Exhaustivité : tel semble être le mot qui a présidé à la conception du X-Station. Ce dernier cumule en effet les fonctions de clavier maître MIDI, d'interface Audio USB et de synthé à modélisation analogique doté d'une section d'effets. Qui dit mieux ?
Si, ces derniers temps, de nombreux constructeurs ont sorti des claviers de contrôles / interface audio, aucun n’avait osé concentrer autant de fonctionnalité que le X-Station de Novation. Il semble en effet que le célèbre constructeur de synthés ait eu à cœur de proposer tout ce que l’utilisateur était en droit d’attendre d’un clavier maître MIDI/Audio compact… et même plus ! Or, ce qui ont pu poser les doigts sur un K-Station le savent : Novation n’a pas l’habitude de sortir de mauvais produits.
X-Station ou Remote Audio ?
Avant de nous pencher plus avant sur le X-Station, dissipons pour commencer un malentendu qui pourrait naître à la vue de ce test et des photos qui l’accompagnent : Le Remote 25 audio et le X-Station 25 ne sont, en fait qu’une seule et même machine.
Genèse de la chose : Novation sort d’abord le Remote 25 Audio, un clavier de contrôle MIDI doublé d’une interface audio. Quelques temps après, le même clavier sort sous le nom X-Station. Aucune différence au niveau du hardware ou des fonctionnalités Audio/MIDI entre X-Station et Remote Audio, à ceci près que le X-Station embarque un synthétiseur à modélisation analogique.
Or, dans sa grande bonté, Novation permet à tous possesseur d’un clavier Remote Audio de le changer gratuitement en X-Station par la seule mise à jour de l’OS de l’appareil (Le fichier se télécharge depuis le site du constructeur et la mise à jour se fait relativement simplement grâce à l’utilitaire founri). De fait, la seule différence notable qui reste entre Remote Audio et X-Station réside dans les sérigraphies présentes sur le dessus et à l’arrière de l’appareil (au point d’ailleurs que les mentions au Remote Audio ont quasiment disparu du site de Novation). Ce point étant éclairci, déballons le monstre et voyons ce qui se trouve dans la boîte.
La première chose qui frappe au déballage de l’engin, c’est la profusion de contrôles dont il est nanti : que ce soit sur le panneau principal ou sur la face arrière du clavier, on peine en effet à trouver un espace inutilisé, au point qu’une visite guidée s’impose.
De quoi brancher…
Commençons par la connectique qui se trouve à l’arrière de l’engin et propose de droite vers la gauche :
- 2 entrées micro préamplifiées sur embase hybride XLR/Jack 6,35.
- 2 sorties au format Jack 6,35.
- 1 sortie casque toujours en 6,35.
- 1 sortie S/PDIF sur minijack.
- 1 entrée et 2 sorties MIDI sur prise DIN 5 broches.
- 2 prises Jack 6,35 pour connecter pédales d’expression et de sustain.
- 2 connecteurs : l’un USB pour brancher le clavier au PC (avec possibilité d’auto-alimentation), l’autre pour brancher le X-Station sur un transformateur fourni (L’alimentation peut aussi se faire par piles via une trappe accessible par le dessous de l’appareil).
Terminant cette rangée, un bouton permet d’éteindre ou d’allumer le clavier. Bilan : un ensemble des plus complets auquel ne manque, en définitive, qu’une entrée S/PDIF pour que tout soit parfait.
…et de quoi contrôler !
A gauche du clavier de 25 touches semi-lestées et sensibles à l’aftertouch, on trouve d’abord un pad sensitif (librement assignable et sensible à la pression) et un joystick qui tiendra lieu de contrôleur pour le Pitch Bend ou la Modulation. Au dessus du stick sont regroupés les contrôles principaux de l’interface audio/MIDI : des potars rotatifs pour régler les niveaux de la sortie Ligne, de la sortie casque et du monitoring, 2 switchs permettant de se balader dans les octaves MIDI, tout le nécessaire pour gérer les entrées préamplifiées (Switch pour l’alim Fantôme, Gain, Balance ainsi qu’un switch permettant de sélectionner l’une ou l’autre des entrées, ou les deux pour disposer d’une entrée stéréo). A noter que l’alim fantôme peut être affectée sur l’une ou l’autre des voix : c’est bien d’y avoir pensé quand, pour économiser un switch, trop de constructeurs ne permettent qu’une activation/désactivation globale de cette dernière…
Juste à côté se trouve les contrôles liés aux sections d’effets de l’engin (car, oui, il y a aussi deux sections d’effets embarquée, l’une s’appliquant à l’entrée 1 et l’autre à l’entrée 2 !) : ces dernières comprennent un delay, un chorus, une réverb, un compresseur, une distorsion et un EQ. Notez qu’un bouton Mode permet de les mettre en Bypass, mais aussi de les activer à l’écoute ou de l’activer à l’enregistrement (les effets sont pris en compte quand vous enregistrez dans votre séquenceur).
Au centre de l’enfin se situe le panneau d’édition principal qui s’organise autour d’un écran LCD de 16 caractères x 2 lignes. C’est ici qu’on pourra faire défiler les Templates du clavier (mapping utilisateurs ou d’usine), les presets des logiciels pilotés mais aussi accéder aux touches de fonctions de son séquenceur favoris : lecture, stop, avance rapide, etc. Le potar Data Value, en permettant de faire défiler les mappings pré-programmés, donne l’occasion de voir que nombre de configurations d’usine ont été fournis par Novation pour les principaux logiciels du marché : Cubase, Absynth, Albino, Trilogy,, FM7, ImpOSCar, Groove Agent, HALion, Norld Lead 3, Reason, Sonar, etc. Un bouton sobrement nommé Play permet enfin de basculer en mode Synthé (synthé sur lequel nous reviendrons biensûr).
Sur la droite du clavier se trouvent enfin tous les potentiomètres rotatifs, switchs et faders qu’on pourra librement assigner aux fonctions de ses logiciels. Ces derniers s’organisent en 7 sections, leur sérigraphie de base correspondant aux fonctionnalités du synthé X-Station : Oscs-Mixer, Filters, Amp Env, Mod Env / Env 3, Arp, Effects et LFOs. Autant le dire, il y a du monde au balcon de sorte qu’on voit mal comment un utilisateur pourrait manquer de contrôleurs pour piloter un synthé… D’ailleurs, il y en a peut-être trop en définitive car, si les potars, switchs et faders sont agréables à manipuler et donne une impression de solidité, leur concentration nuit à la lisibilité du panneau : on a vite fait de se tromper de bouton… Gageons toutefois qu’avec l’habitude, cette impression de fouillis devrait s’estomper.
Ces petits plus qui font la différence
Précisons aussi que, pour simplifier la vie de l’utilisateur, des caches habillant le panneau de contrôle du clavier sont présent dans la boîte : on en trouve pour Reason, Cubase ou le Native Instruments B4 par exemple, mais aussi quelques exemplaires vierges destinés à des mappings perso : une délicate intention qui évitera d’avoir à coller des étiquettes un peu partout sur la machine…
Dernier détail fort appréciable : la présence d’un bundle de haute tenue. Répondant au doux nom de Xtreme Pack, ce dernier réunit Cubase SE, un version propriétaire d’Ableton Live et V-Station, l’équivalent logiciel du K-Station. Aussi versatile que cohérent, l’ensemble devrait contenter plus d’un musicien, d’autant qu’il est complété d’une version de The Grand SE, le piano virtuel de Steinberg, pour les version 49 et 61 touches du claviers. Un point à ne pas négliger en tous cas, si vous ne disposez d’aucun logiciel avant l’achat de votre clavier maître. Vous n’aurez ainsi qu’à vous procurer une paire d’enceintes, un micro et un ordinateur pour disposer d’un Home Studio déjà bien complet…
Mise en situation
L’installation ne pose aucun problème : on installe les drivers fournis avec le CD, on branche le clavier sur un port USB libre, on allume et il n’y a plus qu’à régler le pilote ASIO depuis son séquenceur pour s’assurer une latence jouable (sur la config de test, des valeurs de 4 ms en sortie et 9 ms en entrée m’ont paru un bon compromis).
Synthé classé X
Dur de résister à la tentation de s’amuser d’abord avec le synthé intégré : un simple pression sur la touche Play et le X-Station, de contrôleur MIDI, devient un instrument à part entière. Pour ne rien gâcher, on retrouve dans ce mode tout ce qui a fait la renommée de Novation et le succès de ses synthés : une modélisation analogique de premier ordre, produisant des sons parmi les plus convaincants dans le genre. Des basses abyssales chargées de subs aux leads abrasifs en diable en passant par les nappes atmosphériques de rigueur, tout y est. Si vous avez aimé le K-Station, vous devriez apprécier…
Il est d’autant plus intéressant de bénéficier de ce mode synthé qu’on peut directement l’enregistrer en Audio dans son séquenceur, en passant ou non par la section d’effets du X-Station, le tout évidemment sans aucune latence…
Un clavier qui fait de l’effet
La section d’effet, puisqu’on en parle, est mieux que bien. Déjà parce qu’elle est double, c’est-à-dire que vous disposez d’une section d’effet pour l’entrée 1 et de sa soeur jumelle sur l’entrée 2. Ensuite parce qu’elle offre plusieurs modes de fonctionnement : bypass, activée à l’écoute uniquement ou activée à l’enregistrement.
Un vrai bonheur pour enregistrer vite fait bien fait une petite maquette (ou plutôt un brouillon) avec un ami, d’autant que les effets sont d’excellente qualité. Seul petit bémol : l’absence de vocodeur, pourtant présent sur le K-Station et d’autant plus incompréhensible qu’avec ses deux entrées audio, le X-Station dispose de l’interfaçage nécessaire au traitement.
Audio In
Concernant les entrées audio, les 2 préamplis fournis par Novation font correctement leur job même s’il ne m’ont pas paru disposer d’une grosse réserve de dynamique lors de mes tests avec un petit micro statique : rien de rédhibitoire cependant tant qu’on ne pousse pas trop le gain…
Soulignons aussi que ces derniers sont à l’image des convertisseurs : transparents, il n’offrent pas de coloration manifeste du signal. Bref, le X-Station est un compagnon fiable de ce côté et devrait suffire à de nombreux musiciens, pour peu que ces derniers se satisfassent de la résolution audio max de 24 bits /48 kHz (En attendant que Novation sorte une version 24/96 de son clavier sur interface Firewire ou USB 2 : à bon entendeur).
Ne l’oublions pas cependant, avant d’être une interface audio, un double-processeur d’effets ou un synthé, le X-Station est d’abord une surface de contrôle MIDI. Or de ce côté, il frise la perfection.
MIDI out
Agréables à tourner ou à pousser, les multiples potars et faders du clavier permettent un contrôle précis des applications audio les plus diverses. Rien à redire sur le confort qu’apporte sur ce point le X-Station, bien qu’on eût préféré une organisation plus aérée, notamment sur les versions 49 et 61 touches du clavier qui ne tirent pas parti du gain de surface apporté par leur longueur…
On le déplore par exemple lorsqu’on joue sur l’octave la plus grave du clavier : l’auriculaire vient souvent à effleurer le pad sensitif, ce qui peut provoquer des modifs non désirées.
Entre autres réussites, le pad en question est d’ailleurs un énorme plus même s’il semble parfois manquer un peu de précision (des sauts ont été observé sur l’axe des ordonnées, la valeur du contrôleur MIDI passant de 74 à 95) : piloter la résonance d’un filtre ou le placement d’une source dans l’espace stéréo est un tel plaisir avec ce genre de contrôleur qu’il devient difficile, une fois qu’on y a goûté, de s’en passer.
Pour pinailler, on pourra enfin regretter l’absence de position médiane sur certains potars : cela aurait facilité, par exemple, le réglage de la Balance entre les deux entrée sur 0…
Conclusion
Avec un prix public démarrant à 809 €, le X-Station n’est certes pas le plus abordable des claviers de contrôle. Il convient toutefois d’apprécier ce prix en vis-à-vis des fonctions que cumule l’appareil : un clavier maître MIDI ultra-complet, une interface audio USB 24/48 embarquant deux préamplis, un double-processeur d’effets et un synthétiseur à modélisation analogique qui, à part le vocoder, n’a pas grand-chose à envier à l’excellent K-Station (vendu 749 €à lui-seul !).
Si l’on rajoute à tout cela un bundle qui n’a rien d’un gadget marketing, il ne fait aucun doute qu’en achetant le X-Station, vous faîtes en définitive bien des économies. Certes, une telle exhaustivité se paye aussi au niveau du poids de l’engin : avoisinant les 2,5 kg, la version 25 touches du clavier est plus transportable qu’elle n’est portable (ou du moins n’est-elle pas portable au sens du PCR-1, véritable poids plume du marché). Mais cela n’a rien de gênant dans le contexte d’une installation Home Studio sédentaire et c’est là un bien petit défaut par rapport aux énormes qualités de l’appareil.