Sujet de la discussionPosté le 09/09/2005 à 22:43:14C'est l'histoire d'un mec.
Un marginal, la cinquantaine vivant de petits boulots, la gueule et le corps ravagés par un pseudo exema, une maladie du système immunitaire y parait, qui donne à la peau l'apparence de celle des grands brulés.
Un mec solitaire, peut être un peu ivrogne, grognon, gueuleur, un mec capable de rire ou de péter plus fort que tous les autres que j'ai pu rencontrer. Maladroit, dyslexique, pas très intelligent, limite, très limite même.
Sympatique? Pas tant que ça, limite fils de pute parfois. On a travaillé ensemble dans les vignes cet hivers et au printemps. Il tirait bien au flanc ce salop! il ralait, et il disait des conneries, sans arrèt, des trucs sans queue ni tête. Il pensait un mot, mais c'est un autre qui sortait de sa bouche, et un autre... incompréhensible!
Souvent il répétait la même phrase, comme une litanie, et il s'esclafait, comme un con: "C'est ça la vie d'artiste, et sans filet!" son leitmotiv.
Tient, il m'a filé des plans de tomate pour mon jardin!
Dans la nuit de lundi à mardi il a essayé de traverser un gué en voiture, c'était le déluge, il était peut être bourré.
Un braconier a retrouvé sa voiture dans le ruisseau 200 mètre plus bas le lendemain matin, les phares éclairés. Il en a parlé au maire du village que ce matin.
Dans l'intervalle, personne ne s'est vraiment soucié de la disparition de Chistian, même pas son vieux compère willy, ils étaient peut être fachés comme toujours.
Bref, les gendarmes ont retrouvés le corps ce soir.
C'est probablement un peu un acte manqué, il était malheureux comme un chien.
Simplement cette mort me révolte, je ne sais même pas pourquoi, tout cela est absurde et triste à pleurer, sa vie et sa mort, à l'unisson.
Il y a un monde, mais pour moi c'est carrément un univers qu'il y a entre le gars qui a un minimum de tristesse et de compassion et celui qui s'en bat les coucougnettes, et puis il y a pas mal de gens qui ne veulent vraiment pas être aidés.