Sujet Audiofanzine et écriture inclusive : le point de vue d'Audiofanzine
- 376 réponses
- 49 participants
- 14 158 vues
- 46 followers

Los Teignos

Précisons d’emblée que ce changement est le fait d’un choix unanime au sein de l’équipe d’Audiofanzine qui est composée de 8 hommes et 4 femmes (cette mixité n’étant pas due à un objectif de parité mais au fait que les 4 femmes en question étaient pour nous les meilleures candidates), et qu’il n’implique aucune obligation pour nos rédacteur·trice·s externes, mais une recommandation que chacun est libre ou non de suivre.
Précisons par ailleurs que s’il est important pour Audiofanzine de plaire à ses utilisateur·trice·s, le site n’est pas pour autant un service d’état en devoir d’obéir à ses contribuables. Et les sondages comme les pétitions ne sont pas ce qui conduit notre entreprise et encore moins nos engagements.
Cela ne nous empêche pas d’expliquer les raisons de nos choix et d’en discuter respectueusement avec la communauté.
But de l’écriture inclusive pour AF
Le premier but poursuivi est évidemment de ne pas exclure le public féminin des contenus que nous produisons, étant entendu qu’il n’y a pas de raison de traiter différemment une musicienne et un musicien, et qu’il n’y a pas de raison de s’imaginer qu’un piano, une guitare ou un micro doit être plus utilisé par un homme que par une femme.
Mais il entend aussi être une forme visible de soutien au combat pour l’égalité des sexes et contre la misogynie, à plus forte raison dans un secteur et sur un site où le sexisme est hélas très répandu.
AF, un site sexiste ?
Saviez-vous que sur AF comme ailleurs, des femmes préfèrent cacher qu’elles sont des femmes pour ne pas faire l’objet de railleries, de harcèlement ou de violence verbale dans leur rapport à la communauté ?
Saviez-vous que nous avons déjà eu à modérer des propos faisant l’apologie du viol de femme ?
Saviez-vous que nos employées féminines doivent couramment faire face à des attitudes condescendantes ou agressives au seul motif qu’elles sont des femmes et que les femmes, c’est bien connu, n’y connaissent pas plus à l’audio qu’au football ?
Le monde de la musique et de l’audio serait sexiste ?
Oui, et quand bien même on s’imagine qu’il est progressiste, ouvert au changement, plutôt cultivé, il ne l’est sans doute pas moins que celui du bâtiment, de la politique ou du jeu vidéo, car le sexisme, comme toutes les violences d'ailleurs, touche tous les milieux socioculturels sans distinction.
Voici quelques chiffres établissant une réelle différence entre hommes et femmes dans le secteur de la musique :
10% des SMAC (Scènes de Musiques ACtuelles) sont dirigées par une femme
12% des groupes qui s’y produisent comptent parmi leurs membres au moins une femme
10% de femmes fréquentent les studios de répétition.
En 2018, elles représentent 13% des aides de l'État accordées à la création d’œuvres musicales et cumulent moins de 50 000€ de cette aide sur une enveloppe totale de 518 000€…
La SACEM (Société des Auteurs, Compositeurs et Editeurs de Musiques – le tout, au masculin !) ne compte que 18 % de femmes parmi ses sociétaires
Il y a 5 femmes seulement sur 42 programmateurs·trices des structures adhérentes à la FEDELIMA…
4 victoires de la musique pour le meilleur album sur 48 ont été attribuées à des femmes depuis 1985
Elles ne représentent que 24 % des artistes les plus téléchargé·es.
Peut-être parce qu’elles sont stupides finalement, ou qu’elles n’ont aucun talent ? Mais comme 52% des diplômé·e·s des écoles d’enseignement artistique supérieur du spectacle vivant sont des femmes, on est forcément obligé de se dire que cette sous-représentation tient moins à des limites qu’auraient naturellement les femmes qu’à des bâtons dans les roues que leur mettraient les hommes…
Et encore ne parlons-nous là que d’égalité et de discrimination quand on pourrait aussi parler criminalité, qu’il s’agisse de violences psychologiques ou physiques, du harcèlement jusqu’au viol…
Dans une enquête sur la santé et le bien-être dans l’industrie musicale en France, dévoilée en octobre 2019 par Cura collectif et la Guilde des artistes de la musique (GAM), 31 % des 256 répondantes travaillant dans le secteur musical disent avoir été victimes, au moins une fois, de harcèlement sexuel (soit presque une femme sur trois), dont 39 % sont des artistes féminines et 24 % des professionnelles du secteur.
Et croyez-vous que la chose ne touche pas le monde cultivé de la musique classique ou de la danse ? Dans une enquête réalisée au CNSM de Paris, 8,6% des femmes répondant affirment avoir été victimes d’agressions sexuelles.
Certes ! Mais que vient faire l’écriture inclusive là-dedans ?
L’écriture inclusive implique de changer bien des habitudes pour celles et ceux qui l’écrivent comme pour celles et ceux qui la lisent. Est-ce que c’est beau ? Sans doute pas, encore qu’aucun linguiste ne vous dira qu’une langue ait déjà eu le projet d’être belle… Est-ce que ça heurte la lecture, est-ce que ça dérange nos vieux réflexes orthographiques selon lesquels le masculin l’emportait ? Évidemment.
Et certains objecteront que ce n’est pas à la langue de payer les pots cassés du sexisme ambiant ou de la misogynie, que ce n’est pas en féminisant des mots ou en parsemant un texte de points médians rendant sa lecture plus difficile que la cause des femmes avancera.
Ce point demeure très discutable.
D’abord parce que la langue a été singulièrement masculinisée depuis le Moyen âge, et qu’elle a même été repensée pour satisfaire un projet d’aliénation de la femme. Dans les cahiers préparatoires à la rédaction du dictionnaire en 1673, on pouvait en effet lire que le but était de distinguer grâce à la langue "les gens de lettres d'avec les ignorants et les simples femmes". À ceux qui accuseraient les partisans de l’écriture inclusive de politiser la langue, rappelons donc qu’elle n’a jamais cessé d’être instrumentalisée à des fins politiques et que les Droits de l’homme et du citoyen (qui, rappelons-le, excluaient les femmes à l’origine, homme étant à entendre au sens masculin) ne se sont jamais crû en devoir de rétablir cet odieux programme politique.
Ensuite parce que la langue est un territoire sacré pour nombre de gens, qu’ils y tiennent comme à leur Arc de Triomphe, leur Louvre ou leur Versailles et que c’est précisément en intervenant sur cette langue chérie qu’on peut retenir l’attention de tous. Tout comme on s’est ému de voir un tag odieux défigurer ce symbole d’impérialisme qu’est l’Arc de Triomphe…
N’a-t-on d’ailleurs jamais autant parlé de la condition de tel ou tel groupe que parce qu’ils gênaient la bonne marche de la société : les opérations escargot, les grêves, les saccages ou dégradations sont toujours des extrémités auxquelles en viennent ceux qui, malgré la politesse de leurs demandes répétées, n’ont suscité que de l’indifférence voire du mépris. Il ne s’agit en rien de justifier une quelconque violence ici, mais d’établir qu’en matière d’avancée sociale, on n’obtient jamais de progrès autrement qu’en exerçant un pouvoir de nuisance, ce qui invalide l’usage, comme beaucoup de modérés le défendent, d’une écriture inclusive plus discrète, à l’ancienne, pour ne pas gêner l’oralité ou les 10% de Français·e·s souffrant de troubles dys-.
Les fameux “Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs…”, “Françaises, Français” ou “musiciens, musiciennes” en vigueur depuis des décennies ont clairement montré qu’ils n’apportaient rien à l’évolution de la société : ils étaient déjà depuis longtemps en vigueur quand Edith Cresson se faisait insulter par les parlementaires masculins lors de sa prise de fonction en tant que première ministre en 1991.
Alors voilà, quand bien même elle heurte par manque d’habitude, l’écriture inclusive, même dans ses formes les plus gênantes, a ce mérite de donner une visibilité à un problème qui n’avance pas parce qu’il est invisibilisé. Parce que le masculin l’emporte et que ça convient à « tout le monde ». Nous ne pensons pas que cette forme d’écriture parviennent à elle-seule à créer une société plus égalitaire, mais elle nous rappelle à ce problème à chaque détour de phrase et qui, parce qu’il concerne plus de la moitié de la population, n’est pas à considérer comme un détail. La langue française en gardera ce qu’elle voudra et nous espérons que notre communauté comprendra l’utilité que nous lui reconnaissons et consentira l’effort de s’y habituer, sachant que nos rédacteur·trice·s demeurent libres de l’utiliser ou non dans leurs contenus, à leur convenance avec ou sans point médians, tous comme nos modérateur·trice·s.
Bien sûr, cela doit s’accompagner d’une meilleure visibilité des femmes au sein des contenus produits par AF, chose sur laquelle nous travaillons, mais nous sommes convaincus que son usage contribue à casser l’ambiance de vestiaire de foot que nous déplorons trop souvent.
Quant aux Don Quichotte qui pensent intelligent de boycotter la lecture d’un texte évoquant les problèmes écologiques sous prétexte que 0,16% des signes qu’il utilise sont des points médians et que c’est là un combat civilisationnel qui mérite, plus que tout autre, leur attention, il n'y a sans doute pas grand chose à en dire si ce n’est que nous n’avons pas les mêmes valeurs ni ne combattons les mêmes moulins.
__________________________________________________________________________________
Le GIEC chiffre à 3,3 milliards le nombre de victimes du réchauffement climatique. On en parle ?
[ Dernière édition du message le 01/06/2022 à 15:52:17 ]

tertior

Post délirant, mais je vous avais prévenu pour mon QI.

BBmiX

Cela sous-entend presque que les mecs serait tous des "gros cons beaufs " et qu'ils ne seraient pas assez intelligents pour inclure du féminin dans les termes musicaux et ailleurs ...
Je sais pas moi, mais quand on me parle de groupes, de musiciens ou d'orchestres, j'y inclut automatiquement la possibilité qu'il y ai des femmes dedans...
Je dois être bien fait ou poète, ou bien éduqué ... ( issu d'une famille de 5 enfants, un beau mâle (moi

Pourtant en bon gentleman, je serai même prêt à mettre tout au féminin ... mesdames

Si il n'y a pas mort d'hommes (femmes

à quand les couleurs/origines/regions/régimes tant qu'on y est

Des bisous(ses)

(-; Soit Funk ;-)

Big Job Head

Je sais pas moi, mais quand on me parle de groupes, de musiciens ou d'orchestres, j'y inclut automatiquement la possibilité qu'il y ai des femmes dedans...
Donc pour reprendre ton raisonnement, si toi tu es bien éduqué ça veut dire que tous les hommes le sont?
Il faut arrêter de se sentir visé dans son ego de mâle à la moindre pique aussi. Le but n'est pas de rabaisser les hommes mais d'inclure les femmes en mettant de côté un trait qui a tendance à créer des biais plus ou moins implicites : le genre.
ça détermine tout de suite 2 groupes distincts, et je trouve ça dommageable
il faudra quand même qu'on m'explique un jour en quoi une écriture qui inclut, en une formule, les 2 genres masculins et féminins créé, soit disant, 2 groupes distincts. J'ai beau retourner le truc dans tous les sens je ne vois pas.
Montage son et sound design : flavienvanh.com
Musique : flavien.vanh.bandcamp ---- la chaîne youtube ---- Petits Lives Entre Amis
[ Dernière édition du message le 15/11/2022 à 18:07:25 ]

Beatless



S'il n'y a pas de solution, c'est qu'il n'y a pas de problème.
Mesdames et messieurs, notez que je me suis mis à l'écriture inclusive, en toute décontraction.

BBmiX

ça veut dire que tous les hommes le sont?
les 2 genres masculins et féminins créé, soit disant, 2 groupes distincts.
La réponse est dans la question ! 2 ... 2 .L'Homme


Un groupe, et pis c'est tout ! ...
J'en rigole au fond, il y a bien plus important que ça ...
(-; Soit Funk ;-)

Arnice

Nous avons effectivement décidé de ne pas utiliser le genre indiqué dans le profil pour ne pas diviser et pour respecter le souhait de celles et ceux qui ne souhaitent pas que ce soit divulgué
Donc, en gros, on respecte le souhait d'une minorité (qui, je le rappelle, a la possibilité de cocher "autre" au lieu de "masculin" ou "féminin" si la personne souhaite vraiment cacher le fait d'être un homme ou une femme) en imposant une écriture inclusive, pour cette phrase de grade du forum (la seule chose qui m'a choqué dans l'utilisation de l'écriture inclusive sur AF), à tout le monde.
Naïvement, j'aurais tendance à trouver normal que :
- Ceux qui ont coché "autre" ont une phrase de grade avec écriture inclusive
- Ceux qui ont coché "féminin" ont une phrase de grade au féminin
- Ceux qui ont coché "masculin" ont une phrase de grade au masculin
Et je n'arrive pas à comprendre en quoi ça diviserait les gens de procéder de la sorte.
À partir du moment où il y a des gens qui veulent cacher leur genre et des gens qui n'en ont pas envie, la division est déjà là.
Libre à chacun de préciser, ou non, son genre.
Bon, c'est peut-être un peu plus compliqué qu'à l'heure actuelle à mettre en place (des lignes de code pour rien diront certains).
Mais ça me semblerait respecter le choix de chacun, ceux qui n'ont pas envie de divulguer leur genre, ET ceux pour qui la divulgation n'a aucune importance.
D'ailleurs, il y a autant de machos que ça pour penser que les femmes sont inférieures aux hommes? (Ca me sidère que ce soit le cas)
Qu'elles n'y connaissent rien en musique ou matériel musical?
Il y a tant de gens que ça qui veulent cacher leur genre?
Après, pour le reste, écriture inclusive dans les articles ou autres news pour y inclure l'éventualité d'un public féminin en plus du genre masculin grammaticalement parlant, je suis complètement d'accord avec cette utilisation de l'écriture inclusive (même si c'est un peu plus pénible à lire) et le combat mené.
Après, ça a ses limites quand même, quand un article parle d'une personne féminine qui compose de la musique, je ne vois pas pourquoi on écrirait "cette compositeur.trice fait un travail remarquable". Ca n'a aucun sens si on connaît le genre de la personne dont on parle.
Après avoir visionné la vidéo de Scilabus avec intérêt (postée par Will Zegal), elle précise, par ailleurs, que l'écriture inclusive ne se limite pas au point médian, les formules "mesdames et messieurs", "musicennes et musiciens", dites "doublon" dans sa vidéo, c'est déjà de l'écriture inclusive.
Los Teignos indique que ces formules sont utilisées depuis des décennies, sans succès visiblement.
L'utilisation du point médian n'aura, de mon point de vue, pas plus de succès pour le combat mené.
[ Dernière édition du message le 16/11/2022 à 12:23:42 ]

doudouglas

Les points médians sont pénibles à lire, pour peu que l’on soit sensible à la musicalité et au rythme d’une phrase. Les utiliser m’a toujours paru être une démonstration de zèle.
Les pays de langue anglaise sont-ils moins sujets au sexisme parce qu’il n’y a ni féminin ni masculin dans leurs noms communs ?
[ Dernière édition du message le 16/11/2022 à 20:07:27 ]

Before_

Je remercie au passage le modératör qui m'a exclu du forum sans sommation. J'ai relu la "charte" et mon intervention ne fait partie d'aucune catégorie, il devrait en faire autant. Au moins Doc Plus m'avait prévenu, lui.
Ciao.
[ Dernière édition du message le 17/11/2022 à 11:02:44 ]

Doomfred

Merci pour tes remerciements, ça me touche tellement. C'est vrai que ta remarque était "courtoise" et participait au "bon esprit" des forums, n'est ce pas ? Comme ton message présent.
J'ai prévenu dans le sondage sur le sexisme, à plusieurs reprises que la modération serait impitoyable avec le trollage, tu as voulu faire le malin en toute connaissance de cause, tu as mérité ta sanction d'autant plus que ça n'est pas la première fois que tu agis ainsi.
Avertissement de la modération :
Je le redis donc ici, que ça soit clair pour tout le monde : le mauvais esprit et le trollage sur ce genre de sujets seront sanctionnés par la modération. On peut ne pas être d'accord avec certaines décisions ou points de vues de son site audio préféré, mais on a surtout le droit de rester intelligent pour en débattre avec de vrais arguments.
A bon entendeur...
Tamen pax et amor, oscula.

Conrad2

Bref je repasserais dans 6 mois voir si AF a changé d'avis
