Sur le très disputé marché de l'interface audio FireWire, PreSonus fait à son tour parler la poudre avec une FirePod qui, avec ses 8 préamplis et son prix plancher, a tout d'une arme de création massive...
Depuis quelques années, l’interface PCI, autrefois dominante sur PC comme sur Mac, perd du terrain au profit d’autres formats de connexion. A l’instar de MOTU, M-Audio ou encore Edirol, les constructeurs produisent ainsi de moins en moins de cartes son et de plus en plus d’interfaces audio externes, parce qu’elles sont à la fois plus simples à installer et nettement plus pratique à utiliser.
Or si le format USB est ainsi régulièrement utilisé pour les interfaces audio ne possédant qu’une ou deux entrées / sorties audio, c’est aux formats USB 2 et FireWire qu’on recourt dés que l’on veut atteindre des débits plus importants (et donc multiplier les entrées / sorties). Autres avantages de ces derniers : ils sont présents sur la plupart des ordinateurs portables récents, de sorte qu’ils permettent de monter une station de travail à la fois puissante et nomade.
What is IN…
Dés le déballage, la FirePod inspire confiance : structure et potards métalliques, façade en alu brossé… Bref, même si la chose est très subjective : l’interface a l’air solide, et ça rassure ! Seule fausse note, et ça devient une habitude sur ce genre de matériel, l’alimentation est déportée, avec un transformateur externe.
Passons au détail de la connectique : en face avant, les 8 entrées préamplifiées sont des combos XLR/Jack symétrique signés Neutrik, un gage certain de qualité. Suivent les 8 potards de gain, métalliques et crantés qui s’avèrent très précis.
En plus de pouvoir recevoir des micros, les entrées 1 et 2 font office de DI (Direct Input), avec une impédance de 1Mohm, ce qui les rend propre a recevoir un signal venant d’une guitare ou d’une basse (passive). Les entrées 3 à 8 sont quant à elles prévues pour des signaux Ligne et Micro.
L’alimentation Fantôme est bien sûr présente sur toutes les entrées, grâce a 2 switchs, l’un permettant d’alimenter les entrées 1 à 4 et le second les entrées 5 à 8.
Toujours sur la face avant mais dans la partie droite, on dispose d’une sortie casque possédant son propre réglage de volume, du potard de volume de la sortie principale et d’un autre dénommé « Mixer ».
and what is OUT…
En retournant la bête, on constate tout de suite les différences entre les voix 1 & 2 et les autres voix de la FirePod. Ces 2 entrées possèdent chacune une boucle d’effet symétrique, permettant d’intercaler un processeur externe entre le preampli et les convertisseurs.
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Au passage on retrouve a l’arrière les 2 entrées lignes des voies 1 et 2. Attention, tout jack branché dans ces entrées ligne désactive les entrées D.I. et micro de la face avant. Chacune des 8 voix dispose ensuite de ses sorties au niveau ligne, au format jack symétrique.
Non loin de là, un duo de prises MIDI (In et Out) permet de brancher un instrument compatible à la FirePod et de bénéficier de 16 canaux.
Poursuivons avec la connectique numérique qui consiste en une traditionnelle entrée / sortie S/PDIF au format RCA, mais pas d’ADAT, ce qui limite tout de même l’évolutivité du produit si des besoins en entrées/sorties supplémentaires se font sentir.
C’est vraiment dommage sachant que la norme Firewire permet de faire passer facilement 16 signaux de plus quand on est en 24/48 (standard ADAT).
Toutefois au moment ou j’écris ces lignes, Jukebox Ltd (le distributeur des produits PreSonus) nous informe qu’un nouveau driver devrait arriver fin octobre : il permettrait de chaîner plusieurs FirePod, ce qui relativise quelque peu le manque d’évolutivité du produit.
Terminons avec les 2 dernières sorties : 1 sortie « Main » dont le volume peut être réglé en face avant, et une sortie « Cue Mix » au niveau ligne, qui peut être reliée à un ampli casque par exemple, afin de fournir un mix aux musiciens.
Une installation sans pli…
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Rien de bien compliqué lors de cette étape. Après avoir téléchargé les derniers drivers disponibles sur le site de PreSonus, et suivi scrupuleusement les instructions du manuel papier fourni (la chose est suffisamment rare pour être mentionnée), l’installation sur PC n’a, il est vrai, posé aucun problème.
A ce propos, notez d’ailleurs que la FirePod n’est compatible qu’avec Windows XP sur PC et la dernière version de MacOS X sur Mac. Si ce choix peut paraître élitiste car il réserve l’usage de la FirePod à des possesseurs d’ordinateurs relativement récents, il présente aussi des avantages.
Sur ce point, la réponse de PreSonus est très claire : se limiter aux derniers OS permet de grandement simplifier le développement des drivers et surtout de leur permettre d’être complètement stables dés les premières versions.
Et il est vrai que les pilotes de la FirePod se sont montrés d’une stabilité exemplaire durant tous mes tests : je n’ai eu à déplorer aucun crash, ni aucun « crack » ou « Plop » durant les enregistrements, et ce sur une configuration informatique qui n’était pas forcément « idéale » (Cf encadré).
Pour paramétrer tout ce petit monde, le panneau de réglages s’avère pour le moment très succint : on se limitera ici à la fréquence d’échantillonnage, la source de synchro, la latence et au niveau de puissance de votre processeur (Low, Medium, High).
Mais là encore, PreSonus promet d’améliorer les choses pour la prochaine version du driver. Une table de mixage virtuelle permettant de router n’importe quelle entrée sur n’importe quelle sortie devrait ainsi faire son apparition. Il nous tarde de la voir…
La FirePod est enfin livrée d’office avec Cubase LE, logiciel très semblable à la version SX à quelques limitations près.
Du coup, le bundle 'interface audio + logiciel’ conçu par PreSonus s’avère être une solution clé en main de premier choix pour démarrer la MAO.
Et le son dans tout ca ?
Autant le dire tout de suite, la FirePod m’a faite une forte impression de ce côté. Cela commence par de très bon résultats obtenus sur les benchmarks de Right Mark Audio Analyzer en 24 bits / 48 kHz, comme vous pouvez le voir ci-dessous :
Testing chain: External loopback (line-out – line-in)
Sampling mode: 24-bit, 48 kHz
Frequency response (from 40 Hz to 15 kHz), dB: | +0.04, –0.09 | Excellent |
Noise level, dB (A): | –101.7 | Excellent |
Dynamic range, dB (A): | 101.3 | Excellent |
THD, %: | 0.0015 | Excellent |
IMD, %: | 0.011 | Very good |
Stereo crosstalk, dB: | –103.0 | Excellent |
IMD at 10 kHz, %: | 0.0054 | Excellent |
General performance: Excellent
Frequency response
Frequency range | Response |
From 20 Hz to 20 kHz, dB | –0.22, +0.04 |
From 40 Hz to 15 kHz, dB | –0.09, +0.04 |
Noise level
Parameter | Left | Right |
RMS power, dB: | –95.9 | –97.0 |
RMS power (A-weighted), dB: | –101.3 | –101.7 |
Peak level, dB FS: | –78.9 | –79.3 |
DC offset, %: | –0.00 | –0.00 |
Dynamic range
Parameter | Left | Right |
Dynamic range, dB: | +96.7 | +97.5 |
Dynamic range (A-weighted), dB: | +101.3 | +101.5 |
DC offset, %: | –0.00 | –0.00 |
THD + Noise (at –3 dB FS)
Parameter | Left | Right |
THD, %: | 0.0015 | 0.0015 |
THD + Noise, %: | 0.0108 | 0.0107 |
THD + Noise (A-weighted), %: | 0.0114 | 0.0114 |
Intermodulation distortion
Parameter | Left | Right |
IMD + Noise, %: | 0.0109 | 0.0109 |
IMD + Noise (A-weighted), %: | 0.0053 | 0.0054 |
Stereo crosstalk
Parameter | L <- R | L -> R |
Crosstalk at 100 Hz, dB: | –94 | –92 |
Crosstalk at 1 kHz, dB: | –102 | –101 |
Crosstalk at 10 kHz, dB: | –98 | –98 |
IMD (swept tones)
Parameter | Left | Right |
IMD + Noise at 5 kHz, %: | 0.0045 | 0.0046 |
IMD + Noise at 10 kHz, %: | 0.0073 | 0.0073 |
IMD + Noise at 15 kHz, %: | 0.0043 | 0.0043 |
De la dynamique au rapport signal/bruit en passant par le taux de distorsion, il n’y a donc rien à redire à la vue des courbes présentées par le benchmark. Or, ces excellents résultats se confirment à l’oreille : Les convertisseurs sont excellents et les préamplis ne le sont pas moins.
Quantité et qualité
Bien qu’ayant souvent été déçu par la qualité des preamplis embarqués dans ce type de matériel, je dois reconnaître que j’ai été favorablement surpris par ceux de la FirePod : ils figurent ni plus ni moins parmi les meilleurs que j’ai testé sur une interface audio.
Sur une prise de guitare acoustique, j’ai trouvé ces preamplis à la fois clairs, précis et dynamiques, avec un haut bien présent et un bas qui, s’il n’était pas exceptionnel, n’était pas du tout brouillon.
La chose est d’autant plus remarquable que l’enregistrement a été réalisé à l’aide d’un couple d’Oktavas MK012, très à l’aise dans cet usage mais connus aussi pour réclamer un fort gain de la part des préamplis. Or, ceux de la FirePod se sont révélés parfaitement à la hauteur de la tâche.
Entendons-nous bien, ces preamplis ne peuvent se comparer a du matériel dédié haut de gamme dont les qualités sonores permettrons d’embellir une prise. Mais ils vous permettrons d’aborder n’importe quelle session d’enregistrement sans avoir à rougir, et ce ne sont certes pas eux qui vous saboterons une prise !
Pour vous en convaincre, je vous suggère d’ailleurs d’écouter les extraits audio suivants* :
1/ Voix : Oktava MK319 – Guitare : Couple d’Oktavas MK012 en position X/Y
Prise effectuée « live », c’est-à-dire Guitare et Voix en même temps dans la meme pièce (avec « repisse » dans tous les micros par conséquent)
2/ Voix : Blue Baby Bottle – Guitare : Blue Baby Bottle
3/ Voix : Beyerdynamic Soundstar (clone Sennheiser MD421) – Guitare : Blue Baby Bottle
A propos de ces fichiers, notez que :
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Même bons résultats en Mode D.I. : avec une guitare directement branchée dans l’entrée adéquate, le son est bien respecté et peut être traité facilement avec votre simulateur d’ampli préféré. Le résultat est impeccable.
Conclusion
Avec un tarif public aux environs de 760 € TTC, Presonus frappe un grand coup avec la FirePod qui possède de nombreux atouts : 8 préamplis de bonne facture, un système de monitoring aussi efficace qu’ergonomique, la future possibilité de chaîner plusieurs interface, et des drivers extrêmement fiables.
Tout cela concourent à en faire une solution efficace et de qualité tant pour le travail en home-studio avancé que pour l’enregistrement « live » (CF l’enregistrement du groupe Tower of Power à cette adresse). Il ne reste pas grand-chose à regretter, si ce n’est à la rigueur l’absence de l’ADAT… et le fait de devoir rendre l’interface !
Merci à Kruci pour avoir prêté sa voix aux enregistrements !