Tous les avis sur Kawai CS8

J’ai acheté ce piano en 2017, après avoir possédé un DGX-640 de Yamaha pendant plusieurs années et divers claviers auparavant.

Je suis un amateur, autodidacte mais expérimenté malgré tout (j’ai commencé à jouer il y a 18 ans), et je joue (ou essaie de jouer !) un peu de tout : ragtime, blues, jazz, musique de films, quelques pièces classiques, variétés… Lorsque j’ai senti le moment de changer de piano, j’ai décidé de me faire plaisir et de m’offrir un modèle qui me fasse réellement monter en gamme : pour continuer de progresser et aussi pour éviter de lorgner sur des pianos plus chers 6 mois plus tard (ce qu’on appelle le GAS !) et de regretter de ne pas avoir mis un peu plus cher dans mon achat.

J’ai ce piano depuis pratiquement un an en écrivant cet avis.
Je préfère prévenir que j’ai tendance à écrire des avis longs, et celui-ci n’échappera pas à la règle car j’ai envie de m’étendre sur les raisons de mon choix parmi la multitude de modèles disponibles sur le marché.

Pour info, le "tarif raisonnable" du titre, c'est parce les pianos numériques, ça monte jusqu'à 12 000€.

TOUCHER

Dans le magasin, j’ai essayé tous les modèles CLP Yamaha dispo, du moins cher (625) au plus cher (685), et même le NU1 (mais toucher piano droit). Après tests, j’avais au moins senti que je prendrai un modèle avec touches en bois (645 je crois), car pour moi je sentais une différence avec le GH standard, mais même sur le 685 avec toutes les subtilités de toucher en plus, je ressentais encore ce côté un peu « artificiel » du toucher Yamaha que j’ai toujours noté en essayant vite fait ces pianos. Et bien que très supérieur à celui du DGX, et même si ça aurait été excellent si je n’avais eu que ce choix, je sentais que c’était p-e pas encore le bon piano (après il faut p-e passer sur les AvantGrands, que je n’ai pas pu tester, mais là on parle de pianos à plus de 6000€…).

Du coup, je vais voir les autres pianos, et là je tombe sur ce Kawai, un CA97 à 3300€. Je souris, je me dis que c’est complètement hors-budget, mais bon ça coute rien d’essayer ! Et là, la révélation. « Ah ouais, en fait quand on met le prix on arrive à trouver des touchers de piano numérique hyper convaincant ! ».

Au final, j’ai tout testé dans le magasin, plusieurs fois, toutes les marques. C’est pas vraiment une question de prix (bon en partie quand même). C’est juste Kawai. Le Grand Feel II, exceptionnel selon moi. Les touches sont à la fois légères (réactives), et à la fois lourdes (précises, sensation de puissance quand on appuie avec force). La course est très douce (probablement due à la longueur de pivot qui est proche de celle d’un piano acoustique), et le contrôle du volume est excellent. Sur Yamaha, même sur le 685, j’ai un peu cette impression de manquer de précision et de continuité, comme s’il fallait passer un seuil minimum de force avant de pouvoir enfoncer les touches (c’est ça que j’entends par « artificiel » plus haut). Sur le GF2, pas du tout, c’est très fluide, même sur du pianissimo. Petit détail, qui gêne certains à ce que j’ai vu sur certains forums, mais que moi j’adore : en fond de course des touches, il y a une petite mousse, et la butée est donc « molle » et ne fait pas de bruit : je pense que c’est un des touchers les plus silencieux que je connaisse. Je verrai la qualité sur la durée mais pour l’instant aucun problème.

Le toucher, c’est hyper subjectif sur un piano, celui qui marche pour moi ne sera pas forcément celui qui marchera pour vous. Donc vraiment : allez essayer si vous pouvez, mais pour moi Kawai est actuellement au sommet des grandes marques à ce niveau, et je pense le plus innovant.

Je me permets de faire une parenthèse sur le marché des numériques, selon mon ressenti. Je pense que Yamaha, par sa force de frappe immense, innove peu sur ses touchers et utilise au final toujours le même toucher haut de gamme depuis (à la louche) 15 ans, mais vous le fait payer au prix premium (d’ailleurs, on ne trouve aucun détail ou visuel précis sur le NH). Kawai de son côté, parce que bien plus petit, a été forcé de se démarquer et propose, à mon sens, les touchers les plus aboutis au moment où j’écris cet avis. A savoir également, que la marque à l’air de faire progressivement passer ses anciens touchers haut-de-gamme dans les modèles moins chers, ce qui les rend particulièrement attractifs pour ceux qui auraient un budget réduit.

Sur les autres marques que j’ai testées :
Roland – Série HP-600 et LX : je pense que leur toucher haut de gamme est très bon, mais je ne ressens rien de particulier dessus. En fait je ne m’étendrai pas sur Roland car pour moi, c’est purement personnel, j’ai pas de connexion particulière avec leurs pianos.
Casio – série GP : hm, il y a quelque chose au niveau du toucher de très agréable, ils sont partis sur la même idée que le Grand Feel, mais pas au niveau de qualité que j’ai ressenti avec le Kawai. J’avoue que j’étais réticent à partir sur un Casio, mais c’est un vilain préjugé parce que je pense que la gamme GP est bonne.

SONORITES

Là encore, contexte. J’ai écouté des tas de démos, essayé des tas de pianos, avec le temps, et au moment de l’achat. Je trouve, encore une fois, que le son Yamaha n’a pas évolué depuis plus de 10 ans. Je me suis lassé de leur son de piano acoustique (CFX) que je trouve trop fin, trop métallique et sur-entendu. Idem, sur les pianos électriques, j’ai pas trouvé une différence si énorme entre mon DGX et même le CLP-685. Que mes ressentis ne vous donnent pas de fausses impressions : la qualité à l’origine de ces sonorité étant très bonnes, ça reste très bien aujourd’hui (leur Bosendorfer et leur Rhodes sont même assez sympas je trouve), mais pour la somme que je m’apprêtais à investir, je cherchais vraiment autre chose.

Je me suis un peu fait l’oreille à plusieurs reprises, avec et sans casque, sur les Kawai pour évaluer leurs sons, et ça a collé avec ce que je recherchais. Comme j’essaie de ne pas écrire un roman, en résumé :

• 3 sons de pianos acoustiques excellents : le SK-EX, le EX, et le SK-5. A eux tout seuls, ils peuvent justifier un achat. Le SK-EX est mon préféré, chaud, rond, très doux quand on joue doucement et plus ouvert quand on joue fort. Exactement le son qu’il manque à Yamaha je trouve. Le SK-5 est très intéressant car plus intimiste, le grain diffère du SK-EX, il est plus feutré. Le EX est celui que je joue le moins, c’est le plus brillant, et en l’occurrence celui qui pourrait combler les amateurs de sons Yamaha : ). A savoir que même si rien ne justifie ça techniquement, ces 3 pianos ont tellement un tempérament distinct qu’on dirait presque que le toucher n’est pas le même quand on passe de l’un à l’autre, comme si on était réellement sur des pianos différents.

• D’autres sons acoustiques de bonne qualité, mais plus quelconques en comparaison des 3 monstres ci-dessus. Mention particulière malgré tout pour le Jazz Piano, qui colle très bien avec le style qui le définit, et pour l’Upright Piano, car finalement c’est pas souvent qu’on a un vrai son de piano droit dans un numérique. Utiliser le preset « Strong Resonance » du Virtual Technician vous donnera un bon son de piano droit à la limite du désaccordage, c'est génial.

• Les pianos électriques : encore une fois, désolé, mais fabuleux. Le Classic EP1 est vraiment tiré du son Rhodes classique comme je l’aime, et si en plus vous jouez un peu avec le Virtual Technician, il est très expressif, du doux au criard. Le 60’s EP ressemble plus à un Wurlitzer (pensez à The Logical Song !), le timbre est très bon, rajoutez un tremolo et c’est la folie. J’utilise moins le Classic EP2 et les sons typés DX7, mais ils sont de très bonne qualité également, juste différents et moins à mon goût (bon le New Age EP est sympa quand même).

• J’ai très peu de morceaux pour orgues, mais le CS8 est bien fourni en sons d’orgues et eux-aussi se démarquent de la concurrence, que ce soient les sons d’église ou de sons Hammond. La pédale gauche peut être utilisée pour contrôler la vitesse du Leslie.

• Les sons de Strings sont comme souvent pas folichons, mais ça passe très bien si c’est en Layer sur du piano. La basse acoustique est vraiment très bonne.

Au niveau de la qualité du son, c'est du haut niveau, avec 6 haut-parleurs répartis sous le clavier (basses), au niveau des touches (aigus) et au niveau du panneau supérieur (mediums). Moi qui était habitué à jouer au casque, le son est tellement beau et puissant avec le système d'ampli que je ne joue pratiquement plus avec casque, il faudrait que j'en achète un de très bonne qualité.
Fait intéressant, le fait que les boomers soient sous le clavier, on sent presque des vibrations à travers les touches à partir d'un certain niveau de volume, on se sentirait presque sur un acoustique.

FONCTIONNALITES

Ce qui démarque les Kawai, c’est tous les petits réglages (19 de mémoire) qu’on peut faire pour s’approcher au mieux des subtilités du piano acoustiques (résonances sympathiques, bruit des marteaux, etc). Ils appellent ça le Virtual Technician, et la plupart des paramètres peuvent apporter un plus notable sur la sonorité que vous cherchez. Vous pouvez éditer les paramètres un par un, à votre guise, mais si vous trouvez ça trop fastidieux, Kawai a pensé à vous et propose des pré-réglages qui à eux-seuls sont déjà bien efficaces (Dark, Brilliant, Soft, Strong Resonances, Low Resonances, etc). Si c’est normalement plutôt fait pour les pianos acoustiques, sachez que ça marche également pour les pianos électriques et que ça peut créer des effets sympas sur n’importe quel type de son.

Les effets sont plutôt bons dans l’ensemble, on peut utiliser une Reverb + un autre effet parmi lesquels : Tremolos, Phasers, Distorsion, Delays, etc. Leur utilisation est intuitive, les reverbs sont nombreuses. Petit bémol, je trouve que les réglages des autres effets manquent un peu de précision parfois (10 valeurs uniquement), mais bon, ça reste un piano numérique et pas une Workstation, et ça fait le taf malgré tout.

On peut configurer les sons par défaut comme on veut il me semble (pas encore testé), et on peut enregistrer quelques pré-réglages (peu nombreux par contre, 16), comme par exemple, un son avec piano acoustique et des chœurs en superposés avec tel type de reverb et tel effet avec tels réglages.

Pour ceux qui utiliseront un casque, on peut régler en normal, en Forward (comme si le son venait effectivement du piano par devant, j’aime bien) ou en Wide (effet stéréo élargi), et il y a également des réglages qui permettent de prendre en compte l’impédance du casque, ce qui peut être pratique.

Petit point négatif, il y a un côté contre-intuitif dans la façon dont les menus et les touches de navigation ont été pensés, c’est un peu dur à expliquer. En gros certains menus s’affichent avec des chiffres (1, 2 ou 3), et on doit les sélectionner avec les touches 1, 2 et 3 situées sous l’écran. Sauf que ça crée une espèce de confusion entre la navigation par les flèches et la navigation par les numéros, c’est souvent que vous appuierez sur la mauvaise touche je pense, il faut tester le piano pendant quelques minutes pour s’en rendre compte. Mais bon c’est vraiment pas méchant à l’utilisation.

CONCLUSION

Bon je pense que ça s’est senti, je suis très satisfait du CS8, et honnêtement impressionné par ce que peux proposer Kawai (déjà les MP7 et MP11 m’intéressaient) pour le tarif. Le toucher GF2 est pour moi le meilleur du marché actuel, les sonorités sont à la fois classiques (piano de concert expressif, Rhodes réalistes, super orgues) et modernes (haute qualité), et couplées à la qualité globale du clavier, ça en fait vraiment un piano plaisant à jouer.

J’ai décidé de payer 400€ de plus pour la finition laquée du CS8 par rapport au CA67, je ne regrette pas car elle est de qualité et le piano est vraiment très beau dans la pièce (on trouve peu de photos sur le net). Par contre c’est un aimant à poussière ! Deux remarques :
- Bien que ce ne soit mentionné dans aucune doc officielle, la vidéo de présentation du CS8 en allemand mentionne déjà une collaboration avec Onkyo pour les amplis, je ne sais pas ce qu’il en est réellement. En tout cas, le système d’amplification est différent du CA67 à cause du meuble, qui n’est pas le même. Je n’ai pas pu faire de comparaison entre les deux, il est possible que le CS8 sonne mieux.
- J’y ai beaucoup réfléchi, mais je n’ai pas opté pour le CA97 ou le CS11 avec la table d’harmonie. Je n’ai pas pu comparer (il n’y avait que le CA97 en magasin), donc je ne sais pas si l’apport de ce panneau est réel ou non sur le son. Il parait que la puissance sonore est supérieure, mais étant en appart’, j’ai jugé que c’était inutile pour moi, et l’amplification est déjà très bonne.

Je trouve que Kawai est la marque qui propose en ce moment le plus de fonctionnalités ET de qualité pour le tarif le plus raisonnable. Vous pouvez ne pas être de cet avis après avoir essayé, mais vous auriez tort de ne pas considérer cette marque lors de votre achat.

Il est dommage que Yamaha repose tant sur ses acquis et sur sa force de frappe (qui ne pense pas à Yamaha en pensant à un piano numérique ?). Autrefois innovante également, elle propose aujourd’hui des technologies un peu datées (mais de qualité malgré tout) au prix fort, ce qui la rend moins attractive à mes yeux. Roland ne m’a pas convaincu avec sa technologie de modélisation, mais il ne s’agit que d’un ressenti personnel.

A toi lecteur qui lit cet avis car tu es p-e en recherche du piano idéal pour ton 1er/nouvel achat, n’oublie pas que mes vérités ne seront p-e pas les tiennes, que beaucoup de choses sont subjectives en fonction de l’idée qu’on se fait d’un bon toucher, d’un bon son de piano ou de Rhodes et d’un bon rapport qualité prix. Malgré les critiques que j’ai pu éparpillées à différents endroits, il n’y a pas de mauvaise décision quand on tape dans les séries moyenne/haut de gamme des 4 grosses marques que sont Yamaha, Roland, Kawai et Casio, qui proposent toutes d’excellents pianos. Les pianos numériques d’aujourd’hui ne sont plus ceux d’il y a 20 ans, on a la chance d’avoir un très grand choix et une très bonne qualité, il faut juste trouver celui qui nous convient le mieux.

Merci d’avoir lu si vous êtes arrivés jusqu’au bout (surtout si c’est sans soupirer ).