Tous les avis sur Accuphase C-2420

Tout récemment, j'étais de retour chez un revendeur accuphase pour ré-écouter un amplificateur intégré E-360 qui m'avait fait forte impression lors d'un test précédent. Le vendeur, voyant mon intérêt pour les amplificateurs de la marque nippone m'a alors proposé de me faire écouter le C-2420 branché sur son A-65. Le tout, naturellement, branchée sur des B&W 802.

Pour un non connaisseur, sachez que cet ensemble peut être comparé, dans le monde de la voiture, à se voir proposer un tour de la Nordschleife en Ferrari F-360. Ca ne se refuse pas.

Etaient donc présents pour le test :
- 1x préampli accuphase C-2420
- 1x ampli de puissance A-65
- 1x enceinte passive B&W 802D
- 1x lecteur cd accuphase DP-410

Le tout était interconnecté à une câblerie custom qu'il ne m'a pas été possible d'identifier. Les amateurs de voodoo regretteront ce point. Pour moi, c'est un détail.

La pièce de test avait subie un travail d'optimisation important et on y notait la présence de nombreux éléments accoustiques pour remédier aux problèmes de cette dernière. Le courant, pour une fois, n'était pas filtré, et, au mieux, on peut dire que la réglette de distribution de courant était "un peu" audiophile.


----------- Construction & Chiffres -------------

La fabrication des accuphase est assez unique car elle surclasse quasiment tout ce que je connais en matière de hifi haut de gamme. Quelques taches d'ombre parfois (voir avis sur le E-260), mais, dans l'ensemble, c'est du sérieux et du solide. Il en est de même pour le C-2420 qui donne plus l'impression d'un bloc taillé à même la masse qu'à appareil assemblé. Les potards sont de qualité, leur réglage est bon et procure une action régulière sur toute la plage. Les boiseries utilisées pour recouvrir les flancs sont de belle qualité et sont bien ouvragés. A l'intérieur aussi, c'est du beau travail avec des transformateurs biens isolés, une construction anti-vibratoire poussée et une isolation des éléments contre les pollutions d'ondes qui pourraient venir de l'extérieur.

Est-ce que ça aide, j'en sais rien, mais c'est là, alors on va en parler.

On retrouve aussi tout ce qui est présent sur les bons accuphase d'aujourd'hui, avec le contrôleur de volume AAVA et la possibilité d'enficher 1 carte additionnelle en partie arrière (dans le cas présent, aucune carte n'y était insérée) ; et tout ce qui était présent sur les bons accuphase d'hier, tel que les réglages de sonorité et de phase.

Au niveau des chiffres techniques, j'abandonne, car, franchement, ça me prendrait plus de temps de trouver ces chiffres que d'écrire ce que j'écris à l'instant. Ils sont phénoménaux. Au mieux, je peux vous informer que le A-65 est un ampli classe A utilisant la technologie MOSFET qui délivre 2x65 watts sous 8ohms par canal et qui semble moulé dans de l'acier pur.


---------Sonorités----------

Les grands morceaux habituels de mes tests étaient là, et cela n'étonnera personne si j'affirme les avoir entendu dans une qualité de très haut vol.

Par curiosité, j'ai lancé immédiatement une galette de...

Rage against the machine - Bombtrack
...car j'attendais la machine négativement sur son élan. Ce qui n'a pas été le cas. J'ai trouvé que le slam ultime redonné par une exposure classic, l'ATC SCM50 ou l'intégré Accuphase E-360 n'était pas totalement là, mais on était tellement proche qu'on s'en fout et le cerveau fera passer ça sous la case de "réalité" (avec toute la subjectivité que ce terme peut avoir). J'ai apprécié le résultat sur les peaux du batteur qui étaient bien palpables sans être rejetées de l'ensemble. Le jeu du bassiste, lui aussi, était bien identifiable et on retrouve cette écoute permettant d'entendre jusqu'au fond du HP de son 8x10. La spatialisation était, comme on pouvait s'y attendre, excellente, et la différentiation des différents éléments dans la restitution était nette sans pour autant paraître dégroupée.

Mumpford and Sons - Sigh no more
Même constat que précédemment. Toujours une spacialisation de haut vol et une profondeur très bonne. Les instruments en bois passent superbement bien, avec un beau naturel. Très jolies voix et aigus un peu adoucis par rapport à une écoute sur du classe AB, mais là aussi ça reste négligeable. L'élan était un peu moindre que sur mes écoutes de référence, mais la précision était dans les meilleurs. J'aime bien le fait qu'on puisse se concentrer sur chaque instrument et l'entendre clairement et nettement dans l'ensemble. C'est du très bon travail.

Tracy Chapman - Let it rain
Un album sculpté et taillé pour cette chaîne, qui, ici, semble vraiment prendre son envol. Il est intéressant de remarquer que la voix de Tracy est offerte un peu différente de ce qu'on lui connait sur d'autres ensembles hifi. Plus claire, moins voilée et plus palpable. Idem pour sa guitare, qui semble dans la pièce.

Nada Surf - Let go
Moins spectulaire que sur les Mc Intosh, la restitution n'en reste pas moins excellente. C'est surtout, ici, sur les passages rythmés et complexes, que cette chaîne fait la différence. Là où le Mc mangeait certains détails, l'Accuphase en restitue un nombre très élevé qui permet de penser qu'il est impossible d'entendre plus détaillé que ça. Le jeux du pan gauche/droite de l'ingénieur son, est clairement identifiable, et les toms basses sur certaines plages, retrouvent ce côté analogique que j'avais énormément apprécié sur le MC-Intosh (bien que l'accuphase n'y parvienne pas aussi bien).

Black Sabbath - Paranoid
L'écoute la plus surprenante de toute la série de test, car, sur cette combi, on redécouvre cet album, qui, habituellement, semble un peu bouché et sombre. Ce qui n'est clairement pas le cas sur cette électronique. Ce qui me laisse penser que des amplis classeA et des préamps de studios biens neutres doivent avoir servis à l'élaboration du master d'origine. Le son est très "studio de l'époque" avec beaucoup de détails qui ressortent et on s'amuse à entendre les petits effets disséminés sur l'album qui s'en viennent avec leurs grosses bottes.


-> plus globalement <-
J'avais un peu de mal avec la basse, qui n'était, à mon avis, pas totalement bien contrôlée comme il l'aurait fallu. Ca s'est joué sur pas grand chose, mais sur les grave profond de la contrebasse ou la grosse caisse de batterie, on entendait ici et là des flous qui ne devaient pas y être. Je pense que les HP's ne sont pas en cause dans le cas présent, mais la puissance limitée du A65.


-------Au Final---------
Je vais me faire tirer dessus par les dealers accuphase de toute la francophonie, mais j'ai trouvé la différence avec le E-360 sur monte analogue de HP, plutôt ténue et, à vrai dire, négligeable. Il faut savoir dire stop à un certain niveau de qualité de restitution, et je crois que ce dernier était atteint avec l'intégré E-360. Les infimes détails en plus ne seront pour la plupart jamais audibles et passeront plus dans le domaine de la psycho acoustique que de l'objectivité pure. J'ai bien décelé une différence de définition dans le médium, mais, là aussi, on pourra très bien vivre sans.

Au final, le C-2420 peut représenter, pour un amateur de classe A et de restitution neutre, un investissement ultime et final. Final, car il faudra vouloir investir les 20'000 euros nécessaires à s'offrir cette chaîne, qui, fort heureusement, devrait bien vieillir dans le temps et procurer de belles heures de musique sur un nombre élevé de décennies.

Il n'en reste pas moins que la politique de prix de Accuphase est une horreur et mériterait une plainte du tribunal du commerce, car cette chaîne peut être trouvée à 50% de son prix européen si on fouille bien, au Japon, chez des vendeurs qui n'ont rien de mafieux.

Pour moi, le prix est trop élevé par rapport aux améliorations de performances à attendre. Ce petit + de définition et cette différence de médiums ne justifient pas l'écart de prix demandé. Après, il reste le prestige, et c'est, probablement, la clientèle visée par Accuphase pour ce produit. "Les prestigieux" !