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coyote14
« un analo desktop singulier avec du caractère »
Publié le 29/12/19 à 01:45
Rapport qualité/prix :
Correct
Cible :
Les utilisateurs avertis
Hypersynth n'est pas une société très connue, et il faut être un peu aventureux pour prendre le risque d'acheter un monophonique à ce prix auprès d'un constructeur jouissant d'une aussi petite notoriété. C'est à la base une société qui est éditeur de logiciels pour synthés hardware d'autres marques, qui vend des cartouches de sons (pour DX7 notamment), et qui a même édité des VSTi.
Ce synthé m'a attiré, après avoir lu l'excellent test de l'ami Theo Bloderer sur son site GreatSynthesizers.com
En effet, il possède une palette sonore dont je ne dispose pas, à moins d'ajouter une grosse chaîne d'effets aux synthés que je possède déjà. Attiré par sa dimension également, car de plus en plus amené à me déplacer, un synthé au format desktop, nomade au son acide et de grande qualité était la promesse de ce synthé. Promesse tenue ?
La première chose qui peut faire hésiter est son prix. Rien de choquant à sa sortie au début des années 2010 (2012, pour être exact) : l'offre en synthés analogiques était assez maigre à l'époque, juste avant que le Minibrute ne redistribue les cartes en inventant le marché de l'analogique bon marché ET de qualité. Evidemment, aujourd'hui, acheter un Xenophone presque à 1000€ peut sembler incongru. Du reste, il aura fallu que j'attende une bonne occasion pour l'acheter bien moins cher, dans sa livrée blanche apparue plus tardivement.
Au déballage, l'appareil offre une qualité de fabrication tout à fait satisfaisante : boitier en tôle, flancs en bois, écran LCD bleu pétant très lisible. Les commandes (uniquement des encodeurs rotatifs) sont correctement arrimées, leur manœuvre n'offre toutefois pas de résistance, seul l'encodeur « DATA » est cranté. La façade est peuplée de diodes d'état : rouges pour l'activation de fonctions, et bleue à luminosité variable pour les LFO et le tempo. Si on trouve l'écran ou les LEDs trop agressives, un réglage dans le menu global permet de doser la luminosité des certaines d'entre elles, en fonction de la valeur du paramètre (par exemple: la LED de l'oscillateur 1 a une luminosité fonction de la valeur du Level). C'est aussi là qu'on peut paramétrer l'action des encodeurs pour choisir le meilleur compromis entre rapidité et précision.
La face arrière est classique : trio de prise MIDI, port USB pour le MIDI, les Sysex et les mises à jour d'OS, un audio in (chic alors), une prise jack stéréo combinée (il faudra un câble en Y) pour l'entrée/sortie CV/Gate (re-chic alors. Le tip et le ring se partagent le CV et le Gate, et on choisit dans le menu Global si on veut que ça soit une entrée ou une sortie), une prise casque (normal, me direz-vous...on en reparlera quand je pondrais mon avis sur le Dominion 1...), et un bouton de réglage du volume curieusement positionné lui aussi sur le panneau arrière. Niveau alimentation, une mauvaise nouvelle avec une alimentation externe, et une bonne avec un bouton On/Off. On allume, et passé une très fugitive séquence de boot qui affiche la version d'OS (2.2 au moment où j'écris ceci), nous voilà partis !
Le premier très bon point, c'est le niveau de sortie : c'est du costaud ! Voilà une première indication sur la qualité générale de la machine. Connecté en MIDI, on fait défiler les programmes avec la molette crantée DATA (on peut incrémenter 10 par 10 également), avec une première impression positive, mais un peu contrastée : ça sonne, quel joli grain ! Mais les programmes usine sont tous du même style musical. Le son est clair, tranchant, assez droit (la machine est à base de DCO), avec des sons très acid, très techno avec une prédominance sur les sons saturés avec des filtres redoutables qui délivrent un son impressionnant : ça cogne, et on a même droit à des séquences de type beatbox, ça bouge bien. Les effets sont un peu trop présents, nous y reviendrons.
On commence à prendre ses marques, et comprendre la philosophie de la machine : les commandes principales sont en façade, mais également accessibles depuis les menus. Activer n'importe quel paramètre physique nous amène directement dans le bon menu, et on ajuste les paramètres avec les 4 encodeurs contextuels sous l'écran (qui ne sont malheureusement pas toujours alignés avec la valeur affichée sur le display...) Qui plus est, beaucoup de paramètres ne sont pas disponibles en façade, et seulement depuis le menu. C'est la première contrepartie d'une machine qui a énormément des possibilités : il va falloir aller dans les menus pour en tirer la quintessence ! Le compromis va d'ailleurs un peu loin, puisque le réglage des enveloppes se fera via les 4 potentiomètres contextuels, qui nécessitent de sélectionner d'abord le menu adéquat (amp, filter ou mod) : il n'y a pas de commande dédiées pour les enveloppes.
On commence par la section oscillateurs : ce sont donc des DCO, il y en a 2, avec chacun leur Sub. Il y en a un 3ème, mais disponible uniquement si on ne se sert pas du noise.Lorsqu'il est actif, ce 3ème oscillateur est constitué d'une forme d'onde Square, dont on ne choisit que le pitch, sans autre possibilité (pas de PWM). Donc pas un oscillateur complet, plutôt un autre sub-oscillateur, dont la fondamentale peut toutefois être indépendante des autres oscillateurs. Restons un instant sur ce sujet du 3ème oscillateur, car si on le sacrifie, on a alors doit à un noise terriblement original avec 4 signaux différents : un bruit blanc, un bruit rose, un bruit rouge et un bruit numérique C64 ! Voilà une section très complète et originale, qui n'est pas sans rappeler la même section du MatrixBrute. Le bruit C64 offre d'ailleurs un son crunchy très sympa, et ouvre le Xenophone à des tracks de type Amiga, jeux vidéo...C'est le seul noise qui est accordable en pitch ! Dans les plus basses fréquences, on a un son très lo-fi. Pas mal des sons d'usine sont d'ailleurs dans cette veine « arcade ».
Mais revenons aux oscillateurs principaux, qui offrent aussi une bonne dose d'originalité. Les formes d'onde sont : dent de scie, square avec PWM, triangle. Viennent ensuite 2 formes d'onde mélangeant dent de scie + square et triangle + square. Ce mix entre 2 oscillateurs est une forme d'onde hybride entre les 2 ondes constitutives. Ainsi, à l'oscilloscope, on pourra visualiser une forme d'onde plus complexe qui commence par exemple par un saw et qui se termine en carré : l'idée géniale est d'avoir mis à disposition un paramètre « shape » qui définit le dosage de chacun : à 0, on n'aura que la seconde forme d'onde, et à 200, que la seconde, avec tous les réglages intermédiaires possibles. Le « Shape » est même une destination de modulation ! On peut ainsi avoir un triangle dans les basses et un carré dans les aigus, avec un morphing progressif sur toute la tessiture du clavier, ou bien changer de forme d'onde à la molette, via la vélocité, avec une enveloppe...Super ! Il y a encore 2 autres combinaisons possible : un StepSquare qui mélange 2 onde carrées dont chacune peut avoir une PW différente, et une fonction Xor entre 2 ondes carrées pour rajouter des overtones, un peu comme sur l'ARP Odyssey. Ouf !
Chaque oscillateur a aussi un Sub-oscillateur, qui est un carré à -1 ou -2 octaves. Ce n'est pas tout : il dispose de 2 réglages de ring modulation (–4 ou -8 octave) pour un son grave avec des harmoniques supplémentaire : c'est le suboscillateur qui, réglé plus bas, fait du ring mod avec l'oscillateur principal, dont le signal est prélevé pour moduler le sub, mais qu'on peut toujours entendre indépendamment. Comme la plage de réglage des DCO est très vaste en réglage manuel (+/- 60 demi-tons!!!), on a obtient ainsi une palette de timbre très vaste. Malheureusement, la matrice de modulation ne permet par d'atteindre le réglages extrêmes, et c'est une possibilité dont le Xenophone nous prive de façon un peu énigmatique.
Le Xenophone peut être duophonique, mais cela se fait au détriment de l'arpégiateur et du séquenceur (arbitrage curieux, qui doit trouver son explication dans une contrainte hardware, je présume) : c'est un duophonique de luxe, puisque seul le filtre est commun aux 2 oscillateurs. Le VCA reste commun à chaque oscillateur, qui peuvent ainsi être modulés en volume indépendamment l'un de l'autre. Un vilain petit bug : quand on se met en mode duophonique, et qu'on essaie quand même de démarrer l'arpégiateur, il est désactivé comme prévu, mais impossible dès lors de quitter le mode duophonique.
On a vu qu'il était possible de mettre un ring modulator de type Xor entre oscillateur 1 et 2, mais la FM est également possible (le modulateur se limite alors à la forme d'onde triangle pour l'OSC2), la synchro entre oscillateurs est aussi possible. Celle-ci est efficace sans être parmi les plus spectaculaires, mais on apprécie le fait qu'un changement de forme d'onde sur l'oscillateur 1 change la réponse de la synchro (c'est loin d'être le cas sur la majorité des synthés).
Jusqu'ici, le son est resté assez droit, ceci étant lié à la technologique DCO. 3 paramètres peuvent être activés pour faire sonner les DCO comme des VCO :
un paramètre de drift qui fait bouger les oscillateurs de façon aléatoire, comme sur les synthés à VCO.
Un paramètre de phase qui permet de dé-locker la phase des oscillateurs pour la rendre aléatoire. Voilà qui n'est pas commun sur un synthé à oscillateurs analogiques ! Cela signifie que ces oscillateurs se rapprochent furieusement d'oscillateurs numériques, si on peut même aller jusqu'à en contrôler la phase avec un paramètre variable !
Un detune entre les 2 oscillateurs clôt le chapitre "instabilité volontaire".
Le reste est plus commun : un portamento avec 2 modes Fixed (le temps est le même quelque soit l'espacement entre les 2 notes successives) ou Scaled (l'inverse : portamento discret entre 2 notes proches et prononcé entre 2 notes distantes). Ce portamento est activé soit tout le temps (always), soit uniquement pour les notes liées (Legato) : pas d'impair. Pas de mode glissando non plus.
Un bouton Ext-Feedback titille notre curiosité : il dose le volume de l'entrée audio externe (monophonique) quand un jack est inséré dans l'entrée correspondante. Et quand il n'y a rien dans l'entrée, que se passe-t-il ? Et bien le signal est prélevé à la sortie du filtre pour être réinjecté à l'entrée de la chaîne audio : BOUM, cela écrase le signal jusqu'à la boucherie, avec un résultat qui dépend beaucoup du type de filtre choisi (en mode notch ou HPF, c'est redoutable, en mode BPF, c'est plus discret). On devine comment ce signal écrasé/saturé va finir quand on va augmenter la résonance et ajouter l'une des 4 distortions ! La machine se met alors à hurler.
J'ai testé l'entrée audio externe, et ça fonctionne super bien, d'autant plus que le niveau d'entrée audio est une source de modulation, tout comme l'entrée CV ! Ça, c'est cool ! Mon analog rytm passé dans le filtre et les distos du Xenophone, ainsi que sa chaîne d'effet, ça rend bien ! Il ne semble toutefois par que cette source externe puisse alimenter la FM ou le Ring Mod, petit bémol. Pas de reconnaissance de pitch du signal entrant non plus, seule l'intensité du signal est une source de modulation.
La section filtre est assez exemplaire : il s'agit d'un filtre multimode LPF ou HPF (3 pentes au choix), BPF et notch (12 dB seulement, logique), et 2 dernières réponses qui sont une combinaison d'un LP (12 ou 18 dB) et d'un HP (6 dB). Tous sont très efficaces, mention spéciale pour le Notch, bien plus efficace que la moyenne et résonant (très, très!). Ça change des notchs un peu fadasse qu'on peut trouver parfois. Les 2 filtres combinés ne font pas dans la dentelle. On aurait aimé un paramètre séparation (comme sur l'OSCar ou le Summit), mais hélas le cutoff est commun. Ce filtre peut être modulé dans les fréquences audio par l'oscillateur 1, ce qui, compte tenu de la grande richesse de la section oscillateur, ouvre encore davantage la voie à toute une série d'expérimentations.
3 enveloppes au menu : amp, filtre, et MOD qui peut servir à toutes sortes de choses via la matrice modulation. Ce sont des ADSR bouclables et assez patates, avec un paramètres de retard et un temps de maintien (hold). Leur seule originalité (mais quelle originalité!) et que leurs pentes (attack/decay/release) peut avoir plusieurs profils : Linéaire, RC (type analogique), RC2 (plus prononcée, mais dispo pour 2 des 3 enveloppes) ou Exponentielle (le segment d'attaque a une courbure inversée). Ensuite, ces enveloppes peuvent avoir un comportement de type retrigger, analog1 (l'enveloppe repart de là où elle était), ou analog2 (l'enveloppe se termine, quelque soit la note liée). Il reste à dire que les enveloppes peuvent être redéclenchées par le LFO 2 (seulement quand celui-ci est sur la forme d'onde S&H, allez savoir pourquoi...) ou le CC#64, au choix. Complet, on peut vraiment avec ce niveau de détail aller simuler le comportement de la plupart de nos vieux coucous. On rappellera qu'il n'y a pas de commande dédiée pour ces enveloppes, mais on peut verrouiller l'affichage des 4 potards contextuels pour les enveloppes avec la touche Enter, cela évite que l'affichage ne change quand on touche un autre paramètre entre temps. C'est quand même pas ce qu'on a inventé de mieux en termes d'ergonomie.
Nous avons 3 LFO. Les LFO 1&2 partagent des commandes de façade qui leur sont communes, avec 6 formes d'onde : 5 classiques sine, triangle, saw, square et S&H, et une plus atypique S&H lissée. Pas d'impair : la plage de vitesse est correcte sans être exceptionnelle, la synchro MIDI est au rendez-vous, même sur une horloge externe, et la forme d'onde peut être resetée à chaque nouveau déclenchement de note. Par défaut, les LFO1&2 sont dédiés à la section oscillateurs, et le LFO3 au filtre, noise et effets. Les principaux réglages sont tous accessible depuis la façade, y compris les destinations. Ce qui s'ajoute à la matrice de modulation qui est, quant à elle, uniquement accessible par les pages de menus. L'emplacement sur le panneau des LFO en toute fin du parcours du signal n'est d'ailleurs pas d'une logique implacable, on se serait plutôt attendu à trouver les effets, mais cela n'est qu'une affaire de layout qui ne change rien au trajet audio. On notera que le panoramique global est une destination, ce qui est appréciable (même un Peak ne fait pas cela...).
Justement, nous voici arrivés à la section effets, à commencer par ce qui pèse très lourd dans l'identité sonore de la machine : la section distortion, qui propose rien de moins que 4 distortions de la plus légère à la plus écrasée (Light, Dirty, Harsh, Massive). La contrepartie de ces 4 choix est qu'aucun dosage n'est proposé, mais à l'usage, on s'en sortira en ajustant le volume dans la section oscillateur. Jusqu'ici, le signal est analogique, distortions y compris (et si on fait exception du noise C64). On arrive maintenant au bloc d'effet numérique composé de delay et/ou de reverb (en fait, c'est soit l'un, soit l'autre, sauf pour un programme qui propose un Delay+ Reverb.) Le nombre de paramètres pour chaque effet est assez mince, mais judicieux. On apprécie de trouver une réverb de type Gate, peu commun dans cette gamme de prix. Les delays sont synchronisable au tempo, mais le pré-delay des réverb hélas pas (ça aurait pu être assez utile). Pas de réglage du feedback du delay simple, mais il y en a un pour le ping-pong. La durée maximale du delay étant de 1 seconde, certains réglages maxi sont plafonnés en cas de synchro MIDI, pour ne pas dépasser cette seconde maxi. Ajuster les paramètres des effets à la volée n'engendre pas d'artéfact audio. Que vaut cette section effet ? C'est assez correct. Clairement, on n'est pas au niveau des meilleurs en la matière (la machine a quand même quelques années au compteur), et surtout ces effets peuvent un peu nuire au résultat s'ils sont mal dosés (comme dans certains programmes usines). Enfin, ils n'apportent pas de caractère particulier, sonnent assez neutre, par contre, ils ont une qualité : il y a 8 algorithmes, tous très distincts : ils ajoutent une dimension à la machine, une variété d'un programme à l'autre, à défaut d'être des aigles de sound design.
La matrice de modulation est une force de la machine : pourtant, avec seulement 8 cordons, on est loin d'un Virus ou d'un DSI...Mais là où elle fait fort, c'est sur le nombre de sources et de destinations ! Franchement, je ne vais pas les citer, mais toutes les enveloppes, tous les LFO, les contrôleurs (y compris pas mal de CC MIDI)...font partie de l'inventaire. Comme particularité, citons qu'il y a 3 type de Keytracking (centré, à partir de zéro, ou centré en tenant compte du Pitch Bend et du Portamento!), l'entrée audio (pas de suiveur d'enveloppe, le gate ne peut pas être déclenché par le signal audio), l'entrée CV in (configurable dans le menu). Au niveau des LFO, ils sont combinés à la modwheel, à l'aftertouch ou encore aux enveloppes. Voilà comment avec des sources nombreuses et parfois combinées on peut se limiter à 8 cordons. En pratique, c'est tout à fait suffisant. A noter que le séquenceur (qui peut envoyer 4 pistes d'évènement en parallèle sur 16 pas maxi) propose chacune de ses pistes comme source de modulation.
Les destinations sont tout aussi nombreuses et judicieuses : les pitchs et niveaux de chaque source audio (y compris l'entrée externe et la boucle de feedback), les paramètres de toutes les enveloppes (chouette, comme le Peak, même mon GRP A4 ne le fait pas) et ceux des LFO, le niveau de modulation des 4 premiers cordons (on peut ainsi chaîner jusqu'à 4 cordons, chouette non?) et même les 3 paramètres principaux de l'effet sélectionné. Et, enfin : le CV Out ! Le Xenophone peut ainsi se muter en séquenceur CV/Gate pour un instrument externe. Depuis la façade, seul la sélection du cordons est réalisable, tout le reste se fait à l'écran (sources, destination, dosage).
Il ne reste qu'à évoquer Arpégiateur et Séquenceur : c'est bien sûr l'un ou l'autre, et on se rappelera que l'utilisation de la duophonie les neutralise. L'arpégiateur est très simple et relativement limité : up, down, up&down et order sont les motifs disponible (pas de random). La prise en compte du changement de motif n'est effective que lorsqu'on plaque un nouvel accord, à savoir. Il peut fonctionner sur 5 octaves (!!!), dispose bien sûr d'un mode Latch (pas comme le Kyra...) et d'un Gate pour décider de la durée de la note jouée. C'est tout ! On apprécie qu'il interprète les données de vélocité (clin d'oeil pour le Peak...n'est-ce pas!).
Le séquenceur est autrement plus évolué, et un certain nombre de programmes usine en tirent partie. Comme déjà dit, il dispose de 4 pistes distinctes : 1 pour la note, 1 pour la vélocité et 2 autres qui sont des pistes auxiliaires. A noter que les 2 premières pistes peuvent être converties en Step LFO, autrement dit, 2 pistes auxiliaires supplémentaires, c'est du sérieux !!! « Wrap » définit le nombre de pas du séquenceur (hélas le même pour les 4 pistes, pas de polyrythmie). Le motif peut être redéclenché à chaque note MIDI, ou bien poursuivre sa course indépendamment de toute action au clavier. La piste « note » peut être transposée en temps réel par appui sur le clavier (ou pas, d'ailleurs: c'est débrayable).
Les séquences peuvent se construire de différentes façons. La première est un mode step, où un écran est disponible pour chaque pas et chaque piste. Notes, silences et notes tenues sont disponibles. La piste vélocité tient lieu d'accent, et il y a même une slide (nommé « slew ») pour glisser de façon plus ou moins abrupte avec la note adjacente, mais c'est malheureusement un réglage par séquence, et non par pas. Dommage, mais il a le mérite d'exister.
La seconde façon, moins fastidieuse, consiste à rentrer les notes au clavier, en pas à pas (mais pas en temps réel, il n'y a pas de métronome).
Un bon point est que, même si l'on ne peut pas enregistrer chaque séquence seule comme fichier indépendant, on peut les copier/coller entre programmes : très bon point. En revanche, il n'y a pas de moyen d'importer une séquence MIDI.
Un dernier mot sur l'implémentation MIDI : elle est complète, et même très, puisque tous les paramètres répondent aux CC MIDI ou à des paramètres NRPN (même les pas du séquenceur!) : on n'en attendait pas moins de la part d'un constructeur dont le métier de base est de programmer des éditeurs MIDI pour synthés hardware...Mais au fait : le Xenophone a-t-il un éditeur. Oui ! Mais hélas, sur Mac OSX 10.14.6 (Mojave), le pilote USB n'a jamais été reconnu, le Xenophone n'apparaissant pas dans la liste des périphériques MIDI. Il faut dire que ce pilote a plusieurs années. En MIDI traditionnel sur prise DIN 5 broches via une interface MIDI externe, cet éditeur fonctionne parfaitement dans Logic. Peut être les utilisateurs de Windows auront plus de chance que moi. Je ne suis pas un fanatique des éditeurs de synthés Hardware (on ne les achète pas pour se retrouver devant un écran d'ordinateur!), sauf pour une chose : l'automation dans les DAW quand ledit éditeur est sous forme de plug-in VST/AU, ce qu'il est, au moins sur le papier.
En synthèse, le Xenophone est sans doute cher au regard des standards actuels des synthés analogiques. Mais n'oublions pas qu'il a des mémoires, des effets et une implémentation MIDI archi complète. Et surtout...il sonne béton ! Sa palette sonore est bien plus vaste que ne le laisse faussement supposer les démos sur internet et les sons d'usine qui semblent vouloir le réduire à une seul style musical, et il ne m'a pas fallu longtemps pour faire quelques programmes bien plus à mon goût. Alors certes : il est coloré, et peut être même manque-t-il un peu de polyvalence, tant il excelle dans les timbres acides, saturés et un peu déjantés, le reste étant plus commun. Il n'a toutefois pas de véritable faiblesse, dispose de modulations simples et finalement très complètes, est ouvert sur l'extérieur et n'a tout juste que quelques curiosités / limitations d'ordre ergonomiques et fonctionnelles. Si le choix et la disposition des commandes en façade peut laisser pantois (il y a quand même un ingénieur qui a choisi de priver les enveloppes de commandes dédiées en façade, et à côté de ça, on droit aux destinations des LFO...), la machine n'est pas compliquée en soi. Le son est clairement au rendez-vous, et on retrouve même des fonctionnalités utiles et manquantes à des appareils beaucoup plus onéreux. L'appareil est assez petit, léger (1,3 kg), l'espacement des commandes est correct (à peine moins bon que le Peak ou le Dominion 1). On lui pardonnera les 2 ou 3 bugs non bloquants qu'il comporte encore, et on salue la capacité de stockage de ses programme (7 banques de 128 sons, dont 4 banques de sons gratuitement téléchargeables sur le site du constructeur).
Reste le prix en neuf, qui en fait un instrument un peu déconnecté du marché et qui nous rappelle sa conception qui commence à dater en termes de rapport qualité/prix (expliquant ma note de 4/5). Il est à peine moins cher que le Peak qui est un synthé polyphonique 8 voix de grande qualité ! Je recommande donc d'essayer de le trouver en occasion, autour de 600 euros, ce qui est pour le coup un bon deal.
Pour vous en faire une bonne idée, n'hésitez pas à aller consulter le test de Greatsynthesizers.com et ses fabuleux extraits audio en fin de page, car ce sont eux qui m'ont décidé !
J'ai aimé :
le format, petit mais relativement confortable et bénéficiant d'une certaine qualité de fabrication.
le son : du caractère, des singularité utiles (duophonie, modulations poussées, profils de filtrages originaux et très efficaces, les 4 noises, les possibilités de modulation de chaque oscillateur à formes complexes)
FM, ring MOD à plusieurs niveaux, Synchro, FM de filtre...
Les paramètres pour reproduire le comportement de VCO.
Les 4 distortions.
Les 4 noise, dont un C64 pitchable
La matrice de modulation: 8 cordons seulement, mais qu'on peut cascader (jusqu'à 4). La quantité importante de sources et de destinations (dont le panoramique global et des paramètres d'effets).
Le step séquencer bien costaud avec ses 4 pistes, transposable en temps réel qui émet en MIDI Out
L'arpégiateur interprète les données de vélocité et émet en MIDI Out
L'ouverture sur l'extérieur (CV Gate in/out, entrée audio)
L'implémentation MIDI ultra complète.
7 banques de 128 emplacements pour stocker ses programmes, tous réinscriptibles.
Des effets tous différents.
Un instrument singulier et rare qu'on ne trouvera pas chez tout le monde.
on peut ne pas aimer :
quelques bugs résiduels, mais rien de bloquant.
Le pilote USB non reconnu sur les derniers OSX, dont l'éditeur inutilisable en USB.
Le manque de caractères et de paramètres disponibles des effets numériques (la machine accuse son âge sur ce point). Pas d'effets de modulations.
Comme toutes les machines avec beaucoup de possibilités de modulation, le sweet spot peut être long à trouver, il y a du temps à passer sur chaque programme pour que ça sonne.
La duophonie sacrifie l'arpégiateur/séquenceur
L'arpégiateur limité
Certains choix ergonomiques discutable (commandes physique d'enveloppe non dédiées) et, de manière générale, il y a quand même pas mal de menus (avec des valeurs pas toujours bien alignées avec le display).
Le boutons poussoir à contact brusque sont petits et bruyants à l'utilisation, pas très agréables (mais solides)
Les profils de distortion les plus extrêmes ramènent du bruit de fond (seul cas de figure, et un peu inévitable).
Le prix en neuf désormais (2019) au regard de l'offre concurrente.
Ce synthé m'a attiré, après avoir lu l'excellent test de l'ami Theo Bloderer sur son site GreatSynthesizers.com
En effet, il possède une palette sonore dont je ne dispose pas, à moins d'ajouter une grosse chaîne d'effets aux synthés que je possède déjà. Attiré par sa dimension également, car de plus en plus amené à me déplacer, un synthé au format desktop, nomade au son acide et de grande qualité était la promesse de ce synthé. Promesse tenue ?
La première chose qui peut faire hésiter est son prix. Rien de choquant à sa sortie au début des années 2010 (2012, pour être exact) : l'offre en synthés analogiques était assez maigre à l'époque, juste avant que le Minibrute ne redistribue les cartes en inventant le marché de l'analogique bon marché ET de qualité. Evidemment, aujourd'hui, acheter un Xenophone presque à 1000€ peut sembler incongru. Du reste, il aura fallu que j'attende une bonne occasion pour l'acheter bien moins cher, dans sa livrée blanche apparue plus tardivement.
Au déballage, l'appareil offre une qualité de fabrication tout à fait satisfaisante : boitier en tôle, flancs en bois, écran LCD bleu pétant très lisible. Les commandes (uniquement des encodeurs rotatifs) sont correctement arrimées, leur manœuvre n'offre toutefois pas de résistance, seul l'encodeur « DATA » est cranté. La façade est peuplée de diodes d'état : rouges pour l'activation de fonctions, et bleue à luminosité variable pour les LFO et le tempo. Si on trouve l'écran ou les LEDs trop agressives, un réglage dans le menu global permet de doser la luminosité des certaines d'entre elles, en fonction de la valeur du paramètre (par exemple: la LED de l'oscillateur 1 a une luminosité fonction de la valeur du Level). C'est aussi là qu'on peut paramétrer l'action des encodeurs pour choisir le meilleur compromis entre rapidité et précision.
La face arrière est classique : trio de prise MIDI, port USB pour le MIDI, les Sysex et les mises à jour d'OS, un audio in (chic alors), une prise jack stéréo combinée (il faudra un câble en Y) pour l'entrée/sortie CV/Gate (re-chic alors. Le tip et le ring se partagent le CV et le Gate, et on choisit dans le menu Global si on veut que ça soit une entrée ou une sortie), une prise casque (normal, me direz-vous...on en reparlera quand je pondrais mon avis sur le Dominion 1...), et un bouton de réglage du volume curieusement positionné lui aussi sur le panneau arrière. Niveau alimentation, une mauvaise nouvelle avec une alimentation externe, et une bonne avec un bouton On/Off. On allume, et passé une très fugitive séquence de boot qui affiche la version d'OS (2.2 au moment où j'écris ceci), nous voilà partis !
Le premier très bon point, c'est le niveau de sortie : c'est du costaud ! Voilà une première indication sur la qualité générale de la machine. Connecté en MIDI, on fait défiler les programmes avec la molette crantée DATA (on peut incrémenter 10 par 10 également), avec une première impression positive, mais un peu contrastée : ça sonne, quel joli grain ! Mais les programmes usine sont tous du même style musical. Le son est clair, tranchant, assez droit (la machine est à base de DCO), avec des sons très acid, très techno avec une prédominance sur les sons saturés avec des filtres redoutables qui délivrent un son impressionnant : ça cogne, et on a même droit à des séquences de type beatbox, ça bouge bien. Les effets sont un peu trop présents, nous y reviendrons.
On commence à prendre ses marques, et comprendre la philosophie de la machine : les commandes principales sont en façade, mais également accessibles depuis les menus. Activer n'importe quel paramètre physique nous amène directement dans le bon menu, et on ajuste les paramètres avec les 4 encodeurs contextuels sous l'écran (qui ne sont malheureusement pas toujours alignés avec la valeur affichée sur le display...) Qui plus est, beaucoup de paramètres ne sont pas disponibles en façade, et seulement depuis le menu. C'est la première contrepartie d'une machine qui a énormément des possibilités : il va falloir aller dans les menus pour en tirer la quintessence ! Le compromis va d'ailleurs un peu loin, puisque le réglage des enveloppes se fera via les 4 potentiomètres contextuels, qui nécessitent de sélectionner d'abord le menu adéquat (amp, filter ou mod) : il n'y a pas de commande dédiées pour les enveloppes.
On commence par la section oscillateurs : ce sont donc des DCO, il y en a 2, avec chacun leur Sub. Il y en a un 3ème, mais disponible uniquement si on ne se sert pas du noise.Lorsqu'il est actif, ce 3ème oscillateur est constitué d'une forme d'onde Square, dont on ne choisit que le pitch, sans autre possibilité (pas de PWM). Donc pas un oscillateur complet, plutôt un autre sub-oscillateur, dont la fondamentale peut toutefois être indépendante des autres oscillateurs. Restons un instant sur ce sujet du 3ème oscillateur, car si on le sacrifie, on a alors doit à un noise terriblement original avec 4 signaux différents : un bruit blanc, un bruit rose, un bruit rouge et un bruit numérique C64 ! Voilà une section très complète et originale, qui n'est pas sans rappeler la même section du MatrixBrute. Le bruit C64 offre d'ailleurs un son crunchy très sympa, et ouvre le Xenophone à des tracks de type Amiga, jeux vidéo...C'est le seul noise qui est accordable en pitch ! Dans les plus basses fréquences, on a un son très lo-fi. Pas mal des sons d'usine sont d'ailleurs dans cette veine « arcade ».
Mais revenons aux oscillateurs principaux, qui offrent aussi une bonne dose d'originalité. Les formes d'onde sont : dent de scie, square avec PWM, triangle. Viennent ensuite 2 formes d'onde mélangeant dent de scie + square et triangle + square. Ce mix entre 2 oscillateurs est une forme d'onde hybride entre les 2 ondes constitutives. Ainsi, à l'oscilloscope, on pourra visualiser une forme d'onde plus complexe qui commence par exemple par un saw et qui se termine en carré : l'idée géniale est d'avoir mis à disposition un paramètre « shape » qui définit le dosage de chacun : à 0, on n'aura que la seconde forme d'onde, et à 200, que la seconde, avec tous les réglages intermédiaires possibles. Le « Shape » est même une destination de modulation ! On peut ainsi avoir un triangle dans les basses et un carré dans les aigus, avec un morphing progressif sur toute la tessiture du clavier, ou bien changer de forme d'onde à la molette, via la vélocité, avec une enveloppe...Super ! Il y a encore 2 autres combinaisons possible : un StepSquare qui mélange 2 onde carrées dont chacune peut avoir une PW différente, et une fonction Xor entre 2 ondes carrées pour rajouter des overtones, un peu comme sur l'ARP Odyssey. Ouf !
Chaque oscillateur a aussi un Sub-oscillateur, qui est un carré à -1 ou -2 octaves. Ce n'est pas tout : il dispose de 2 réglages de ring modulation (–4 ou -8 octave) pour un son grave avec des harmoniques supplémentaire : c'est le suboscillateur qui, réglé plus bas, fait du ring mod avec l'oscillateur principal, dont le signal est prélevé pour moduler le sub, mais qu'on peut toujours entendre indépendamment. Comme la plage de réglage des DCO est très vaste en réglage manuel (+/- 60 demi-tons!!!), on a obtient ainsi une palette de timbre très vaste. Malheureusement, la matrice de modulation ne permet par d'atteindre le réglages extrêmes, et c'est une possibilité dont le Xenophone nous prive de façon un peu énigmatique.
Le Xenophone peut être duophonique, mais cela se fait au détriment de l'arpégiateur et du séquenceur (arbitrage curieux, qui doit trouver son explication dans une contrainte hardware, je présume) : c'est un duophonique de luxe, puisque seul le filtre est commun aux 2 oscillateurs. Le VCA reste commun à chaque oscillateur, qui peuvent ainsi être modulés en volume indépendamment l'un de l'autre. Un vilain petit bug : quand on se met en mode duophonique, et qu'on essaie quand même de démarrer l'arpégiateur, il est désactivé comme prévu, mais impossible dès lors de quitter le mode duophonique.
On a vu qu'il était possible de mettre un ring modulator de type Xor entre oscillateur 1 et 2, mais la FM est également possible (le modulateur se limite alors à la forme d'onde triangle pour l'OSC2), la synchro entre oscillateurs est aussi possible. Celle-ci est efficace sans être parmi les plus spectaculaires, mais on apprécie le fait qu'un changement de forme d'onde sur l'oscillateur 1 change la réponse de la synchro (c'est loin d'être le cas sur la majorité des synthés).
Jusqu'ici, le son est resté assez droit, ceci étant lié à la technologique DCO. 3 paramètres peuvent être activés pour faire sonner les DCO comme des VCO :
un paramètre de drift qui fait bouger les oscillateurs de façon aléatoire, comme sur les synthés à VCO.
Un paramètre de phase qui permet de dé-locker la phase des oscillateurs pour la rendre aléatoire. Voilà qui n'est pas commun sur un synthé à oscillateurs analogiques ! Cela signifie que ces oscillateurs se rapprochent furieusement d'oscillateurs numériques, si on peut même aller jusqu'à en contrôler la phase avec un paramètre variable !
Un detune entre les 2 oscillateurs clôt le chapitre "instabilité volontaire".
Le reste est plus commun : un portamento avec 2 modes Fixed (le temps est le même quelque soit l'espacement entre les 2 notes successives) ou Scaled (l'inverse : portamento discret entre 2 notes proches et prononcé entre 2 notes distantes). Ce portamento est activé soit tout le temps (always), soit uniquement pour les notes liées (Legato) : pas d'impair. Pas de mode glissando non plus.
Un bouton Ext-Feedback titille notre curiosité : il dose le volume de l'entrée audio externe (monophonique) quand un jack est inséré dans l'entrée correspondante. Et quand il n'y a rien dans l'entrée, que se passe-t-il ? Et bien le signal est prélevé à la sortie du filtre pour être réinjecté à l'entrée de la chaîne audio : BOUM, cela écrase le signal jusqu'à la boucherie, avec un résultat qui dépend beaucoup du type de filtre choisi (en mode notch ou HPF, c'est redoutable, en mode BPF, c'est plus discret). On devine comment ce signal écrasé/saturé va finir quand on va augmenter la résonance et ajouter l'une des 4 distortions ! La machine se met alors à hurler.
J'ai testé l'entrée audio externe, et ça fonctionne super bien, d'autant plus que le niveau d'entrée audio est une source de modulation, tout comme l'entrée CV ! Ça, c'est cool ! Mon analog rytm passé dans le filtre et les distos du Xenophone, ainsi que sa chaîne d'effet, ça rend bien ! Il ne semble toutefois par que cette source externe puisse alimenter la FM ou le Ring Mod, petit bémol. Pas de reconnaissance de pitch du signal entrant non plus, seule l'intensité du signal est une source de modulation.
La section filtre est assez exemplaire : il s'agit d'un filtre multimode LPF ou HPF (3 pentes au choix), BPF et notch (12 dB seulement, logique), et 2 dernières réponses qui sont une combinaison d'un LP (12 ou 18 dB) et d'un HP (6 dB). Tous sont très efficaces, mention spéciale pour le Notch, bien plus efficace que la moyenne et résonant (très, très!). Ça change des notchs un peu fadasse qu'on peut trouver parfois. Les 2 filtres combinés ne font pas dans la dentelle. On aurait aimé un paramètre séparation (comme sur l'OSCar ou le Summit), mais hélas le cutoff est commun. Ce filtre peut être modulé dans les fréquences audio par l'oscillateur 1, ce qui, compte tenu de la grande richesse de la section oscillateur, ouvre encore davantage la voie à toute une série d'expérimentations.
3 enveloppes au menu : amp, filtre, et MOD qui peut servir à toutes sortes de choses via la matrice modulation. Ce sont des ADSR bouclables et assez patates, avec un paramètres de retard et un temps de maintien (hold). Leur seule originalité (mais quelle originalité!) et que leurs pentes (attack/decay/release) peut avoir plusieurs profils : Linéaire, RC (type analogique), RC2 (plus prononcée, mais dispo pour 2 des 3 enveloppes) ou Exponentielle (le segment d'attaque a une courbure inversée). Ensuite, ces enveloppes peuvent avoir un comportement de type retrigger, analog1 (l'enveloppe repart de là où elle était), ou analog2 (l'enveloppe se termine, quelque soit la note liée). Il reste à dire que les enveloppes peuvent être redéclenchées par le LFO 2 (seulement quand celui-ci est sur la forme d'onde S&H, allez savoir pourquoi...) ou le CC#64, au choix. Complet, on peut vraiment avec ce niveau de détail aller simuler le comportement de la plupart de nos vieux coucous. On rappellera qu'il n'y a pas de commande dédiée pour ces enveloppes, mais on peut verrouiller l'affichage des 4 potards contextuels pour les enveloppes avec la touche Enter, cela évite que l'affichage ne change quand on touche un autre paramètre entre temps. C'est quand même pas ce qu'on a inventé de mieux en termes d'ergonomie.
Nous avons 3 LFO. Les LFO 1&2 partagent des commandes de façade qui leur sont communes, avec 6 formes d'onde : 5 classiques sine, triangle, saw, square et S&H, et une plus atypique S&H lissée. Pas d'impair : la plage de vitesse est correcte sans être exceptionnelle, la synchro MIDI est au rendez-vous, même sur une horloge externe, et la forme d'onde peut être resetée à chaque nouveau déclenchement de note. Par défaut, les LFO1&2 sont dédiés à la section oscillateurs, et le LFO3 au filtre, noise et effets. Les principaux réglages sont tous accessible depuis la façade, y compris les destinations. Ce qui s'ajoute à la matrice de modulation qui est, quant à elle, uniquement accessible par les pages de menus. L'emplacement sur le panneau des LFO en toute fin du parcours du signal n'est d'ailleurs pas d'une logique implacable, on se serait plutôt attendu à trouver les effets, mais cela n'est qu'une affaire de layout qui ne change rien au trajet audio. On notera que le panoramique global est une destination, ce qui est appréciable (même un Peak ne fait pas cela...).
Justement, nous voici arrivés à la section effets, à commencer par ce qui pèse très lourd dans l'identité sonore de la machine : la section distortion, qui propose rien de moins que 4 distortions de la plus légère à la plus écrasée (Light, Dirty, Harsh, Massive). La contrepartie de ces 4 choix est qu'aucun dosage n'est proposé, mais à l'usage, on s'en sortira en ajustant le volume dans la section oscillateur. Jusqu'ici, le signal est analogique, distortions y compris (et si on fait exception du noise C64). On arrive maintenant au bloc d'effet numérique composé de delay et/ou de reverb (en fait, c'est soit l'un, soit l'autre, sauf pour un programme qui propose un Delay+ Reverb.) Le nombre de paramètres pour chaque effet est assez mince, mais judicieux. On apprécie de trouver une réverb de type Gate, peu commun dans cette gamme de prix. Les delays sont synchronisable au tempo, mais le pré-delay des réverb hélas pas (ça aurait pu être assez utile). Pas de réglage du feedback du delay simple, mais il y en a un pour le ping-pong. La durée maximale du delay étant de 1 seconde, certains réglages maxi sont plafonnés en cas de synchro MIDI, pour ne pas dépasser cette seconde maxi. Ajuster les paramètres des effets à la volée n'engendre pas d'artéfact audio. Que vaut cette section effet ? C'est assez correct. Clairement, on n'est pas au niveau des meilleurs en la matière (la machine a quand même quelques années au compteur), et surtout ces effets peuvent un peu nuire au résultat s'ils sont mal dosés (comme dans certains programmes usines). Enfin, ils n'apportent pas de caractère particulier, sonnent assez neutre, par contre, ils ont une qualité : il y a 8 algorithmes, tous très distincts : ils ajoutent une dimension à la machine, une variété d'un programme à l'autre, à défaut d'être des aigles de sound design.
La matrice de modulation est une force de la machine : pourtant, avec seulement 8 cordons, on est loin d'un Virus ou d'un DSI...Mais là où elle fait fort, c'est sur le nombre de sources et de destinations ! Franchement, je ne vais pas les citer, mais toutes les enveloppes, tous les LFO, les contrôleurs (y compris pas mal de CC MIDI)...font partie de l'inventaire. Comme particularité, citons qu'il y a 3 type de Keytracking (centré, à partir de zéro, ou centré en tenant compte du Pitch Bend et du Portamento!), l'entrée audio (pas de suiveur d'enveloppe, le gate ne peut pas être déclenché par le signal audio), l'entrée CV in (configurable dans le menu). Au niveau des LFO, ils sont combinés à la modwheel, à l'aftertouch ou encore aux enveloppes. Voilà comment avec des sources nombreuses et parfois combinées on peut se limiter à 8 cordons. En pratique, c'est tout à fait suffisant. A noter que le séquenceur (qui peut envoyer 4 pistes d'évènement en parallèle sur 16 pas maxi) propose chacune de ses pistes comme source de modulation.
Les destinations sont tout aussi nombreuses et judicieuses : les pitchs et niveaux de chaque source audio (y compris l'entrée externe et la boucle de feedback), les paramètres de toutes les enveloppes (chouette, comme le Peak, même mon GRP A4 ne le fait pas) et ceux des LFO, le niveau de modulation des 4 premiers cordons (on peut ainsi chaîner jusqu'à 4 cordons, chouette non?) et même les 3 paramètres principaux de l'effet sélectionné. Et, enfin : le CV Out ! Le Xenophone peut ainsi se muter en séquenceur CV/Gate pour un instrument externe. Depuis la façade, seul la sélection du cordons est réalisable, tout le reste se fait à l'écran (sources, destination, dosage).
Il ne reste qu'à évoquer Arpégiateur et Séquenceur : c'est bien sûr l'un ou l'autre, et on se rappelera que l'utilisation de la duophonie les neutralise. L'arpégiateur est très simple et relativement limité : up, down, up&down et order sont les motifs disponible (pas de random). La prise en compte du changement de motif n'est effective que lorsqu'on plaque un nouvel accord, à savoir. Il peut fonctionner sur 5 octaves (!!!), dispose bien sûr d'un mode Latch (pas comme le Kyra...) et d'un Gate pour décider de la durée de la note jouée. C'est tout ! On apprécie qu'il interprète les données de vélocité (clin d'oeil pour le Peak...n'est-ce pas!).
Le séquenceur est autrement plus évolué, et un certain nombre de programmes usine en tirent partie. Comme déjà dit, il dispose de 4 pistes distinctes : 1 pour la note, 1 pour la vélocité et 2 autres qui sont des pistes auxiliaires. A noter que les 2 premières pistes peuvent être converties en Step LFO, autrement dit, 2 pistes auxiliaires supplémentaires, c'est du sérieux !!! « Wrap » définit le nombre de pas du séquenceur (hélas le même pour les 4 pistes, pas de polyrythmie). Le motif peut être redéclenché à chaque note MIDI, ou bien poursuivre sa course indépendamment de toute action au clavier. La piste « note » peut être transposée en temps réel par appui sur le clavier (ou pas, d'ailleurs: c'est débrayable).
Les séquences peuvent se construire de différentes façons. La première est un mode step, où un écran est disponible pour chaque pas et chaque piste. Notes, silences et notes tenues sont disponibles. La piste vélocité tient lieu d'accent, et il y a même une slide (nommé « slew ») pour glisser de façon plus ou moins abrupte avec la note adjacente, mais c'est malheureusement un réglage par séquence, et non par pas. Dommage, mais il a le mérite d'exister.
La seconde façon, moins fastidieuse, consiste à rentrer les notes au clavier, en pas à pas (mais pas en temps réel, il n'y a pas de métronome).
Un bon point est que, même si l'on ne peut pas enregistrer chaque séquence seule comme fichier indépendant, on peut les copier/coller entre programmes : très bon point. En revanche, il n'y a pas de moyen d'importer une séquence MIDI.
Un dernier mot sur l'implémentation MIDI : elle est complète, et même très, puisque tous les paramètres répondent aux CC MIDI ou à des paramètres NRPN (même les pas du séquenceur!) : on n'en attendait pas moins de la part d'un constructeur dont le métier de base est de programmer des éditeurs MIDI pour synthés hardware...Mais au fait : le Xenophone a-t-il un éditeur. Oui ! Mais hélas, sur Mac OSX 10.14.6 (Mojave), le pilote USB n'a jamais été reconnu, le Xenophone n'apparaissant pas dans la liste des périphériques MIDI. Il faut dire que ce pilote a plusieurs années. En MIDI traditionnel sur prise DIN 5 broches via une interface MIDI externe, cet éditeur fonctionne parfaitement dans Logic. Peut être les utilisateurs de Windows auront plus de chance que moi. Je ne suis pas un fanatique des éditeurs de synthés Hardware (on ne les achète pas pour se retrouver devant un écran d'ordinateur!), sauf pour une chose : l'automation dans les DAW quand ledit éditeur est sous forme de plug-in VST/AU, ce qu'il est, au moins sur le papier.
En synthèse, le Xenophone est sans doute cher au regard des standards actuels des synthés analogiques. Mais n'oublions pas qu'il a des mémoires, des effets et une implémentation MIDI archi complète. Et surtout...il sonne béton ! Sa palette sonore est bien plus vaste que ne le laisse faussement supposer les démos sur internet et les sons d'usine qui semblent vouloir le réduire à une seul style musical, et il ne m'a pas fallu longtemps pour faire quelques programmes bien plus à mon goût. Alors certes : il est coloré, et peut être même manque-t-il un peu de polyvalence, tant il excelle dans les timbres acides, saturés et un peu déjantés, le reste étant plus commun. Il n'a toutefois pas de véritable faiblesse, dispose de modulations simples et finalement très complètes, est ouvert sur l'extérieur et n'a tout juste que quelques curiosités / limitations d'ordre ergonomiques et fonctionnelles. Si le choix et la disposition des commandes en façade peut laisser pantois (il y a quand même un ingénieur qui a choisi de priver les enveloppes de commandes dédiées en façade, et à côté de ça, on droit aux destinations des LFO...), la machine n'est pas compliquée en soi. Le son est clairement au rendez-vous, et on retrouve même des fonctionnalités utiles et manquantes à des appareils beaucoup plus onéreux. L'appareil est assez petit, léger (1,3 kg), l'espacement des commandes est correct (à peine moins bon que le Peak ou le Dominion 1). On lui pardonnera les 2 ou 3 bugs non bloquants qu'il comporte encore, et on salue la capacité de stockage de ses programme (7 banques de 128 sons, dont 4 banques de sons gratuitement téléchargeables sur le site du constructeur).
Reste le prix en neuf, qui en fait un instrument un peu déconnecté du marché et qui nous rappelle sa conception qui commence à dater en termes de rapport qualité/prix (expliquant ma note de 4/5). Il est à peine moins cher que le Peak qui est un synthé polyphonique 8 voix de grande qualité ! Je recommande donc d'essayer de le trouver en occasion, autour de 600 euros, ce qui est pour le coup un bon deal.
Pour vous en faire une bonne idée, n'hésitez pas à aller consulter le test de Greatsynthesizers.com et ses fabuleux extraits audio en fin de page, car ce sont eux qui m'ont décidé !
J'ai aimé :
le format, petit mais relativement confortable et bénéficiant d'une certaine qualité de fabrication.
le son : du caractère, des singularité utiles (duophonie, modulations poussées, profils de filtrages originaux et très efficaces, les 4 noises, les possibilités de modulation de chaque oscillateur à formes complexes)
FM, ring MOD à plusieurs niveaux, Synchro, FM de filtre...
Les paramètres pour reproduire le comportement de VCO.
Les 4 distortions.
Les 4 noise, dont un C64 pitchable
La matrice de modulation: 8 cordons seulement, mais qu'on peut cascader (jusqu'à 4). La quantité importante de sources et de destinations (dont le panoramique global et des paramètres d'effets).
Le step séquencer bien costaud avec ses 4 pistes, transposable en temps réel qui émet en MIDI Out
L'arpégiateur interprète les données de vélocité et émet en MIDI Out
L'ouverture sur l'extérieur (CV Gate in/out, entrée audio)
L'implémentation MIDI ultra complète.
7 banques de 128 emplacements pour stocker ses programmes, tous réinscriptibles.
Des effets tous différents.
Un instrument singulier et rare qu'on ne trouvera pas chez tout le monde.
on peut ne pas aimer :
quelques bugs résiduels, mais rien de bloquant.
Le pilote USB non reconnu sur les derniers OSX, dont l'éditeur inutilisable en USB.
Le manque de caractères et de paramètres disponibles des effets numériques (la machine accuse son âge sur ce point). Pas d'effets de modulations.
Comme toutes les machines avec beaucoup de possibilités de modulation, le sweet spot peut être long à trouver, il y a du temps à passer sur chaque programme pour que ça sonne.
La duophonie sacrifie l'arpégiateur/séquenceur
L'arpégiateur limité
Certains choix ergonomiques discutable (commandes physique d'enveloppe non dédiées) et, de manière générale, il y a quand même pas mal de menus (avec des valeurs pas toujours bien alignées avec le display).
Le boutons poussoir à contact brusque sont petits et bruyants à l'utilisation, pas très agréables (mais solides)
Les profils de distortion les plus extrêmes ramènent du bruit de fond (seul cas de figure, et un peu inévitable).
Le prix en neuf désormais (2019) au regard de l'offre concurrente.