Roland Atelier Combo AT-350C

Voilà près de 5 ans que cet instrument a été mis sur le marché et, pourtant, pratiquement aucun avis sur le net, hormis de rares bancs d’essais en anglais pour des revues américaines.
Il semble bien qu’en France l’AT 350 c soit tout simplement passé inaperçu !
Quelques raisons à cela : introuvable chez les revendeurs qui hésitent à stocker un instrument d’un certain prix et assez ciblé quant à la clientèle potentielle.
L’AT 350c (ou Roland Atelier 350 Combo) est avant tout un orgue… dont l’inspiration nous vient des orgues combos des années 60 et 70 : double claviers (de 37 notes souvent) + pédalier de 13 notes. Sonorités réparties entre une partie « orgue » et un partie orchestrale, le tout ponctué par les dzim boum boum d’une archaïque boîte à rythme. Mais cela avait fait le bonheur de toute une génération d’avoir a disposition un instrument versatil.

L’AT 350c l’est, versatile, et O combien ! C’est toute sa raison d’être… Issu de la belle lignée des orgues de la série Roland Atelier avec tout le savoir faire de cette firme japonaise bien connue des pros et des amateurs éclairés, l’AT 350 concentre en un élégant double clavier tout ce qu’il y avait de meilleur au temps de sa conception (5 ans, en terme de fabrication d’instruments numériques, c’est long !). Mais malgré son âge, l’AT 350 conserve toute sa jeunesse et son intérêt… Nous allons voir pourquoi.

Présentation générale
L’orgue (car c’en est un, avant tout) se présente sous la forme d’un double clavier, dont l’allure fait penser au VR-700, son illustre prédécesseur. Le clavier inférieur (lower) a 64 touches waterfall… Les organistes vont tout de suite apprécier. L’étendu de 3 notes supplémentaires (en place des 61 qui sont la norme pour les orgues) permet d’avoir un peu plus d’espace lorsque ce clavier se mute en piano… Le toucher est très bon, c’est celui l’un orgue. On est en pays de connaissance.
Le clavier supérieur (Upper) n’a, quant à lui, que 49 touches (4 octaves) et n’est pas waterfall. Il demeure cependant très bon et permet un jeu d’orgue sans difficulté. C’est le clavier Roland que l’on trouve sur de nombreux autres instruments de la firme, utilisé depuis des décades (j’avais le même sur mon vénérable VK7). 4 octaves seulement, en effet, c’est une de moins que la norme pour les orgues mais comme ce clavier est essentiellement destiné au jeu de soliste à la main droite, cela n’est pas gênant. N’oublions pas que Bach lui-même n’avait, à son époque, que des claviers de cette étendue sur ses orgues… Et cela ne l’a pas empêché de faire de la bonne musique.
Le pédalier… n’est pas fourni avec l’orgue. C’est une option (coûteuse) et pourtant indispensable pour profiter pleinement des possibilités de l’AT 350.
N’oublions pas les pédales d’expression, qui sont heureusement livrées avec le pédalier.

L’aspect général donne confiance ! bien construit, les commandes à la bonne place, l’AT 350c est loin d’être un jouet, c’est un instrument destiné aux pros…

Passons en revue la bête !
D’abord je dois vous dire qu’il y a deux « moteurs » dans l’AT 350c. J’ose utiliser ce mot pour décrire comment il est conçu :
- C’est un orgue… Donc à l’intérieur se trouve le « moteur » de l’orgue dit « vintage » (pour ne pas citer une célèbre marque américaine qui traine un peu partout dans les clubs de jazz ou les scènes rock…). Roues phoniques virtuelles (modélisation virtuelle et non sampling), donc polyphonie illimitée pour cette partie là. L’organiste avisé remarquera tout de suite la présence de drawbars, un jeu complet par clavier et le pédalier… + une de couleur rouge pour le Solo (on va voir après…)
Ainsi, pas de surprise, l’AT 350c se joue comme un orgue et les sonorités sont absolument géantes ! De plus la simulation de HP rotatifs est de bonne facture, sachant que c’est un effet très difficile à reproduire en numérique. Bluffant !
Depuis la mise à jour du logiciel interne de l’AT 350c il est possible de paramétrer le comportement de cet orgue (key click, leackage…) et de sa cabine « rotative ». Un plus très appréciable qui manquait réellement lors du lancement de cet orgue.

Le second moteur est celui que j’appelle « orchestral », réalisé à partir de samples.
Comparé à des claviers arrangeurs concurrents et de la même gamme de prix, l’AT 350 c semble bien pauvre en matière de « sons » embarqués, cela additionné à l’impossibilité de les éditer pour en créer de nouveaux. L’AT 350c n’est ni un clavier arrangeur ni même un synthé… C’est un orgue, avec des fonctions supplémentaires.
Mais rassurez-vous ! il y en a peut-être moins que chez Y… ou Z… mais là, vous avez soit le très bon, ou le meilleur… en passant par l’exceptionnel…
Oui, c’est du haut de gamme, tout simplement. Vous me direz, pour le prix…

Parmi ces sons, il faut noter la présence des Supernatural propres à Roland, que l’on peut manier autant avec les effets à la pédale d’expression qu’avec le fameux DBeam que l’on trouve sur plusieurs claviers de la marque. Avec un peu de pratique, vous avez vos instrumentistes solistes avec vous.


Les rythmes
Là aussi, c’est un peu la misère comparé aux autres claviers arrangeurs… Mais l’essentiel est là, et aussi de très haut niveau ! L’arrangeur intégré, qui suit vos accords de la main gauche (et basse au pédalier) est excellent et fait rarement des bévues.

Usage général
À qui donc s’adresse cet instrument, rare finalement puisqu’on ne le voit pratiquement nulle part ?
En premier lieu, aux musiciens de scène qui sont seuls (genre chanteur s’accompagnant lui-même au clavier) ou en formation restreinte (guitare, chanteur, percussions…), aux claviéristes qui doivent passer du coq à l’âne (pardon, du piano à l’orgue…) sans avoir à trimballer plusieurs claviers et passer une partie de la soirée à tout connecter.
Idéal donc pour des musiciens aux genres variés (du bal musette en passant par le thé dansant ou même le gros rock qui tache, ou qui termine la soirée par un bœuf jazzy…). Bref, versatile, je vous disais plus haut.
L’AT 350 est vraiment prévu pour la scène et le jeu en live plus que la recherche en studio.
Une fois qu’on a compris comment naviguer dans les menus et comment réaliser ses propres registrations grâce aux nombreuses mémoires disponibles, l’AT 350 c se dompte très vite. En un an et demi en sa compagnie je n’ai jamais ouvert le manuel…
En second lieu l’AT 350c est taillé aussi pour le Gospel et l’usage « à l’américaine » de l’orgue dans les églises. C’est d’ailleurs pour Roland un marché de premier ordre là-bas. Parfais pour accompagner un chœur et jouer aussi en solo, sa versatilité est un excellent point.


Conclusions
Il n’y a pas photo, l’AT 350c tient ses promesses, c’est un instrument de très bonne qualité, conçu pur un usage pro et intensif, sur scène, en live.
Il faut s’habituer à la disposition des claviers et à la navigation dans les menus mais cela reste intuitif.
Bien sûr, le prix… si nous devons prendre la config complète avec un pédalier 25 notes, l’addition est salée, à près de 7.000 euros tout de même, sans l’amplification… On s’en tire pour moins avec le pédalier PK9 (20 notes) mais le prix est tout de même un frein ce qui explique sa rareté dans l’hexagone alors qu’outre atlantique il trouve plus facilement preneur grâce à l’utilisation dans les églises.
Sa rareté explique aussi l’absence de cet orgue sur le marché de l’occasion…
J’ai eu la chance de tomber sur un modèle d’expo neuf, au prix plus que attractif.
Et je l’utilise tous les jours.

Si je devais refaire ce choix un jour, certainement (fidèle à la marque Roland depuis plus de 20ues....)… mais en le trouvant à un prix correct.