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babouche369 « un missile qui a raté sa cible... »
Publié le 21/09/12 à 21:48
Rapport qualité/prix :
Correct
Cible :
Les utilisateurs avertis
PRÉAMBULE
J'ai longtemps négligé cette machine, l'utilisant que comme piano numérique et clavier maître. À la faveur d'une re-disposition récente de mon studio, elle a trouvé une place différente, qui me pousse beaucoup plus à en explorer les capacités. Celles-ci sont tellement nombreuses que je suis loin d'en avoir fait le tour, je vais donc mettre à jour progressivement cet avis – qui risque d’être très long! Pour bien connaître une machine, il faut en avoir une image mentale, connaître ses forces et faiblesses, savoir rapidement comment obtenir un résultat.
PRÉSENTATION
Workstation complète avec synthé (rompler + physical modeling), sampler, effets, séquenceur et enregistreur audio. Disque dur intégré de 40 Gb, connecteur pour disque dur externe et lecteur de cartes Compact-Flash. Boitier solide (et lourd), pleins d'entrées/sorties, sur le papier, tout y est. J'ai la version 8HD, et le clavier Fatar TP6 est vraiment excellent (seul regret : l’aftertouch est mono). Cela dit, c'est la troisième machine que j'ai, les deux premières avaient des touches non fonctionnelles. Apparemment le connecteur clavier supporte mal le transport.
Polyphonie largement suffisante, bref, il avait tout pour gagner sauf ….
UTILISATION
... sauf que le système d'exploitation est complètement loupé. J'ai lu quelque part que programmer le Fusion, c'est comme construire un bateau dans une bouteille. Rien n'est plus vrai, l'ergonomie est quasi-inexistante.
Le séquenceur est une vraie honte, avec de graves lacunes comme l'absence de punch-in/punch-out et le métronome qui se mélange les pinceaux avec une signature autre que 3/4 ou 4/4
Le temps réel fonctionne bien. Appuyer sur "Song", "Add track", "Record + Play", le métronome embarque, deux mesures de décompte, et roule.
Cependant, l'édition est pitoyable, il est facile de faire des erreurs et est d'une lenteur inexorable tant par l'ergonomie que l'algorithme mal conçu. Par exemple, pour replacer une note: "Track" puis "Next Next ..." jusqu'à la bonne piste, cocher avec "Inc" (ne pas oublier de décocher les autres pistes), "Track Events", "Next", sélectionner la note avec la molette, "Next Next Next", puis modifier la valeur (entre 0 et 479) avec la molette; à chaque modification, le message "getting the list of events" s'affiche parfois quelques secondes (selon le nombre d'évènements). Puis "Prev Prev Prev" pour revenir à la liste des évènements.
Les commandes Cut/Copy/Clear/... existent bien, mais je n'ai pas trouvé par exemple comment copier des évènements d'une piste à l'autre.
On peut utiliser des mesures composées et changement de tempo grâce à la Master Track (similaire à Cubase), mais celle-ci est un peu cachée. On y accède via l'édition des évenements d'une piste (Track Events), puis on change la piste à éditer: la Master Track s'y trouve.
Bon, avec un peu d'habitude on s'en sort, mais l'érgonomie et la logique de travail (workflow) est clairement le point faible de cette machine.
La documentation n'est pas d'une grande aide, car elle est organisée de manière linéaire, c'est à dire en listant les paramètres et en expliquant succinctement ce qu'ils font. Avec une machine aussi complexe, je pense que la documentation aurait dû être organisée d'une manière plus thématique: comment créer un programme ou un mix, comment utiliser le séquenceur, ...
Autre mauvais point pour Alesis, l'implémentation MIDI n'a jamais été donnée; résultat, impossible d'écrire un éditeur qui permettrait de s'affranchir de l'interface.
Au niveau audio, la pédale de sustain provoque parfois des glitchs audibles (manque un filtrage).
Mais pire, il plante de temps en temps lorsque les DSP sont surchargés! Bon rarement, peut-être 3-4 fois depuis que je l'ai, mais quand même.
SONORITÉS
Là cependant, rien à dire: le son est tout simplement EXCELLENT !! Franchement, il y a tout ce qu'on veut. Les pianos sont merveilleux (ça bat mon Kurzweil, c'est dire), des strings magnifiques, des nappes somptueuses, des sonorités synthétiques dans tous les registres, pléthore d'excellents kits de drums, bref dans ce domaine, Alesis a réussi son pari. Le miens possède toutes les banques HollowSun, c'est de haute tenue. Une petite réserve pour les sonorités à modélisation, un peu arides comparées aux samples.
Comme je possède une SR16 de la marque, l'idée d'utiliser kits de drums du Fusion et le séquenceur de la SR16 m'est évidemment venue. Déception cependant! Même résultat avec une Yamaha RX11. Le problème vient des patterns dont la longueur des notes est trop longue: le Fusion ne détecte par le NOTE OFF et fini par décrocher. Mais en enregistrant les patterns sur un séquenceur MIDI (genre Cubase) et en réduisant la longueur des notes, ça marche impec.
Le filtre est superbe, moelleux et diablement efficace, le EQ est excellent. Bon point, le panneau de gauche est lui assez ergonomique.
Parfois, lorsqu'on change de son en mode Program, certains paramètres (filtrage, EQ) ne sont pas réinitialisés. Appuyer alors sur "Mix", puis à nouveau "Program" pour corriger.
Les Mix regroupent plusieurs Program répartis sur le clavier et associés ou non à des arpèges (plus de 1000 disponibles!) et des effets. Par défaut, chaque Program est associé au canal midi Global (pour tout le synthé), mais peut avoir son propre canal. En mode Mix, la touche Mixer permet rapidement des régler certains paramètres des programmes: volumes, pan, effets, etc... Pas mal !
Les Mix fournis sont de qualité, mais plusieurs sont typés hiphop, qui n'est pas trop mon style. Par conséquent, je les utilise peu, et je ne me suis jamais appliqué à peaufiner les quelques Mix que j'ai créé (dont un mix générique GM, avec 16 programs répartis sur les 16 canaux, pour être utilisé avec un ordinateur). Personnellement, je joue surtout en mode Program.
-- Edit --
20 ans après avoir acheté cet appareil, je viens 64 sonorités que je n'avais jamais explorées! La raison: j'accède aux sonorités directement (sélection de la banque, puis les touches A à P et 1 à 8, soit 128 programmes). Mais pour la banque Preset 5, il y a encore 64 programmes au-delà de P8, qu'on accède par la molette ou avec les touches Inc et Dec.
PROGRAMMATION
La génération sonore est assurée par 2 DSP, mais je ne saurais dire lesquels, n'ayant pas ouvert la machine (*). Il y a plusieurs moteurs de synthèse disponibles: sample, drums (qui sont aussi des samples), analog, FM, et deux moteurs de modélisation physique: reed et wind.
Notons que les modèles physiques sont différents et incompatibles avec les Ion et Micron.
Le nombre de voix dépend du moteur utilisé. De même pour les paramètres lors de l'édition des programmes. Et ils sont nombreux ces paramètres ! Je pense qu'en l'absence d'un éditeur, pour tirer pleinement partie des moteurs de synthèse, il faut se faire des fiches de programmation; c'est regrettable qu'Alesis n'en propose pas dans le manuel.
Matrice de modulation
Il y a 2 matrices de modulations distinctes: une pour les programmes, une pour les effets. Comme elles sont indépendantes, on ne pourra pas utiliser la même source dans les deux. Par exemple si l'encodeur assignable 1 est utilisé dans la matrice Program pour modifier un paramètre, puis que je décide d'utiliser le même encodeur pour modifier un paramètre d'effet, l'action sur l'encodeur modifiera mon effet, mais pas le programme. A priori la dernière matrice modifiée a préséance.
Le nombre de sources et de destinations étant variable (par exemple, on peut avoir jusqu`à 8 LFO), on dispose de 32 "slots", c'est à dire de points de connexions où l'on indiquera la source, la destination et la valeur. Cette dernière peut être additive (on ajoute ou retranche - si la valeur est négative - la modulation au paramètre modulé) ou multiplicative.
Au sein d'une matrice, plusieurs sources peuvent être affectées à la même destination, celle-ci pouvant être le taux de modulation d'un autre modulateur.
Parmi les sources, on trouve la vélocité de relâchement (c’est rare); affecté au pitch, ça donne un effet surprenant.
La valeur n’est pas uniquement linéaire; si besoin, on pourra y ajouter une table, un peu comme le Keyboard Level Scaling du DX7, le « papillon » sérigraphié sur le boitier. On peut définir une courbe avec jusqu'à 16 points d’inflexion !! Pour chaque point, on indiquera une abscisse (entre 0 et 100) et une ordonnée (entre -100 et + 100) et le Fusion dessinera la courbe passant par ces points!
Synthèse FM
6 oscillateurs comme le DX7, mais à la différence, il n'y a pas d'algorithme fixe: on décide qui module qui, un oscillateur pouvant être à la fois carrier et modulator! Mieux, chaque oscillateur peut avoir une autre forme d'onde que sinusoïdale, et surtout avoir une enveloppe dédiée au pitch (en terme DX7: un Pitch EG par oscillateur, et non uniquement global). Pour ajouter des enveloppes, des LFO, la vélocité (Keyboard Rate Scaling sur le DX7) ou l'équivalent du Keyboard Level Scaling, il faut passer par la matrice de modulation.
Sans oublier bien sur qu'on peut grouper plusieurs programmes FM dans un MIX, on a 240 voix disponibles, presque équivalent à 2 * Yamaha TX816 (256 voix).
C'est vraiment puissant, mais programmer ça avec l'interface, c'est presque pire qu'un DX7! Un exemple: sur le graphe général qui affiche l'algorithme, au lieu d'indiquer "Osc1", "Osc2", etc. qui oblige à décaler leur position pour pouvoir afficher toutes les lettres, un simple carré avec le chiffre aurait été plus lisible.
Sampleur
Je n'ai jamais utilisé le sampler, ayant d'autres machines pour cela. Il faudra bien que je le teste un jour...
Ce jour est venu, avec son lot de déceptions.
J'ai pris comme source sonore une Roland TR77, parce qu'elle est juste à côté de mon Fusion, mais aussi parce que je voulais sampler un pattern complet, puis le calibrer précisément (time-stretch). Je fais les connexions, et là première surprise: rien. Vérifications en tout genre (câble, gain, volume de la TR): pareil. J'essaie avec un synthé: ça marche. Explication: le gain n'est pas suffisant pour la TR77, il faudra passer par un préamp.
Je change mon fusil d'épaule et décide de sampler mon Yamaha CS01. Là ça marche. Notons qu'on peut utiliser autant l'entrée gauche que droite; le Fusion le détectera.
L'échantillonage, puis le "trim" sont très simple à faire, rien à dire. La fonction Zoom est là pour nous aider.
Vient le moment où je veux boucler: surprise, il n'y a pas de Zoom dans ce menu! Ni de bouclage automatique, il faut boucler à l'oreille.
Le reste des fonctions comme la création d'un programme est assez standard, similaire à Akai.
Effets
On dispose de 2 bus et d'un insert, avec pléthore d'excellents effets, Alesis est connu pour ça. Je détaillerais plus tard.
FIABILITÉ
Comme dit précédemment, c'est mon troisième Fusion, les deux autres ayant eu des problèmes de clavier à la livraison. A part ça, je n'ai jamais ouvert ce synthé, probablement le seul de mon arsenal qui n'ai jamais croisé mes tournevis
Je n'ai jamais eu de problème avec, hormis depuis quelques temps le potentiomètre de volume qui crachote un peu. Problème apparemment commun et facile à régler. Certains utilisateurs sont remplacés le disque interne par un SSD pour plus de tranquillité; je n'ai pas encore exploré cette possibilité, le bruit étant assez discret.
Avis Global
Alesis n'a clairement jamais fini cette machine. C'est dommage, parce que la partie audio est à la hauteur des ambitions et de la concurrence (Triton, Motif, Fantom). J'avais lu l'article dans Keyboard sur l'équipe de développement, et ça semblait prometteur. A mon avis, Alesis a mal évalué les coûts de développement, ou l'équipe de dev a pris du retard, et l'OS a été bâclé, certaines fonctions n'ayant même pas été implémentées. Résultat, ça c'est mal vendu (j'ai eu la mienne neuve au 1/4 du prix).
Mais ça reste le centre de mon studio, c'est toujours la première machine que j'allume.
Le Fusion est très complexe; il faut le voir non pas comme un simple synthé, mais plutôt comme un logiciel (genre DAW) avec une interface très limitée. C'est clairement un synthé puissant pour qui prend le temps de l'explorer. Si on prend ce temps, c'est un peu faire partie du cercle restreint d'initiés qui savent tirer profit de cet appareil, et qui ne se limitent pas à passer en revue les programmes (ce que j'ai longtemps fais, je l'avoue).
Alesis, s'il vous plait, relâchez le code qu'on puisse écrire un éditeur !!
Edit
D'après des infos de 2021 provenant de l'équipe de dev, les SYSEX n'ont jamais été implémentés, et le document sur le format des données (comment sont organisés les différents paramètres constituant un programme) ne s'est jamais concrétisé.
(*) Information reçu. Il y a deux moteurs de synthèse. Chaque moteur est organisé autour d'un FPGA Altera Cyclone EP1C4F324C8 (gestion des signaux) et regroupe un DSP principal TMS320C6713 de Texas Instruments + un DSP (AL3102) pour les effets Insert.
Le premier moteur possède un second DSP AL3102 pour les effets Bus, et 2 circuits AL3201B pour la reverb. Notons que les AL3102 et AL3201B sont des ASICS, c'est à dire des circuits spécialisés fabriqués conçus par Alesis et fabriqués par Wavefron.
Le second moteur ajoute un autre TMS320C6713 pour gérer l'enregisteur numérique, ce moteur étant aussi en charge de gérer le disque (direct-to-disk).
L'ensemble est géré par un microprocesseur Freescale coldfire MCF5249.
J'ai longtemps négligé cette machine, l'utilisant que comme piano numérique et clavier maître. À la faveur d'une re-disposition récente de mon studio, elle a trouvé une place différente, qui me pousse beaucoup plus à en explorer les capacités. Celles-ci sont tellement nombreuses que je suis loin d'en avoir fait le tour, je vais donc mettre à jour progressivement cet avis – qui risque d’être très long! Pour bien connaître une machine, il faut en avoir une image mentale, connaître ses forces et faiblesses, savoir rapidement comment obtenir un résultat.
PRÉSENTATION
Workstation complète avec synthé (rompler + physical modeling), sampler, effets, séquenceur et enregistreur audio. Disque dur intégré de 40 Gb, connecteur pour disque dur externe et lecteur de cartes Compact-Flash. Boitier solide (et lourd), pleins d'entrées/sorties, sur le papier, tout y est. J'ai la version 8HD, et le clavier Fatar TP6 est vraiment excellent (seul regret : l’aftertouch est mono). Cela dit, c'est la troisième machine que j'ai, les deux premières avaient des touches non fonctionnelles. Apparemment le connecteur clavier supporte mal le transport.
Polyphonie largement suffisante, bref, il avait tout pour gagner sauf ….
UTILISATION
... sauf que le système d'exploitation est complètement loupé. J'ai lu quelque part que programmer le Fusion, c'est comme construire un bateau dans une bouteille. Rien n'est plus vrai, l'ergonomie est quasi-inexistante.
Le séquenceur est une vraie honte, avec de graves lacunes comme l'absence de punch-in/punch-out et le métronome qui se mélange les pinceaux avec une signature autre que 3/4 ou 4/4
Le temps réel fonctionne bien. Appuyer sur "Song", "Add track", "Record + Play", le métronome embarque, deux mesures de décompte, et roule.
Cependant, l'édition est pitoyable, il est facile de faire des erreurs et est d'une lenteur inexorable tant par l'ergonomie que l'algorithme mal conçu. Par exemple, pour replacer une note: "Track" puis "Next Next ..." jusqu'à la bonne piste, cocher avec "Inc" (ne pas oublier de décocher les autres pistes), "Track Events", "Next", sélectionner la note avec la molette, "Next Next Next", puis modifier la valeur (entre 0 et 479) avec la molette; à chaque modification, le message "getting the list of events" s'affiche parfois quelques secondes (selon le nombre d'évènements). Puis "Prev Prev Prev" pour revenir à la liste des évènements.
Les commandes Cut/Copy/Clear/... existent bien, mais je n'ai pas trouvé par exemple comment copier des évènements d'une piste à l'autre.
On peut utiliser des mesures composées et changement de tempo grâce à la Master Track (similaire à Cubase), mais celle-ci est un peu cachée. On y accède via l'édition des évenements d'une piste (Track Events), puis on change la piste à éditer: la Master Track s'y trouve.
Bon, avec un peu d'habitude on s'en sort, mais l'érgonomie et la logique de travail (workflow) est clairement le point faible de cette machine.
La documentation n'est pas d'une grande aide, car elle est organisée de manière linéaire, c'est à dire en listant les paramètres et en expliquant succinctement ce qu'ils font. Avec une machine aussi complexe, je pense que la documentation aurait dû être organisée d'une manière plus thématique: comment créer un programme ou un mix, comment utiliser le séquenceur, ...
Autre mauvais point pour Alesis, l'implémentation MIDI n'a jamais été donnée; résultat, impossible d'écrire un éditeur qui permettrait de s'affranchir de l'interface.
Au niveau audio, la pédale de sustain provoque parfois des glitchs audibles (manque un filtrage).
Mais pire, il plante de temps en temps lorsque les DSP sont surchargés! Bon rarement, peut-être 3-4 fois depuis que je l'ai, mais quand même.
SONORITÉS
Là cependant, rien à dire: le son est tout simplement EXCELLENT !! Franchement, il y a tout ce qu'on veut. Les pianos sont merveilleux (ça bat mon Kurzweil, c'est dire), des strings magnifiques, des nappes somptueuses, des sonorités synthétiques dans tous les registres, pléthore d'excellents kits de drums, bref dans ce domaine, Alesis a réussi son pari. Le miens possède toutes les banques HollowSun, c'est de haute tenue. Une petite réserve pour les sonorités à modélisation, un peu arides comparées aux samples.
Comme je possède une SR16 de la marque, l'idée d'utiliser kits de drums du Fusion et le séquenceur de la SR16 m'est évidemment venue. Déception cependant! Même résultat avec une Yamaha RX11. Le problème vient des patterns dont la longueur des notes est trop longue: le Fusion ne détecte par le NOTE OFF et fini par décrocher. Mais en enregistrant les patterns sur un séquenceur MIDI (genre Cubase) et en réduisant la longueur des notes, ça marche impec.
Le filtre est superbe, moelleux et diablement efficace, le EQ est excellent. Bon point, le panneau de gauche est lui assez ergonomique.
Parfois, lorsqu'on change de son en mode Program, certains paramètres (filtrage, EQ) ne sont pas réinitialisés. Appuyer alors sur "Mix", puis à nouveau "Program" pour corriger.
Les Mix regroupent plusieurs Program répartis sur le clavier et associés ou non à des arpèges (plus de 1000 disponibles!) et des effets. Par défaut, chaque Program est associé au canal midi Global (pour tout le synthé), mais peut avoir son propre canal. En mode Mix, la touche Mixer permet rapidement des régler certains paramètres des programmes: volumes, pan, effets, etc... Pas mal !
Les Mix fournis sont de qualité, mais plusieurs sont typés hiphop, qui n'est pas trop mon style. Par conséquent, je les utilise peu, et je ne me suis jamais appliqué à peaufiner les quelques Mix que j'ai créé (dont un mix générique GM, avec 16 programs répartis sur les 16 canaux, pour être utilisé avec un ordinateur). Personnellement, je joue surtout en mode Program.
-- Edit --
20 ans après avoir acheté cet appareil, je viens 64 sonorités que je n'avais jamais explorées! La raison: j'accède aux sonorités directement (sélection de la banque, puis les touches A à P et 1 à 8, soit 128 programmes). Mais pour la banque Preset 5, il y a encore 64 programmes au-delà de P8, qu'on accède par la molette ou avec les touches Inc et Dec.
PROGRAMMATION
La génération sonore est assurée par 2 DSP, mais je ne saurais dire lesquels, n'ayant pas ouvert la machine (*). Il y a plusieurs moteurs de synthèse disponibles: sample, drums (qui sont aussi des samples), analog, FM, et deux moteurs de modélisation physique: reed et wind.
Notons que les modèles physiques sont différents et incompatibles avec les Ion et Micron.
Le nombre de voix dépend du moteur utilisé. De même pour les paramètres lors de l'édition des programmes. Et ils sont nombreux ces paramètres ! Je pense qu'en l'absence d'un éditeur, pour tirer pleinement partie des moteurs de synthèse, il faut se faire des fiches de programmation; c'est regrettable qu'Alesis n'en propose pas dans le manuel.
Matrice de modulation
Il y a 2 matrices de modulations distinctes: une pour les programmes, une pour les effets. Comme elles sont indépendantes, on ne pourra pas utiliser la même source dans les deux. Par exemple si l'encodeur assignable 1 est utilisé dans la matrice Program pour modifier un paramètre, puis que je décide d'utiliser le même encodeur pour modifier un paramètre d'effet, l'action sur l'encodeur modifiera mon effet, mais pas le programme. A priori la dernière matrice modifiée a préséance.
Le nombre de sources et de destinations étant variable (par exemple, on peut avoir jusqu`à 8 LFO), on dispose de 32 "slots", c'est à dire de points de connexions où l'on indiquera la source, la destination et la valeur. Cette dernière peut être additive (on ajoute ou retranche - si la valeur est négative - la modulation au paramètre modulé) ou multiplicative.
Au sein d'une matrice, plusieurs sources peuvent être affectées à la même destination, celle-ci pouvant être le taux de modulation d'un autre modulateur.
Parmi les sources, on trouve la vélocité de relâchement (c’est rare); affecté au pitch, ça donne un effet surprenant.
La valeur n’est pas uniquement linéaire; si besoin, on pourra y ajouter une table, un peu comme le Keyboard Level Scaling du DX7, le « papillon » sérigraphié sur le boitier. On peut définir une courbe avec jusqu'à 16 points d’inflexion !! Pour chaque point, on indiquera une abscisse (entre 0 et 100) et une ordonnée (entre -100 et + 100) et le Fusion dessinera la courbe passant par ces points!
Synthèse FM
6 oscillateurs comme le DX7, mais à la différence, il n'y a pas d'algorithme fixe: on décide qui module qui, un oscillateur pouvant être à la fois carrier et modulator! Mieux, chaque oscillateur peut avoir une autre forme d'onde que sinusoïdale, et surtout avoir une enveloppe dédiée au pitch (en terme DX7: un Pitch EG par oscillateur, et non uniquement global). Pour ajouter des enveloppes, des LFO, la vélocité (Keyboard Rate Scaling sur le DX7) ou l'équivalent du Keyboard Level Scaling, il faut passer par la matrice de modulation.
Sans oublier bien sur qu'on peut grouper plusieurs programmes FM dans un MIX, on a 240 voix disponibles, presque équivalent à 2 * Yamaha TX816 (256 voix).
C'est vraiment puissant, mais programmer ça avec l'interface, c'est presque pire qu'un DX7! Un exemple: sur le graphe général qui affiche l'algorithme, au lieu d'indiquer "Osc1", "Osc2", etc. qui oblige à décaler leur position pour pouvoir afficher toutes les lettres, un simple carré avec le chiffre aurait été plus lisible.
Sampleur
Ce jour est venu, avec son lot de déceptions. J'ai pris comme source sonore une Roland TR77, parce qu'elle est juste à côté de mon Fusion, mais aussi parce que je voulais sampler un pattern complet, puis le calibrer précisément (time-stretch). Je fais les connexions, et là première surprise: rien. Vérifications en tout genre (câble, gain, volume de la TR): pareil.
J'essaie avec un synthé: ça marche. Explication: le gain n'est pas suffisant pour la TR77, il faudra passer par un préamp.Je change mon fusil d'épaule et décide de sampler mon Yamaha CS01. Là ça marche. Notons qu'on peut utiliser autant l'entrée gauche que droite; le Fusion le détectera.
L'échantillonage, puis le "trim" sont très simple à faire, rien à dire. La fonction Zoom est là pour nous aider.
Vient le moment où je veux boucler: surprise, il n'y a pas de Zoom dans ce menu! Ni de bouclage automatique, il faut boucler à l'oreille
.Le reste des fonctions comme la création d'un programme est assez standard, similaire à Akai.
Effets
On dispose de 2 bus et d'un insert, avec pléthore d'excellents effets, Alesis est connu pour ça. Je détaillerais plus tard.
FIABILITÉ
Comme dit précédemment, c'est mon troisième Fusion, les deux autres ayant eu des problèmes de clavier à la livraison. A part ça, je n'ai jamais ouvert ce synthé, probablement le seul de mon arsenal qui n'ai jamais croisé mes tournevis
Je n'ai jamais eu de problème avec, hormis depuis quelques temps le potentiomètre de volume qui crachote un peu. Problème apparemment commun et facile à régler. Certains utilisateurs sont remplacés le disque interne par un SSD pour plus de tranquillité; je n'ai pas encore exploré cette possibilité, le bruit étant assez discret.Avis Global
Alesis n'a clairement jamais fini cette machine. C'est dommage, parce que la partie audio est à la hauteur des ambitions et de la concurrence (Triton, Motif, Fantom). J'avais lu l'article dans Keyboard sur l'équipe de développement, et ça semblait prometteur. A mon avis, Alesis a mal évalué les coûts de développement, ou l'équipe de dev a pris du retard, et l'OS a été bâclé, certaines fonctions n'ayant même pas été implémentées. Résultat, ça c'est mal vendu (j'ai eu la mienne neuve au 1/4 du prix).
Mais ça reste le centre de mon studio, c'est toujours la première machine que j'allume.
Le Fusion est très complexe; il faut le voir non pas comme un simple synthé, mais plutôt comme un logiciel (genre DAW) avec une interface très limitée. C'est clairement un synthé puissant pour qui prend le temps de l'explorer. Si on prend ce temps, c'est un peu faire partie du cercle restreint d'initiés qui savent tirer profit de cet appareil, et qui ne se limitent pas à passer en revue les programmes (ce que j'ai longtemps fais, je l'avoue
).Alesis, s'il vous plait, relâchez le code qu'on puisse écrire un éditeur !!
Edit
D'après des infos de 2021 provenant de l'équipe de dev, les SYSEX n'ont jamais été implémentés, et le document sur le format des données (comment sont organisés les différents paramètres constituant un programme) ne s'est jamais concrétisé.
(*) Information reçu. Il y a deux moteurs de synthèse. Chaque moteur est organisé autour d'un FPGA Altera Cyclone EP1C4F324C8 (gestion des signaux) et regroupe un DSP principal TMS320C6713 de Texas Instruments + un DSP (AL3102) pour les effets Insert.
Le premier moteur possède un second DSP AL3102 pour les effets Bus, et 2 circuits AL3201B pour la reverb. Notons que les AL3102 et AL3201B sont des ASICS, c'est à dire des circuits spécialisés fabriqués conçus par Alesis et fabriqués par Wavefron.
Le second moteur ajoute un autre TMS320C6713 pour gérer l'enregisteur numérique, ce moteur étant aussi en charge de gérer le disque (direct-to-disk).
L'ensemble est géré par un microprocesseur Freescale coldfire MCF5249.