Je fais les courses pour vous...

Ah bon ? Vous trouvez que la basse est boueuse dans le Reggae ? Vous avez mal écouté, on frise le mépris de classe là !

Cette musique est certes plus chargée dans les basses fréquences, mais justement le fait que l'esthétique du Reggae demande ça, c'est aussi parce que dans cette musique la basse a une importance mélodique majeure en plus d'avoir un rôle rythmique. Les artistes de Reggae tiennent absolument à ce que la basse occupe tout le terrain, d'où son extension dans les basses fréquences, là où dans le rock par exemple on mettrait un coupe-bas drastique à 60Hz voire 80Hz... Juste une question d'esthétique en somme. Cependant les notes sont toujours nettes et intelligibles, justement parce que c'est joué sur de très bonnes basses montées en flats avec une technique particulière et toujours maitrisée (par les grands noms du genre bien-sûr), en plus d'être produite très habilement.

Les basses de choix dans le Reggae sont surtout les Fender P et J (pas vraiment des basses boueuses, si ?), mais aussi des Stingray, voire plus récemment des Warwick... Bien-sûr on va pouvoir trouver quelques exemples très anciens à l'époque où le Reggae était une musique de musiciens sans le sou et cantonnée à la Jamaique ou à la diaspora jamaïcaine, d'utilisation de basses pas chères (comme la Höfner violon utilisée à ses début par Robbie Shakespeare par exemple, dont il dira lui-même que c'était une catastrophe et qu'il avait dû développer un technique spéciale pour la faire sonner comme il voulait), mais aussi de basses connues pour leur aptitudes à fournir plus de grave comme la Gibson EB-3 pour compenser les piètres performances des studios jamaïcains dans las années 60. Cependant dès que cette musique à connu le succès à la fins des années 60 en Angleterre, et sous l'impulsion de producteurs comme Chris Blackwell (fondateur de Island Records), les moyens sont devenus plus conséquents pour ces artistes jamaïcains... Leurs instruments aussi.