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Roland MC-505
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Roland MC-505

Groove Machine de la marque Roland appartenant à la série MC

Anonyme

« Studio de survie »

Publié le 26/02/15 à 01:43
Rapport qualité/prix : Correct
Cible : Les utilisateurs avertis
Je l'ai achetée d'occase pour compléter mon équipement répondant à ma nouvelle philosophie : « on peut faire mieux avec le moins possible » c'est à dire, un synthé et cette boite uniquement, pour éviter d'être submergé et perdu dans trop de possibilités musicales. Malheureusement si j'ose dire, ce modèle MC-505, possède vraiment beaucoup de fonctionnalités. Je l'ai tout de même choisie car c'est celle qui possède le meilleur compromis parmi les grooveboxes sorties, conformément à mon point de vue d'amateur pas riche.

Donc oui des fonctions elle en a, mais c'est surtout les types d'utilisation possibles qui sont nombreux. On peut aussi bien improviser un mix avec des éléments prémâchés (ce qui a l'air d'être sa fonction principale), que de composer un titre complet à partir de zéro. C'est carrément le jouet ultime tout-en-un dont j'aurais rêvé à l'époque de sa sortie à la fin des années 90, mais sans aucune source d'info ni de contacts (ni de pognon), je n'avais absolument pas conscience de l'existence de ce type de matos. Mais malgré ça, aujourd'hui je suis vraiment impressionné par le travail effectué pour cette machine, comme si Roland était obsédé par la réalisation de tout ce qui est possible de faire pour chaque réglage, connexion, interface, communication. À quelques exceptions près, dans la limite du budget à assumer pour ce modèle.

Si sa particularité est son interface, alors je vais en parler. Les potards et commandes directes de la boite permettent d'accéder au minimum de paramètres de base. Et encore il faut souvent faire défiler le paramètre désiré en appuyant plusieurs fois sur une touche. En fait une groovebox c'est un studio de survie. Il fait le job, mais il faut vraiment en baver pour atteindre l'objectif. Toutes les fonctions désirées sont présentes mais sont planquées dans d’innombrables menus défilants accessibles par des combinaisons de touches. C'est l'aspect qui m'énerve le plus. Un peu comme un réchaud de camping capable de faire combiné four micro-ondes, plaques induction, raclette et fondue, mais un seul truc à la fois, après avoir démonté puis remonté intégralement le bidule.
La lecture complète du manuel est indispensable, la boîte est pour le coup pas du tout intuitive, il faut du temps d'adaptation avant d'apprécier tout le mal que s'est tout de même donné Roland pour sortir ça d'une boite de conserve. Il existe des raccourcis, sortes de combinaison de touches non représentées dans la sérigraphie, mais mentionnés dans le manuel, trop furtivement au milieu d'un chapitre ça et là, faut pas les oublier… et encore ils ne fonctionnent pas toujours dans tous les contextes, comme si plusieurs personnes ont travaillé dessus chacun de leur côté, genre appui sur shift en même temps qu'on touche à un potard pour afficher son menu, ba ça ne fonctionne pas pour les autres…

L'enregistrement des patterns et des songs est une plaie. Ça peut le faire mais pour plus de confort, l'assistance d'un séquenceur MIDI est conseillée. Surtout pour organiser la mémoire interne qui est mégalente et méga pas ergonomique avec cet écran monoligne (en fait biligne mais la première est squattée par le titre du menu). Combien de fois j'ai enregistré par dessus des patterns durement composés ?
Et puis il faut obligatoirement enregistrer la modification des réglages d'un instrument (patch) sinon c'est perdu, puis faut organiser toutes les pistes et les animations de réglages dans un seul pattern qu'il faut dupliquer à la moindre composition sonore pour assembler la song qui n'enregistre que l'ordre des patterns et de la mise en sourdine des pistes (d'autres petits trucs aussi). Galère. Moi qui pensais que le ReBirth RB-338 était rustique…
Roland a commis l'erreur de considérer qu'une percussion n'avait pas besoin qu'on lui règle sa gate pendant la saisie. Il faut donc la bidouiller dans le mode microscope le bien nommé, alors que les kits de percu proposent quasiment que des instruments sensibles à la gate… merci au crétin de chez Roland qui a décidé ça.
Ah oui et pas possible de lire à l'écran ce qui a été assemblé dans une song. Un bloc notes et un crayon sont nécessaires.

La saisie des notes d’instruments mélodiques est satisfaisante, mais clavier maître obligatoire pour rentrer des accords. Le clavier mono-octave est à la ramasse.

Bref cette interface, la philosophie de pattern et de gestion mémoire confirment qu'une groovebox n'est pas faite pour faire un concert d'orchestre d'impro de jazz. C'est le motif musical répétitif caractéristique de la musique électronique qui est le plus approprié de travailler avec ce matos. Même s'il y a des sons et des démos dedans.

Les sons tiens parlons-en : les synthés très bien. Avec l'ensemble des réglages et des superpositions possibles, le potentiel est énorme. Les percussions, il y a tout ce qu'il faut pour le type de musique censé sortir de cette boîte. Ça veut dire que les échantillons d'instruments acoustiques font peur. TRÈS peur.
Le piano est exploitable, il ressemble à celui du Korg M1, nickel. Les violons sont limite, et le reste, trompettes, guitares, rhodes… si vous avez connu les jeux Street Fighter Alpha de Capcom… bref…
Le filtre est effectivement très digital, mais avec un peu de jugeote pour le manipuler et noyé dans le mix, personne ne le remarque.

Mais alors pourquoi 4 étoiles ? pourquoi je l'aime autant ? Parce que hormis ces défauts, j'aime tout le reste. Parce que ce matos c'est d'abord une philosophie, et moi j'y adhère. J'aime le genre de musique qui en sort et cette boîte a vraiment été conçue pour plaire (pour l'époque) après la controversée MC-303.
Elle a plutôt bien vieilli, mis à part certains sons jugés ringards par le commun des mortels (qui n'ont plus écouté un accord depuis benny benassi), la multitude de réglages permet d'innover, tant qu'on a assez de courage pour braver l'interface. La multitude de patterns préenregistrés, une fois disséqués informent énormément sur la façon de créer les genres musicaux représentés. Bien pour l'inspiration.
Évidemment c'est un objet particulier et finalement pas aussi universel qu'une workstation. À ne pas mettre dans n’importe-quelles mains.
Seule, ça ne sonne pas pro, trop digitale, difficile à régler et à programmer. Car le terme workflow n'existait pas encore en 1997. Mais nickel pour accompagner des trucs sérieux, et pour réussir des soirées sympas.

Ça reste un bon outil, mais il faut être un bon ouvrier pour vraiment bien l'exploiter. J'ai pas mal d'années de boulot dessus.