la loi en vigueur, ou de la morale commune, c'est l'affaire du juge, ou celle du "curé" (qui est en nous)... Ce n'est pas affaire de philosophe.

"Le jugement est un outil à tous sujets, et se mêle partout... "  (Montaigne / Essais I / chap L)

http://patrickg75.blogspot.fr/

https://patrickg.bandcamp.com/

 

[ Dernière édition du message le 12/05/2018 à 19:56:13 ]

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Et si le philosophe est un curé ou un juge ?
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Citation de Musella :
Et si le philosophe est un curé ou un juge ?


Philosophe, juge, curé... Ce ne sont pas des personnes mais des fonctions.

"Le jugement est un outil à tous sujets, et se mêle partout... "  (Montaigne / Essais I / chap L)

http://patrickg75.blogspot.fr/

https://patrickg.bandcamp.com/

 

40
Un jour on trouvera que les violences sexuelles et pédophiles c'est grave. Mais en attendant, il y a ce bel édito.

Et à l'argument (argument?...) de "si on ne sépare plus l'oeuvre de l'artiste, vu tous les salauds, on aura plus personne" je répondrais d'une que c'est totalement faux. Et de deux, qu'une société qui, au nom de son plaisir petit-bourgeois de pouvoir encore acheter de bons albums et aller voir de bons films, décide de tolérer ce type de violences et de donner pignon sur rue à ces personnes (appelons-les bourreaux parfois, sans hésiter), une société qui tolère ça pour son plaisir, dis-je, non seulement ne mérite pas de pouvoir s'élever par l'art, mais en plus, me fout, à titre personnelle totalement la gerbe.

Mais tant que nos ordis tournent et qu'on peut jouer de la musique...

Ajoutons que le fond du problème, en réalité, si pour beaucoup il est de savoir si on doit séparer l'artiste de l'homme, il est à mon sens davantage de prendre conscience que cette séparation ne profite qu'à un seul groupe d'individus. Les hommes faisant parti des élites (intellectuelles et artistiques.
On ne sera jamais aussi conciliant avec un maçon violeur qu'avec un réalisateur violeur.

Et n'en déplaise à certains, la société et nous-même, lorsqu'on parle avec cette assurance crâne de "séparer l'artiste de l'oeuvre", ce n'est pas à l'oeuvre qu'on souris lorsqu'il nous est accordé une interview, ce n'est pas à l'oeuvre que l'on sert la main et que l'on exprime notre approbation... c'est à un homme.

Pour finir, essayons-nous à cette idée de séparer l'oeuvre de l'artiste. ça peut marcher:


Crachons sur l'homme qui a commis ces crimes. Enfermons-le. Ne le laissons pas apparaitre au grand jour devant les caméra pour donner son avis et se rendre brillant. Traitons cet homme pour ce qu'il a fait.
Et laissons l'artiste faire ses disques, ses films et ses concerts.

Et si on me réponds que que c'est bien le même qui va devant les plateaux télé pour parler de ses disques et qui donne au passage son avis sur telle ou telle choses, c'est bien que la preuve est faite: on ne peux séparer l'artiste de l'homme.

[ Dernière édition du message le 12/05/2018 à 20:17:22 ]