Se connecter
Se connecter

ou
Créer un compte

ou
< Tous les avis Korg Monotron Duo
Amigalynx Amigalynx

« Un complément un peu trop sérieux au Monotron »

Publié le 18/02/13 à 23:16
Un dérivé du Monotron...et un avis dérivé de celui que j'ai donné sur celui-ci !
Synthé analogique monophonique, "clavier" à membrane à variation continue ("ruban"), 2 VCO en carré, X-mod (=modulation de fréquence du VCO 1 par le VCO 2), reproduction du passe-bas du MS-20.

Synthé pur hardware, pur analo, les 5 potards et l'interrupteur sous les yeux, un bouton derrière, on peut difficilement faire plus simple !

Dans le Monotron Duo, on a remplacé le VCO en dents de scie par un en carré, et le LFO en dent de scie par un deuxième VCO carré. On peut moduler la fréquence du VCO1 par le VCO2, et l'interrupteur de gauche permet de router vers la sortie sonore soit le premier VCO, soit les deux. Détail qui a son importance, la fréquence du filtre n'est plus modulée par la position jouée sur le ruban. Enfin, contrairement au Monotron, le clavier est réglé automatiquement, et il dispose de quatre modes pour jouer une gamme chromatique, majeure, mineure ou enfin en variation continue comme le Monotron (on démarre toujours en mode chromatique). On commute entre ces modes avec un bouton situé là où on passait le tournevis pour régler le clavier du Monotron.

UTILISATION

Au vu de ces changements, on comprend que les points forts du Monotron et du Duo sont assez différents. D'abord, la perte du LFO réduit nettement la polyvalence de l'engin : plus moyen de simuler une enveloppe pour le filtre, un "séquenceur à une note", un vibrato...plus moyen de faire le son de grosse caisse, ni les folies du LFO à haute fréquence...disons-le tout de suite, le Duo est moins polyvalent, moins mélodique, quelque part moins marrant.
Alors que le premier Monotron permettait, en plus des effets sonores de fou, un usage mélodique à toutes les hauteurs de notes, le Duo est beaucoup moins amusant pour jouer des mélodies à l'arrache. Il sonne tout simplement moins bien. Les oscillateurs carrés, sans X-mod, sont très agréables dans les aigus, mais l'absence de LFO enlève plein de façons de rendre le son vivant, on l'a vu. Ensuite, l'absence de key tracking pour le filtre parachève ce côté "mort". Cette modulation contribuait beaucoup au plaisir qu'on avait à balayer le ruban du Monotron qui s'exprimait alors pleinement dans des plaintes théréminesques. Il est certes vrai qu'on a toujours le potard sous la main...mais alors il faut poser l'engin sur une table, pour libérer ses deux mains, dommage pour l'aspect nomade. Ce n'est pas son fort, d'une certaine façon, nous y reviendrons bientôt. Finissons le chapitre "perte de fun" en parlant de l'amplitude des oscillateurs : le potentiomètre du VCO1 ne couvre que 3 octaves et demie au lieu de 5 et demie pour le Monotron. Du coup, il ne monte pas très aigu, c'est dommage.

Non, le truc du Duo, c'est le principal domaine de faiblesse du Monotron : les basses bien rugueuses.

Il apprivoise ce domaine en se concentrant sur les sonorités FM qu'on pouvait approcher avec le Monotron grâce à son LFO ultra-rapide, mais qui étaient inexploitables mélodiquement...parce que c'était un LFO, fréquence fixe et ce qui s'ensuit.

Bref, ajustez soit d'abord l'écart entre les deux VCO puis le X-Mod ou l'inverse avec le VCO1 plutôt dans les mediums jusqu'à obtenir quelque chose qui sonne et admirez. Enfonçage de portes ouvertes sans doute : Selon les intervalles de base, on obtient des sons variés, plus ou moins crades mais qui sonnent toujours plutôt mieux dans les basses (et du coup, avec le haut-parleur interne ça ne sonne pas, et avec un casque ça liquéfie encore plus le cerveau que le Monotron - voilà pour l'aspect nomade...). Mes préférées : VCO2 à l'unisson, octave inférieur, quinte inférieure et quinte supérieure au VCO1, le VCO2 modifiant beaucoup moins le son s'il est au-dessus du VCO1 qu'en-dessous. Désaccordez un chouia pour un battement enrichissant. A mesure qu'on bidouille, on regrette de plus en plus l'absence de LFO sur le filtre, parce que le balayage de celui-ci est en général jouissif,bien plus que sur le Monotron.

Le point noir dans ce tableau est qu'il est très délicat d'ajuster correctement les sonorités. D'abord, on a une dérive de l'accord quand on pousse le X-Mod. C'est sans doute à cause d'une histoire de modulation linéaire ou exponentielle, je ne m'aventurerai pas à une explication là-dessus. Toujours est-il que quand on augmente le X-Mod, l'accord dérive et il faut augmenter la fréquence du VCO2 pour corriger, et ceci demande vraiment des doigts de fée. Et plus le X-Mod est élevé, plus ça devient ardu. Du coup, il est à peu près impossible de partir d'un intervalle connu en son clair puis d'appliquer un X-Mod élevé (potard à plus de 9-10 heures). Il faut alors d'abord monter le X-mod, puis faire son accordage apprximativement avec le VCO2 et finir en ajustant le X-Mod. De plus, imperfections de la synthèse analogique obligent, l'accordage doit être très légèrement différent selon qu'on route le VCO2 vers la sortie sonore ou non. Résultat, avec un X-Mod élevé, il faut légèrement régler celui-ci quand on passe l'interrupteur d'un mode à l'autre.

Parlons un peu du ruban : non seulement il est rikiki, mais en plus il n'est pas sensible sur toute sa hauteur (et moins sensible aux alentours du Si aigu, comme mon Monotron). Il faut viser vers le bas des touches noires. Je conseille fortement l'utilisation d'un stylet (un porte-mine en plastique fait parfaitement l'affaire). Le revêtement est légèrement plus rugueux que celui du Monotron, on s'en rend compte en comparant mais à l'usage ce n'est pas du tout gênant. En ce qui concerne le mode chromatique du ruban, la correspondance des notes avec la position des dessins de touche sur le clavier est impeccable même s'il est du coup difficile d'accéder au Ré aigu et plus encore au La grâve. Je ne trouve pas les modes gamme mineure et majeure bien utiles, le chromatique complet est bien suffisant pour jouer juste. On a l'avantage de pouvoir garder le stylet sur le ruban sans marquer les demi-tons, certes...mais en fait, je trouve ça gênant par rapport à mon usage favori : jouer une ligne de basse juste et finir par un glide sur la dernière note ; il faut alors mitrailler le bouton 3 fois...impossible à faire en un temps raisonnable.

SONORITÉS

Voir ci-dessus...

AVIS GLOBAL

Le Monotron Duo est assez différent du Monotron. Sa section VCO est bien plus évoluée mais sans LFO il perd beaucoup en polyvalence. Il est impeccable pour les basses, moins pour les solos. Avec la richesse de sa section VCO (toutes proportions gardées bien sûr...), vous allez vous surprendre à passer plusieurs minutes à essayer de peaufiner le son en maintenant la même note ou en jouant n'importe quoi pendant 10 secondes là où avec le Monotron c'était plutôt cutoff à midi, résonance à 11h et c'est parti à essayer de jouer une mélodie. C'est moins un instrument fun de musicien et mixeur du dimanche et plus un outil sérieux mais qui se suffit moins à lui-même. L'intérêt de l'avoir dans un format de poche est du coup moins évident...mais on ne va pas s'en plaindre, il peut toujours à l'occasion amuser...et, entre des mains innocentes auxquelles on pourrait confier le "jouet", horripiler !