Ear Trumpet Labs Helga

Pour commencer ce test, un petit rappel sur le fabricant : Ear Trumpet Labs est un atelier situé à Portland en Oregon. Son fondateur, Phillip Graham, travaille avec une petite équipe de passionnés de ce qu'ils appellent le "bricolage". Le terme "bricolage" en Américain désigne une nouvelle tendance dans la réutilisation de pièce détachées et de matériaux dans un contexte différent de leur utilisation d'origine.

En l'occurence, chez Ear Trumpet Labs, on fabrique des microphones de qualité avec des matériaux de récupération. Le corps est un tuyaux de cuivre issu de la plomberie, les capsules sont logées dans des boules à thé ou à épices, la suspension est parfois réalisée avec des engrenages de bicyclette comme c'est le cas sur le Helga.
Ces matériaux ont été réutilisé pour leur esthétique particulière, mais aussi parcequ'ils permettent de réduire le coût de fabrication de parties non essentielles du microphone. Ainsi, le coût revient à la main-d'oeuvre, l'électronique et aux capsules utilisées.

La marque propose ainsi toute une gammes de microphones avec différentes capsules, directivités.
Les grandes tendances de la marque sont :
-- Des microphones de qualité studio adaptés à la scène, avec une directivité précise, une bonne rejection des sources indésirables et le filtre anti-pop intégré. Il n'est pas rare de voir des musiciens se sonoriser avec le microphone Edwina.
-- Une électronique sans transfos et aucune fonction superflue (pas de filtre, pad, etc.). Circuit conçu initialement par Schoeps et repris par beaucoup de fabricants aujourd'hui.
-- Des microphones uniquement à condensateur (pas electret), pour un son de qualité "studio". 48v nécéssaire donc.

Venons en à Helga, aussi appelé Gertrude, claudia, Petunia...
Ces noms multiples viennent du fait qu'ear trumpet labs ne fabrique ce micro "bicyclette" qu'en série limitée et selon les matériaux disponibles. De fait, le nom change à chaque série. L'électronique et la capsule restent identiques.
Le constructeur explique que ces séries spéciales ont un accordage différent de la capsule ayant pour but d'éviter de mettre les aigus en avant et d'avoir une courbe de réponse plus linéaire.
En grand fan de rubans, je n'ai pas été déçu, Philip Graham a réussi son coup, comme nous allons le voir...

Je possède donc deux modèles d'Helga de la même série, fabriqués fin 2014/2015.
Première particularité : les deux modèles que j'ai acheté n'ont pas le même engrenage.
Les puristes diront que cela peut poser problème en prise de son stéréo, je n'ai pour ma part aucun mal à les utiliser. Il suffit de connaitre l'écart corps/capsule et d'adapter le placement en conséquence.

Helga est fournie dans une boite à outils Coastal Tools garnie de mousse pré-découpée, idéal pour transporter le microphone dans une relative discrétion. La pince est incluse, quoiqu'un peu trop lâche. Il est conseillé de rajouter un coup de gaffer ou d'utiliser une pince plus dure (genre Shure).

Venons-en au son !

J'ai réalisé mon tout premier test du Helga en le branchant dans mon Neve portico II sans aucun traitement. Il en est ressortie un son très "vrai" avec pas mal de médiums et des aigus à leur place.
Ce rendu est assez inattendu pour un statique mais très plaisant pour un habitué des rubans.
Le son est naturel avec une bonne précision dans la dynamique qui donne une bonne resitution tu timbre et des détails. J'ai effectué ensuite un comparatif avec mon sontronics Saturn (à mi-chemin entre un U87 et un C414) et la différence est flagrante : la bosse de 5dB à 9K donne un son beaucoup plus fin, "creux" parfois, surtout sur ma voix très médium. On y perd aussi une certaine chaleur dans le bas.

Dans le cadre de ce comparatif helga/saturn, cette vérité dans le médium rapproche un peu l'Helga du U47 par rapport au saturn qui est plus proche d'un U87, mais la comparaison s'arrête là.
Dans une situation de live où les extrêmes du spectre sont souvent réduits voire supprimés c'est idéal car on a des médiums précis qui permettent de garder l'essentiel d'une voix ou d'un instrument.
La neutralité des aigus aide aussi à gagner du niveau avant larsen.

En studio c'est un microphone qui a une bonne sensibilité dans l'axe et pratiquement pas de souffle.
Même si je l'utilise surtout avec des Neve portico II ou un La-610MKII, je suis sûr que ce microphone n'aura aucun mal à s'adapter aux préamplis d'une carte son.
Le rendu est chaleureux et naturel sur les voix féminines là ou un C414 peut devenir acide.
Typiquement si le R84 n'a pas assez de sensibilité, Helga peut venir à la rescousse !
Sur les voix parlées son niveau de bruit très bas permet de monter le gain pour récupérer toutes les nuances.
Je l'utilise aussi en overhead batterie quand les M160 ne sont pas satisfaisant et quand je souhaite récupérer plus d'environnement.
Ils sont devenus incontournable sur mon piano droit. Je n'ai jamais entendu mon piano aussi bien.
Il faut juste faire attentions aux bruits mécaniques, la sensibilité d'Helga ne laisse pas grand-chose au hasard.

Je mettrai ce test à jour au fur et à mesure de mes essais.

En conclusion, pour 550 euros l'unité, j'ai trouvé exactement le microphone à condensateur dont j'avais besoin. En grand fan des rubans, Helga comble toutes mes attentes : une neutralité dans les aigus, une vérité dans le rendu dynamique des médiums et des performances en terme de sensiblité/bruit de fond font d'Helga complément idéal de mes M160 et autre R84.
Le tout avec un charme Steampunk qui ne laisse pas indifférent !

A part la pince fournie trop molle, ce microphone répond à toutes mes attentes, et je songe à terme à acquérir leur cousine Mabel qui propose plusieurs directivités.

J'espère que mon test répondra à vos attentes,
Robin Schneider le 28 juin 2015