« Époustouflant! »

Comme tous le monde, lorsque Jean-Michel Jarre a "fuité" que Korg travaillait à recréer l'ARP 2600, je me suis dit: c'est l'occasion ou jamais. La bête, officiellement dévoilée au NAMM 2020, était sold out dès le lendemain chez Sweetwater! Heureusement, mon détaillant local en avait commandé un... et après un mois d'attente, le voilà chez moi!

Je n'avais jamais touché, ni même vu en vrai un ARP2600. Mes amis, quelle machine! Qualité de fabrication irréprochable, c'est gros, c'est lourd, c'est magnifique. Tous les détails ont été fait avec soin, on sent que Korg a travaillé fort pour assurer la pérennité de cette série limitée. L'appareil est livré dans un magnifique road case (sur roulettes, lui même enveloppé d'une toile imperméable). A l'intérieur, deux mallettes: le clavier et le synthé. Et les manuels: un pour le clavier, un pour le synthé... et un autre pour les deux! Ben oui, Korg a poussé le détail jusqu'à fournir une réédition des manuels originaux, avec des évidemment des "erreurs" par rapports à la réalité, car ce modèle est légèrement amélioré: MIDI, USB, séquenceur et arpégiateur, deux modèles de filtre, sorties XLR. Tout celà est expliqué dans le 3ème manuel.

Ok, on sort la bête, on connecte le clavier, le palpitant s'emballe un peu, power ON et boom! Plein les oreilles! Les HP internes sont franchement excellents. L'exploration continue, la jouissance est totale: cet appareil est d'une versatilité extraordinaire, du gros lead ronflant aux effets les plus inattendus. Le panneau de commande répond au 1/4 de tour, les sliders sont suffisamment grands, précis et agréables.

Les ajouts (arpégiateur, séquenceur) sont très bien vus; bien que basiques, ils sont faciles à utiliser (le séquenceur dispose des fonctions Rest et Tie). La séquence disparait à l'extinction de l'appareil, seul point négatif.

Quand au clavier? Un des meilleurs que je possède: la forme des touches est parfaites (vous savez, sans ces arrêtes un peu coupantes au bord des touches de certains claviers), légèrement lesté, silencieux, il répond sans broncher à mes arpèges les plus délirants, je me prends quelques minutes pour Edgar Winter...

L'envelope follower fonctionne à merveille; branchez une guitare, et voilà un auto-wah crémeux à souhait.

Korg a ajouté deux led (ouverture du filtre et fréquence du LFO sur le clavier), mais qui ne sont visibles que par la fente du slider correspondant. C'est suffisamment sobre pour rester de bon goût.

Depuis 2 jours que l'ARP est dans mon studio, je suis évidemment loin d'en avoir fait le tour. Ce n'est pas pour rien que cette machine est avidement recherchée depuis bientôt 50 ans.

Pour pinailler, j'aurais souhaiter que l'entrée du préamplificateur soit en 6.35 mm (1/4") plutôt que 3.5 mm, mais j'imagine que c'est également ainsi sur l'original. Ah, et puis le câble reliant clavier et unité aurait pu être un peu plus long, 30-50 cm de plus, pour permettre de positionner le clavier à 90 degrés du synthé.

Edit
Voici 2 ans maintenant que j'ai écrit cet avis et le 2600 trône toujours dans mon setup, certainement encore pour très longtemps. Un petit changement que j'ai constaté: au début, les oscillateurs étaient stables très rapidement, alors que maintenant, un petit temps de chauffe de quelques minutes leur est nécessaire. Rien de bien dérangeant cependant.
Autre chose: la reverb est sensible aux ondes électromagnétiques. Comme le panneau électrique de la maison est dans mon studio, et que j'avais placé le 2600 très proche, je chopais pas mal de bruit. À la faveur d'une redisposition, il est est maintenant éloigné de 1m50, ce qui améliore grandement les choses.
Agaçant: comme sur l'Odyssey, le LFO du clavier est réinitialisé à chaque appui sur une touche (autrement dit il n'est pas "free run"). C'est gênant, car il pilote le sequenceur, et ce dernier n'a pas d'entrée clock externe.