Les compos collectives - Saison 24

AKA : Oh, mais qu’est-ce que ce langage ?
Bon de deux choses ou l’une, soit tu plaisantes (ce que je crois, même si un petit doute m’étreint) et il conviendrait de le signifier par une indication quelconque pour le lecteur lambda qui passerait par là… parce que sans cette indication c’est un peu sec à la lecture …
Soit tu ne plaisantes pas et là … petite leçon de chose
Sortons du café du commerce pour se rendre à l’université … pennons au hasard un ouvrage d’un auteur réputé difficile d’accès : Séminaire XX – « Encore » - de Jacques Lacan.
Cet ouvrage s’intéresse de très près à ce que sont d’un point de vu subjectif les positions sexuées auxquelles nous sommes tous assujettis en tant qu’homme et femme et en tant que partie prenante dans la rencontre sexué.
Freud avait déjà fait de l’énigme « que veut la femme ? » Une question essentielle de son travail, Lacan reprend cette question à son compte en la complexifiant quelque peu. Il en sort que du coté « Homme » la relation avec l’autre sexe ne peut se faire qu’en étant médiatisé par un objet. Il n’y a pas de possibilité de se mettre en rapport (au sens mathématique – 1/3) avec l’Autre sexe, pour le sujet masculin. La seule possibilité est de se satisfaire d’un objet qui vient rendre compte de l’Autre sexe. Ce qui avait fait dire à Lacan qu’ « il n’y a pas de rapport sexuel » … faisant ainsi glousser comme des fouaces les bobos du moment qui n’avaient rien compris à l’affaire. La chose est très bien posée par LB qui démontre magistralement ce postulat dans « La soumise », où le corps de l’autre est réduit à la place de l'objet de pure satisfaction masculine, et dans « Sex Toys », qui radicalise le trait en prenant appui sur un objet manufacturé pour symboliser et donc annuler le corps de l’autre (et de là, la question problématique de sa jouissance). En cela LB est un vrai bonhomme au sens psychanalytique.
Pour ce qui est de BBM, elle donne à voir sa version féminine de la question dans « la forteresse ». Reprenons le chemin tracé par Lacan : Du coté « Femme » il y a un au-delà à la jouissance objectale, ce qui fait dire à Lacan que « la femme n’est pas toute », pas toute inscrite dans un rapport objectal à la jouissance. Elle peut en être mais elle peut aussi s’y dérober et en transcender les limites. Ce « pas toute », c’est ce qui pose un au-delà aux bornes auxquels est soumise la condition masculine, objectale et phallique par essence. Lacan parle ainsi d'une jouissance "supplémentaire". Ce dépassement, cette ouverture muette et supplémentaire (Lacan disait que la femme le sait et l’éprouve mais ne peut rien en dire, justement car il s’agit d’un au-delà de ce qui est symbolisable), c’est ce qu’on nomme le transcendant en philosophie. Quel meilleur exemple du transcendant que le vide, le manque, l’espoir vain … Et c’est là que BBM est d’une subtilité redoutable : elle nous amène tendrement l’idée que l’on peut jouir du manque, du vide absolu (métabolisé ici dans l’absence amoureuse) et en faire un objet dans le champ social – une chanson … quelle finesse !
On est quand même assez loin du PMU … ou alors ça c’est grandement amélioré …
Bon, mais comme tu plaisantes, tout cela n’a que peu d’importance
Bon, il faut que je bosse maintenant.
Ciao.