Tous les avis sur Ibanez RD605

Basse de type Roadgear fabriquée en corée

Corps acajou, table érable ondé, manche vissé -il me semble que c'est de l'érable-, touche palissandre, 24 frettes médium et sillet en plastique noir.

L'ensemble est très classique mais de très bonne facture, visuellement c'est magnifique surtout en noir ou en rouge ; mieux vaut éviter la couleur miel par contre, elle s'accorde mal avec la couleur très claire du manche et de la tête. Les repères de touches sont en incrustation nacre en forme de pleine lune, du plus bel effet sur la touche boisée. Seul regret, la découpe du corps n'est pas particulièrement fine, mais c'est vraiment un détail, pour chipoter.

Micros Seymour Duncan Basslines, un bridge et un humbucker.
Electronique active, switch EQ on/off, potards volume, sélecteur micro et égalisation 2 bandes graves/aigus
Chevalet Accucast B200

UTILISATION

Le manche de cette basse est fin tout en restant rond. Pour ma part je le trouve idéal car il permet des déplacements faciles, particulièrement dans les graves; il glisse bien, les amateurs de slides seront au paradis. Le chevalet lui est assez large, ce qui amène un élargissement progressif des cordes très plaisant au niveau de la main droite. La petite contrepartie, c'est que c'est un peu moins confortable dans les aigus qu'une basse dont les cordes filent droit -je pense entre autres à la cort artisan A5-, mais là encore rien de vraiment problématique, juste un pli à prendre.

C'est définitivement une dame à jouer aux doigts, non pas que le jeu au médiator soit gêné en quoi que ce soit, mais le confort offert par la configuration de la basse à la main droite est tel qu'on ne prend son plectre qu'à regret. L'appui sur les micros est idéal,particulièrement sur le humbucker large et saillant.

L'écart des cordes est assez bien pensé pour que les slappeurs ne se retrouvent pas coincés par des cordes trop rapprochées ; elle fait partie des bonnes élèves en matière de slap parmi les différentes cinq cordes que j'ai testés, mais elle reste une cinq corde, et demandera donc un peu plus de travail qu'une basse classique pour slapper proprement, mais cela reste très faisable.

L'ergonomie de la basse par contre, laisse un peu à désirer. Elle est assez lourde et pique légèrement du nez, ce qui nécessite d'avoir une sangle pas trop pourrie. Si l'accès aux aigus est excellent, ce petit côté "pique du nez" pousse à retenir un peu le manche pour ceux qui comme moi n'aiment pas jouer près de l'horizontale, et cela ne facilite pas l'accès aux cases les plus aigues du manche. Enfin, on regrettera que la forme du corps interdise le jeu assis sans sangle : si la basse a une forme très agréable à l'oeil, elle se cale mal sur la cuisse,et fatigue vite la main gauche qui doit soutenir le manche en plus de jouer. Personnellement, je joue debout, ça ne me dérange donc pas, mais pour ceux qui comptent jouer assis, soyez prévenus.

Les réglages sont quand à eux d'une simplicité enfantine. Pas besoin de tourner un potard à fond pour changer la couleur musicale, la préamplification est sensible sans être imprécise, bref, c'est le pied.

SONORITÉS

C'est une basse fort polyvalente, capable aussi bien de rentrer dans le lard avec du gros rock bien solide que de balancer des lignes fusion, funk ou jazz sans le moindre souci. On trouve facilement un son très proche d'une jazz bass, certes pas très vintage mais tout de même fort convaincant, une surprise pour une basse de ce standing, qui peut aisément remplacer son modèle pour un bassiste peu fortuné.

L'EQ deux bandes semble limiter un peu les possibilités, mais c'est faux : bidouiller les médiums directement sur l'ampli en mode actif donne de très bons résultats, et quand au bypass, la basse propose un son de base d'une excellente qualité et réagit très bien aux réglages directement sur l'ampli. Je joue d'ailleurs beaucoup en bypass tellement c'est agréable, le rendu des réglages de médium étant franchement jouissif et permettant d'entrer dans des sonorités plus incisives. Jazz bass peut-être, mais cela ne l'empêche pas d'être aussi capable d'assumer des plans de métal bien bourrin.

L'ensemble répond franchement bien, et le si grave n'est pas du tout à la ramasse (chose dont je me méfie généralement avec des basses de milieu de gamme comme celle-ci). testé sur deux amplis, mon petit behringer 30 W qui a un peu de mal à lui faire honneur, et un cube Roland 100 W qui lui n'a laissé aucun doute sur la réactivité et la définition du si grave. Pour sûr, cette grosse dame a du coffre.

Le seul regret qu'on peut avoir est quelque chose qui est, à mon humble avis, inhérent à beaucoup de modèles de chez Ibanez. Comme beaucoup de ses consoeurs, la RD 605 n'est pas très chaleureuse, il est difficile d'en tirer des aigus crémeux et ronds. De fait, si elle atteint des sommets en terme de funk bien claquant, elle aura un peu de mal a s'adapter à des styles de type smooth jazz, bossa nova et consorts. C'est sa seule faiblesse mais elle n'est pas inhérente au modèle, plutôt à la politique de son d'Ibanez; si vous partez sur une basse de cette marque, vous le savez certainement déjà.

AVIS GLOBAL

J'ai cette basse depuis près d'un an et demi, et c'est ma première cinq cordes. Je voulais au départ m'acheter une cort artisan A5, mais ayant trouvé celle ci d'occasion à seulement 400 euros (contre 750 neuve pour l'artisan), je l'ai testée, puis adoptée, car c'est vraiment une excellente basse pour sa catégorie de prix. Malheureusement elle n'est plus produite en ce moment, mais si vous la trouver d'occasion, vous pouvez y aller les yeux fermés. C'est un choix que je referais sans hésiter, car je prends vraiment beaucoup de plaisir à en jouer.

Ce que je préfère chez elle c'est sa flexibilité, active on trouve son son comme un rien, passive elle ne perd rien de ses qualités et se montre très réceptive aux réglages qui lui manquent dans son EQ. Et, si elle excelle particulièrement dans le funk aux doigts, elle ne démérite dans aucun style si l'on excepte les musiques les plus smooth.

Le vrai point noir, c'est définitivement l'impossibilité de jouer assis sans sangle, à cause de l'équilibrage pas forcément idéal et surtout de la découpe du corps esthétique mais inadaptée lorsqu'on la pose sur la cuisse.