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Roland JX-3P
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Roland JX-3P

Clavier synthétiseur analogique de la marque Roland

8/10
Soft_Knee Soft_Knee

« JX-3P Tu es un Bombardier en Piqué Surdoué! »

Publié le 15/04/18 à 13:04
Rapport qualité/prix : Excellent
Cible : Tout public
Difficile de dire des choses nouvelles sur un classique, à moins d'avoir un point de vue peu commun ou décalé, ou d'avoir une compétence particulière en la matière. Je ne réclame pas ici une exceptionnalité de l'un ou de l'autre, mais j'ai été l'heureux possesseur d'un Juno-6 pendant plus de trente ans, et je viens de bichonner un JX-3P aux petits oignons (réparation, nettoyage, calibration complète dans les règles de l'art, réglage, installation d'un kit MIDI.) Je vais noter des points précis et documentés sur les aspects de synthèse et d'usage du JX-3P en comparaison du Juno, et montrer je l'espère à quel point il est dommage que l'un soit porté aux nues, tandis que l'autre est minoré, parce qu'à la fin de la journée, ce devrait être tout l'inverse. J'espère sincèrement que ceux qui pardonneront la longueur de cet avis, trouveront à nourrir leur réflexion le jour où ils croiseront un JX-3P, et que cette contribution les encouragera à franchir le pas et à passer outre les préventions et l'impression que donne le JX-3P à cause de ses boutons et de son interface ingrate.

C'est à ce titre que je veux parler du JX-3P, et retordre mille fadaises lues à son sujet, et au sujet d'autres synthés de la même époque, notamment le Juno, et qui sont totalement à l'ouest de la réalité du JX-3P et de comment il sonne une fois remis en état de fonctionner correctement.

D'abord il faut insister sur une chose, si vous achetez un JX-3P pour ce qu'il est, un synthétiseur analogique vintage, vous ne devez pas faire l'impasse sur un PG-200 (ou à minima, un kit MIDI permettant de mapper un contrôleur à ses paramètres), faute de quoi, vous vous fatiguerez du JX-3P avant d'avoir découvert les arcanes de son architecture, et vous passerez à côté de ce qui fait son intérêt majeur, à savoir le fait d'avoir deux mains pour faire varier au moins deux paramètres en même temps. En effet sur le JX-3P seul il n'y a qu'un seul fader de contrôle, qui ne permet de contrôler qu'un seul paramètre à la fois, et aucun écran, de sorte qu'il est impossible de savoir où on en est du paramétrage.

Ceci dit au sujet du PG-200, il faut aussi reconnaître que le JX-3P sans PG-200 est très praticable, parce que son layout est simple et sérigraphié sur la partie droite, et qu'un ingénieux système de sélection des paramètres, ainsi que l'affichage lumineux de leur valeur (mais affichage individuel), permet très vite de faire tous les réglages nécessaires à quelqu'un qui connaitrait bien sa synthèse. Le PG-200 est beaucoup plus pratique et surtout il permet de découvrir pleinement le potentiel du JX-3P, d'où son usage bien plus judicieux pour aborder l'appareil, que la sérigraphie.

Ensuite il faut oublier les presets, ils sont datés, très quelconques pour la plupart, et il est beaucoup plus intéressant et créatif tout de suite d'appuyer sur le bouton "Manual" du PG-200, pour revenir à la synthèse en temps réel. Il y a néanmoins 2 banques de presets personnalisables, qui sont très utiles bien entendu, mais tout le fun du JX-3P se trouvant dans le contrôle en temps réel de la séquence que l'on a préalablement enregistrée dans le séquenceur, ce n'est pas avec 32 presets perso que l'on décoller sur le JX, mais manuellement.

Reprenons depuis le début, on lit très souvent le JX-3P est un gentil synthé un peu mou et qui n'a pas le grain du Juno, puis on lit tout aussi souvent qu'il est une sorte de diamant caché dans une gangue de boue, et même qu'il est un mini Jupiter. Tout ceci est vrai, les propos minorant le JX à cause d'appareils mal réglés ou mal calibrés, les propos l'encensant grâce à la réalité de ses entrailles : le JX dispose de deux oscillateurs, comme le Jupiter, à la différence du Juno, qui n'en peut mais avec son sub carré non paramétrable.

La procédure de calibration du JX-3P est relativement simple, on la trouve dans le manuel d'entretien, qui est tronqué à peu près partout sur la toile, sauf sur le site de kiwitechnics à cette adresse où il est complet https://kiwitechnics.com/index_htm_files/Roland%20JX-3P%20PG-200%20Service%20Manual.pdf
Cette procédure demande des oreilles, un multimètre, mais surtout des oreilles, un tournevis, et de la patience. Vous trouverez aussi de nombreuses informations utiles sur les modes cachés du JX-3P, à cette adresse http://www.florian-anwander.de/roland_jx3p/jx3p_howto.htm

La procédure de calibration permet principalement d'accorder les oscillateurs (VCF TUNE), de régler l'offset des enveloppes (VCA DC BALANCE), et de rétablir l'intégralité de la résonance du filtre (VCF RESONANCE)

De cette calibration va dépendre si vous parviendrez tant bien que mal à voltiger à basse altitude en ULM poussif, ou à partir direct dans les sphères intergalactiques à bord du majestueux condor. Notamment, l'accord des oscillateurs offrira une régularité pulpeuse dans les nappes, l'offset des enveloppes assurera une dynamique claquante sur des temps très courts, et l'augmentation de la résonance permettra de faire usage de la résonance du filtre pour obtenir toute la gamme des sinusoïdes dont on lit partout que le JX-3P est incapable, ce qui est totalement faux. (la résonance n'est pas modifiable sur la réédition numérique Boutique du JX-3p, et c'est au moins une différence majeure, définitive et incontestable en faveur du JX-3P de 1983!)

Si ces réglages sont défectueux ou que les composants ont dérivé au fil des années, on a de nappes pas nettes à cause des variations de niveau ou de coupure de fréquences d'un oscillateur à l'autre, des enveloppes mollassonnes et un manque de patate flagrant, et on reste bloqué en secondes sur la résonance, sans pouvoir passer le voile de l'auto-oscillation, ce qui élimine d'emblée la majeure partie de la palette de sons que l'on espère tirer d'un tel synthé aujourd'hui (à l'époque, il est compréhensible pourquoi le réglage de la résonance avait été bridé, ces sons n'avaient pas leur place dans un synthé à presets cherchant encore à imiter les sons des instruments réels, mais aujourd'hui, on veut que le filtre hurle, et la résonance à fond offre alors tout ce qu'il faut pour cela!)

J'encourage les heureux possesseurs d'un JX-3P, ou bien à passer un moment à faire ces réglages, ou bien à les faire faire, parce que ce n'est plus du tout le même instrument avant et après! De plus, j'encourage à installer un kit MIDI. Deux options, le kit Kiwi mais qui n'offre semble-t-il qu'un support problématique au PG-200, et qui cherche à pousser le JX-3P au delà des limites où il se met à créer tout un tas de sons parasites et de problèmes de fonctionnement (le kit Kiwi passe le JX d'une trentaine à presque 90 paramètres, ce qui rend son usage très complexe. D'expérience, à un certain point où l'on booste la fréquence de fonctionnement et le routing des signaux dans un engin ancien, ça "fonctionne" mais au prix de tout un tas de problèmes difficiles à régler - peut-être vaut-il mieux carrément passer sur un autre synthé à ce moment là.) Ou bien le kit Organix/River Media Tech, qui se contente de rétablir la situation où l'on ne pouvait utiliser le PG-200 en même temps que le MIDI sur le JX-3P, rendant impossible le séquençage externe de ses paramètres (usage le plus utile pourtant crucial dans le contexte de l'utilisation actuelle du JX-3P)

Fort de cela, le JX-3P est un synthétiseur intégralement pilotable en control changes (#cc), qui met sa race au Juno de la plus évidente des façons! D'abord, tout ce qui est possible de faire sur le Juno, arpégiateur compris, l'est sur l'oscillateur 1 du JX-3P (à l'exception du mode Unisson du mode test du Juno, mais qui de toute façon est problématique puisque le Juno ne dispose pas d'une enveloppe unique - autrement dit ce mode ne réagit pas du tout comme sur un monophonique, les enveloppes s'entrecoupent tout le temps, et c'est inutilisable pour faire de beaux soli gras par exemple.) Ensuite le JX-3P dispose d'un second oscillateur par voie, entièrement paramétrable, sur 5 octaves, détunable finement, synchronisable de plusieurs façons, et alors bye bye la simplesse du Juno, le JX-3P déboule directement en effet sur le territoire sonore du Jupiter!

Et ce deuxième oscillateur par voie n'est pas un doublement du potentiel, mais une mise en combinatoire, parce que le résultat sonore est désormais fonction des paramètres A X (fois) les paramètres B. C'est toute la richesse de l'instrument, une trentaine de paramètres dont une matrice de 12 fois 12 (+ bruit) possibilités pour les timbres, augmentées de toute la problématique tessiture/accord fin/synchronisation de l'oscillateur 2. Le Juno est ridiculisé par le JX-3P!

Sur le Juno, on a artificiellement un boost des graves à 6dB sur la sortie pour pallier à la faiblesse de l'ensemble, comme le révélaient les ingénieurs de Roland dans un article récent (ici en français) https://www.roland.com/fr/promos/roland_boutique/interview_2/ (on y lit une confirmation que le 106 était une version cheap du 6 et 60, qui sont du même niveau d'exigence de qualité que le Jupiter, tandis que le JX-3P était une tentative de se positionner entre les deux, pour ce qui est de sa qualité de fabrication) Ce boost explique pourquoi le Juno est regardé comme un synthé chaud bouillant et très pertinent pour les graves. Mais le JX-3P n'est pas en reste, pour peu que l'on utilise sa sortie casque, on récupère un signal bien plus chaud que la sortie ligne, (d'ailleurs bien plus propre que sur le Juno, pour peu que les condos de filtrage de sortie ne soient pas ratatinés par les années), et dans ces conditions, tout aussi artificiellement, on obtient un boost sur l'ensemble du spectre du JX-3P, rattrapant largement celui du Juno (et tout le loisir ensuite de tamiser les fréquences hautes sur une table ou dans une STAN)

Des fonctions cachées du JX-3P, on peut retenir que les LEDs peuvent afficher tout ce qui se passe dans le séquenceur, les voies, et que divers modes de priorité de celles ci sont disponibles, ainsi qu'une troisième banque de preset utilisateur, des presets test utiles pour direct avoir des sinusoïdes prêtes à l'emploi (osc 2 uniquement et sur Noise, résonance à fond, et on fait tout ce dont le Juno est capable en terme de basses monstres, et tellement plus!), et encore que moyennant l'installation d'un kit MIDI ou de la mise à jour de l'EPROM (15 euros sur ebay..), le JX-3P devient sensible à la vélocité. Pardon quoi? Oui, le JX-3P, piloté depuis un clavier maître, est un synthé top moumoute où il devient loisible de jouer du filtre, de l'enveloppe et du volume (via Pitch Follow et Env Mod) de façon expressive au clavier! Si le JX-3P est midifié par un kit supplémentaire, via un clavier maître digne de ce nom, il suffit ensuite d'assigner l'aftertouch à un paramètre de son choix, et le JX-3P réagit alors même de façon totalement impossible à concevoir sur un Juno 6 et 60! (le 106 le fait mais sonne maigrichon à côté)

Avant de passer à la valeur ajoutée la plus sublime du JX-3P, parlons les trucs qui fâchent, le LFO n'est pas dans le domaine de l'audio, c'est vrai, il reste une source de modulation strictement, et de façon très musicale, il se limite à l'animation du son. Mais d'un part, il dispose dune mode carré, Sample&Hold (aléatoire), et même d'un mode Noise (caché, il suffit d'appuyer sur le paramètre 4 quand on appelle la fonction), ce dont on rêverait sur un Juno. Au point que j'avais cherché du côté d'un séquenceur de modulation, du temps où j'avais mon Juno, pour enfin pouvoir sortir de la seule sinusoïde de son LFO. Du coup, comme je l'ai gardé (Electro-Harmonix 8 Step Program), il me sert à présent de super LFO (et matrice, puisque tous les paramètres du JX-3P sont accessibles par #cc envoyés depuis le 8 Step Program via l'entrée modulation d'un clavier maître), de quoi affoler le JX dans le domaine de l'audio. Bref, cette question de la lenteur relative du LFO du JX, ne fâche pas plus que cela, son LFO se cantonne à la vitesse où il est utile musicalement, c'est le plus important.

Idem pour les enveloppes, elles sont contrôlées numériquement, on crie au scandale, mais d'une part comme j'ai indiqué, une fois le réglage effectué, on obtient tout le claquement voulu sur des temps courts, puis d'autre part l'inverseur Gate de l'enveloppe, permet d'accéder à toute la palette des enveloppes en dur et bien consistantes (en usage ou non avec le bouton Hold et éventuellement en choisissant le mode voulu de priorité d'usage de la polyphonie en fonction de ce que l'on cherche à jouer pour éviter les coupures.) Pas aussi rapide que sur un Moog? Certes non, mais polyphonique, programmable, avec presets, pilotable en MIDI, un superbe chorus, et un grain beau comme les blés!

On a dit aussi d'autres bêtises sur le scaling du PG-200, parce qu'il n'émettrait qu'en 8 bits, et pas en 14 comme sur les contrôleurs modernes tout ça tout ça. Quelle ânerie! Rétrofité en MIDI, le JX reçoit et émet en 7 bits, et on peut entendre (un peu l'escalier), mais le PG-200, quand il communique avec le JX-3P, émet en 8 bits : on entend aucun scaling sur un filter sweep même assez lent, en revanche la discrétion des commandes (discrétion s'oppose ici à la continuité d'un potard, qui elle même est toute relative à la taille de ses pistes) permet quelque chose de très musical dont le Juno est totalement incapable : quand on est lancé dans un motif du séquenceur et que l'on pilote à vue l'enveloppe timbrale avec le potard du filtre ou de la résonance sur le PG-200, on PEUT obtenir manuellement des effets de palier qu'il faudrait des heures pour dessiner finement à la souris sur une automation dans une STAN, autrement dit, les 8bits du PG-200 sont assez de résolution pour que l'on entende pas le scaling si l'on sweepe, et la taille des boutons du PG-200 avec cette problématique du 8bits permet une musicalité surprenante et très efficace, totalement inouïe sur le Juno.

Au sujet du Juno et en comparaison, dans les modes de formes d'onde proposées par le JX-3P, manque la PWM, c'est vrai, mais que l'on songe à ce qu'est la PWM relativement à la cross-modulation de deux oscillateurs sur une même voie, quand ils ne sont pas synchronisés sur la même horloge. Voilà, il n'y a pas de PWM à proprement parler sur le JX-3P, mais il y a la batterie de cuisine pour la concocter à sa sauce, avec toutes les variantes possibles, en ajustant le différentiel entre les deux oscillateurs.

Au chapitre des réels regrets toutefois, le manque d'une entrée expression pour une pédale d'expression. Bon, c'est un fait.

Mais sitôt ce regret prononcé, il faut dire aussi que la liste des modifications possibles du JX-3P est longue comme le bras, et très bien balisée (cf la page mentionnée plus haut par exemple). Il est possible de tout implémenter facilement sur ce synthé, en soudant des fils et rien de plus ou presque, quelques résistances tout au plus : entrée audio vers le chorus, vitesse variable du chorus, modification de la plage du sweep du fader Brillance (vraiment très timide sur l'original), pour les plus simples, et la liste est longue ensuite des modifications capables de vraiment augmenter les possibles (jusqu'à la liste complète offerte par kiwitechnics)

J'en viens à l'aspect le plus surprenant pour moi de ce JX-3P. C'est son séquenceur. Sur ces claviers vintage, on s'ennuie très vite à jouer les notes, même si le JX-3P répond à la vélocité, ce qui en fait un synthé actuel sous cet aspect, on est forcément limité par son répertoire, et alors le piano est tellement mieux pour jouer la musique au clavier. Dans ces conditions, tout ce qui peut permettre de donner une base musicale au synthé, pour offrir de se concentrer sur l'évolution dans le temps du son (timbre, enveloppe, filtre, modulation), ouvre sur des heures de créativité poétique et hypnotique, ensorceleuse et méditative.

Sur le Juno et nombre de machine de l'époque, on a un arpégiateur, super. Mais sur un arpégiateur, on est limité dans la grille temporelle, et quant au parcours des intervalles, ça monte et ça descend sur une grille unique, et en passant par tous les points. C'est très vite chiant comme la mort, pardon, et pourtant il suffirait de décaler une seule note d'un seul temps, pour que tout prenne une dimension totalement différente. Le séquenceur du JX-3P avec ses 128 pas, et la liberté totale des intervalles, de la polyphonie et des silences, allié avec une amplitude de tempo très vaste, offre LA merveille, THE wonder du JX-3P, parce que très vite, on compose une séquence qui tourne, et qui vous hypnotise totalement. Faites l'expérience, une séquence simple, laissez tourner 5 ou 10 mn sans plus y toucher, allez vous faire un café, tout en ne prêtant plus attention à cet événement sonore, vous êtes plongé dans une dimension du temps nouvelle, vous accédez à la durée, une épaisseur du temps qui vous emporte en poésie. Sans rire! Au retour de votre café alors, bouger d'un poil le filtre, ouh là! La lumière a changé soudain! Le monde s'est ouvert, ou fermé, le drame a avancé d'une heure, le vaisseau spatial a décollé, vous êtes à bord, destination la Dolorean de Doc en 1983, sauf que c'est 2018 et que c'est Rick qui vous Mortyse!

Le JX-3P est le plus poétique des synthétiseurs de Roland à cette époque, les chercheurs de pépites s'affolent du Juno qui est une planche de surf des années 60 en comparaison de de jet-ski de science-fiction, et c'est une misère totale pour les musiciens, qui passent à côté du JX-3P sans même sentir leur erreur!

Il ne faut pas s'y tromper, il reste encore des dizaines de JX-3P à 600 balles dans les internets, avant que tout le monde ne s'aperçoive de la méprise dont il a été l'objet absurdement, qu'on se le dise! Si vous voyez passer un JX-3P, ravalez votre moue, déplacez-vous voir en personne, et gardez en tête cette idée d'hypnose séquentielle lors de vos essais. Puis lorsque vous en serez à lire les avis et commentaires sur la toile avant de vous décider, dites-vous bien une chose, tous les avis négatifs sont dus à des gens qui n'avaient pas la ressource personnelle de rejoindre cette vie poétique en une petite séquence de 128 pas, ou alors qui furent victime de JX-3P inadéquatement réglés, tandis que tous les avis positifs vont dans le même sens, dans toutes les langues, et à toutes les époques : le JX-3P est un géant minimisé par le seul jeu des arbitraire des circonstances!

Pour moi c'est simple, nombre de ces synthés vintages ou modernes, sont ennuyeux à mourir, parce qu'ils n'emportent nulle part, ou tournent en rond très vite (arpégiateur strictement), ou manquent de la magie du grain. A l'opposé de cela, le JX-3P, de façon totalement inattendue, se révèle immédiatement comme un véhicule spirituel, qui entraîne subrepticement vers chez Steve Reich bien souvent, ou aux belles heures de la techno des raves, ou à celles des découvertes de la synthèse à l'adolescence, ou selon ses références personnelles, des musiques sérielles, hypnotiques, auto-suffisantes et auto-conscientes, une dimension où l'on se trouve plongé et qui n'a plus cours dans le monde des réseaux hélas, et qui est un bien rare et précieux pour la vie du musicien, parce que partout alentour, en voie d'inaccessibilité. Le JX-3P mène à ces territoires à (re)défricher du temps suspendu, il est à ce titre un puissant psychotrope (et je ne fume plus rien depuis des années je vous rassure!) : ce qu'un synthétiseur devrait toujours être, et que très peu parviennent en fait à seulement approcher d'être.