Tascam Porta 01

Préambule
J'ai eu ce Porta 01 pendant quelques semaines sur mon bureau pour une révision et réparation complète, principalement de la partie mécanique.

Présentation
La surface comporte une table de mixage 4 canaux à droite et un enregistreur 4 pistes sur cassette standard à gauche. Sur la tranche en façade, 6 prises au format jack 6.35mm (1/4"): 4 entrées mono, une sortie casque stéréo et une prise pour une pédale punch in/out. Sur la tranche à gauche, 6 connecteurs RCA (cinch): le master out en stéréo et 4 sorties individuelles. Également, un connecteur pour l'alimentation externe 11 à 15V, négatif au centre. La doc indique 350mA minimum, mais c'est insuffisant: 500mA, voir 1A c'est mieux. Un trappe permet de loger par 4 piles pour une alimentation autonome.
Le boîtier comporte deux attaches pour une sangle, justifiant le nom Porta.

L'ensemble est plutôt compacte, léger (sans les piles), semble solide à l'exception des commandes de l'enregistreur qui, bien que métalliques, sont en sailli et exposées aux chocs. Les boutons des potentiomètres sont plats, assez bien dimensionnés et d'une texture caoutchouteuse pas désagréable. L'ensemble est prévu pour rentrer facilement dans un sac de transport.

Chaque tranche comporte un vu-mètre, un ajustement du gain d'entrée (trim), un égaliseur 2 bandes (haut/bas) assez efficace, un placement stéréo (Pan), un fader et un sélecteur de source (Input) à 3 positions: Tape, Off, et Mic/Line. Les faders sont de bonne dimension et assez précis.
Le bus d'entregistrement est stéréo, on ne peut donc enregistrer que 2 pistes à la fois. Les deux sélecteurs à 3 positions Record Function permettent de déterminer sur quelles pistes on enregistre: la 1, la 3 ou aucune (Safe) à partir du bus de gauche, la 2, 4 ou rien à partir du bus de droite.
La tranche Master (sortie stéréo) se résume à un fader et un sélecteur Remix/Cue (sortie de la table ou de l'enregistreur) et un volume pour le casque. Enfin, les 4 potentiomètres Tape cue déterminent le volume de sorties des pistes.
On termine la surface avec un petit varispeed (+/- 15% je crois), un compteur de position à 3 chiffres et un locator appelé Zero return, entièrement mécanique et donc pas super-précis. À côté des vu-mètres, 3 boutons: light pour éclairer les vu-mètres (tant que maintenu enfoncé, sans doute pour écomoniser les piles), le DBX (On/off) et la mise en route.
Reste l'enregistreur, un modèle qu'on retouve dans de nombreux 4 pistes. Les touches de transport sont bien classiques: Record, Play, Rewind, Fast Forward, Stop et Pause.

Utilisation
Plutôt limpide: on branche une source, on positionne l'entrée sur Mic/Line, on ajuste son volume avec Trim, on sélectionne la piste de destination avec Record function, et on appuie sur Record. Pour écouter, positionner le selecteur d'entrée sur Tape et régler les volumes. De manière similaire pour faire un overdub, en sélectionnant la piste à enregistrer.
Le son est correct, mais dépend évidemment de la qualité de la cassette et du nettoyage des têtes. C'est sur qu'on est maintenant habitué à la qualité CD et au delà, alors une cassette défilant à 4.5 cm/sec, la bande passante est plutôt restreinte. Cependant, le DBX fonctionne correctement et améliore sensiblement le son.

À l'intérieur
Ce n'est pas l'électronique la plus soignée que j'ai vu, mais c'est correcte. Le démontage n'est pas nécessairement chose facile, et certains connecteurs n'ont pas de détrompeurs (prendre des photos). Heureusement, la documentation est disponible sur le net, et assez bien faite.
La partie mécanique, de marque GCG, est très complexe et le démontage requiert minutie, patience et rigueur. Mais elle avait au final juste besoin d'un bon nettoyage et de lubrification.
Je n'ai pas pu m'aventurer dans la section de calibration (qui figure dans le doc) car elle nécessite du matériel de mesure calibré et une cassette préenregistrée spéciale assez chère (~ $ 130 sur eBay). Pour un seul appareil, ça ne valait pas la peine.

Bilan
La jeune personne qui m'a confié son PortaOne cherchait une autre workflow, et à celà, il est à 100 lieux de la complexité d'un DAW ! On a l'essentiel, rien d'autre. Mais cette contrainte est très motivante, et je me suis surpris à poser un riff de guitare, puis un autre, faire un overdub et poser une basse, puis tout reprendre à zéro et repartir d'une ligne de boîte à rythme, etc pour au final finir avec un morceau.
Bref, le workflow et les contraintes imposent de construire son morceau logiquement et de travailler soigneusement (car aucune correction après-coup).
Après cette expérience, je regarde de temps en temps les 4 pistes qui se présentent dans les petites annonces. Franchirais-je le pas ? Probablement pas, étant largement pourvu en matériel d'enregistrement. Mais si ça n'avait pas été le cas, alors oui: ce PortaOne est un appareil simple et décidément agréable à utiliser.