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Sujet Bret Easton Ellis : "Why the Teletubbies are evil !"

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Sujet de la discussion Bret Easton Ellis : "Why the Teletubbies are evil !"


THE BIG ISSUE
Why the Teletubbies are evil. The shocking truth by Bret Easton Ellis.

There is a children's TV program that takes place under gray English skies where a sun with the face of a baby so adorable he must be computer-generated rises as a tinny march plays on the soundtrack.
And then the Teletubbies appear--four blobs, performers in costumes, each a different color of pale frosting with defining antennae flopping on top of their heads--cavorting and frolicking in an astroturfed wasteland, a barren miniature golf course. They take karate stances for no apparent reason. They carry purses. They have names like Dipsy and Tinky-Winky. They have smooth, ageless, simian faces. They speak in sentence fragments and clipped phrases, sounding vaguely like giddy Japanese waitresses who work at the sushi bar in Hell. Sometimes they interact with a narrator who asks urgent questions along the lines of, "What's in the bag, Tinky-Winky?"

Like toddlers, the Teletubbies are amazed by balls, pieces of felt and plastic food. Holding balls, pieces of felt and plastic food. Holding hand while dancing around a plant is an especially popular pastime. Toys are put in bags and then pulled out of bags with great fanfare and encouragement. Minutes go by as the Teletubbies fall over while the sun looks down on them and squeals with delight. Sober, straining to pay attention you have no idea what's going on. Imagining the performers in those suits making "tubby custard," tasting "tubby toast" and trying on hats can move you to make yourself a very large drink.

Teletubbies share this space with giant, motley rabbits that are real and lumber toward plastic flower beds (one insider tells me the rabbits are as large as "small lambs" and are "bred especially" for this show). Farting noises commence, periscopes pop out of astroturf, a pinwheel dispenses sparkly rays causing the Teletubbies to huddle and spaz out, and that's when the gray squares on their bellies start glowing.

These Oompa Loompas on acid are actually living televisions--all proudly baring a screen embedded in their stomachs, which flash to life, showing short films of real children acting disconcertingly like Teletubbies--attempting gymnastics, zipping up bags, closing and opening drawers, deciding what to wear, singing mindlessly, hiding from each other (actually what any number of my friends in Manhattan do on a daily basis). This documentary footage reminds you of the thin line between the speech patterns of children and total drunks.

Though it lacks the forced, noxious gaiety of Barny, Teletubbies seems like a wicked satirist's idea of a horrible children's program watched in a future concocted by Huxley or Orwell or Gibson. They are reminiscent of the mutants in David Cronenberg's The Brood, and you can only stare and think: well they must have been designed to upset us. It's a dare. Marilyn Manson's calculated shock tactics seem phony compared to these psychedelic teddy bears (a warning: do not play The Dope Show over Teletubbies with the volume off). I would actually rather have my kids watch Taxi Cab Confessions or Deliverance.

The soothing tones, the eerie quiet, the New Agey vibe, the immaculate surfaces, everything so anal and controlled and antiseptic, a world where even the spontaneous seems rehearsed, the sheer humorlessness of it all--is what makes Teletubbies so creepy and emlematic of the new mothers and fathers of my generation.

Part of my resentment stems from the fact that I'm at an age where the majority of these friends are having children and settling down and this intrudes upon my bachelor lifestyle: dinner reservations are now made at seven, wilder invitations are bypassed, casual indignation about drugs and movie violence (these from former addicts, dealers, nymphos). But part of it stems from the hypocrisy of adults--the creators of Teletubbies and the scared, thoughtful parents plopping their kids in front of the tube--who over-identify with children and want the world baby-proofed. Adults who want the world to conform to their own notion of safety.

There was a mad, anarchic quality to Sesame Street--wit and sass were in abundance--in the late 60's and early 70's. The puppets were boisterous and often confused and fed up with the adults (authority figures) surrounding them. There were skits, rock songs, a general air of messiness that is conspicuously absent from Teletubbies and which makes it such odious time when cultural artifacts are stripped down to such an essential dumbness that people can locate a purity and familiarity they find soothing. Comfort abounds. Get Zen! Zone out! Sshhh.

One gets the feeling that if the Cookie Monster or Oscar the Grouch entered Teletubby land, their uncontrollable natures would compel the Teletubbies to club the living shit out of them and have the giant pinwheel make their muppet corpses disappear.
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VOICI POURQUOI LES TELETUBBIES SONT MALEFIQUES.

Par Bret Easton Ellis
(traduction en français par Valentin Jolly)

Il y a une emission de télé pour enfants où, dans le ciel grisâtre d'Angleterre, se lève un soleil à visage de bébé (si adorable qu'il a dû être retouché par ordinateur) ; en fond sonore retentit simultanément une petite marche militaire.

Puis, les Teletubbies apparaissent - quatre gros tas informes, personnifiés par des types costumés, chacun d'une couleur différente, comme autant de shamallows palichons. Ils sont affublés d'une sorte d'antenne qui bouge en haut de leurs têtes ; ils batifolent et font de cabrioles sur un terrain vague tapissé de gazon artificiel - un minigolf stérilisé.
Sans raison apparente, ils adoptent des postures de karatékas ; chacun transporte son petit sac à main personnel ; ils se nomment Dipsy, ou bien encore Tinky Winky. Leur visages sont ceux de singes, mais lisses et sans âge. Ils s'expriment à l'aide d'onomatopées et de syntagmes désarticulés; on croirait entendre des serveuses japonaises émêchées dans un sushi-bar quelque part en Enfer. Parfois, ils réagissent aux propos d'un narrateur qui en voix-off leur pose des questions cruciales, du genre : "Et qu'est-ce qu'il y a dans ce sac, Tinky Winky ?".

Comme tous les enfants en bas-âge, les Teletubbies sont fascinés par les ballons, les tissus feutrés et les aliments synthétiques. Ils les manipulent joyeusement. Chez eux, danser en rond autour d'une plante en se tenant par la main semble être un passe-temps particulièrement en vogue. Ils rangent leurs jouets dans des sacs, puis les en ressortent sous les acclamations, avec tambours et trompettes.
Les minutes s'écoulent, les Teletubbies s'affalent au sol, sous le regard altier du soleil-bébé qui en couine de plaisir. Le simple fait d'imaginer les types dans ces costumes en train de préparer de la "tubby-crème-à-la-vanille", de goûter aux "tubby-toasts", ou d'essayer divers couvre-chefs peut déclencher l'irrésistible envie de se confectionner un grand cocktail bien tassé. Les Teletubbies ont pour voisins de vrais lapins géants de toutes les couleurs, qui marchent d'un pas lourd vers des plates-bandes en plastique (un initié m'explique que les lapins en question sont gros "comme des agneaux" et sont "spécialement élevés" pour l'émission).


Ensuite, on entend des bruits de pets, des périscopes émergent du gazon artificiel, et une sorte de grande roue magique diffuse des rayons scintillants qui obligent les pauvres Teletubbies à se blottir les un contre les autres. Parfois, ils vont même jusqu'à s'évanouir. C'est à ce moment précis que les rectangles grisâtres situés sur leurs ventres entrent en action

. Ces hurlus-berlus sous acide sont en réalité des télévisions vivantes, ils exhibent fièrement un écran incrusté dans leur abdomen et qui soudain s'allume, pour diffuser de petits court-métrages mettant en scène de vrais enfants qui agissent de façon déroutante - comme des Teletubbies (ils s'essayent à la gymnastique, referment les fermetures éclair de leurs sacs, ouvrent et ferment des tiroirs, choisissent les habits qu'ils vont porter, chantent à tue-tête, jouent à cache-cache)... En fait, autant de comportements adoptés quotidiennement par pas mal de mes amis de Manhattan.

Au total, ces petits documentaires vous remettent à l'esprit les nombreuses similitudes entre le langage des enfants et celui des grands alcooliques. Bien qu'ils ne possèdent pas la verve contrite et nocive d'un "Barney", les "Teletubbies" ressemblent à l'image qu'un caricaturiste un peu tordu pourrait brosser d'une affreuse émission pour enfants, diffusée dans un monde futuriste conçu par Huxley, Orwell ou Gibson. Les Teletubbies rappellent les mutants du film "Chromosome 3 (The Brood)" de David Cronenberg ; en les observant, on ne peut que penser : bon sang, ils n'ont dus être inventés que pour nous rendre malades ! C'est vrai qu'il fallait oser. Tous les efforts de provocation du chanteur Marilyn Manson ont l'air bidon comparés à ces petits nounours psychédéliques. Avertissement : n'écoutez pas sa chanson "The Dope Show" en regardant les Teletubbies le son coupé. Personnellement, je préfère encore que mes enfants regardent des trucs comme "Taxi Cab Confessions" ou "Delivrance".

Les sonorités lénifiantes, le silence sinistre, l'ambiance New Age, les surfaces immaculées, tout y est si constipé, si contrôlé, si aseptisé, dans un univers où même ce qui est spontané à l'air minutieusement planifié, que cet ensemble inquiétant, dont le moindre humour semble absent, est le parfait symbole des nouveaux pères et mères issus de ma génération.

Une partie de mon irritation vient de ce qu'à mon âge, la plupart de mes amis ont des enfants, s'installent en famille, et que tout ça vient faire irruption dans ma vie de célibataire. Maintenant, au restaurant, je dois réserver au plus tard à 19h00, toutes les personnes que j'invite à des soirées"tardives" se décommandent, et je dois subir, au hasard des conversations, les sempiternelles reflexions sur la drogue ou la violence dans les films (le tout venant d'ex-nymphomanes, d'anciens dealers ou d'ex-drogués). Mais, d'un autre côté, je m'emporte aussi contre l'hypocrisie de ces adultes, créateurs des Teletubbies ou parents terrifiés et bien intentionnés qui collent leur progéniture devant la télé pour l'émission.
Tous, ils s'identifient complètement à leurs enfants et voudraient un monde idéal, un monde pour les bébés. Des adultes qui rêvent d'un monde parfait, totalement conforme à leur conception de ce qui est inoffensif.

A la fin des années 60 et au cours des années 70, il y avait dans "Rue Césame" tout un côté un peu dingue, anarchique, plein d'esprit et d'insolence. Les marionnettes y étaient turbulentes, semaient le bordel et en avaient ras le bol des adultes (représentant l'Autorité). On assistait pèle-mèle à des parodies, des sketches, des chansons rock, et soufflait un vent de délire délibérémént absent de chez les Teletubbies, ce qui rend d'autant plus odieuses ces émissions où toute tentative culturelle est réduite à sa dimension la plus basique, si débilitante même que certains spectateurs parviennent à y discerner une pureté familière et réconfortante. Tout est si douillet ! Soyez zen ! Débranchez-vous ! ZZZzzzzzzzz....

Il me semble qu'avec leurs sales caractères incontrôlables, si le Monstre Mangeur de Cookies ou Oscar le grognon avaient le malheur de mettre le pied au pays des Teletubbies, ces derniers se verraient obligés de les tabasser à mort à grands coups de barre de fer, avant de faire disparaître leur cadavres de muppets grâce aux rayons scintillants de leur grande roue magique.

Traduction : Valentin Jolly : http://www.geocities.com/valentinjolly/
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Citation : Les Teletubbies rappellent les mutants du film "Chromosome 3 (The Brood)" de David Cronenberg


je m'étais exactement fait la même réflexion à moi-même...
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Je trouve marrante la critique des teletubiies venant d'un gars qui raconte les frasques, certes imaginaires, d'un mec collectionnant des vagins séchés :mdr:
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:bravo: Il m'a suffit de voir un épisode pour comprendre l'étonnant pouvoir décérébrant de ces horribles bestioles.

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J'ai ommis de preciser un detail > J'adoooore Ellis ET les Teletubbies !! :aime: :bravo:
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Il y a souvent des relents de morale faisandée chez beaucoup d'auteurs qui, pourtant, osent formellement et/ou factuellement dans leurs productions de l'esprit. Ellis, Despentes, le porno, ... si on creuse dans la matière-même, assoient leurs formes prétendument scandaleuses ou libres sur une idéologie crispée, avec des "valeurs", voire réac. C'est souvent étonnant ça...
Ellis, là, confirme. Déjà, dans "American Psycho" (que j'aime bien parce que ça tient) Bateman n'est coupable de rien puisque qu'il n'a rien fait (si, si), juste du fantasme qu'il ne s'agit pas de condamner puisque l'auteur lui-même fonctionne avec ça. Les Teletubbies, c'est plus vicieux que "American Psycho" (et le reste) et BEE ne le supporte pas...
Justement, je trouve que "Les Teletubbies" (le programme) manque de perversité et donc de force subversive. Il y avait à faire...
C'est quand même un "programme" étonnant, filmé comme un porno (je l'ai déjà dit quelque part), avec des peluches/télés à grosses fesses, un aspirateur "nounou"...
On ne va pas commencer à défendre Casimir tout de même, baderne giscardienne !
Le problème c'est que ce genre de critique agit en censeur, empêche le programme de déployer sa logique bizaroïde et le créateur finalement rectifie le tir en insufflant, dans l'émission, des séquences à contenus pédagogiques et formateurs, à l'ancienne.
Il vaut mieux décérébrer que conditionner...
On peut cracher sur ça mais mieux, non ?
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Citation :
Ellis, là, confirme. Déjà, dans "American Psycho" (que j'aime bien parce que ça tient) Bateman n'est coupable de rien puisque qu'il n'a rien fait (si, si), juste du fantasme qu'il ne s'agit pas de condamner puisque l'auteur lui-même fonctionne avec ça.



ah, toi aussi, tu comprends pas que certains puissent dire que ce n'est pas un phantasme ? :clin:
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C'est évidemment compréhensible et ça se tient. Pas question de jouer les timorés. On peut aller à la pêche aux indices...