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Sujet Rupture de stock

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Sujet de la discussion Rupture de stock
Petite fiction bien sympa :

Citation : - Monsieur le ministre, Février est là.
- Ah, qu'il entre.

Le ministre de la communication opéra un large mouvement tournant pour prendre place dans son fauteuil et fit signe à l'émissaire de la DST de s'asseoir.

- Monsieur le ministre, je serai bref. Tout a débuté par une rupture de stock chez Leroy-Merlin, concernant deux articles : des masses et des pelles, tout ce qu'il y a d'ordinaire.
- Je vous demande pardon ?....
- Ordinaires, les pelles.
-Ca n'est pas ça que je veux dire. En quoi une rupture de stock concernant des articles de quincaillerie ou des outils de jardin relèverait-elle du ministère de la communication ?
- J'y viens, monsieur le ministre, j'y viens...

Le ministre leva les yeux au plafond.

- Essayez de faire vite.

Sébastien Février ouvrir un dossier qu'il consulta rapidement.

- En octobre la société Leroy-Merlin - nous avons un homme à nous chez eux - nous signale cette rupture de stock concernant les masses et les pelles. Ils réassortissent, et nos agents, planquant discrètement, choisissent un client au hasard parmi la file qui commence immédiatement à se former devant le comptoir. Effectivement le type arrive à la caisse avec ces deux seuls articles : une masse et un pelle de jardin.
- Des casseurs ?
- C'est ce qu'on a pensé. On a donc suivi l'homme. Quarante cinq ans, employé de bureau. Marié, trois enfants, habitant la banlieue. Mes gars se mettent en planque discrètement. Et....
- Et ? ....
- A deux heures trente du matin la lumière de l'entrée du pavillon s'allume. L'homme sort et inspecte les alentours, puis, ne voyant personne, il fait signe aux autres, qui sont restés dans la maison. Lui va vers sa voiture, garée devant, ouvre la malle. Les autres, sa femme, un garçon de dix-huit ans qui devait probablement être son fils aîné et une personne que nous n'avons pas identifiée amènent furtivement deux grands sacs de plastique noir qu'ils enfournent dans la malle, que l'homme s'empresse de refermer sa malle en faisant le moins de bruit possible. La femme retourne dans la maison et ressort aussitôt avec la masse et la pelle, qu'elle jette sur le siège arrière. Et le couple démarre. Le couple, seul. Les autres restent dans le pavillon.
- Bon, et alors ?
- Mes gars les pistent discrètement. Il gagnent la forêt de Saint Cucufa. Là, ils stoppent la voiture commencent à creuser avec la pelle.
- Pour enfouir le corps ?
- Non, monsieur le ministre.
- Je ne comprends pas.
- Vous allez comprendre. Laissez-moi poursuivre. Mes gars ont tout suivi avec leurs jumelles à accentuation de brillance, sans se faire repérer.
- Et qu'ont-ils vu ?
- Les deux ont sorti les sacs de la malle et étalé leur contenu.
- Le corps découpé ?
- Non.... un téléviseur d'un modèle récent, avec ses accessoires : le magnétoscope et le lecteur de DVD. Puis l'homme a pris la masse et les a littéralement réduits en bouillie. Ensuite ils ont jeté les débris dans le trou, les ont recouverts de terre et fait disparaître les traces soigneusement.
- Vous dites un modèle récent ?
- Oui.
- C'est ça qui est étrange. Continuez.

Février comprit qu'il avait piqué la curiosité du ministre. Il tourna une autre feuille du rapport.

- Début septembre, c'est à dire deux semaines après les faits, un type à nous arrive au pavillon des Martin.
- Des Martin ?
- Oui, le type s'appelle Martin. Il est employé à la Lyonnaise des Eaux. Bref, un gars de la maison se pointe chez ces gens en disant qu'il vient pour contrôler la réception de leur téléviseur. Mais tout de suite il avise la prise du salon, débranchée.
- Ils n'avaient même pas fait disparaître les traces ?
- Non. Le fil de l'antenne était encore là, sur la moquette. Il leur a demandé où était leur téléviseur, s'ils l'avaient fait réparer. L'homme a répondu qu'ils l'avaient filé à sa belle-mère.
- Et alors ?
- C'est là que ça se corse. La belle-mère est morte il y a trois ans.

Le ministre se mit à rire nerveusement.

- Il n'y a pas de quoi fouetter un chat. Certaines personnes ont parfois des comportements incompréhensibles, irrationnels.
- Monsieur le ministre, vous pensez bien que nous n'en sommes pas restés là. Après avoir vérifié que l'homme n'avait aucun antécédent psychiatrique ou de quoi que ce soit nous sommes retournés chez Leroy-Merlin.
- Pour remonter la filière.
- En quelque sorte. Les achats massifs de masses et de pelles continuaient. On a donc suivi d'autres clients, pris au hasard.
- Et alors ?
- A des variantes près, même scénario. L'un, qui n'avait plus trouvé de pelle est allé balancer son téléviseur fracassé dans la Seine, à trois heures du matin. Tenez, voici les clichés pris au téléobjectif.

Le ministre les examina.

- C'est encore un modèle récent....
- Oui, avec un écran plat.

Février referma son dossier, faisant signe qu'il avait terminé son rapport. Le ministre se leva. Il était soucieux.

- Je vous remercie.

Dans les mois qui suivirent les ventes de téléviseurs subirent une baisse sensible en dépit de campagnes promotionnelles extrêmement offensives, comme la proposition d'ensembles à écrans plats, à plasma, au même prix que celui des appareils ordinaires. Mais rien ne parut pouvoir enrayer ce phénomène. Les destructions de téléviseurs continuèrent, en tant qu'actes isolés. Questionnés par des gendarmes les ayant pris sur le fait, ces gens furent incapables d'expliquer leur geste, ou fournirent des motifs peu crédibles en disant par exemple "que la couleur ne leur plaisait plus". Près de Roanne la police, avertie, appréhenda une vingtaine de personnes qui s'étaient réunies, dans un champ, et avaient mis le feu à leurs téléviseurs entassés, ce qui avait attiré l'attention. On pensa à une secte, mais l'enquête montra que ces gens n'avaient aucun lien entre eux. Plusieurs s'étant rencontrés sur le terrain, animé du même projet, avaient saisi leurs portables et appelé leurs amis, qui s'étaient joints à eux. Après des heures de garde à vue, tout ce qu'on put tirer de ces gens c'était "que l'idée leur en était venue", c'est tout.

Une télévision locale fit un dossier sur l'événement, qui eut des répercussions catastrophiques. Immédiatement, des centaines de bûchers similaires s'allumèrent dans tout le pays. Le ministère donna immédiatement des consignes de black-out très strict, mais en vain. Un mouvement était lancé, sans qu'on puisse en comprendre le sens. Juste avant l'été la société Darty déposa son bilan. Sur toutes les chaînes l'audimat s'effondrait. Une cellule de crise, regroupée autour du ministre de la communication fut créée. On sentait que l'ambiance était tendue. On dressa un rapide tableau de la situation, qui était devenue catastrophique, au point que les campagnes électorales, proches, allaient être sévèrement compromises du fait de la baisse générale d'audience.

Quelqu'un lâcha :

- Mais, si ces gens ne regardent plus la télévision, que font-ils ?!?
- Ils lisent.
- Ils lisent des magazines ?
- Non, ils lisent des livres.

L'homme étala sur la table une demi-douzaine d'ouvrages qui venaient de sortir dans la semaine précédente. Puis, avec des gestes mesurés il les retourna un à un, comme un retourne des cartes, de telle façon que les membres de la cellule puissent voir ce qui figurait au dos de chacun des ouvrages. En tête de la quatrième de couverture ces livres portaient tous une inscription en lettre rouges :

          Nuit gravement à la Télé

2
Ça ne peut vraiment être qu'une fiction malheureusement :??:
3
Ouaip :((
4
Tu n'aurais pas une version courte pour les accros de la télé qui ne seront pas allés jusqu'au bout du récit ?


:mrg: :bave:
5
Non, ça prend 5 min à lire :diable:
Et puis c'est pas le Saigneur des Agneaux là :mdr:
6
Nan, 3 minutes pour moi :mrg:
mais je pense aux accors de télé qui éventuellement viendraient stagner ici et qui pourraient être choqués par ces alignements osés de voyelles et de consonnes... ça pourrait être dur pour eux :mdr:

nan mais sans dec', cette nouvelle est pas mal faite, plutôt bien écrite, totalement utopique, il faudrait en faire une oeuvre plus conséquente, en fait...
7
8
Yann> ouaip, c'est JP Petit tout craché ! ;) Je passe des heures à lire les milliers de pages sur son site. Y'a un peu de tout sur tous les sujets. Globalement, ça tourne autour de la manipulation de l'information. :bravo:
9
Ça me donne une idée, on va faire un sondage:
qui connait le projet H.A.A.R.P.?
10
Moi ! :D: