analomane
« Le meilleur polyphonique Vintage avec le CS80? »
Publié le 14/12/24 à 00:48
Rapport qualité/prix :
Excellent
Cible :
Les utilisateurs avertis
Franchement je n’étais pas prêt. J’ai eu la chance de toucher un Rhodes Chroma dans un échange ou j’ai sacrifié la moitié de mon mur modulaire Roland. Je ne savais pas bien à quoi m'attendre. Peu de gens ont des Chroma et je n'en avais jamais essayé. De mémoire il me semble que le label Crydamoure (Daft punk) en avait gardé un pendant des années. Et les démos disponibles en ligne sont inqualifiables. Armé de doute, les premières heures n’ont pas été fantastiques et le premier contact avec l’instrument un peu décevant à cause d’une distorsion sur la sortie symétrique et la sortie 0. Puis j’ai commencé à reprogrammer les sons en sortie 1: j’ai commencé à ressentir cette vibration indéfinissable.
Le Chroma n’est pas un énième synthé polyphonique analo 8 voices 2 oscillos per channel mais bien un instrument de musique au sens pur du terme : fait de bois et de métal et pesant 30 kg il offre niveau jeu - un clavier de piano électrique avec des touches en ivoire et une mécanique à lamelle comme dans les piano Rhodes. Le toucher est pianistique, toucher réel avec une vraie sensation avec le Keybed … pour rappel, le Rhodes Chroma est un projet de 1979, la réponse polyphonique de l’équipe Arp de Philipp Doddes. Le leitmotiv de fabrication est d’une autre époque, Doddes demandant à ses equipes « la réalisation du meilleur instrument possible quoiqu’il en coûte » …hélas la faillite de la société ARP empêche la sortie, à part 50 prototypes…
C’est donc Rhodes qui finalise le projet en lui incorporant un clavier Rhodes en 1982… mais il s’agit bel et bien d’un instrument ARP pur jus, la suite logique et polyphonique des projets 2600 et Odyssey.
Plusieurs particularités font du Chroma un monstre unique en son genre : conçu dans les années 70, il bénéficie de trois atouts liés à son interface de contrôle digital permettant: une semi modularité de l’organisation architecturale (patch), la multiplicité de formes d’ondes complexes sur les lfo et 50 presets. Le prix à payer est une interface simplifiée qui rendra cet instrument difficile à programmer pour l’époque - et malgré un certain succès (2500 exemplaires vendus) le Chroma va rester une référence confidentielle. Il a pour ambassadeur Herbie Hancock et Vangelis - qui aurait utilisé un prototype pour blade runner.
De nombreux synthetistes le considèrent comme le meilleur polyphonique de l histoire du synthé, offrant un grain 70 avec des contrôles plus modernes, des modulations invraisemblables, une palette immense et un caractère tout à fait spécial. C’est le cadeau de Arp car on retrouve cette sonorité propre à la marque - un 2600 polyphonique ?
L’idée de Rhodes de réduire l’interface à un seul data slider comme sur les synthèses typiquement 80 est de très loin le talon d’Achille de ce magnifique instrument. Mais c’est justement la que l’histoire commence à devenir sérieuse : game changer en vue. Car au cours des années 90, des utilisateurs amoureux du son fantastique de cette bécane vont pondre un processeur de substitution, la carte CC+, véritable upgrade ambitionnant de doter le Chroma d un processeur full midi sysex. Le projet est un succès.
Véritable révolution invraisemblable, la carte CC+ propulse ce vieux coucou proche du CS80 dans le futur en lui offrant désormais une totale midification intégrale de tous les paramètres de la machine. Vous l’aurez compris cette carte révolutionnaire transforme le contact avec l’instrument puisqu’elle permet de lui associer un controller à base d’un potard par paramètre.
Le Enabler est donc le bienvenue puisque c’est un outboard qui externalise tous les contrôles du Chroma. Véritable game changer qui autorise un contact live et tactile : le gros point faible du Chroma devient un de ses gros points forts. Car plus que permettre un contrôle sysex par un Enabler, la carte CC multiplie la mémoire preset par 4 (200 presets en 4 banks de 50) et permet une full automation midi de tout les paramètres de la bécane ! Totalement inédit sur du vintage (meme mon P5 rev4 ne peut pas faire autant), cette modernité fait saliver les possedants de CS ou de memorymoog….
Si à cela on ajoute les 15 architectures semi modulaires possibles et on comprend immédiatement la folie furieuse de cette machine. C’est également inédit pour de la synthèse analo vintage polyphonique. Techniquement, les polyphoniques 70/80 proposent chacun leur architecture propre c’est à dire une organisation fixes des principaux modules vco vca vcf … le prophet 5 par exemple propose une architecture qui est la sienne, de même pour le cs80 etc… mais le Chroma , grâce a son contrôle numérique des fonctions analogiques permet d’organiser l architecture au choix : on peut s’amuser à modifier l’ordre des filtres, les mettre en serie, en parallèle , injecter une modulation FM, bouger les vco, les vca …. selon 15 patchs proposés. Ça revient à avoir 15 synthèses polyphoniques différents. Complètement fou. Mais c’est pas tout. On peut associer ces différentes architectures avec le mode de répartition des oscillos par voix grâce à l algorithme keyboard : on peut faire un mode monophonique à 16 oscillos ou différentes répartitions polyphoniques (8 voix 2 osc ou 4 voix a 4 oscillos ou mode mixte ou l’on part d’une note à 16 oscillos puis chaque nouvelle note divise et change le nombre d’oscillo per notes…) … tout ça avec le crépitement organique d’une sonorité organique sauvage et débridée typique des premiers synthés
Avec les controllers, l’édition devient facile mais nécessite quand même de la maîtrise car le Chroma offre des possibilités multiples de modulations. La synthèse s’articule autour de deux couches À et B comprenant chacune 1 oscillos, 1 filtre, 1 lfo et 2 adsr soit un total de 2 vco 2 vcf 2 vca 2 lfo et 4 enveloppes avec à chaque fois une triple modulation possible…. On peut se perdre dans le dédale des possibilités pour le meilleur comme pour le pire.
Des le premier soir , j’ai obtenu des presets renversants - complexes mais surtout musicaux avec des « sweet spot » de partout. La découverte de la synthèse m’a offert quelques accidents magiques révélant un potentiel auquel je n’avais jamais eu accès reléguant au rang de jouets à peu près tout les synths polyphoniques que j’avais précédemment eu ou testé - exception faite des synthèses d’excellence.
La lune de miel est passé et j’ai commencé à m’habituer à l’instrument - pourtant toujours aucune lassitude à ce jour malgré le fait de passer des heures à buller sur le son. Les filtres ne sont jamais cassants même ouverts à fond - les territoires sonores me semblent extrêmement larges et la palette variée. Le chroma se programme comme du modulaire et il faut pouvoir penser la multimodulation qui peut être spectaculaire ( quand on combine trois sources de modulation différentes sur un meme paramètre) ou les modulations emboîtés (modulé la modulation)...
J’avais peur d’un instrument très sound design mais ici la texture l’emporte toujours - et des programmations complexes restent la plupart du temps signifiantes et belles car il y a dans le Chroma une sensation acoustique assez invraisemblable. La sonorité reste empreinte du monde ARP, j’ai parfois des sensations de 2500 quand j’utilise les filtres en parallèle… j’avais peur aussi d’un instrument « passéiste » sonnant très Blade Runner , Oxygen ou Moon Safari. Il est certain que le caractère 70 est très présent avec tout ce que ça peut représenter de clichés et de mille fois entendus mais ça le fait tellement parfaitement que je ne suis surpris à me laisser prendre par des grosses nappes Vangelis et y prendre goût… celui qui recherche cela sera évidemment servi comme jamais. Mais la multiplicité des formes d’onde des lfo apporte à la synthèse un goût de modernité qui m a permis aussi de créer d’énormes Bass Acid complètement folles et percutantes qui me laisse penser que le Chroma est un univers sonore tellement vaste qu’il reste à ce jour beaucoup de choses nouvelles à explorer. Cest depuis son arrivée mon instrument favori , de loin…
Le Chroma n’est pas un énième synthé polyphonique analo 8 voices 2 oscillos per channel mais bien un instrument de musique au sens pur du terme : fait de bois et de métal et pesant 30 kg il offre niveau jeu - un clavier de piano électrique avec des touches en ivoire et une mécanique à lamelle comme dans les piano Rhodes. Le toucher est pianistique, toucher réel avec une vraie sensation avec le Keybed … pour rappel, le Rhodes Chroma est un projet de 1979, la réponse polyphonique de l’équipe Arp de Philipp Doddes. Le leitmotiv de fabrication est d’une autre époque, Doddes demandant à ses equipes « la réalisation du meilleur instrument possible quoiqu’il en coûte » …hélas la faillite de la société ARP empêche la sortie, à part 50 prototypes…
C’est donc Rhodes qui finalise le projet en lui incorporant un clavier Rhodes en 1982… mais il s’agit bel et bien d’un instrument ARP pur jus, la suite logique et polyphonique des projets 2600 et Odyssey.
Plusieurs particularités font du Chroma un monstre unique en son genre : conçu dans les années 70, il bénéficie de trois atouts liés à son interface de contrôle digital permettant: une semi modularité de l’organisation architecturale (patch), la multiplicité de formes d’ondes complexes sur les lfo et 50 presets. Le prix à payer est une interface simplifiée qui rendra cet instrument difficile à programmer pour l’époque - et malgré un certain succès (2500 exemplaires vendus) le Chroma va rester une référence confidentielle. Il a pour ambassadeur Herbie Hancock et Vangelis - qui aurait utilisé un prototype pour blade runner.
De nombreux synthetistes le considèrent comme le meilleur polyphonique de l histoire du synthé, offrant un grain 70 avec des contrôles plus modernes, des modulations invraisemblables, une palette immense et un caractère tout à fait spécial. C’est le cadeau de Arp car on retrouve cette sonorité propre à la marque - un 2600 polyphonique ?
L’idée de Rhodes de réduire l’interface à un seul data slider comme sur les synthèses typiquement 80 est de très loin le talon d’Achille de ce magnifique instrument. Mais c’est justement la que l’histoire commence à devenir sérieuse : game changer en vue. Car au cours des années 90, des utilisateurs amoureux du son fantastique de cette bécane vont pondre un processeur de substitution, la carte CC+, véritable upgrade ambitionnant de doter le Chroma d un processeur full midi sysex. Le projet est un succès.
Véritable révolution invraisemblable, la carte CC+ propulse ce vieux coucou proche du CS80 dans le futur en lui offrant désormais une totale midification intégrale de tous les paramètres de la machine. Vous l’aurez compris cette carte révolutionnaire transforme le contact avec l’instrument puisqu’elle permet de lui associer un controller à base d’un potard par paramètre.
Le Enabler est donc le bienvenue puisque c’est un outboard qui externalise tous les contrôles du Chroma. Véritable game changer qui autorise un contact live et tactile : le gros point faible du Chroma devient un de ses gros points forts. Car plus que permettre un contrôle sysex par un Enabler, la carte CC multiplie la mémoire preset par 4 (200 presets en 4 banks de 50) et permet une full automation midi de tout les paramètres de la bécane ! Totalement inédit sur du vintage (meme mon P5 rev4 ne peut pas faire autant), cette modernité fait saliver les possedants de CS ou de memorymoog….
Si à cela on ajoute les 15 architectures semi modulaires possibles et on comprend immédiatement la folie furieuse de cette machine. C’est également inédit pour de la synthèse analo vintage polyphonique. Techniquement, les polyphoniques 70/80 proposent chacun leur architecture propre c’est à dire une organisation fixes des principaux modules vco vca vcf … le prophet 5 par exemple propose une architecture qui est la sienne, de même pour le cs80 etc… mais le Chroma , grâce a son contrôle numérique des fonctions analogiques permet d’organiser l architecture au choix : on peut s’amuser à modifier l’ordre des filtres, les mettre en serie, en parallèle , injecter une modulation FM, bouger les vco, les vca …. selon 15 patchs proposés. Ça revient à avoir 15 synthèses polyphoniques différents. Complètement fou. Mais c’est pas tout. On peut associer ces différentes architectures avec le mode de répartition des oscillos par voix grâce à l algorithme keyboard : on peut faire un mode monophonique à 16 oscillos ou différentes répartitions polyphoniques (8 voix 2 osc ou 4 voix a 4 oscillos ou mode mixte ou l’on part d’une note à 16 oscillos puis chaque nouvelle note divise et change le nombre d’oscillo per notes…) … tout ça avec le crépitement organique d’une sonorité organique sauvage et débridée typique des premiers synthés
Avec les controllers, l’édition devient facile mais nécessite quand même de la maîtrise car le Chroma offre des possibilités multiples de modulations. La synthèse s’articule autour de deux couches À et B comprenant chacune 1 oscillos, 1 filtre, 1 lfo et 2 adsr soit un total de 2 vco 2 vcf 2 vca 2 lfo et 4 enveloppes avec à chaque fois une triple modulation possible…. On peut se perdre dans le dédale des possibilités pour le meilleur comme pour le pire.
Des le premier soir , j’ai obtenu des presets renversants - complexes mais surtout musicaux avec des « sweet spot » de partout. La découverte de la synthèse m’a offert quelques accidents magiques révélant un potentiel auquel je n’avais jamais eu accès reléguant au rang de jouets à peu près tout les synths polyphoniques que j’avais précédemment eu ou testé - exception faite des synthèses d’excellence.
La lune de miel est passé et j’ai commencé à m’habituer à l’instrument - pourtant toujours aucune lassitude à ce jour malgré le fait de passer des heures à buller sur le son. Les filtres ne sont jamais cassants même ouverts à fond - les territoires sonores me semblent extrêmement larges et la palette variée. Le chroma se programme comme du modulaire et il faut pouvoir penser la multimodulation qui peut être spectaculaire ( quand on combine trois sources de modulation différentes sur un meme paramètre) ou les modulations emboîtés (modulé la modulation)...
J’avais peur d’un instrument très sound design mais ici la texture l’emporte toujours - et des programmations complexes restent la plupart du temps signifiantes et belles car il y a dans le Chroma une sensation acoustique assez invraisemblable. La sonorité reste empreinte du monde ARP, j’ai parfois des sensations de 2500 quand j’utilise les filtres en parallèle… j’avais peur aussi d’un instrument « passéiste » sonnant très Blade Runner , Oxygen ou Moon Safari. Il est certain que le caractère 70 est très présent avec tout ce que ça peut représenter de clichés et de mille fois entendus mais ça le fait tellement parfaitement que je ne suis surpris à me laisser prendre par des grosses nappes Vangelis et y prendre goût… celui qui recherche cela sera évidemment servi comme jamais. Mais la multiplicité des formes d’onde des lfo apporte à la synthèse un goût de modernité qui m a permis aussi de créer d’énormes Bass Acid complètement folles et percutantes qui me laisse penser que le Chroma est un univers sonore tellement vaste qu’il reste à ce jour beaucoup de choses nouvelles à explorer. Cest depuis son arrivée mon instrument favori , de loin…