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< Tous les avis Siel DK 80
aurélien chubilleau aurélien chubilleau

« Un look curieux, mais de réelles possibilités, et un son particulier »

Publié le 22/07/08 à 14:38
Rapport qualité/prix : Excellent
Cible : Tout public
Comment situer le DK-80 ? C'est un synthétiseur analogique polyphonique 12 voix, clavier 61 touches sensibles, sorti en 1985. C'est en quelque sorte le champ du signe de la marque italienne SIEL, puisque en est l'avatar le plus perfectionné.

Il s'agit en fait un synthé basé sur deux canaux séparés. Chaque canal dispose de : 1 DCO, 1 VCF, 1 EG pour le DCO et 1 pour le filtre, 1 LFO pour le DCO et 1 pour le filtre. Les enveloppes sont à six points, de type ADBSSR. Cela donne au total : 2 DCO, 2 VCF, 4 EG, 4 LFO, 1 générateur de bruit affecté au canal B. Chaque canal est polyphonique 6 voix, et on peut soit les superposer pour obtenir 12 voix de polyphonie avec le même son, soit spliter le clavier à n'importe quel endroit pour jouer deux sonorités différentes.


Côté oscillateur, on a droit à un DCO par canal, de type SSM -comme les premiers Prophet 5, et le Polysix, par exemple-, pour proposer les formes d'ondes triangle ou carré. La particularité est qu'on utilise la forme d'onde carré comme sur un orgue, c'est-à-dire sous la forme d'une synthèse additive, en modulant le contenu harmonique sur les pieds 2',4',8' et 16', comme sur un Poly-800, par exemple.

Les filtres, de très beau SSM 2045,sont résonnants, passe bas 24db/octave, mais la résonance n'atteint pas l'auto-oscillation.

Un gros défaut de ce clavier (et qui, certainement explique qu'il se soit peu vendu), c'est la mémoire. 40 Présets sans grande originalité, quoique certains soient sympas, et seulement 10 emplacements mémorisables. Pour un synthé de 1985, c'est franchement léger. Il faut donc avoir recours à une cartouche externe pour mémoriser 50 sons, et sans celle-ci l'instrument est peu utilisable pour la synthèse.

Côté midi, il correspond a ce qui est courant à ce moment là et la connectique est complète. En revanche, pour ceux qui assument le vintage jusqu'au bout, il existe une interface SIEL MCI pour le relier à un ZX 81, un Apple II, un Comodore... et éditer le synthé par le biais d'un logiciel dédié.

UTILISATION

On est dans les années 80, et c'est donc le règne de l'interface façon calculette. l'OS est plus lourd que ce qu'on trouve sur les Korg de la même époque car on doit toujours valider un choix de paramètre ou de programme en appuyant sur une touche ENTER. Le changement des valeurs s'opère par le biais de deux touches plus et moins, mais il n'y a pas de potard pour les seconder. De plus, chaque paramètre doit être rentré séparément sur le canal A puis le canal B par un bouton sélecteur.

Vous l'aurez compris, l'ergonomie demande une certaine habitude, et pour le jeux live, c'est assez pénalisant.

Heureusement le manuel d'emploi est très clair.

SONORITÉS

Tout en étant italien, le DK 80 n'a rien du petit orgue Bontempi qu'on offrait à Noël aux gamins de 10 ans. De la même façon, si son look fait furieusement penser aux Korg Poly-800 ou DW 6000, il ne sonne pas du tout de la même manière. Le gros point fort du DK 80 réside dans ses filtres et oscillateurs, de type SSM, et non pas CEM comme la plupart de ses concurrents. Le filtrage est très différent, et d'une façon générale la dynamique en sortie paraît plus puissante. Les SSM, à l'évidence, offrent un grain unique. Ce n'est pas un synthé américain certes, mais ce n'est pas non plus un instrument japonnais, dans ce sens ou le SIEL ne fait pas dans la finesse. En particulier les lead et les cuivres sont puissants, et les basses très grasses. Tous les classiques analogiques sont possibles. Les cordes peuvent paraître "cuivrées", cependant, et c'est d'ailleurs là une caractéristique des SSM. Les orgues sont bons pour qui aime les sons légers et aériens (c'est italien...), mais peuvent se montrer très présents et riches en harmonique. Le Siel DK80 étonne aussi par sa capacité à produire des sons electro très actuels, très punchy, grâce à ses générateurs d'enveloppe efficaces. Il ne fait pas dans la finesse, quoique...

Les 2 filtres et les 4 LFO permettent des combinaisons intéressantes, même si l'architecture de chaque canal reste classique. Pas de Poly-mod comme sur un Prophet ou un OBX, pas de FM possible non plus, mais il se rattrape sur les LFO.

Le SIEL DK 80 n'est pas un analogique tout à fait classique, entre autre par la présence de ses deux filtres séparés et générateurs d'enveloppe sophistiqués. Il est très complet, bien plus qu'un Juno 106 ou un Apla Juno. Sans être parmi les meilleurs, à cause malheureusement d'une interface moyennement ergonomique, et l'absence de poly-modulation, il est loin d'être le plus mauvais. En résumé, voilà un synthé peu connu, à l'aspect d'un jouet, mais réellement puissant et étonnant. Il mérite d'être connu... et... Il aurait mérité mieux en terme de finition.

AVIS GLOBAL

J'ai personnellement un set de synthétiseurs des années 1980, et dans ce décors le SIEL DK 80 ne jure pas. J'ai eu l'occasion en plus de vingt ans de jouer sur une cinquantaine de synthés différents, soit pour un petit essai furtifs, soit pour quelques heures, ce qui me permet d'affirmer que le SIEL n'a pas à rougir de ses capacités sonores, comparé à d'autre analogiques polyphoniques de la même époque. Mais quel dommage que la mémoire d'origine soit aussi limitée ! Il faut donc impérativement avoir recours à la cartouche externe... et courir les annonces pour mettre la main dessus. Ou sinon, le connecter à un ordinateur, et avoir recours aux Sysex.

Parmi les défauts on note une finition toute en plastique assez légère, qui n'est pas à la hauteur des Korg du moment, par exemple, et un clavier peu agréable au premier abord, semblable à celui d'un jouet. L'ensemble parait fragile, sans pourtant l'être vraiment. Défauts qui se transforme en qualité au moment de l'emmener : le DK 80 est très léger.

Cela dit, le SIEL DK 80 fait oublier ses défauts au regard de sa cote actuelle, au ras des paquerettes, car il très peu connu. Il est aussi très rare et voilà bien son dernier défaut ! Mais le jeu en vaut la chandelle...