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babouche369 babouche369

« Un classique »

Publié le 18/10/18 à 23:32
Rapport qualité/prix : Excellent
Cible : Tout public
L'omni, c'est un classique.

Synthé le plus vendu d'ARP, basé sur un brevet d'Eminent/Solina, c'est un polyphonique total basé sur la division d'octaves comme les orgues, mais aussi les concurents de cette époque: Polymoog/Opus 3, Korg Delta/PS/PE, Yamaha SK... Cependant, l'Omni ne contient qu'un seul oscillateur (a la différence par exemple du Korg Lambda qui en contient 3); le son est plus fin, mais épaissis ensuite par un chorus/phaser constitué de trois lignes à retard. Notons que le chorus/phaser est toujours actif; le bouton Chorus Phaser permet simplement de sélectionner la vitesse du LFO qui module les lignes à retard (rapide=chorus, lent=phaser).
Inclut une section strings polyphonique (Viola, Violin), monophonique (Cello, Bass) avec une enveloppe AR, un synthé paraphonique (4'et 8', 1 seul filtre modulable par un ADSR, un LFO et une entrée externe) et un synthé basse monophonique (8' et 16'). Volumes général, synth/strings et bass indépendants. Dans les effets, outre le Chorus/Phaser, un bouton "Waveform Enhancement" transforme l'onde pseudo-dent-de-scie en vague mix dent-de-scie+carré. Désengager ce bouton, engager uniquement le 8' de la section synthesizer, puis jouer sur le filtre et l'enveloppe pour obtenir alors un son cuivré de plus bel effet. Noter que les strings sont parfois envahissant par rapport à la section Synth; il faut mettre le slider synth/strings très proche de synth (donc presque à l'extrème gauche) pour un bon équilibre.
En face arrière, on trouve 2 sorties mix ("high level" en XLR, "low level" en jack 1/4"), une sortie séparée pour la section synth, 2 sorties "gate out" et "trig out" (jack 1/8"), une entrée pour pédale de sustain, et 2 entrées pour moduler le filtre: par une pédale et par un signal externe.

Boitier solide et lourd (aluminium, flancs en bois, base en aggloméré), mais les touches proéminentes du clavier Pratt-Read sont exposées aux chocs. Je ne le sors jamais du studio. Qualité de fabrication assez médiocre, comme les produits ARP de cette époque; ça fait bricolage. Les cartes contrôlant les sections Synthesizer et String sont en porte-à-faux sur leurs supports: veillez à ne pas exercer une pression exagérée sur les sliders/boutons. De plus, s'ils ne sont pas bien centrées par rapport aux trous du boîtier, les boutons risquent de frotter contre le métal et de ne pas "s'engager" correctement.
Le dessus du boitier est plat: un DX7 par exemple y tient parfaitement, ça c'est pratique.

Un petit défaut du clavier: il est prohéminent par rapport au panneau de contrôle de gauche. En jeux rapide, le petit doigt n'est pas arrêté par ce dernier et peut glisser de la touche.

Par principe, il n'est pas possible de "bender" les notes; sa vocation n'est pas les solos, mais plutôt les nappes onctueuses. Associé à un phaser, une SmallStone par exemple, on retrouve les strings de Jarre. Mais attention: la basse est excellente (énorme même) et l'enveloppe est suffisamment rapide. Le filtre est un excellent 24 dB/oct; modulé par une source extérieure, on peut faire des choses intéressantes (ex: un Korg SQ10 ou MS20). Pas de compensation (le volume diminue lorsque la resonance augmente): ajouter un compresseur si besoin. Par le principe utilisé, toutes les notes sont produites en permanence; un transistor (regroupés par 8 dans les circuits TDA040) va ensuite faire laisser passer ou non le signal. Ces circuits n'étant pas parfait, ils "fuitent" légèrement, contribuant à un bruit de fond ressemblant à une cacophonie en sourdine. Ce n'est spécialement dérangeant et ça fait partie de la chaleur de ce synthé; il est en outre facile de s'en débarraser avec un noise gate.

Attention: lors de l'allumage, la machine va émettre un boiiiinnnng assez fort sur la sortie audio. Pensez à allumer votre ampli APRÈS le synthé.

J'ai eu moult problèmes avec ce synthé que j'ai acheté en connaissance de cause (non fonctionnel). Le service manual est disponible facilement sur le web. Ce synthé coûte cher à entretenir. Il contient > 60 condensateurs au tantale, qui finissent tôt ou tard par claquer, entraînant parfois les CMOS. Il faut tous les remplacer pour être tranquille. Mais à part quelques circuits rares (le TOG qui génère les fréquences de base, les TDA040 - gates et les lignes à retard) et heureusement assez costaux, les autres composants sont encore disponibles.
ARP a émis une note de modification en 1977 pour baisser la tension d'alimentation de 15 à 13 volts et d'éviter un pic lors de l'allumage, ceci afin de préserver la durée de vie des composants. Elle comporte cependant une erreur (souder une résistance de 68K en parallèle à R12 (*)). C'est relativement simple à faire, mais il faut quand même être rigoureux
Autres points faibles: la bus barre qui s'oxyde et va re-déclencher l'enveloppe lors des tenus d'accords. Et les fameux sliders CTS chers à ARP. Il existe maintenant des kits de remplacement, assez chers cependant (j'ai opté pour le precision kit de Synthchaser qui utilise des sliders Bourns). Ou alors dé-souder, ouvrir, nettoyer et graisser tous les sliders, pour les patients. Une fois bien réparé, il vous donnera du plaisir pour longtemps.

En résumé, c'est un synthé simple mais attachant, au look seventies et qui sonne vintage. Pas un synthé "de recherche", mais on peut quand même faire de l'exploration sonore avec. De par sa forme, il se retrouvera en bas d'une pile de claviers et tombera tout de suite sous la main pour sortir une grosse ligne de basse nappée de strings.

(*) En fait, il faut remplacer la résistance R12 de 30.1k par une valeur autour de 41k. J'ai mis 39.2k, ça fonctionne très bien.