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Interview / Podcast

Jacques Simon, régisseur général des Vieilles Charrues - Interview : Les Vieilles Charrues

Imaginez une ville paumée au centre de la Bretagne. Juste à côté, un immense champ au milieu duquel une demi-douzaine de Bretons qui, respectant la réputation solidement ancrée de cette peuplade fière et rugueuse, ont largement célébré les odes aux dieux Bacchus et Pan.

Jacques Simon, régisseur général des Vieilles Charrues : Interview : Les Vieilles Charrues

Jacques Simon aux retours pour Matmatah sur la scène 1Jacques Simon aux retours pour Matma­tah sur la scène 1

Et là, au milieu de ce gigan­tesque champ, histoire d’en sortir une bien bonne, l’un d’entre eux dit tout à coup « c’est pas mal ici. Et si on faisait un festi­val ? » Et voilà, trente ans plus tard, ça fait près de 60 000 personnes ! J’es­père que Djamel Debouze ne m’en voudra pas d’avoir peu pompé sur son impro réali­sée sur la grande scène des Vieilles Char­rues il y a deux ans pour mon intro­duc­tion à la décou­verte de ce festi­val désor­mais mythique. Ce pompage me permet de lui lais­ser la respon­sa­bi­lité de ses propos quant à l’éven­tuel état éthy­lique des fonda­teurs ! Comment être parvenu à faire, dans ce qui est tout de même un trou paumé, un des plus grands festi­vals d’Eu­rope avec quatre scènes, une affiche diver­si­fiée et la répu­ta­tion d’une ambiance hors du commun?

Nous sommes allés derrière les barrières, voir ce qui s’y passe et comment tout ça fonc­tionne. L’oc­ca­sion de décou­vrir que le sens de la fête et du partage qui domine ce festi­val n’est vrai­ment pas un hasard.

Nous commençons cette série d’ar­ticles avec Jacques Simon, le régis­seur géné­ral du site qui nous parle de toute son orga­ni­sa­tion et évoque au passage son approche d’ingé son retour spécia­lisé in-ears.

Un site, des scènes

Scène 1 vue de la scène 2Scène 1 vue de la scène 2

AF : Merci de nous consa­crer de ton temps. Peux-tu nous présen­ter ton travail ?

J : Je m’oc­cupe de toutes les infra­struc­tures, sauf ce qui concerne l’ar­tis­tique (scènes, son, lumières) qui sont de la respon­sa­bi­lité de Jacquito. Je gère toute l’im­plan­ta­tion du site et des exté­rieurs y compris parkings et campings.

AF : L’oc­cu­pa­tion du site reste sensi­ble­ment la même d’une année sur l’autre ?

J : Globa­le­ment, oui. On essaye d’ap­por­ter des amélio­ra­tions en terme de flui­dité et de gestion des flux du public. On effec­tue des chan­ge­ments d’une année sur l’autre par rapport aux doléances des gens ou ce que nous repé­rons. Cette année, on a refondu les zones espace presse et espace parte­naires. Les entrées ont égale­ment été un peu modi­fiées. Mais comme tout découle des implan­ta­tions scéniques, les grands axes restent iden­tiques. Il faut savoir qu’on a une plate­forme stabi­li­sée et même bitu­mée pour la scène 1. Tout part de là, y compris les zones de bars, de restaux, les gradins…

 

AF : pour les autres scènes, c’est installé direc­te­ment sur l’herbe ?

J : oui, mais le site est viabi­lisé en réseaux. Par exemple, le réseau d’eaux usées et d’eau potable couvre 90 % de la péri­phé­rie du site. Il manque 100 mètres pour que le site soit bouclé à 100%. On peut se permettre de poser des bunga­lows raccor­dables pratique­ment n’im­porte où sur la péri­phé­rie du site. L’élec­tri­cité et le télé­phone sont égale­ment de plus en plus enter­rés. Dès qu’on fait un trou, on en profite pour passer une gaine !

AF : À qui appar­tient le site ?

J : à la commune [NDLR : de Carhaix]. Sauf l’es­pace qu’on appelle La Garenne qui appar­tient à l’hô­pi­tal de Carhaix.

La petite scèneLa « petite » scène 3 en montage

AF: Combien de personnes as-tu à gérer ?

J: mon équipe repré­sente 150 personnes qui travaillent depuis un mois sur le site. La régie géné­rale tech­nique est divi­sée en plusieurs services. On a un service clôtures qui est le premier service à commen­cer sur le festi­val puisqu’on pose 28 kilo­mètres de barrières. Ils démarrent vers le 10–12 juin. Ensuite, j’ai un service élec­tri­cité qui attaque pratique­ment en même temps. En troi­sième vient le service bunga­low vers le 15–17 juin. Évidem­ment, tout est plani­fié aupa­ra­vant jusqu’aux spéci­fi­ci­tés des bunga­lows (nombre de fenêtres et leurs empla­ce­ments). Arrive ensuite le service plom­be­rie qui est assez énorme à cause notam­ment du raccor­de­ment des eaux usées. Enfin démarre ce qu’on appelle la poly­va­lence. C’est la mise à dispo­si­tion des autres services d’une masse de person­nel manu­ten­tion­naire. Notam­ment pour la gestion et le dispat­ching du maté­riel, mais aussi tout ce qu’il y à faire sur le site et qui ne découle pas forcé­ment d’un autre service. Enfin, petit à petit, on installe les parkings, les campings… L’ins­tal­la­tion va du 15 juin au 10 juillet.

 

Béné­voles et sala­riés

briefing de bénévoles au petit matin (ou presque)brie­fing de béné­voles au petit matin (ou presque)

AF : Tous ces gens sont des béné­voles ?

J : je n’ai aucun béné­vole dans les services tech­niques. C’est une volonté de ma part pour plusieurs raisons. D’abord, pour moi, un béné­vole peut ne pas venir travailler s’il n’en a pas envie… Or on est sur des plan­nings super serrés. Par exemple, en terme de trans­port, on est à l’heure près. Si j’ai 50 béné­voles dans mon équipe et que 25 décident de ne pas venir un matin parce qu’ils auront fait la fête la veille… La notion de sala­rié implique une profes­sion­na­li­sa­tion et donne une obli­ga­tion de résul­tat ce qui permet de ne pas para­ly­ser tous les autres services du festi­val. Ça crée une fiabi­lité dans la réponse et dans la réac­ti­vité aux demandes. Ça n’a rien de péjo­ra­tif pour les béné­voles, bien sûr. Mais c’est vrai qu’un béné­vole peut se permettre de ne pas venir, on ne lui en tien­dra pas rigueur. La démarche n’est pas la même pour un sala­rié.

 

rechargement de matos derrière la scène 1rechar­ge­ment de matos derrière la scène 1

AF : une ques­tion de mana­ge­ment, aussi ? Tu ne peux pas deman­der la même chose à un béné­vole qu’à un sala­rié?

J : oui. Il y a beau­coup de respon­sables dans mes équipes, parce que je ne peux évidem­ment pas être partout. Donc je prépare les dossiers en amont et je délègue. J’ai un assis­tant direct sur le site. Ensuite, j’ai un régis­seur dédié à l’hy­giène globale (WC, poubelles) qui a lui-même d’autres assis­tants. Une autre personne s’oc­cupe de tout ce qui est roulant, du vélo au monte-charge téles­co­pique en passant par tous les véhi­cules de trans­port, plus les talkies, une personne pour le maté­riel, une personne dédiée à l’hu­main…

 

un des nombreux postes de secouristesun des nombreux postes de secou­ristes

AF: chacun est auto­nome ?

J : oui, c’est ce que je demande, sinon on ne s’en sorti­rait pas. Ce qui est impor­tant, aussi, c’est la connais­sance sur site, parce qu’il est telle­ment vaste… J’es­saye de travailler à la péren­ni­sa­tion des équipes, ce qui permet aux gens de connaître les lieux, de savoir tout de suite où aller. Et ça marche très bien comme ça.

 

AF : en terme de masse sala­riale, ça repré­sente combien ?

J : je n’ai pas le chiffre en tête, mais c’est un bon 100 000 euros. De toute façon, la masse sala­riale est un des gros budgets du festi­val. Le premier, c’est l’ar­tis­tique, ensuite la tech­nique, après, la sécu­rité et les salaires. Bon, la sécu­rité, ce n’est que de la masse sala­riale.

Les WC à grand-mère

fûtsdeux futs de bière se sont habi­le­ment dissi­mu­lés dans cette image. Sauras-tu les retrou­ver ?

AF : Concer­nant le maté­riel, quelle part est la propriété du festi­val et quelle part est louée ?

J : Le festi­val est proprié­taire de 90% de son maté­riel de cuisine. Tous les stands de cuisine, les cate­rings, etc., c’est quasi­ment de l’au­to­no­mie. Pour l’élec­tri­cité, c’est à peu près 60 %. Par contre, on n’a pas tout ce qui est struc­tures parce que c’est compliqué en gestion et puis il y a l’évo­lu­tion des normes et le contrôle de confor­mité. Donc ça, on le loue. On possède aussi tout l’équi­pe­ment des loges. Enfin, on a 100% des 28 km de barrières. Tous les comp­toirs de bars aussi. Et puis des acces­soires, de la logis­tique…

 

AF : pourquoi les cuisines ? C’est diffi­cile à louer ?

J : Oui. C’est diffi­cile de trou­ver une telle masse de maté­riel chez un loueur. C’est très cher. Et puis, on arrive géné­ra­le­ment à trou­ver des coups… Par exemple, il y a eu des refontes de collec­ti­vi­tés. C’est dommage, mais des écoles, des hôpi­taux se retrou­vaient alimen­tés par des cuisines centrales, donc reven­daient du maté­riel. On a commencé à ache­ter des lots et de fil et en aiguille, on s’est dit que c’était beau­coup plus simple d’être proprié­taire du tout. Le maté­riel de cuisine, c’est très volu­mi­neux. Donc les coûts de trans­port sont exor­bi­tants. Et puis il n’y a pas de telles struc­tures en Bretagne, donc il faut faire venir ça de très loin, avec des loueurs diffé­rents…

 

Saucissesderrière les comp­toirs, deux barbe­cues parmi…

AF : En tant que festi­va­lier et de l’avis de bien d’autres, vous faites un super boulot. Mais il y a toujours le point qui chagrine un peu, surtout les filles : ce sont les toilettes.

J : Et pour­tant… On est le festi­val en Europe qui étale le plus de toilettes, propor­tion­nel­le­ment. Il y a sur le site plus de quarante modules de WC sur 8 zones qui sont toutes raccor­dées au tout à l’égout. Ces bunga­lows raccor­dés sont d’ailleurs très durs à trou­ver et on en fait venir de partout. Le fait d’être raccordé au tout à l’égout est bien plus agréable que les WC chimiques. Les WC sont un sujet qui nous tient tous à coeur parce qu’on est bien conscients du besoin, mais actuel­le­ment, il est impos­sible de répondre à la demande de 45 ou 50000 personnes d’un coup. Je pense qu’on est déjà bien là-dessus, mains on n’ar­ri­vera jamais à conten­ter tout le monde. Aujour­d’hui, on déve­loppe plus les toilettes sèches, ces WC à grand-mère auxquels on revient parce que ça fonc­tionne très bien. Il y a tout de même encore un peu de chimiques sur certains campings parce qu’ils sont impos­sibles à raccor­der au réseau et qu’on a des diffi­cul­tés à trou­ver le nombre de toilettes sèches suffi­sant. Il aussi 3 ou 4 WC chimiques sur le site : ce sont les toilettes handi­ca­pés. Tout simple­ment pour des histoires de calages, puisque le champ est en pente, ce qui pose des problèmes pour les rampes d’ac­cès. Mais on y travaille pour l’an prochain. On va proba­ble­ment décais­ser des zones, les apla­nir. Mais de toute façon, on ne pourra jamais couvrir la masse de festi­va­liers. Mon prochain projet pour l’an­née prochaine serait de faire des barrières urinoir, des barrières ERRAS équi­pées de plaques et de gout­tières et dispo­sées à des endroits stra­té­giques où les gars pour­ront aller contre une barrière et que ça aille au tout-à-l’égout.

 

vieillescharrues31_200.jpg

AF : Ce qu’ils font déjà de toute façon

J : oui, mais ça va dans le champ alors que là, ça sera au tout-à-l’égout. On voulait monter ça cette année, mais ça n’a pas été possible, notam­ment parce qu’on a eu du monde qui s’est mobi­lisé pour l’hô­pi­tal de Carhaix. [NDLR : L’hô­pi­tal de la ville était menacé de ferme­ture, une catas­trophe pour cette région encla­vée avec le prochain hôpi­tal à 45 min. Une lutte achar­née a permis de conser­ver l’hô­pi­tal et pas mal d’em­plois. La bonne nouvelle est tombée peu avant le festi­val.

Des gars de chez eux

vieillescharrues08_200.jpgInstal­la­tion sur la scène 1

AF : Pour en reve­nir au person­nel. Le festi­val a une très forte implan­ta­tion carhai­sienne. Carhaix n’est pas juste le lieu où ça se passe.

J : tout à fait.

 

AF : quelle est la part de gens du coin que vous arri­vez à embau­cher ?

J : Cette année beau­coup plus, parce que par exemple, pour les manu­ten­tion­naires, on n’a pris que des jeunes carhai­siens qui cher­chaient un travail d’été. Déjà, ça repré­sente 55–60 % de cet effec­tif. Le reste des équipes, ce sont beau­coup des gens qui viennent d’un rayon d’une centaine de kilo­mètres. Dans mon équipe, en tout cas. Parce que dans celle de Jacquito [NDLR : le régis­seur respon­sable de toute la partie artis­tique], les spécia­li­sa­tions sont telles qu’il faut aussi aller cher­cher plus loin. Mais d’une façon géné­rale, on essaye de prendre les gens au plus proche pour les quali­fiés et pour les non quali­fiés, on prend au maxi­mum en local. C’est bien plus simple, d’ailleurs, à plein de niveaux, comme l’hé­ber­ge­ment. Et puis ça fait bosser les jeunes d’ici qui sont très impliqués. Ils sont contents parce qu’ils reçoivent un salaire plutôt pas mal.

 

vieillescharrues13_200.jpgdevant nous la scène 2

AF: combien y a-t-il de perma­nents à l’an­née ?

J : Aucun ! Moi même je ne suis pas pas perma­nent à l’an­née. Je suis inter­mit­tent. Je suis né à Carhaix, mais j’ai choisi de faire une école de spec­tacle et j’ai fait beau­coup de tour­nées : Mios­sec, Louise Attaque, les Wampas, Matma­tah… Je suis venu ici plusieurs fois avec les artistes. J’ai commencé à donner des coups de main à Jacquito qui s’oc­cu­pait de tout aupa­ra­vant et de fil en aiguille, avec un passage par des forma­tions, on a créé ce poste.

 

AF : Tu es donc plutôt ingé son ?

J : Oui. Plutôt spécia­lisé retours en in-ears moni­tors

 

vieillescharrues19_200.jpgEssais lumière sur la scène I

AF : Tu fais donc les retours sur Matma­tah demain ?

J : Demain, oui, bien sur ! La dernière de Matma­tah à Carhaix…

 

AF : Pourquoi la dernière ?

J : Ils se séparent. On a terminé la tour­née au mois de décembre et ils veulent tous faire un peu autre chose. Ils voulaient faire une petite tour­née d’adieu, 5–6 dates dans des endroits un peu stra­té­giques, où ils ont un peu grandi, dont Carhaix évidem­ment puisque c’est quand même leur premier gros spot. Je me voyais mal ne pas venir faire ça ici. Donc demain, je pose­rai mon talkie et toutes mes affaires pour prendre mes in-ears et faire du son. Ça sera bien, je pense. Et puis il y a une belle machine.

Les in-ears

AF : Peux-tu nous parler un peu des spéci­fi­ci­tés tech­niques du travail aux in-ears ?

DrummerMoto­rhead

J : Ce n’est pas telle­ment tech­nique. C’est surtout une philo­so­phie. Moi je viens du brutal, dans le son. Je serais plutôt Moto­rhead, comme garçon ! J’ai fait partie des gens qui mettaient très fort sur scène pour des groupes qui m’em­bau­chaient pour ça. J’étais assez spécia­lisé pour faire dépla­cer des retours avec des coups de grosse caisse ! Mais à un moment, les années aidant… La tech­nique, c’est bien, mais après il y a une philo­so­phie qui est claire. La première chose, c’est la limite désor­mais de 105 dB. Cette loi qui nous tient est assez logique. Plus tu vas mette fort sur scène, plus l’ingé de face va mettre fort et la diffu­sion ne sera pas bonne. Il y a aussi la protec­tion audi­tive du musi­cien et du public. La logique de ce dire 'le petit môme au premier rang qui se prend des trucs…" Avec des amplis à toc, le gamin, il a entendu une guitare tout le concert, mais il a pas entendu le reste… Et puis c’est un travail d’équipe avec le sondier de façade. La guerre au volume, à un moment, ça ne peut pas durer. Avec Matma­tah, on s’est fait flasher à La Cigale à 125 dB au niveau de la console de face avec unique­ment les retours allu­més ! Main­te­nant, on peut aller en Suisse travailler à 93 dB sans que ça pose problème pour personne. Cette approche in-ears permet de non seule­ment de proté­ger le public, mais aussi de donner des sources assez propres. Et du coup, on peut retour­ner les amplis, faire des choix diffé­rents de micros, utili­ser des statiques, affi­ner les sources. Peut-être que c’est frus­trant pour les gens qui nous accueillent parce qu’on est dans notre monde, dans notre bulle, mais le musi­cien n’a plus d’acou­phène quand il sort de scène. Il ne prend plus de choc audi­tif. Et puis il y a un travail de finesse, des vrais mix en stéréo où le musi­cien peut entendre toutes les subti­li­tés comme un petit coup de ride ou de crash. C’est aussi forcé­ment mieux pour le public… L’ingé de face ouvre tranquille­ment avec des bonnes sources. Il n’a plus tous les phéno­mènes de feed­back, etc. Donc ma philo­so­phie va vers ça. Le musi­cien est content : il a la source, il a le spectre, il a l’image sonore.

 

installation sur la scène Xiavier Grallinstal­la­tion sur la scène Xiavier Grall

Aujour­d’hui, le produit est bon : les casques offrent une superbe resti­tu­tion. Nous on travaille comme beau­coup avec du Vari­phone. On utilise des casques en deux voies qui te donnent une resti­tu­tion de spectre assez incroyable. Les musi­ciens sont « dedans ». Et puis j’ai trop de souve­nirs des retours à l’hô­tel le soir avec des acou­phènes à ne pas pouvoir dormir. Là, dès que j’ai enlevé mon casque, mes oreilles sont encore fraîches et celles des musi­ciens aussi. Ça change aussi le travail de tech­ni­cien retours qui ne se limite plus à « mets-moi un peu de grosse claire, un peu de caisse claire, un peu de ma voix » : on ne fait jamais vrai­ment un mix complet dans un wedge, ou très peu et surtout pas avec une stéréo alors qu’en in-ears, on mixe vrai­ment. Je m’éclate avec des départs d’ef­fets, avec tout ce qui va bien, de vraies stéréos, un vrai travail de mix, quoi. Du coup, ça enlève cette frus­tra­tion qu’on peut avoir, nous tech­ni­ciens retours, de ne jamais finir le mix. Désor­mais, les choix de micros sont faits par les tech­ni­ciens retour avec des place­ments au milli­mètre. C’est une belle évolu­tion du métier. Et puis la protec­tion du public et de tout le monde. C’est impor­tant.

 

 

AF : Le fait d’avoir fait cette forma­tion, de gérer ce poste sur un des plus gros festi­vals de France t’a amené à le faire ailleurs ?

J. S. : J’ai appris ce métier ici. J’ai fait des forma­tions parce que ça implique des connais­sances en BTP, élec­tri­cité, plom­be­rie… A la base, ma première forma­tion était comp­table. Pas grand chose à voir, comme tu vois. Sauf que ça aide pour les budgets. Pour ici, j’ai beau­coup appris avec les gens des services tech­niques de la ville de Carhaix qui sont des gens remarquables. Il faut le souli­gner parce que sans ces gens là, je pense qu’on n’ou­vri­rait pas les portes. En plus de cet appren­tis­sage, j’ai fait des forma­tions de tech­ni­cien compé­tent en gradins, en chapi­teaux, en accroche-élevage, en tribunes démon­tables, en écha­fau­dages multi­di­rec­tion­nels, habi­li­ta­tions élec­triques… Et puis j’ai conti­nué à travailler là-dedans bien sur. J’ai fait d’autres festi­vals. Là je vais faire Saint-Nolf… Mais c’est vrai que mon premier métier, c’est ingé son, c’est la tour­née. C’est 8–9 mois de l’an­née. Mais j’aime beau­coup ce travail. C’est passion­nant parce que ça touche à beau­coup de domaines. C’est de l’ou­ver­ture quoiqu’il arrive. Et puis c’est vrai que la tour­née… Je n’en suis pas fati­gué, bien au contraire, mais j’ai deux enfants et une femme que je ne vois pas souvent. Je n’ai pas beau­coup vu mes enfants gran­dir. Me retrou­ver ici à Carhaix avec un gros dossier à gérer me permet d’être aussi chez moi. Mais je sais que le natu­rel revien­dra un moment ou un autre… ça commence déjà, d’ailleurs. Mais c’est vrai que monter des gros sites comme ça, c’est quelque chose qui me va bien, que j’aime beau­coup faire.

 

rajouter encore de la déco ? Oui !rajou­ter encore de la déco ? Oui !

AF : il reste des espaces déga­gés autour du site. Est-ce qu’ils restent comme ça parce que c’est compliqué de les occu­per ? Ou pour des raisons de sécu­rité ?

J. S. : La zone entre le PC tech­nique où nous sommes et le centre cultu­rel est assez diffi­cile à exploi­ter. D’abord, c’est pour des raisons de sécu­rité qu’on la laisse déga­gée, parce qu’on voit venir. Et puis il y a la pente qui est assez forte et c’est un bassin versant. On ne peut pas mettre de struc­ture là parce qu’il faudrait la mettre sur pilo­tis, il y a un risque de glis­se­ment de terrain en cas de fortes préci­pi­ta­tions ou de fort vent. Du coup, on a un no man’s land qui permet notam­ment aux agents de sécu­rité de voir loin, de voir venir les éven­tuels resquilleurs. Main­te­nant, j’ai aussi pensé à faire de la déco ou quelque chose comme ça à cet endroit-là pour avoir un visuel, mais pas pour l’ins­tant. Cette zone-là est dure à exploi­ter.

 

 

De l’es­pace

En effet, malgré les 70 à 75 000 personnes, on respireEn effet, malgré les 70 à 75 000 personnes, on respire

AF : Par rapport à la fréquen­ta­tion, la capa­cité du site laisse encore de la marge ou vous êtes plein ?

J. S. : Oh non ! On n’est pas au taquet. La capa­cité que nous avons fixée est de 55 000. On peut monter à 75 000 et on aurait encore de la place… Entre l’es­pace scène 3, l’es­pace Keram­puil, les espaces scène 1 et scène 2 plus La Garen­ne… Hier, [NDLR : le vendredi] il y avait 35 000 personnes et les espaces Garenne et scène 3 n’étaient pas ouverts. Alors quand je parle de 75 000… Je pense que les gens ne se marche­raient pas encore dessus. Mais c’est une volonté du festi­val de privi­lé­gier l’ac­cueil du festi­va­lier. De ne pas bour­rer le champ pour bour­rer le champ et donner des mauvaises condi­tions aux gens. L’idée, c’est qu’ils aient de l’air, qu’il y ait une circu­la­tion, une flui­di­té… Ce qui permet aussi de moins stres­ser les festi­va­liers, de leur donner un peu plus de zéni­tude. Ce qui nous a aussi un peu sauvé l’an dernier quand le ciel nous est tombé sur la tête ! [NDLR : des trombes d’eaux ayant arrosé le festi­val le jeudi, Carhaix avait des rémi­nis­cences de Wood­stock]. Du coup, avec cette gestion de flux comme ça, ça permet aux gens de se déga­ger, de ne pas être tassés et donc d’évi­ter certains acci­dents qui peuvent arri­ver, comme le cas de Roskilde où ça avait été drama­tique.

Au cours d’un concert de Pearl Jam le sol était mouillé, glis­sant, il y a eu un mouve­ment de foule qui a fait 6 morts d’écra­se­ment, quand même. [NDRL : en fait, 9 personnes sont mortes étouf­fées ou des suites de leurs bles­sures et une quaran­taine ont été bles­sées]. Là, on a de l’air partout, les gens ne se sentent pas parqués, stres­sés. C’est impor­tant. Le but, chez nous, la philo­so­phie de base, c’est l’ac­cueil du festi­va­lier. Un festi­va­lier heureux, plus un artiste bien accueilli, géné­ra­le­ment, ça fait des grandes messes !

 

AF : Il suffit de se bala­der sur le site et de voir la tête des gens pour comprendre que ça marche !

J. S. : Oui. Après, l’ac­cueil « artiste » fait un travail assez remarquable. Dans l’ac­cueil de base, et après, dans le cate­ring qui est très réputé (c’est un chef étoilé qui le super­vise). Ce qui fait que les artistes se sentent aussi à l’aise que les festi­va­liers. Du coup, le point de rencontre, qui est le show, donne des choses assez remarquables. Ce sont tous ces ingré­dients-là qui, mis bout à bout, font la force et la réus­site du festi­val, je pense.

 

Des gens de carac­tère

un petit bout de la foule vue de la scène 1un petit bout de la foule vue de la scène 1

AF : C’est peut-être cette qualité d’ac­cueil des artistes qui a permis le déve­lop­pe­ment de ce gros festi­val dans ce qui est au départ, désolé pour les Carhai­siens, un trou.

J. S. : Ah ben oui. Le truc a toujours été de se mettre en quatre pour faire venir les artistes. Je fais beau­coup de festi­vals dans l’an­née et il y en a beau­coup où le tour bus arrive, on se gare, on a deux sand­wichs et une pauvre loge… Tu n’as pas forcé­ment envie de reve­nir. Parce qu’il faut bien comprendre ce qu’est un artiste en tour­née. Des fois, les gens ne comprennent pas ses demandes parti­cu­lières de marque de ceci ou de cela, mais il faut bien se rendre compte que vivre à 18 dans un bus pendant 6 mois de l’an­née, c’est beau­coup. De ne pas être chez eux, de ne pas être dans le petit lit qui va bien… Donc il y a des demandes parti­cu­lières et les Char­rues ont toujours respecté ça. Jean-Jacques Toux, le program­ma­teur, est venu en tour­née avec Matma­tah. Je l’ai emmené avec moi pour comprendre ce que vit un groupe en tour­née. Et il a vu : la promis­cuité, des fois 18 gars dans un tour bus, c’est pas simple tous les jours. Et on dort 3 heures…

 

AF : Et puis, c’est un métier où les gens ont plutôt du carac­tère en géné­ral.

J. S. : Oui un peu… Du coup, la notion d’ac­cueil, c’est un truc que les Vieilles Char­rues ont toujours travaillé. L’idée est de faire venir des artistes, non pas pour gagner de l’ar­gent ou des choses basse­ment mercan­tiles, mais pour faire la fête. Donc, auto­ma­tique­ment, c’est aussi convier l’ar­tiste à faire la fête, aussi. Du coup, on ne va pas les mettre dans un coin et dire « allez hop, tu montes sur scène ! » Il y a toute cette notion d’ac­cueil, de sympa­thie… Je ne connais pas d’ar­tiste qui ait été mal accueilli aux Char­rues. Pour­tant, j’en ai vu beau­coup. Il n’y en a pas un qui m’a dit « ouais, bof… » Non, les gens de l’ac­cueil artiste font un travail assez incroyable. Et puis natu­rel­le­ment, surtout. C’est ce qui est impor­tant.

 

Profes­sion­nel, mais cool

l'équipe de fouille à l'entrée avant l'ouverture du sitel’équipe de fouille à l’en­trée avant l’ou­ver­ture du site

AF : On parlait de sécu­rité tout à l’heure. Il m’a toujours semblé que les gens qui font les entrées, les fouilles, sont des béné­voles.

J. S. : Non, ce sont des profes­sion­nels partout.

 

AF : Parce qu’il y a, notam­ment aux entrées, des atti­tudes, une convi­via­lité qui lais­sait penser à des béné­voles. Souvent, dans les concerts et les festi­vals, les gens qui font la sécu se prennent pour des flics, il avec leurs grosses chaus­sures, leur crâne rasé et leur « c’est par ici monsieur ! »

J. S. : La consigne, c’est comme sur les autres postes, c’est la notion d’ac­cueil. Alain Benna­sar est notre régis­seur sureté et a quand même 600 agents à gérer, ce qui doit repré­sen­ter 8 socié­tés diffé­rentes, je crois. Mais il y a un turn over dans les socié­tés. Parce qu’on ne veut pas que les gens se sentent implan­tés et du coup en terrain conquis. Donc il y a bon accueil, oui. Bon, il y a toujours des déra­pages, hein. Mais non, il n’y a pas de béné­voles. Enfin, cette année il doit y en avoir 7–8 qui sont aux entrées de loges ou des choses comme ça. Mais tout ce qui relève de la sécu­rité pure, on ne peut pas se permettre.

début de fouille pour les premiers arrivants du jour
début de fouille pour les premiers arri­vants du jour

On a des cava­liers dans les campings et même eux sont des profes­sion­nels. Enfin, c’est un centre équestre avant tout. Ce ne sont pas des profes­sion­nels de la sureté, mais ils sont rému­né­rés au même titre et ils font un travail assez remarquable d’ailleurs. Beau­coup de préven­tion, notam­ment incen­die sur les campings et les parkings, ce qui pour­rait être très dange­reux. Le fait qu’ils soient à cheval a déjà un aspect dissua­sif, ça calme et le cheval n’in­cite pas à deve­nir violent. Pour plusieurs raisons. Mais aux entrées, oui, il y a aussi des consignes. Parce qu’on n’a pas envie d’avoir ce cadre un peu mili­taire et martial. Bon, il en faut, évidem­ment. Mais pas là, aux entrées. Il faut que les gens se sentent bien. Surtout là où les gens arrivent dans un barrié­rage, avec des gens qui les accueillent un peu musclés… Bon, ce n’est pas terrible. Donc, il faut qu’il y ait de la convi­via­lité aux entrées. C’est impor­tant.

 

Les prises Maré­chal

l'arrière de scène 2 !l’ar­rière de scène 2 !

Nous partons pour un tour complet du site du festi­val à bord de la voiture de Jacques. Il m’ex­plique les choses au fur et à mesure que nous les voyons. Derrière la scène 2, Jacques me montre les armoires élec­triques maison équi­pées des Prises Maré­chal. Expli­ca­tion :

Jacques Simon : La légis­la­tion dit que, au dessus de 32 ampères, on ne doit pas pouvoir débran­cher une prise sous tension pour éviter arc élec­trique et brulures. La P17 a 5 broches : 3 phases, terre et neutre plus une broche appe­lée pilote. Elle est plus courte et coupe donc l’ali­men­ta­tion avant que la prise ne soit débran­chée lorsqu’on tire dessus. Mais ça veut dire que les câbles doivent être équi­pées de ce pilote. Or, nos câbles n’en sont pas équi­pés. La Maré­chal est pour­vue d’un bouton qui décon­necte la prise dès qu’on appuie dessus. On a donc adopté ce stan­dard pour cette raison, mais aussi parce que c’est un procédé intel­li­gent qui permet d’autres choses comme de bran­cher une 32 mono sur une 32 tripha­sée, etc. On fabrique aussi les mats élec­triques [pour l’éclai­rage]. Ils sont assez basiques. Ce sont des mats sur plots béton. J’ai récu­péré ces mats et fait faire des cercles y pour accro­cher des sodiums.

armoires électriques custom shop Vieilles Charruesarmoires élec­triques custom shop Vieilles Char­rues

Nous visi­tons ensuite le « maga­sin » tenu par deux char­mantes demoi­selles. C’est l’en­droit où est stocké tout le petit maté­riel, tous les consom­mables, four­ni­tures de bureaux, piles, etc. Il est consti­tué d’une barnum d’en­vi­rons 300 m² ! Encore bien encom­bré, bien que l’on m’af­firme « qu’il ne reste plus grand-chose  ».

 

J. S. : Pour la petite histoire, ce champ de 8500 m² a été acheté par les Vieilles Char­rues. On va y construire le dépôt du festi­val, un dépôt de 2500 m² envi­ron où on fera le stockage à l’an­née et la partie logis­tique. Et une autre partie qui était ce qu’on appe­lait aupa­ra­vant la douane et qui est le service maté­riel. C’est-à-dire que tout ce qui rentrait dans le festi­val était filtré là. Ensuite, on arrive direc­te­ment dans la déam­bu­la­tion festi­va­lière, les entrées des campings. T’es allé voir un peu ?

 

 

 

Le magasin : stock de fournitures en tout genreLe maga­sin : stock de four­ni­tures en tout genre

les tenancières de la boutiques. Agréables et avec le sourire, comme tous les gens que je rencontrerai.les tenan­cières de la boutiques. Agréables et avec le sourire, comme tous les gens que je rencon­tre­rai.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La four­mi­lière

AF : Non, pas les campings

J. S. : C’est une vraie four­mi­lière ! On a 11 campings. On va aller jusqu’au bord parce qu’al­ler jusque dans les campings, même en quad, c’est compliqué ! Toutes les zones sont desser­vies par des routes. Nous allons sur l’axe rouge. Ici, c’est une route que nous avons fabriquée qui nous permet d’avoir un péri­mètre de sécu­rité pour tour­ner et accé­der rapi­de­ment à n’im­porte quel point. Ici, c’est une zone dépor­tée du nettoyage avec ce trac­teur muni d’une cuve de vingt mille litres d’eau. Moi j’ai des cuves de mille litres sur palettes répar­ties sur tous les campings. Elles sont remplies tous les jours. Ce n’est pas de l’eau potable, mais ça permet de se rafraî­chir. Les campings sont équi­pés essen­tiel­le­ment en toilettes sèches et un peu en chimique parce qu’on n’a pas la possi­bi­lité d’avoir assez de toilettes sèches. Il y a aussi 10 bunga­lows de 6 douches. Ça peut paraître peu, mais de toute façon, on ne peut pas en mettre plus. [NDLR : Pendant le festi­val, la piscine de Carhaix connaît une forte fréquen­ta­tion. Elle permet aux festi­va­liers à la fois d’y prendre une douche chaude dans un endroit propre et de se détendre et rafraî­chir pour affron­ter les quelques 12 heures de concerts dispo­nibles quoti­dien­ne­ment]. Ici, on a un stand Décath­lon où ils vendent du maté­riel de camping. Il y a aussi une petite supé­rette pour les premières néces­si­tés. Tous les campings sont éclai­rés toute la nuit par un ou deux mats d’éclai­rage plus des éclai­rages dans les arbres. Ça repré­sente 700 quarts de 500Watts.

 

AF : comment ça se passe pour cette alimen­ta­tion élec­trique ? Ce sont des bran­che­ments spéciaux EDF, c’est tout centra­lisé ou dispat­ché ?

J. S. : On a 11 tarifs bleus (en dessous de 36 kVa), 7 tarifs jaunes (au dessus de 36 kVa) et ensuite des groupes élec­tro­gènes. On n’en a pas beau­coup. L’an­née dernière, il y en avait 20. Cette année on en a 9 parce qu’on a refondu un peu toute la puis­sance élec­trique.

 

AF : Il me semblait que l’an­née dernière, il y avait un camion élec­tro­gène à côté de la scène Kerouac.

J. S. : Power­Shop, oui. Il fait de l’éner­gie pour la scène, seule­ment. Comme tu vois, ce camping est acti­ve­ment surveillé par la gendar­me­rie. Il y a aussi un bus de bio équi­table et une consigne. On a donc 11 campings comme ça.

 

AF : Ce sont des terrains commu­naux ?

J. S. : Celui-ci, c’est la commune. Il a des terrains qu’on loue aux agri­cul­teurs.

 

AF : Sans trop de diffi­culté ?

J. S. : Non. On paye !

 

AF : Enfin même en payant…

J. S. : Il n’y a pas beau­coup de dégra­da­tions. Et puis c’est nettoyé tous les jours et à la fin du festi­val, il y a une équipe de nettoyeurs qui ramassent à la main papier par papier. Donc on rend l’en­droit propre.

 

Des gobe­lets

AF : Et vous arri­vez à gérer y compris pour les mégots ?

J. S. : pareil, c’est ramassé. Le but est de rester en bonne entente avec les gens qui nous prêtent et nous louent les terrains. Ça se passe vrai­ment tranquille­ment. On n’a pas de problème majeur dans les campings.

 

AF : Sur le site du festi­val, j’ai remarqué qu’il n’y a pas de points poubelle au milieu de la foule.

J. S. : Si, il y en a La Garenne.

 

AF : Ah oui, en effet. C’est parce qu’il y a beau­coup d’ali­men­ta­tion là ?

J: Oui. Les alimen­taires sont avant tout là et puis, sur le site propre­ment dit, c’est assez compliqué d’en mettre. Il y a toujours des obsta­cles… On a des points gobe­lets et des points déchets.

 

AF : Avec le système qu’on trouve assez couram­ment : si les gens ramènent x gobe­lets, ils ont une consom­ma­tion ?

J. S. : Oui. Hier, on était à 250 000 gobe­lets récu­pé­rés par les points gobe­lets. Ce qui faci­lite aussi la tâche du nettoyage. On travaille beau­coup là-dessus puisqu’on est dans le cadre du déve­lop­pe­ment durable et de l’agenda 21. C’est aussi pour ça qu’on a enlevé des groupes élec­tro­gènes, qu’on a fait le maxi­mum pour limi­ter les rejets de CO2 et la consom­ma­tion de fuel. Ici, on a ce qu’on appelle les drop-zones pour les héli­cos. C’est ici qu’ils atter­rissent : les urgences, les gendar­mes… On a quatre héli­cos : un de la protec­tion civile, un de la gendar­me­rie, un des pompiers et un de la douane. On est classé en très grand rassem­ble­ment. D’un point de vue sécu­rité et légal, c’est la préfec­ture qui décide. On a de d’ailleurs de très bons rapports avec elles. De toute façon, on joue le jeu.

AF : À part le malheu­reux et terrible inci­dent qu’il y a eu en 2001 ou 2002, on n’en­tend pas parler de gros problèmes aux Vieilles Char­rues. [NDLR : un homme dormait sur le sol. Un camion de campeur qui recu­lait ne l’a pas vu et l’a écrasé. Tout véhi­cule y compris camping-car est inter­dit dans les campings].

J: En 2006, on a eu un décès avec une personne qui s’est suici­dée dans un camping. Mais le coup du gars qui s’est fait écra­ser, ça a été terrible. Ce n’est pas compliqué : le festi­val s’était super bien passé, l’or­ga­ni­sa­tion était en train de boire le cham­pagne et on est venu leur annon­cer qu’il valait mieux rebou­cher les bouteilles. ça a été… oui, très dur.

 

Des personnes concen­trées

le festival a une station service pour alimenter les véhicules de levagele festi­val a une station service pour alimen­ter les véhi­cules de levage

AF : J’ima­gine. Cela dit, par rapport à la concen­tra­tion de person­nes…

J. S. : Oui, c’est vrai. Quand tu vois une ville de 60 000 habi­tants, il y a 5 décès par jour. La signa­lé­tique qu’on utilise cette année, c’est une signa­lé­tique routière. Ça nous a flui­di­fié nos axes. Je suis super content parce que c’était un peu la galère. Il y avait des gens « ah tiens ! Je m’ar­rête là, j’en ai pour 5 minutes » et puis une heure après le véhi­cule était toujours là. Ça engen­drait des blocages. Là, on a une trac­to­pelle toujours prête à dégai­ner et quatre semi-remorques de cailloux.

 

[NDLR : Nous passons à côté de la zone de stockage fioul, celui-ci servant aux groupes élec­tro­gènes et à la station-service puisque le festi­val en a une pour alimen­ter les véhi­cules de levage.]

 

Ça, ce sont les copeaux pour la sciure pour les toilettes sèches. Il y aussi les déchets d’oranges puisqu’on fait de l’orange pres­sée cette année. On va aller dans la zone de sureté… On est dans la zone des entrées. Ici c’est la restau­ra­tion exté­rieure et le merchan­di­sing exté­rieur [NDLR : Outre des stands de restau­ra­tion variée avec une propor­tion notable de produits bios, on trouve un petit marché avec vête­ments, badges, chapeaux, équi­pe­ments de fumeurs typiques des abords de festi­vals. Ceci se prolonge jusqu’au centre-ville par de nombreux stands forains propo­sant surtout des vête­ments et acces­soires.]

 

Le PC

[Nous accé­dons aux bunga­lows qui surplombent la zone d’en­trée et consti­tuent le PC sûreté du festi­val.]

 

Thierry Lescouet et Dom Briand, les responsables propreté du festival.Thierry Lescoat et Dom Briand, les respon­sables propreté du festi­val.

AF : Tu n’as pas d’inquié­tude sur le fait que vous ayez fermé la billet­te­rie ?

J. S. : Non, on a commu­niqué… Les gens atten­dront peut-être demain. Voici Alain Benna­sar, respon­sable de la sécu­rité du festi­val. Thierry Lescoat et Dom Briand qui sont les deux respon­sables de la propreté de ce superbe champ.

Thierry Lescoat : On sait que le festi­val a des diffi­cul­tés finan­cières, alors…

J. S. : Le problème, c’est qu’on achète moins de gants, mais on paye plus de person­nel. Voilà. C’est ici que ce fait toute la gestion de la sécu­rité du festi­val, ce qui n’est pas une mince affaire.

 

espace juste après la zone d'entréeespace juste après la zone d’en­trée

AF : Le festi­val a l’air d’être un succès.

Alain Benna­sar : On a dans les 70 000 personnes sur le site aujour­d’hui. On va arri­ver à 200 à 210 000 personnes sur les 4 jours.

J. S. : 170 000 payants surs, en tout cas.

Alain Benna­sar : ça y est ? On est à 170 000 payants ?

J. S. : Oui, on y sera. Tout confondu. Faci­le­ment. C’est une belle édition. On reprend la main. On reprend la tête [NDRL premier festi­val de France]. Et je pense que ce soir, sur le champ, ça va être Noël !

 

Après nous avoir longue­ment raconté son rôle dans l’or­ga­ni­sa­tion des Vieilles Char­rues, évoquant au passage son travail d’in­gé­nieur du son retours, Jacques Simon nous a emme­nés faire un tour complet du site du festi­val et de ses annexes. Nous sommes encore dans le PC sécu­rité près de l’en­trée et nous évoquons la sécu­rité près de la grande scène…

 

Jacques Simon : À jardin, on a 21 mètres de déga­ge­ment et à court, il y en a 28, avec un créne­lage où les IS rentrent. Quand tu ouvres, le public est accueilli dans un goulet et tu as des crashs-barrières à toutes les issues de secours. Après, si tu en as 150 000 qui poussent en même temps, on ne peut rien faire. Mais la sécu­rité de cet endroit est surdi­men­sion­née. Enfin, c’est surdi­men­sionné par rapport à la légis­la­tion, mais je trouve ça normal. Il y a une zone neutra­li­sée avec du rue-balise. Il n’y a personne dedans ce qui fait que si on doit déga­ger, le public arrive dans un endroit où il n’y a pas d’écra­se­ment. Et puis on en parlait hier : Alain fait tour­ner les boîtes de sécu assez régu­liè­re­ment pour qu’il n’y ait pas cette notion de « je m’ins­talle, je suis chez moi » avec les débor­de­ments que ça peut engen­drer.

 

Brumisateursles systèmes de rafraî­chis­se­ment inspi­rés des… poulaillers !

Alain Benna­sar : Le chalenge est de trou­ver des bonnes boîtes de sécu qui ont beau­coup de person­nel, qui percutent vite quand on leur trans­met des infos… C’est vrai que ce n’est pas évident. Les gens de la sécu viennent d’un peu partout.

 

J.S. : Il y a un tri qui est fait par Alain. Ce n’est pas tartem­pion et compa­gnie qui viennent.

 

A.B. : Il y a 477 agents de sécu actifs. Sur le 24/24, ça repré­sente à peu près 660 agents de sécu­rité.

 

J.S. : Cette année, une grande nouveauté, c’est que aucun festi­va­lier ne rentre avec un conte­nant. [NDLR : Pas tout à fait exact de ce qu’on a pu voir…] Tu n’as pas la bouteille avec la nitro­gly­cé­rine dedans où tu bois trois gorgées et t’es out.

Tu vois la zone d’en­trée avec des brumi­sa­teurs. Ils permettent de rafraî­chir les festi­va­liers. Pour la petite histoire, cette brume rafraî­chis­sante, c’est un système pour les poulaillers. C’est ce qui sert à ce que les poulets ne crèvent pas en cas de grosse chaleur. Les festi­va­liers arrivent ensuite sur une zone de repos, de détente avant de partir vers les scènes. On a de la place, de toute façon. La volonté de la prod de s’ar­rê­ter à 55 000 personnes, c’est aussi pour le confort et les déga­ge­ments, avoir de l’oxy­gène dans le site. Ce qui permet aux festi­va­liers de ne pas être dans une cohue géné­ra­trice d’éner­ve­ment.

 

A.B. : Le fait qu’ils soient bien accueillis par la sécu, aussi…

 

Mur de lumière

AF : Tout à fait. C’est ce que j’ai toujours remarqué en venant comme festi­va­lier. L’an­née dernière, quand je suis entré, c’était blindé de monde dans les barrières. Tout le monde était en train de se marrer, ça se cham­brait à droite à gauche… Et quand on arri­vait aux gens de la sécu, ils faisaient leur taff, mais on plai­san­tait aussi avec eux et tout et l’am­biance était vrai­ment sympa.

 

le calmele site calme, la nuit avant l’ou­ver­ture du festi­val

J.S. : Ça fait vrai­ment plai­sir à entendre, ça.

 

A.B. : C’est ce qu’on cherche : la qualité de l’ac­cueil.

 

J.S. : Je rêve un jour de faire une passe­relle ici, au dessus des entrées. J’ai toujours le plan. Ne serait-ce que pour accro­cher des projos, pour déco­rer un peu l’en­trée, faire un truc un peu plus sympa.

 

A.B. : Un éclai­rage en douche sur la zone de palpa­tion.

 

J.S. : oui, faire un mur de lumière. De façon à ce que les gens à la fouille voient vrai­ment. Et puis du projo qui part plus diffus, en déco. La passe­relle permet­trait aussi aux agents de pouvoir venir au-dessus, voir et conseiller, parfois. Quelques fois, tu vois des conne­ries. Alors, faut descendre, sortir, faire le tour pour aller voir ce qui se passe. Là, on aurait un accès direct.

 

A.B.: Là, on a 22 couloirs d’en­trée. Je calcule ça par rapport au temps de fouille, au nombre de gens à passer… S’il y a un malaise au milieu, on prévient les gens qui se baissent. On a des planches qu’on pose sur les barrières, ce qui nous permet de passer par dessus la foule pour aller cher­cher la personne.

 

J.S. : c’est vrai que pour évacuer au milieu, ce n’est pas simple. On n’est jamais à l’abri d’un malaise. La brume aide, juste­ment. Mais par temps de fortes chaleurs, c’est pas forcé­ment suffi­sant quand la foule est compacte. On a de grosses diffi­cul­tés à trou­ver des mats d’éclai­rage. Là, on en quand même qui viennent de Belgique. Les loueurs n’en achètent plus : ils se les font piquer. Surtout pour les géné­ra­teurs. Du coup, l’an­née prochaine, je vais monter des tours layer dans les parkings. De 4 à 10 mètres avec un groupe dessus, double barrié­rage avec une occul­ta­tion pour ne pas se faire piquer le géné­ra­teur. Et on fera un éclai­rage 360 degrés dans les parkings. Ça permet­tra de déga­ger un certain nombre de mats pour les campings.

 

Hors festi­val

remplissagedébut d’après-midi, le site se remplit. Dans quelques heures, il ressem­blera à…

 

AF : Mais tu as des gens en sécu sur place ? Tu n’as pas peur que des gens s’amusent à monter dessus ?

 

J.S. : Juste­ment, l’idée est de faire un barrié­rage normal, plus un double barrié­rage avec, je ne sais pas… du bois ou quelque chose comme ça.

 

A.B.: Un truc où tu ne peux pas t’ac­cro­cher, quoi.

 

J.S. : Voilà. Un contre­plaqué qui monte à 3 mètres 50…

 

[Nous quit­tons le PC sécu­rité. À son pied, quelques agents de sécu­rité reprennent des forces dans un mini­mum de calme.]

 

 

FouleÇa ! (scène 1 avec le pool de photo­graphes qui quitte la fosse)

AF : Hors festi­val, le champ est utilisé ?

 

J.S. : Non… Enfin, c’est une plate­forme évène­men­tielle. Il y a des comices agri­coles, il y a eu le Cham­pion­nat de France de cross-coun­try des sapeurs pompiers, le Cham­pion­nat de France de cross-coun­try tout court. C’est un site qui est super viabi­lisé, alors il est facile pour travailler sur autre chose. On a beau­coup travaillé pour viabi­li­ser l’en­droit. Ce sont des copro­duc­tions qu’on fait avec la ville : eux ils creusent, moi je paie la came. Du coup on est au top, vrai­ment au top je pense en terme d’eaux usées, eau potable, etc. Tiens, tu vois les mats d’éclai­rage dont je te parlais, là ? Je récu­père des poteaux, j’achète des plots… D’ailleurs, je ne suis pas très content d’en voir ici. J’ai acheté 6 plots et il y en a 3 qui ne sont pas utili­sés… On verra ça plus tard. C’est bien que tu ai dit à Alain le truc sur la qualité de l’ac­cueil. Parce qu’ils s’en prennent telle­ment plein la gueule ! Alain fait la sureté dans beau­coup de festi­vals. Il est dans pratique­ment tous les grands festi­vals, en fait. C’est un gars d’ici. Il habite à 20 bornes… Alain fait les trans­mu­si­cales, il fait Bobi­tal… enfin, il faisait puisque c’est plus d’ac­tua­lité.

 

La Garenne

Scène 2la scène 2 (vue de la régie) n’est pas en reste

AF : ça coule Bobi­tal ?

J.S. : Oui, ils ont déposé le bilan, ça y est. Mais Bobi­tal a eu cette année la volonté de ne pas s’en­tou­rer du tout de profes­sion­nels. Aucun. Ils se sont retrou­vés avec des choses pas envi­sa­gées, des dépas­se­ments de budgets… Enfin, ils ont explo­sé…

 

Voilà, ici c’est ce qu’on appelle La Garenne. On retrouve toujours un peu la même ergo­no­mie sur toutes les parties du site. Tout ce maté­riel de cuisine que tu vois appar­tient au festi­val. Ces grands barbe­cues, c’est Jean-Pierre, le plom­bier, qui les a fabriqués. C’est mon beau-frère, en plus !

 

AF : C’est telle­ment énorme que si tu ne gagnes pas un peu sur tous les postes où c’est possi­ble…

 

J.S. : Oui, et surtout ça crée un lien entre les gens, ça les pousse à réflé­chir à des choses… Et ce sont des gens assez proches.

la foule vue de la scène 2la foule vue de la scène 2

 

 

AF : Oui, on sent ça, cette convi­via­lité qu’il y a dans les équipes.

 

J.S. : Voilà. On va dans les loges du caba­ret breton où ils ont un concept parti­cu­lier, tu vas voir. C’est les manouches ! [On arrive au milieu d’un village de cara­vanes déco­rées] Tu vois, ça c’est l’équi­pe… ils ont tous la mous­tache, comme les manouches ! [On est dans une ambiance très convi­viale, déten­due et déconne, arro­sée comme il se doit] Un membre de l’équipe (d’un air réjoui) : On a le concours d’air biniou ce soir.

 

 

 

scène 2toujours devant la scène 2… entre deux concerts, de la place pour souf­fler

 

Air Biniou

AF : Un concours d’air biniou ?

MDl’E : De 22h30 à 23h00 ! Six groupes en compé­ti­tion !

J.S. : Je vous présente Will qui fait un repor­tage sur les conne­ries du festi­val, alors que je vous plaçais en tête… [Rires] Tu vois, ça change des loges avec les tapis rouges et des choses comme ça. Ici, c’est plutôt cuivres et poules ! 

MDl’E : T’as regardé dans la cara­vane ? Même les pauvres ont des tapis rouges dans la cara­vane ! ça fait un peu hôtel du coup ! C’est dur de virer les mecs. [rires]

la rampe de la scène 1

J.S. : C’est bien ce que vous vouliez au départ. Quelqu’un qui est heureux n’a pas forcé­ment envie de se barrer comme ça. Enfin ce soir, l’air-biniou, je te le conseille ! Moi je ne sais pas si j’au­rais le temps… C’est à quelle heure ?

Béné­vole : 22h30.

J.S. : C’est mort, je ferai Matma­tah.

MDl’E : On mettra super fort pour que vous puis­siez entendre ! Eh, vous allez être déçus : il n’y aura personne devant Matma­tah : tout le monde sera là !

J.S. : T’inquiète : je crois qu’il y en aura pour tout le monde ce soir.

 

AF : Matma­tah c’est après, non ? Toi tu seras en prépa. 

J.S. : oui, je serai en train de faire ma console. Je suis sur la même que Gad Elma­leh, mais ça va. Comme lui il est tout seul, je vais pouvoir prépa­rer ça tranquillou.

Tanguy : Je te propose pas de boire un coup ?

J.S. : non, on vient d’en boire un à la sécu et si on fait le tour, je vais être plié !

Tanguy : Moi ils vont me plier, ici !

J.S. : De toute façon, tu es off, là, non ? Tu t’en fous. Tanguy, c’est mon assis­tant. C’est les oreilles ! Nous on tourne sur le site et Tanguy est au bureau. Il faut l’ac­cueil, la gestion des équipes poly­va­lentes, le dispat­ching des gens, la gestion des tâches, des plan­nings, les tenues de mains courantes, j’en passe et des meilleures.

Tanguy : Ils m’ont donné une jour­née cette année.

J.S. : C’est notre souffre-douleur. Au lieu de prendre un jeune stres­sé… ça fait deux ans qu’il est là et c’est cool.

Tanguy : Je bosse un mois ici.

J.S. : Des vacances, quoi !

Tanguy : Exac­te­ment. Je prends mes vacances ici !

J.S. : Juste­ment, je trouve que ce serait bien que tu aies une autre atti­tude que ça [rires]

Tanguy : En même temps c’est les vacances, hein !

J.S. : Il le dit un peu trop, mais attend : on a pas attaqué le démon­tage. J’ai encore quinze jours pour me venger !

 

Les fameux barbe­cues et friteuses

[Nous quit­tons les loges de La Garenne et repar­tons en voiture]

 

DJ ZebraCarte blanche à DJ Zebra. Que du beau monde !

J.S. : Fallait qu’on passe par ici, quand même. C’est l’an­ti­tech­nique ! C’est une sacrée bande de lascars, ici. Bon esprit. Des gens du coin, surtout. Tanguy habite à 20 bornes d’ici. JD qui est le respon­sable d’ici, c’est son cousin… Il y a vrai­ment cet aspect là, mais avec de la compé­tence. Ce n’est pas « t’es mon pote, t’es mon cousin, viens bosser ». Tanguy par, exemple, mon assis­tant, il est coor­di­na­teur tech­nique aux trans­mu­si­cales à l’an­née. Ça, c’est Nico Massé, un autre mous­ta­chu. Nico, c’est le compa­gnon de Florence qui s’oc­cupe de tout le social sur le festi­val. Qui a été mon assis­tant pendant long­temps quand j’étais au service maté­riel.

 

[On s’ar­rête près d’une jeune fille]

 

Lola, ma fille… Salut minette !

 

Lola : tu fais le son des Mat’, ce soir ?

 

J.S. : oui. T’as vu ta mère ? Ah ben, elle est là, tiens… Elle tient le merchan­di­sing artistes.

 

Tu vois ces fameux barbe­cues, ces fameuses friteu­ses… Et on a un service de main­te­nance. Tanguy s’oc­cupe de collec­ter les appels qui émanent des diffé­rents restaux, stands, etc. « j’ai plus de lumière, j’ai plus de cela ». Il redis­patche tout de suite sur les équipes de plom­biers, d’élec­tri­ciens, des clôtures, de ce qu’il faut. Beau­coup de réac­ti­vité, d’in­tel­li­gence, de prag­ma­tisme. Les gens que tu vois avec les baudriers verts, ce sont des nettoyeurs qui tournent en perma­nence sur le site. Tout le temps. Tu vois ces toilettes-là qui ressemblent à des chimiques ? Ils sont reliés au tout à l’égout. Ca c’est le dernier réseau qu’on a fait.

 

Gradins VIP

[Nous arri­vons dans la zone de la scène 1]

Là, tu as le cate­ring artistes. C’est une nouvelle cuisine que j’ai mise en oeuvre. Ce sont des contai­ners en fait, qui se collent. Ils sont déjà prééqui­pés… Ça, c’est le passage de câbles de toute la téloche. Et on a toute la zone télés, médias, etc. Toute la zone médias et parte­naires. Le bar VIP où je suppose que tu as déjà dû aller… Et puis la zone dont je te parlais avec les crashs…

Le gradin VIP qu’on a augmenté cette année de 200 places. Victimes du succès. C’est vrai que les places VIP, c’est diffi­cile de s’en passer. Tu vois le gradin handi­ca­pés avec une acces­si­bi­lité en truck-way, en bande de roulage.

 

quelques câbles pour la télé…

AF : Il est bien placé pour voir les concerts.

J.S. : Oui, c’est impor­tant, je trouve. Ici, on a un truck-way. On est obli­gés de créer un axe rouge pour désen­cla­ver la zone ici. On a donc une bande de roulage qu’on fait poser, ce qui fait que le site est vrai­ment bouclé de A à Z. On peut en faire le tour complet avec des véhi­cules. Et voilà, on arrive dans les zones tech­niques. C’est chez moi ! On le stocks élec­triques, signa­lé­tique, plom­be­rie. C’est le nº 1 des parcs maté­riels. On a un autre parc en montage, qui est dans la zone des entrées. Une fois qu’on a dispat­ché, le reste du maté­riel est ici. Il ne reste plus grand-chose. De quoi être prêt à dégai­ner en cas de besoin. On arrive à des sommes astro­no­miques de maté­riel. C’est assez impres­sion­nant.

 

[On s’ar­rête pour saluer un mous­ta­chu en tenue de cuisi­nier]

 

Salut Guéna. Je vais venir manger chez toi ce soir puisque je suis avec un orchestre.

 

Guéna : Marcel et son orchestre ?

 

J.S. : Perdu ! Essaye encore

 

Guéna : Jacques et son orchestre ?

 

J.S. : Je vais venir hono­rer votre table.

 

Guéna : La maison est bonne, norma­le­ment

 

J.S. : Je n’ai pas entendu le contraire en tout cas.

 

Guéna : ZZ Top nous a fait des éloges hier.

 

J.S. : Ils avaient un cuis­tot pour­tant, eux, non ?

 

Guéna : mais on leur a fait à manger. Ils nous ont dit « cate­ring de dingue. On a jamais vu ça ! » Remer­cie­ments et tout !

 

EtoilesHow many stars ?

J.S. : C’est cool.

 

Guéna : On ne travaille qu’avec des produits frais. Pour faire un jus de veau, on prend des os que l’on fait suer, tu vois. Pour faire un fumet de pois­son, on prend des pois­sons et des langous­tines. Ouais !

 

J.S. : Tu vois, c’est ce que je te disais hier : la philo­so­phie première du festi­val, c’est de bien accueillir les gens, de bien accueillir les artistes pour que la grand-messe soit complète. Un public satis­fait et des artistes heureux, ça donne des grands-messes, quoi.

 

Guéna : Hier on a encore vécu un sacré moment !

 

J.S. : Ce soir, ça va être énorme, je pense.

 

Guéna : Matma­tah ?

 

J.S. : Oui, et puis il y a 65 000 personnes dans le champ ! Tu sais à quelle heure on mange, ce soir, les Matma­tah ?

 

Guéna : Ah non, je n’en sais rien.

 

J.S. : Parce qu’il y a un truc que j’ai quand même envie de faire, c’est d’al­ler manger au cate­ring artistes ! ça… Ah ouais, attend ! Tous les ans, même si je ne suis pas avec un groupe, j’es­saye d’y passer une fois.

 

Pour finir

[Au même moment, alors que nous arri­vons à la fin de la boucle aux bureaux de Jacques à proxi­mité de la scène 2, on entend en prove­nance de celle-ci une artiste termi­nant son show remer­cier chaleu­reu­se­ment le public et les gens qui les ont accueillis sur le festi­val.]

 

OxmoOxmo Puccino, un des invi­tés de DJ Zebra.

AF : très belle orga­ni­sa­tion, en tout cas. Je suis impres­sionné.

 

J.S. : C’est chiadé à mettre en oeuvre… Beau­coup de travail, beau­coup de compé­tences à tous les niveaux. Parce qu’il faut en parler aussi, de tous les gens qui travaillent là-dessus. Je n’ai même pas grand-chose à redire sur les équipes parce qu’ils font un travail de folie. Les élec­tri­ciens par exemple, c’est des bêtes de somme ! Cette année on a des condi­tions météo qui sont meilleures. On a changé aussi des équipes du festi­val, on a un peu de sang neuf. [Me montrant un chapi­teau de cirque] Tu vois, ça c’est un deuxième VIP que j’ai monté en urgence parce que le premier qui est là-haut, à l’étage, [NDLR : du centre cultu­rel] a été submergé de demandes qu’on pouvait diffi­ci­le­ment refu­ser au prix de la soirée VIP. Et puis on ne peut pas non plus heur­ter les parte­naires, tout ça… Du coup, on a monté un autre VIP à moitié à l’ar­rache. On a essayé de faire un ersatz de l’autre. Et en fait, les gens préfèrent celui-là. Ils préfèrent être dans la bâche.

 


AF : C’est plus dans l’am­biance ?

 

J.S. : Oui, c’est ça.

 

C’est là-dessus que se termine la visite du site. L’im­pres­sion est claire : une énorme machine bien rodée où règne une ambiance joyeuse, frater­nelle et déten­due. Et ça respire la compé­tence et le dévoue­ment à tous les niveaux. Dévoue­ment tendu vers un objec­tif : que la fête soit belle. C’est sans doute ce qui explique cette ambiance si parti­cu­lière que connaissent bien ceux qui fréquentent ce festi­val. Et ce qui explique que quelques bonnes volon­tés aient su, au fur et à mesure des années, faire de ce festi­val dans un coin perdu du centre Bretagne un des tout premiers festi­vals français.

 

 

Merci à Jacques pour le long temps qu’il nous a consa­cré en plein festi­val et pour le tour complet du site. Sylvain et moi-même tenons égale­ment à remer­cier très chaleu­reu­se­ment les équipes du festi­val pour leur accueil. Respon­sables tech­niques, roadies et tech­ni­ciens des diffé­rentes scènes, équipe des rela­tions presse et tout le person­nel et les béné­voles du festi­val à qui nous avons eu affaire nous ont large­ment accueillis dans une ambiance mélan­geant profes­sion­na­lisme, dévoue­ment, humour et chaleur humaine. Merci à tous pour ce grand moment.

 

Photos : Will Zégal et Sylvain Ferrand

 

Sujet de discus­sion à propos de cet article.

 

vc2008_willzegal_site-7799_200.jpgLe site encore vide le jeudi en fin de montage. En face, les gradins VIP et l’es­pace handi­ca­pés.

vc2008_willzegal_site-7864_200.jpglà haut !

vc2008_willzegal_site-7899_200.jpgDans le bus Gibson

vc2008_willzegal_site-7903_200.jpgLe site se rempli (vu de la scène 1)

vc2008_willzegal_site-8043_200.jpgC’est la place du chef (oui oui, Jacques)

vc2008_willzegal_site-8044_200.jpgrepos bien mérité. Une asso­cia­tion assu­rait du shiatsu (massages) pour employés, béné­voles, artistes et VIPs

vc2008_willzegal_site-8046_200.jpgL’équipe de fouille attend l’ou­ver­ture des portes

vc2008_willzegal_site-8058_200.jpgMayon et Wen ont vrai­ment cartonné. Drôles, trucu­lentes et vrai­ment pas coin­cées

vc2008_willzegal_site-8072_200.jpgLe dégui­se­ment est déci­dé­ment une tradi­tion des Vieilles Char­rues

vc2008_willzegal_site-8389_200.jpgJacques regarde la foute circu­ler entre les campings et le site du festi­val

vc2008_willzegal_site-8391_200.jpgun des 6 ou 7 campings

vc2008_willzegal_site-8400_200.jpgmoment calme aux entrées

vc2008_willzegal_site-8405_200.jpgLe dégui­se­ment est une des tradi­tion des Vieilles Char­rues

vc2008_willzegal_site-8406_200.jpgUn aperçu des loges de la scène 4 (La Garenne)

vc2008_willzegal_site-8407_200.jpgUn aperçu des loges de la scène 4 (La Garenne)

vc2008_willzegal_site-8408_200.jpgBus promo­tion­nel Gibson dans la zone presse/VIP

vc2008_willzegal_site-8409_200.jpgEntre la scène 1 et la scène 2

vc2008_willzegal_site-8410_200.jpgLa foule pas trop serrée malgré le nombre

vc2008_willzegal_site-8411_200.jpgLe dégui­se­ment est une des tradi­tion des Vieilles Char­rues

vc2008_willzegal_site-8412_200.jpgA l’en­trée prin­ci­pale du site

vc2008_willzegal_site-8468_200.jpgJacques Simon se prépare à gérer les retours de Matma­tah

vc2008_willzegal_site-8480_200.jpg

Pour une petite idée de la taille de la scène 1

vc2008_willzegal_site-8486_200.jpgMatma­tah vu de la régie retours

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la foule vue à travers les pendards de la scène 1

vc2008_willzegal_site-8533_200.jpgMatma­tah sur la scène 1

vc2008_willzegal_site-8541_200.jpgMatma­tah

vc2008_willzegal_site-8542_200.jpgMatma­tah

vc2008_willzegal_site-8545_200.jpgMatma­tah

vieillescharrues03_200.jpgLe tekos breton utilise les mêmes outils de base que le marin breton

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Régie scène 1 et scène 2 vues du plateau de la scène 1

vieillescharrues06_200.jpgLa régie de la scène 1 (en fond, la scène 2)

vieillescharrues07_200.jpgQuelques crash barrières à monter!

vieillescharrues14_200.jpgDerrière nous la scène 1

vieillescharrues18_200.jpgDans 24 heures, 50 000 personnes enva­hi­ront cette pelouse

vieillescharrues23_200.jpgEssais lumières sur la scène I

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Essais lumière sur la scène I

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Déco du site

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Essais lumière sur la scène I

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vieillescharrues32_200.jpgScène I (Glen­Mor) en instal­la­tion

vieillescharrues38_200.jpgscène III Xavier Grall en cours d’ins­tal­la­tion

vieillescharrues40_200.jpgDans le car régie TV

vieillescharrues41_200.jpgDans le car régie TV

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Dans le car régie TV

vieillescharrues43_200.jpgDans le bus Gibson

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Dans le bus Gibson

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Baby­shambles

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Baby­shambles

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Baby­shambles

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Baby­shambles

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Baby­shambles

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Moto­rhead

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vieillescharruesii-13_200.jpgMoto­rhead

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Moto­rhead

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Moto­rhead



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