Uher 4200 report monitor

Mon Uher 4200 monitor, je l'ai acheté neuf à sa sortie en 1980 ( après Jesus Christ).

On l'avait appelé le Nagra du pauvre. Il pesait presque deux kilos de moins, et ses bobines étaient limitées à 13 cm...

Cette petite machine à fait beaucoup de choses, du reportage en interview ( le micro Lem reste une référence !!!) à de petites prises de sons musique de terrain, par exemple d'illustration et d'ambiances "bande lisse" pour des tournages vidéo. Il n'y a pas d'alim fantôme, donc micros dynamique ou à électret genre Sehneiser, ou un couple d'AKG CK4 sur 451. Ou une CK8 sous bonnette Rycote.
Puis le 4200 s'est endormi pour des années, mais toujours au frais et au sec.
Il y a trois ans, j'ai confié l'objet à un sorcier de l'Isère , Magneto Shop, pub gratuite, et il est revenu réglé, dépoussiéré, mais en ayant gardé le "jus", la patine des coins, jusqu'aux bouts de ruban zébrés collés sur le capot des tètes. Si Ivan travaille toujours, vous pouvez lui faire une confiance absolue, sauf peut-être quand il annonce un délai, mais c'était en période Covidée, alors ...
Bref, le 4200 tourne comme dans sa prime jeunesse, et je me régale à lui faire lire des rubans enregistrés il y a environ 60 ans avec un Grundig TK 1 : ces vénérables antiquités ne supporteraient pas la traction imposée par les Revox ou le Nagra.

Du point de vue technique, le 4200 est un mono-moteur avec nombreuses courroies, patins de feutre, pièces en composite ( allemand des années 80, qualité Mercedes-Benz...), mais le cabestan est stabilisé par un vrai volant lourd, et le pleurage à 19 cm tient presque le pied au Revox.
Un poulie a étages fournit les quatre vitesses de défilement de 2,4 cm/s à 19 cm/s, sélectionnées par un levier qui rappelle le levier de vitesses d'un camion de 1950, en plus précis quand même.
Le 2,4 est anecdotique : il servait à des enregistrements "témoin" où la qualité peut être médiocre tant que suffisante pour décrypter une conversation...
Dès le 4,75, on est sur des performances supérieures à la "cassette" de l'époque : les pistes sont 4 fois plus larges, et no comment !
Les deux dernières vitesse, 9,5 et 19 sont à utiliser selon les besoins, avec quand même une préférence pour la plus rapide, où on est très confortable même pour la musique classique en conditions vintage , sans Dolby, sans DMX bien entendu : il reste un petit fond de souffle, c'est le jeu.
Bien sûr le HP doit être considéré comme un simple contrôle, même si le correcteur de tonalité est présent et efficace. Au casque, on mesure toute la qualité de cet ancêtre.
Côté enregistrement, c'est un trois têtes, donc il n'y a pas de compromis sur les entrefers et ça s'entend par rapport à certains bons magnétos deux têtes de la même époque.
Les niveaux sont ajustables séparément droite et gauche, avec un niveau général central distinct du circuit de lecture.
Deux grand VuMètres très "old scool 1980" peuvent rester éclairés. Ils n'ont pas trop d'inertie et sont justes si le réglage a été bien fait.
On peut travailler mono sur chaque canal , il y a un sélecteur d'écoute direct et "tape", bref c'est une machine d'esprit professionnel.
C'est la réalisation qui ne l'est pas, malgré le châssis et la carrosserie entièrement métalliques. C'est dans la transmission que se trouve la différence : les pièces en plastique n'avaient pas cours chez Kudelski ...

Côté connexions, ben c'est l'époque DIN, il faut faire avec, y compris pour l'introuvable aujourd'hui prise casque en DIN, ou celle de connexion de l'alimentation extérieure (qui peut aussi prendre la place des piles ou de la batterie à l'intérieur du boîtier, c'est pratique)
Mais ily a tout ce qu'il faiut pour rentrer en niveau micro ou ligne et les niveaux de sortie sont conformes à la DIN 45500, tout comme la bande passante.
Il va de soi que le nettoyage du chemin de bande, des têtes, et la démagnétisation conditionnent le maintien de performance, ainsi que l'usage pour les enregistrements de la meilleur bande possible.

Le site https://vintage-audio-heritage.fr/viewtopic.php?t=4915 vous apprendra ( presque) tout le reste...

Que dire aujourd'hui d'un 4200 ?

C'est une curiosité touchante, attachante et utile si on doit lire avec précaution des bandes "amateur" très anciennes.
Son prix en bon état le rend tout de même accessible pour qui veut un joli magnéto portable ancien, sans pour autant atteindre le prestige et les perfections -donc le prix- de Nagra ou Stellavox.
C'est un objet à utiliser comme on utilise un Leica M ou un Nikon F, à chouchouter, à respecter et à montrer à vos petits enfants, comme les réveils-matin ou les montres à ressort, les moulins à café à manivelle et les Vélo- Solex...

O.M.