Coyote14 « Fidèle à sa légende, et mieux encore! »
Publié le 06/12/25 à 22:12
Rapport qualité/prix :
Correct
Cible :
Tout public
Un concours de circonstance m'a permis d'acquérir un module SEM vintage d'Oberheim.
Posséder un Oberheim vintage me hante depuis 30 ans. Cela a failli se produire plusieurs fois, à l'époque où Xpander, Matrix12 étaient encore accessibles, sans que cela ne se finalise, dissuadé par le prix déjà élevés et l'état calamiteux des occasions qui se sont présentées. Je n'ai en revanche jamais pu approche un OB-X, OB-Xa ou OB8. Un Semblance d'Analog Solutions a été sur mon chemin, mais il ne m'a pas convaincu. Plus tard, bien plus tard, la sortie de l'OB6 à étanché mon besoin de son Oberheim, car celui-ci est réussi. Je l'ai beaucoup programmé, avant de le revendre, le jugeant un peu trop limité. J'avais fini par tourner en rond. Enfin, l'OB-X8 a attiré mon attention, moins son prix. Et je n'ai pas eu le sentiment qu'il sonnait beaucoup mieux qu'un OB6, voire qu'il était plus limité sur certains aspects. Il m'est apparu trop cher, mais je n'ai aucun doute sur le fait que c'est un très bon synthé.
En résumé, Oberheim et moi, c'est une succession de rendez-vous manqués, jusqu'à ce jour où l'occasion d'acquérir ce SEM vintage s'est présentée.
La genèse de la création de ce petit module est intéressante. Tom a commencé en fait dans le numérique, avec un séquenceur DS2 censé piloter les synthés de l'époque, ARP2600 en tête, instrument qu'il distribuait pour la côte Ouest. C'était en 1974! Celui-ci a rempli son office, mais il est rapidement apparu qu'une fois séquencé, les musiciens n'avaient plus accès à un synthé à jouer au clavier. Tom a donc eu l'idée de créer un petit module complémentaire (d'où le E de "SEM" pour "Expander"), dont les briques élémentaires sont inspirées de l'ARP2500, en particulier son filtre 1047 qui disposait d'un sortie LPF, HPF, BPF et Notch (puisqu'il s'agissait d'un complément, le choix s'est fait sur un autre type de filtre que les 4 poles LPF des synthés alors pilotables par le DS2: Model D, Odyssey, ARP2600...). Précisons aussi qu'il s'est agi d'un travail d'équipe, Tom s'est associé à Denis Colin (ARP), Dave Rossum (qui fabriquait alors les modulaires EMU), et Jim Cooper. Même la couleur se voulait en rupture avec toutes les autres productions de l'époque. Ainsi est né un petit module qui a servi de brique élémentaire pour toute la ligné des synthés Oberheim, dont le design a été cloné à maintes reprises sur toutes sortes de logiciels, clones, modules Eurorack...
C'est donc un instrument historique d'une importance fondatrice, au même titre qu'un Minimoog, ARP2600 ou Prophet 5, sans qu'il ne leur soient comparables en termes de son ni de fonctionnalité.
Tom explique tout cela dans cette vidéo que je vous recommande.
Vous imaginez mon impatience lorsque j'ai le mis sous tension à la maison. Allais-je être déçu? Je réponds d'emblée à cette question: aucunement. Le son de cette machine est sublime et singulier à la fois. Sublime parce ses oscillateurs riches et plein de jolies harmoniques sont sublimées par le filtre, qui sonne tel qu'on peut le rêver. Tout est au rendez-vous de la légende, mais il y a quelques points qui augmentent encore mon plaisir et qui ont été un motif de (bonne!) surprise pour moi.
La première chose qui m'a agréablement surpris, ce sont les enveloppes, très punchy! Sans avoir la signature d'un Pro One, je n'avais pas classé ceci dans les points forts attendus, pourtant, c'est bien le cas! A la façon d'un Model D, le Decay fait aussi office de Release, c'est une limitation évidemment. Mais pour le reste, le son est bien soutenu par ces enveloppes catchy quand il le faut, raisonnablement longues quand nécessaire.
La seconde surprise est la section mixer: quand le signal d'un oscillo est poussé à fond dedans, le filtre sature de belle façon, le son subtil des oscillos se gonfle et la machine délivre un signal plein, sublimé par la résonance. ça peut rugir!
3ème motif de satisfaction: la réputation de sagesse et de douceur du filtre SEM 2 pôles doit vraiment être revue! Résonance à fond, certes, l'auto-oscillation n'est pas atteinte par design, mais quelle patate! Réso à fond, baissez le cutoff, et un sub super costaud apparaît! Abandonnez l'idée que cette machine ne serait à l'aise que dans les timbres medium, elle est capable de sortir de superbes basses! (la basse de Stranger Things a été faite à l'Oberheim 2 voice!). Et, bien sûr, les timbres HPF, Notch ou BPF sont sans surprise cette fois au-rendez vous comme prévu. Résumons cela ainsi: la machine est bien plus polyvalente que ce que j'avais imaginé!
La synchro entre oscillateurs est excellente: loin de tout ce que je connais, plus subtile et moins agressive sans doute que la moyenne, mais majestueuse. La PWM a une belle amplitude (jusqu'à l'effacement si l'on veut). Une entrée audio s'ajoute à tout cela et peut attaquer le filtre et le VCA.
Finalement, le seul motif de déception est à trouver du coté du LFO (qui module Pitch ou PWM au choix, et filtre): une seule forme d'onde sinus et surtout il ne monte pas très haut en fréquence. Peut être cela se calibre-t-il?
La machine peut être moddée dans tous les sens. C'est prévu ainsi, avec une connectique interne avec câbles de couleur. Beaucoup de modèles d'occasion disposent d'un patch panel rajouté sur le devant, et la ré-édition du SEM Patch Panel les a intégrés d'office, décuplant les possibilités de la machine.
Voici pour le tour du propriétaire de cette belle boite légendaire et astucieuse. Il n'est pas étonnant que Tom ait eu envie de la décliner sous différentes formes polyphoniques, jusqu'à l'OB-X qui reprend son électronique. Ce premier synthé d'Oberheim a poursuivi son chemin génération d'instruments après génération, jusqu'aux plus complexes d'entre eux avec le Matrix-12, la première mort de la marque, la courte vie de la marque Marion Systems qui a succédé à Oberheim avant de disparaître aussi (Oberheim alors repris par Viscount qui en a fait autre chose et parfois n'importe quoi) et sa renaissance sous l'aile bienveillante de DSI/Sequential avec l'OB6.
Si vous avez l'occasion de tester un SEM, ne manquez pas l'occasion de le faire. Il vous sera difficile, sauf si vous êtes allergique au son Oberheim, d'être déçu. Le son légendaire n'est pas usurpé!
Posséder un Oberheim vintage me hante depuis 30 ans. Cela a failli se produire plusieurs fois, à l'époque où Xpander, Matrix12 étaient encore accessibles, sans que cela ne se finalise, dissuadé par le prix déjà élevés et l'état calamiteux des occasions qui se sont présentées. Je n'ai en revanche jamais pu approche un OB-X, OB-Xa ou OB8. Un Semblance d'Analog Solutions a été sur mon chemin, mais il ne m'a pas convaincu. Plus tard, bien plus tard, la sortie de l'OB6 à étanché mon besoin de son Oberheim, car celui-ci est réussi. Je l'ai beaucoup programmé, avant de le revendre, le jugeant un peu trop limité. J'avais fini par tourner en rond. Enfin, l'OB-X8 a attiré mon attention, moins son prix. Et je n'ai pas eu le sentiment qu'il sonnait beaucoup mieux qu'un OB6, voire qu'il était plus limité sur certains aspects. Il m'est apparu trop cher, mais je n'ai aucun doute sur le fait que c'est un très bon synthé.
En résumé, Oberheim et moi, c'est une succession de rendez-vous manqués, jusqu'à ce jour où l'occasion d'acquérir ce SEM vintage s'est présentée.
La genèse de la création de ce petit module est intéressante. Tom a commencé en fait dans le numérique, avec un séquenceur DS2 censé piloter les synthés de l'époque, ARP2600 en tête, instrument qu'il distribuait pour la côte Ouest. C'était en 1974! Celui-ci a rempli son office, mais il est rapidement apparu qu'une fois séquencé, les musiciens n'avaient plus accès à un synthé à jouer au clavier. Tom a donc eu l'idée de créer un petit module complémentaire (d'où le E de "SEM" pour "Expander"), dont les briques élémentaires sont inspirées de l'ARP2500, en particulier son filtre 1047 qui disposait d'un sortie LPF, HPF, BPF et Notch (puisqu'il s'agissait d'un complément, le choix s'est fait sur un autre type de filtre que les 4 poles LPF des synthés alors pilotables par le DS2: Model D, Odyssey, ARP2600...). Précisons aussi qu'il s'est agi d'un travail d'équipe, Tom s'est associé à Denis Colin (ARP), Dave Rossum (qui fabriquait alors les modulaires EMU), et Jim Cooper. Même la couleur se voulait en rupture avec toutes les autres productions de l'époque. Ainsi est né un petit module qui a servi de brique élémentaire pour toute la ligné des synthés Oberheim, dont le design a été cloné à maintes reprises sur toutes sortes de logiciels, clones, modules Eurorack...
C'est donc un instrument historique d'une importance fondatrice, au même titre qu'un Minimoog, ARP2600 ou Prophet 5, sans qu'il ne leur soient comparables en termes de son ni de fonctionnalité.
Tom explique tout cela dans cette vidéo que je vous recommande.
Vous imaginez mon impatience lorsque j'ai le mis sous tension à la maison. Allais-je être déçu? Je réponds d'emblée à cette question: aucunement. Le son de cette machine est sublime et singulier à la fois. Sublime parce ses oscillateurs riches et plein de jolies harmoniques sont sublimées par le filtre, qui sonne tel qu'on peut le rêver. Tout est au rendez-vous de la légende, mais il y a quelques points qui augmentent encore mon plaisir et qui ont été un motif de (bonne!) surprise pour moi.
La première chose qui m'a agréablement surpris, ce sont les enveloppes, très punchy! Sans avoir la signature d'un Pro One, je n'avais pas classé ceci dans les points forts attendus, pourtant, c'est bien le cas! A la façon d'un Model D, le Decay fait aussi office de Release, c'est une limitation évidemment. Mais pour le reste, le son est bien soutenu par ces enveloppes catchy quand il le faut, raisonnablement longues quand nécessaire.
La seconde surprise est la section mixer: quand le signal d'un oscillo est poussé à fond dedans, le filtre sature de belle façon, le son subtil des oscillos se gonfle et la machine délivre un signal plein, sublimé par la résonance. ça peut rugir!
3ème motif de satisfaction: la réputation de sagesse et de douceur du filtre SEM 2 pôles doit vraiment être revue! Résonance à fond, certes, l'auto-oscillation n'est pas atteinte par design, mais quelle patate! Réso à fond, baissez le cutoff, et un sub super costaud apparaît! Abandonnez l'idée que cette machine ne serait à l'aise que dans les timbres medium, elle est capable de sortir de superbes basses! (la basse de Stranger Things a été faite à l'Oberheim 2 voice!). Et, bien sûr, les timbres HPF, Notch ou BPF sont sans surprise cette fois au-rendez vous comme prévu. Résumons cela ainsi: la machine est bien plus polyvalente que ce que j'avais imaginé!
La synchro entre oscillateurs est excellente: loin de tout ce que je connais, plus subtile et moins agressive sans doute que la moyenne, mais majestueuse. La PWM a une belle amplitude (jusqu'à l'effacement si l'on veut). Une entrée audio s'ajoute à tout cela et peut attaquer le filtre et le VCA.
Finalement, le seul motif de déception est à trouver du coté du LFO (qui module Pitch ou PWM au choix, et filtre): une seule forme d'onde sinus et surtout il ne monte pas très haut en fréquence. Peut être cela se calibre-t-il?
La machine peut être moddée dans tous les sens. C'est prévu ainsi, avec une connectique interne avec câbles de couleur. Beaucoup de modèles d'occasion disposent d'un patch panel rajouté sur le devant, et la ré-édition du SEM Patch Panel les a intégrés d'office, décuplant les possibilités de la machine.
Voici pour le tour du propriétaire de cette belle boite légendaire et astucieuse. Il n'est pas étonnant que Tom ait eu envie de la décliner sous différentes formes polyphoniques, jusqu'à l'OB-X qui reprend son électronique. Ce premier synthé d'Oberheim a poursuivi son chemin génération d'instruments après génération, jusqu'aux plus complexes d'entre eux avec le Matrix-12, la première mort de la marque, la courte vie de la marque Marion Systems qui a succédé à Oberheim avant de disparaître aussi (Oberheim alors repris par Viscount qui en a fait autre chose et parfois n'importe quoi) et sa renaissance sous l'aile bienveillante de DSI/Sequential avec l'OB6.
Si vous avez l'occasion de tester un SEM, ne manquez pas l'occasion de le faire. Il vous sera difficile, sauf si vous êtes allergique au son Oberheim, d'être déçu. Le son légendaire n'est pas usurpé!