Sujet AFP : Ils sont fous ces PDGs

Citation : STRASBOURG (AP) -- Le chômage ou un poste en Roumanie payé 110 euros brut par mois pour 40 heures de travail hebdomadaire, c'est ce qu'une entreprise alsacienne propose à neuf de ses salariés. La Direction départementale du travail (DDT) rencontrait mercredi le patron de Sem Suhner, qui affirme n'avoir pas d'autre choix.
La lettre envoyée le 4 avril dernier par la Sem Suhner, spécialisée dans la fabrication de petits transformateurs électroniques, de cartes mères, de bobines et de câblages, offre aux intéressées -la majorité des 41 salariés sont des femmes- comme alternative au licenciement économique «un reclassement au sein de la société Systeme Contact-Medias-Roumanie et ce en qualité d'opératrice».
«L'entreprise se trouve fortement limitée pour vous proposer des postes de reclassement internes, eu égard à sa situation actuelle», explique la direction de l'entreprise de Schirmeck (Bas-Rhin), qui précise que l'ancienneté reste acquise et que la «collaboration avec la société Systeme Contact sera régie par le droit du travail et de la protection sociale en vigueur dans le pays du lieu d'exécution du travail».
La rémunération est légèrement supérieure au SMIG roumain, fixé à 80 euros, mais le salaire moyen d'un employé roumain s'élève à 160 euros.
Les salariées sont «choquées» et entendent opposer un refus à cette démarche que la CFDT-Métallurgie du Bas-Rhin juge «scandaleuse», a déclaré le secrétaire général local, Alain Brignon, interrogé par l'agence Associated Press.
La DDT de son côté examine la situation afin de déterminer quel est le lien exact entre Sem Suhner et Systeme Contact-Médias. Il y a quelques mois, la DDT de Moselle avait refusé un plan social au motif que la direction n'avait pas proposé en priorité aux salariés licenciés un poste sur le site, délocalisé dans un pays de l'Est. Mais un avocat spécialiste du droit du travail souligne sous le couvert de l'anonymat que si la proposition de Sem Suhner peut paraître «indécente, elle est inscrite dans le Code du travail».
Le directeur de Sem Suhner, Michel White, se dit quant à lui «dans l'obligation de procéder ainsi à cause de la concurrence des pays de l'Est et d'Asie». «Cette proposition de notre partenaire roumain n'est pas hors législation, elle propose une embauche plutôt que d'aller pointer à l'ANPE», se défend-il. Il assure avoir cherché des solutions en Alsace, mais «seul notre sous-traitant (roumain) a donné une suite favorable».
L'entreprise a connu ses premiers graves problèmes lors de la défection, en 2000, de son plus important client, américain. La baisse des prix de la téléphonie a ajouté à ses difficultés. AP