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Korg M3M
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Korg M3M

Workstation de la marque Korg appartenant à la série M3

Soft_Knee Soft_Knee

« Good Vibe de Karma »

Publié le 17/11/18 à 03:31
Rapport qualité/prix : Excellent
Cible : Tout public
Edit : fin 2018 j'ai trouvé un clavier 88 touches pour le M3. Rapidement, le RH3 est un bon toucher de piano, plutôt dans la tranche des touchers lourds (je préfère pour ma part.)

La fabrication est assez étonnante avec une énorme barre en alu qui soutient la structure du clavier à l'arrière, et qui sert de prise à la fixation du module. Le clavier proprement dit ne prend que la moitié de la profondeur de l'ensemble, et donc la moitié est creux, permettant de loger le module M3 mais aussi un module Radias (ou un second M3.), en position relevée ou en position couchée.

Seul point un peu chagrin, le dessous du clavier à proprement parlé est en medium, donc sensible à l'humidité et aux chocs, il faut s'en souvenir lors du transport (si on ne le transporte pas/pas souvent, ce point n'a pas d'importance.)

On trouve joystick, boutons assignables et contrôleur ruban sur la droite, de jolis enjoliveurs de flancs en bois, et voilà. A l'usage, le clavier se branche très facilement, via un câble propriétaire, mais il faut en passer par le tournevis pour installer ou retirer le module, donc à moins de bricoler une solution, ce n'est pas vraiment modulable au quotidien (si on ne le démonte jamais/pas souvent, ce point n'a pas d'importance.)

Le clavier permet d'accéder aux réglages d'aftertouch dans le module (inaccessibles sans un clavier de M3, mais pourtant bel et bien actifs sur un clavier maître), et depuis la version 2 du M3, il existe une neuvième (de mémoire) courbe de vélocité spécialement adaptée à ce clavier RH3 88 touches, et permettant d'adapter plus facilement les jeux de piano.

Je dois dire, malgré cela, j'ai du adapter aussi les patches de pianos (les valeurs de bascule des vélocités entre les multi-échantillons), pour pouvoir vraiment trouver le point idéal de réponse du clavier (mais je me souviens du même problème sur un MOXF8 par exemple, le clavier GHS, bien que plus léger que le RH3, ne permettait pas d'usine d'accéder à suffisamment de vélocité, il fallait aussi retravailler les patches.)

En bref les plus de ce clavier, l'aftertouch, le toucher lourd, les contrôles. Les moins, encombrement/poids, le dessous en medium, le système de fixation du module qui demande une visserie.

______________________

Je suis tombé sur le M3M par hasard, guidé par le bon souvenir des M1, 01W, N1R, Kross, entre autres synthés Korg possédés au fil des ans, et en voyant un Tr-61 dans un magasin d'occasion. A me documenter sur le Tr en me demandant si j'avais envie de le sauver de là, je suis vite arrivé à l'évidence que la chose à voir à la place, c'était le M3. Par chance, j'en ai trouvé un exemplaire Expanded avec la carte Radias, en parfait état, et plus abordable même que le Tr.

Je connais bien les autres géants japonais aussi, chez Roland j'ai toujours un Integra-7 qui me sert quotidiennement, et chez Yamaha j'ai revendu un MOXF8 voici deux ans, déçu finalement par le mirage des arpèges qui s'était dissipé après quelques semaines. A l'occasion d'écouter le MODX récemment, j'y ai entendu les mêmes défauts que le MOXF, sans être séduit par le rendu. Le M3 vient de ce pari, qu'il y a plus de fun et de surprise à découvrir dans ce monstre du passé que dans la nouveauté du jour. Cette idée à surement une limite à son développement, et en même temps, quoi de mieux qu'un vieux coucou pour se guérir de la déception de ce qu'une nouveauté n'est pas?

Le M3M, c'est un module, il y faut un clavier, c'est un problème. C'est aussi un avantage. J'ai trouvé que le placer non pas au dessus et derrière le clavier, mais dessous et devant, offrait de nombreux avantages, les boutons sont à portée de main, comme le manuel inférieur d'un orgue, et l'écran tactile immédiatement opérationnel sans fatigue du bras. Le module est peu profond, il se glisse parfaitement ainsi dans une position ergonomique, et qui évite de prendre de la place sur le bureau.

La construction du M3M est remarquable, il est même beau dans son métal brossé clair recouvert d'une peinture métallisée semble-t-il. Il y a là une noblesse des anciens samplers Akai, cela change des appareils peints en noir. Je ne m'en fais pas trop pour l'écran tactile, parce que j'ai vu sur ali express que des dizaines de grossistes chinois vendaient des remplacements fonctionnels pour moins de 10 euros livraison comprise. D'expérience, je sais que 99,9% de ces vendeurs en Chine sont des gens sérieux, et que la marchandise arrive tôt ou tard, il faut juste patienter un bon mois. Je commanderai certainement un écran pour l'avenir, ou pour le jour où je revendrai le M3M (si jamais.)

Une fois tout branché, premier constat, il y a une filiation chez Korg, tous leurs claviers ont un son un peu fantasque, très généreux, très fat, pour du numérique c'est frappant, le son est épais, dense, ça envoie, dès les premières combinaisons!, on entend bien les graves et les aigus, et c'est pas creux au milieu non plus! A l'opposé de chez Roland, où il faut gonfler le son pour l'épaissir, là tout de suite le grand bain, les basses plongent, les aigus percent, et on ne perd jamais la douceur en dessous d'un piano par exemple. Et c'est aussi très musical, les arpèges jouées par le système Karma sont fraîches et bien senties, à l'opposé des statiques arpèges de Yamaha, c'est assez incroyable parce que c'est le jeu qui déclenche les événements, et ainsi accord après accord, le jeu de se prendre au jeu du Karma vient tout naturellement. J'avais déjà constaté cela sur le Kross, avec un rythme et deux fois rien d'arpèges, ce n'était jamais caricatural ou grotesque, ça donnait envie d'inventer la suite.

Mais sur le Kross le son est un petit peu rikiki, et il n'y a pas de Karma. Le M3M affiche clairement des sons de l'ère qui nous occupe aujourd'hui, le piano Expanded par exemple, ce n'est pas aussi précis que la simulation du comportement des pianos Supernatural de Roland, ni aussi limpide que les (beaux) pianos de Yamaha, mais de bout en bout cela sonne non pas comme une ROM (contrairement aux deux autres), mais comme un multi-échantillon de MAO, on y trouve une douceur très réelle, un ton juste, l'écho de la prise de son d'un piano. Pour un sample de 2009, c'est très surprenant. D'ailleurs il parait que c'est le même échantillon, quelques couches de vélocité en moins, que dans le Krome.

La banque de son du M3M est à la pointe dans beaucoup de domaines, les Rhodes, Wurli, Clavinet (instruments dont je dispose pour comparer), sont peut-être en dessous de l'hyper réalisme de Roland, mais sont plus agréables, plus chaleureux, plus équilibrés. Korg sait créer des programmes dont quasiment tous sont intéressants à jouer. C'est très différent des très nombreux patches individuels anecdotiques ou mal foutus que j'avais trouvé chez Yamaha (dans le MOXF) et dans la partie PCM (les cartes SRX et le XV) de l'Integra-7.

Il y a aussi beaucoup de sons plus datés, les instruments acoustiques en général, on sent les années, certes, mais contrairement à des claviers de la concurrence, les sons restent toujours aussi intéressants à jouer chez Korg, même s'ils sont dépassés. C'est vrai depuis le M1, tous les cuivres, les cordes, en général tous les sons acoustiques, gardent un intérêt et une expressivité, c'est peut-être un biais de ma part, mais c'est aussi un fait, voici plus de 25 ans que je continue à acheter et racheter des claviers Korg, en dehors des polyphoniques analogiques de Roland, je n'ai pas d'autre histoire aussi longue de curiosité autour d'un fabricant de claviers, et aucune autre histoire dans le domaine des claviers tout numériques. Il y a chez Korg un savoir-faire, encore une fois fantasque et généreux, "délire" si l'on veut, que l'esprit de sérieux et l'orgueil ne permettent pas chez Roland et Yamaha (en tout cas c'est ainsi que je me l'explique.)

Le M3M est aussi une station de sampling, sur RAM, ou sur support amovible, une clef USB par exemple. Cela tombe bien parce que le Karma permet de faire des choses dans l'instant, que l'on serait bien en peine de recréer dans le séquenceur, mais au moins on peut en conserver une trace sonore en enregistrant le flux audio. Le sampling dans un séquenceur audio, cela signifie aussi que l'on pourra y incorporer sa guitare, sa basse, sa voix, etc., et caler précisément tout cela pour une composition. Pour être utile aujourd'hui, il faut que cela soit simple et rapide. Par exemple, les 6 pistes audio d'un sampler Akai MPC1000 JJOS sont parfaites pour poser vite fait une rythmique de guitare ou une ligne de basse sur un beat fait au pad. J'espère que le M3M sera aussi facile à manipuler pour un usage simple comme celui-ci.

Avant de recevoir le M3M, je m'étais inquiété de la notice de 240 pages, mais je constate que je n'ai pas eu à l'ouvrir pour l'instant, et que je n'ai pas calé sur des choses incompréhensibles. Certes il y a des items dans les menus dont je ne comprends pas la signification encore, mais je trouve ici le fonctionnement très simple, en fait c'est en partie le grand écran qui permet cela, la plupart des commandes sont écrites en langage naturel, pas en abréviations, et comme c'est le même esprit qu'une STAN au fond le M3M, il est ainsi très facile de s'y repérer. On est loin des multiples menus de Roland, ou des listes d'abréviations insensées de Yamaha (mais il parait que cela s'arrange depuis le Montage/MODX)

Une chose me frappe en comparant le M3M à la génération qui lui a succédé chez la concurrence, donc l'Integra-7 chez Roland et la série Motif/MOXF chez Yamaha : ces machines sont en fait des tentatives de rattraper Korg et son M3! Et elles y peinent vraiment, qui l'eut cru (certainement pas moi!), le M3 envoie un son d'enfer, certes dans des styles un peu entendus, mais pas caricaturaux comme chez Yamaha, et pas dans le registre analo-hybride-groove-station comme ce que Roland a produit dans le genre depuis son abandon de la workstation haut de gamme. Et Korg avait remis ça en 2012 avec le Kronos, alors qu'il n'y a rien en vue chez Roland depuis (c'est à dire dans le genre de gros clavier, hormis le RD2000 peut-être, pour sa reprise du V-Piano), et qu'il a fallu attendre 2016 pour que Yamaha lâche son séquenceur et reprenne la FM vieille d'il y a 30 ans. On mesure avec le M3, me semble-t-il, combien Korg était en avance alors (écrasant le Phantom de Roland, et palliant par sa chaleur intrinsèque à la froideur un peu stérile du XS de Yamaha - encore une fois, c'est une opinion qui s'étaye rétrospectivement de cette découverte, et qui s'appuie sur les constats précédents concernant ces autres claviers, et il est fort possible que d'autres aient une opinion toute différente.)

La carte Radias du M3M sublime les gentils pads de toujours de chez Korg. Ces sons inoubliables de pads langoureux, font partie du voyage, on revient chez Korg pour eux, et pour ma part c'était plutôt une inquiétude dans ce cas là au contraire, de trouver des ambiances dépassées et des pads vieillots et éculés. Or le Radias explose le mur de ce son Korg langoureux, on en obtient du tranchant, du profond, des textures hybrides très nouvelles et surprenantes, on n'est plus dans le domaine du rompler soudain, c'est de la synthèse VA, une belle surprise, ça claque le Radias! Et J'avais lu des avis déçus de ne pouvoir modifier les paramètres de la carte Radias dans le M3 directement, mais je vois que via la touche Page Select, au contraire, on accède à tout, très facilement. Peut-être y a-t-il des paramètres réservés à l'éditeur logiciel, mais l'interface semble offrir tout ce qu'il faut pour piloter les 24 voies du Radias directement.

Les 8 pads tactiles du M3M sont une vraie découverte aussi. Je me bats depuis des mois avec une MPC dont je ne parviens pas vraiment à trouver l'usage idéal ; mais sur le M3 en 3 minutes les pads me sont une évidence de facilité, et grâce à leur assignabilité complète (en accords notamment), ils dépassent le gadget percussif pour se faire des auxiliaires du jeu. Je ne crois pas qu'ils soient sensibles à l'aftertouch, dans l'ensemble, le M3 semble faire très peu usage de l'aftertouch d'ailleurs, sur la plupart des sons, à peine un vibrato, mais aucun effet dramatique de filtre, pour cela il faudra programmer soi-même des mouvements à l'aftertouch.

Le Karma s'intensifie lorsque l'on ouvre ses paramètres, et que l'on fait l'effort de regarder à quoi ils correspondent, et comment en tirer partie avec les 8 faders et les 8 boutons. C'est surtout frappant sur le jeu dynamique, l'accompagnement suit ce que l'on joue et la façon dont on le joue, et pas du tout de façon compassée comme un arrangeur automatique, mais encore une fois, de façon loufoque, inattendue, généreuse et entreprenante. On prête surement une aura d'intelligence artificielle à tort à ce système Karma, mais en tout cas en comparaison des motifs de Yamaha, c'est intelligent au moins en cela que ce n'est pas figé, et au sein d'un seul programme et d'une seule combi, c'est tellement variable et évolutif (des scènes, et tous ces paramètres), pour l'instant, je ne sais pas trop le pourquoi du comment, mais le résultat musical me surprend et m'enchante!

Si Yamaha a inventé la supermodulation avec le Knob du Montage, cela reste au niveau de la sculpture du son, avec le Karma, on est dans autre chose de bien plus ludique et inquiétant, la sculpture du motif musical, et son évolution en temps réel. Normalement, c'est réservé à la pratique à plusieurs, d'être surpris et émulé par la musique venant d'ailleurs que soi-même. Sur le MOXF, ça ne fonctionnait pas du tout de ce point de vue là, passé la première minute, on se sent bien seul avec toutes ces arpèges, et on n'a qu'une seule envie, zapper pour voir si c'est pas mieux sur le programme suivant. Sur le M3 au contraire, le Karma enfourche la dynamique du jeu, et on arrive très vite à une symbiose où l'on suit ce qu'il propose parce que c'est bon, et qu'il accentue en retour là où l'on attend une accentuation, de sorte que l'on continue de jouer, et de plus, les paramètres sont altérables en temps réel, et très nombreux, via les faders, si le résultat ne va pas, hop on change et c'est encore une nouvelle scène sonore qui motive la poursuite du jeu (ou parfois l'interrompt parce que ça retombe, mais il faut du temps pour mieux découvrir le Karma sans doute, et éviter ses écueils.)

Le piano roll du séquenceur! L'écran tactile qui se transforme en motion pad comme sur le KaossPad! Les effets qui nimbent copieusement tous les programmes et combis! (là où chez Roland c'est très sec, et chez Yamaha très froid), la Drumtrack qui a toujours quelque chose d'intéressant à proposer, plus de 600 rythmes tous très bien sentis et très solides! (pas de ghost notes inutiles, pas de ballets qui sonnent mécaniques, de fills mitraillette, de truc lourds, cf. Yamaha, vraiment ici sur le M3, que des bons grooves et avec un gros son qui ne fait du tout GM!)

Bizarrement, j'avais passé mon chemin devant un Kronos d'exposition pourtant bradé à 1500 euros dans un magasin lors des soldes 2014, je trouvais cela cher pour ce même esprit Korg que l'on trouve souvent dans les magasins cash (personnellement c'est un hobby que de refaire à neuf l'interface de ces trouvailles de pawn shops, pour les revendre en les sauvant ainsi), mais là, le M3M, soit le modèle haut de gamme qui précède le Kronos, pour le prix d'un Moogerfooger, incroyable le rapport qualité/prix! Incroyable qualité musicale tout court! Je ne crois pas que je revendrai cette machine de sitôt, voilà, ce sera ça Korg pour moi désormais, cet esprit user-friendly, généreux, qui "plane à 10000", et son mystère Karma qui a tellement de charme que l'on n'a pas même envie de l'élucider jusqu'au bout, ce sera cet esprit Korg chéri depuis longtemps, pour moi comme un ami de trente ans, c'est à dire sans être dupe de ses rengaines, sous la forme d'un M3M.

Seul regret, il aurait pu être plus petit encore physiquement, 67cm de long, ça fait beaucoup pour un module. Mais pas grave, c'est le coté "on s'en fout on le fait", assez hors norme, le côté Sankukai de la marque, qui cultive décidément l'attache sympathique chez ses usagers!

A voir avec le prix du Krome d'occasion, mais le M3 est certainement une affaire au tarif où on le trouve, et on en voit pas mal en vente en ce moment des M3, serait-ce l'indice qui trahirait que Korg prépare le successeur du Kronos pour bientôt, ou bien l'attrait du MODX? En tout les cas, il sera toujours temps de se dégoter Kronos et Montage d'occasion quand leur temps aura passé, pour l'heure, à cette époque où les investissements (mondialement) n'ont jamais été aussi bas que dans cette décennie d'après crise, ne passons pas trop vite sur les summums de la décennie précédente, où l'on croyait en un futur, ce M3M en témoignant magnifiquement, jusqu'à en remontrer aux modèles du jour!