Lorsqu’à la suite d’un petit blind test organisé dans une chambre d’hôtel, la chercheuse du CNRS Claudia Fritz avait conclu que les fameux violons séculaires stradivarius n’avaient rien de plus que les meilleurs violons de luthiers contemporains, il s’était élevé plus d’une protestation concernant le protocole de l’expérience : allons, ce n’était pas sérieux de faire tester ça à des étudiants en violon… dans une chambre d’hôtel qui plus est… Où va le monde, ma bonne dame !
Loin de se dégonfler, la jolie blonde a donc remis le couvert en soignant le détail. C’est ainsi qu’elle a demandé à 10 des meilleurs violonistes au monde (Olivier Charlier, Pierre Fouchenneret, Yi-Jia Susanne Hou, Ilya Kaler, Tatsuki Narita, Marie-Annick Nicolas, Elmar Oliveira, Solenne Paidassi, Annick Roussin, Giora Schmidt et Stéphane Tran Ngoc) de tester à l’aveugle, avec leur propre archet et en portant des lunettes de soudeur, 12 violons : 6 modernes fabriqués par des luthiers, et 6 anciens dont 5 stradivarius (stradivarii ?). Le tout pendant deux sessions de 75 minutes, l’une dans une salle de répétition, l’autre dans une salle de concert, chaque participant pouvant être assisté d’une personne de son choix pour l’aider dans son examen.
Et alors ? Et alors, personne dans ces élites qui connaissent les violons mieux que quiconque n’a été en mesure de distinguer avec certitude les violons anciens des violons modernes. Plus intéressant encore : lorsqu’on a demandé aux participants de se prononcer sur leur instrument préféré, 6 des virtuoses ont désigné un violon moderne. Et c’est encore un violon moderne qui, dans la moyenne des classements, arrive bon premier, et de loin, devant les autres…
Qu’en conclure ? Que la prétendue supériorité du vintage, en matière de son, est juste une foutaise, ni plus ni moins. Non qu’un instrument qui a vieilli soit un mauvais instrument, non qu’il soit dépourvu du charme que son histoire lui aura conféré, mais qu’il ne soit pas nécessairement meilleur que les instruments que fabriquent les plus brillants luthiers aujourd’hui, pour 200 à 400 fois moins cher (un alto de 1719 doit être prochainement vendu aux enchères à un montant qui devrait dépasser les 32 millions d’euros). Et cette démonstration sur les violons vaut très probablement pour les pianos, les guitares, les instruments à vent comme les percussions et - j’en mettrais ma main à couper - pour les amplis, les micros, les enceintes et tous les équipements technologiques dont l’excellence ne cesse de bénéficier des avancées de la recherche.
Je finis en vous donnant rendez-vous le 15 mai prochain, du moins à ceux qui pourront être sur Paris à cette date, puisqu’aux alentours du métro République aura lieu officiellement la première petite grosse soirée Mupiz ET Audiofanzine. Objectif : rencontre de musiciens ou pas, de tous poils, de tous âges, pour passer une bonne soirée ou pour monter un projet, pourquoi pas… Une soirée aussi parce qu’Internet a beau être une invention géniale sans laquelle nous ne nous serions jamais connus, voir les gens en vrai, et leur parler avec sa vraie bouche dans leurs vraies oreilles, c’est tout de même mieux. Surtout quand une guitare traîne dans un coin, qu’une bière traîne dans l’autre, et qu’un canard se charge des deux derniers coins qui restent.
Sur ce, bon week et à la semaine prochaine.
Los Teignos From Ze AudioTeam
PS : merci à peupeu pour m'avoir rappelé au bon souvenir de Claudia