Après la série des cartes AWE qui ont fait le bonheur d'une génération de musiciens, malgré une connectique ISA qui ne permettait pas de faire des folies, Creative a eu la bonne idée de sortir la série des SB Live!, pur dérivé de la talentueuse Emu APS.
Ces deux dernières ont en commun le processeur audio, l’EMU 10K1, qui gère aussi bien l’audio, le midi que les effets et les entrées-sorties. On verra par la suite que le processeur n’est pas du tout exploité de la même façon sur les deux cartes.
Petit aperçu
Connectique en PCI, mémoire de table d’onde empruntée à celle du PC, ports S/PDIF pour les plus gros modèles, possibilitée d’ajouter un rack de connectique, multi-effets, support des soundfonts, tarifs intéressants, cette carte son a tout pour plaire… Mais ne saurait satisfaire toutes les exigences, surtout celles d’un musicien amateur ou semi professionnel. Détaillons.
Connectique
La connectique interne tout d’abord : le bus PCI permet, pour ceux qui n’ont jamais connu les cartes sons ISA, d’avoir enfin une synchronisation de l’audio et du midi acceptable avec un temps de latence raisonnable. Ca n’a l’air de rien, comme ça, mais c’est primordial ! On trouve sur le panneau arrière des entrées et des sorties au format mini-jack (malheureusement…), qui ne permettent en aucun cas d’avoir une qualité de numérisation suffisante pour un travail sérieux. Sur les SB Live! et Live Platinum, une carte fille est fournie et permet de connecter des entrées/sorties S/PDIF et MIDI.
Table d’ondes
Le synthé de la Live! a l’énorme avantage (c’est le cas de toutes les cartes son avec table d’onde aujourd’hui) de présenter deux périphériques distincts que l’on pourra commander via 2 séries de 16 cannaux audio… Bien pratique car souvent, on a besoin d’affecter plus de 16 instruments. Le format Soundfont 2 permet déjà de produire des sons intéressants, malgré un manque de contrôles puissants comme il peut en exister de base sur les cartes Terratec ou Guillemot. (format .94b). Mais c’est sans compter sur le format Soundfont 2.1 que supporte l’APS (voir ci-après).
Convertisseurs
Que dire d’autre si ce n’est que les entrées ne sont pas à la hauteur d’une conversion même amateur… Echantillonage 16 bits peu suréchantilloné, connecteurs mini-jacks… C’est en partie ce qui explique son faible prix : dans une carte son, ce qui coûte le plus cher, ce sont les convertisseurs… Il n’y a qu’à voir le prix d’une carte son pro 24/96.
Drivers
Les drivers livrés de base sont de bonne facture, et les effets disponibles sont intéressants (à essayer : le « vocal morpher », genre de wahwah à modulation de formants). Mais on est loin d’exploiter toutes les possibilités de l’EMU 10k1…
APS Live, ou comment décupler les capacités de sa SB Live
Un jour est arrivé une bande de programmeurs qui se sont dit : « si on portait les drivers de l’APS sur la SBLive ? ». Et voilà qui est fait. Les plus ?
– Premièrement, la gestion du format Soundfonts 2.1 pour la table d’onde. Ce format rajoute des contrôleurs en temps réel sur tous les paramètres d’un son, c’est à dire que l’on peut affecter n’importe quel contrôleur (vélocité, aftertouch, pitch bend, suivi de clavier…) à n’importe quel paramètre (vibrato, volume, fréquence de coupure du filtre, résonance…). Et là cela devient intéressant ! Parce qu’enfin avec des Soundfonts on peut faire des sons vraiment expressifs et non plus se contenter de la seule vélocité comme expression !! On peut même bricoler une wahwah contrôlable via la molette de pitch bend en faisant jouer deux sons identiques en opposition de phase, en décalant légèrement leur fréquence de coupure et en contrôlant celle-ci via le pitch bend.
– Deuxièmenent, les effets gérés par le processeur 10k1 : réverb, chorus, disto… Et combien plus puissants et soignés que sur les drivers de la live! Moi qui voulais m’acheter un multieffet, voilà encore des économies de faites.
On rétorquera à juste titre que les convertisseurs de la Sound Blaster sont de qualité moyenne. Certes, mais c’est toujours mieux que sur un multi effet bon marché qui échantillonne à 32Khz ! Et le petit malin pourra s’acheter une carte avec de bons convertisseurs et une sortie SPDIF, et rediriger celle-ci vers l’entrée SPDIF de la live (que l’on peut d’ailleurs se bricoler soi-même grâce au connecteur interne, ou bien acheter la SBLive avec sortie SPDIF sur carte fille, qui n’est qu’une extension de fonctionnalités déjà présentes sur la SBLive).
– Troisièmement, l’ASIO APS, qui permet tout bonnement d’avoir un temps de latence de 10ms. Quel bonheur de pouvoir jouer de ses instruments VST sans attendre 1/2 seconde! Et les effets sont en direct. Le bonheur.
– Quatrièmement, enfin : avec la dernière version du driver APSLive, on a accès à des sorties séparées (ex-sorties avant/arrière). Intéressant pour faire de l’enregistrement avec plusieurs monitorings.
Avis personnel
Si vous n’avez pas assez d’argent pour vous acheter une EMU APS (très bonne carte), alors rabattez vous sur une Live sur laquelle vous aurez pris soin d’installer ces petits drivers trouvés à cet endroit : http://come.to/sblive. Merci à eux.
Fiche technique et bilan
Chipset : | EMU 10K1 |
Type de synthétiseur : | Table d’ondes |
Polyphonie : | 64 voix |
RAM pour les samples : | 32 Mo maximum |
Effets : | Reverb, Chorus, Flanger, Pitch Shifter, Distortion, etc |
Canaux MIDI : | 48 pistes |
Enregistrement : | 16 bits, 48 KHz max |
Entrées audio : | Micro, Ligne, SP/DIF In |
Playback : | 16 bits, 48 KHz max |
Sorties audio : | Ligne avant, ligne arrière (équivalent à 4 sorties mono) |
Rapport Signal / Bruit : | >96 dB |
Compatibilité : | Win95, 98, NT4.0, Linux… |
Extensions et support : | SoundFont, EAX (Enviromental Audio eXtensions), DirectSound, |
MIDI externe: | UART MPU-401 |