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laurent BERGMAN
« Une légende ressuscitée ? »
Publié le 10/12/24 à 16:22
Rapport qualité/prix :
Excellent
Cible :
Les utilisateurs avertis
INTRODUCTION:
Le Roland SH-5 est un synthé que j'affectionne tout particulièrement. C'est, selon moi, l’un des mono les plus puissants tant en terme de possibilités de synthèse qu‘en terme de son, avec ce gros son Roland de la grande époque, il a une architecture semi-modulaire avec énormément de similitudes qu’il partage avec l’ARP Odyssey qui est moins puissant et beaucoup moins fourni en terme de routing, j’ai fait un comparatif "in-situ" en l’ayant à côté puisqu’il faut comparer ce qui est comparable (mono, architecture de même type excepté que l’Odyssey est duophonique et que l’onde en dent-de-scie des VCO’s est ascendante, contrairement au MS-5, donc forcément le contenu harmonique a un rendu différent).
C’est un synthé qui dispose de multiples sources/destinations assignables via les switches et réglables par les potentiomètres/curseurs, il est donc indispensable de bien comprendre le rôle de chacun pour arriver au résultat que l’on recherche. Avec le MS-5, Behringer a décidé de créer sa version du SH-5 en le reprenant point par point.
Les contrôles du filtre passe-bande ont été déplacés sous la section MIXER au lieu de se trouver dans la section VCF pour pouvoir sortir un modèle aussi compact tout en gardant un panneau de commande cohérent et uniforme. Le panneau est clair, aussi bien agencé que sur le modèle original. J’avoue que c’est assez bizarre de se retrouver face à un SH-5 d’une taille qui a été réduite d’un tiers tout en gardant l’ensemble des fonctionnalités. Le look est classe et on éprouve à aucun moment le sentiment d’être devant une machine qui a été amputée, d’autant plus qu’étant un instrument mono ce n’est pas pénalisant d’avoir quelques touches en moins, le choix du form factor est judicieux, même si j’aurais préféré un panneau de contrôle plus profond (de mêmes dimensions que celui de l’ARP Odyssey ou du Minimoog).
Je l’ai vraiment poussé dans ses derniers retranchements durant les tests pour voir s’il répond à une grande partie de mes attentes.
Alors, qu’en est-il après quelques jours ?
Verdict…
UTILISATION:
Je vais encore me répéter: le routing est complexe et en ayant utilisé le SH-5 pas mal de fois en sessions de studio je peux vous dire qu’il demande du temps pour le maîtriser totalement.
Le modèle original avait été extrêmement bien pensé par les ingénieurs de chez Roland (ben oui, il faut rendre à César ce qui est à César). J’ai une nette préférence pour ce système de matrices utilisant des switches plutôt que des câbles de patch, c’est plus pratique, visuel, direct et il arrive parfois d’heureux accidents d'un simple "Clic" (en plus c’est beaucoup moins le bordel sur le panneau).
Le fait que sa taille soit bien plus réduite que celle du Roland SH-5 n’enlève rien au côté ergonomique et à la prise en main du synthé, c’est bien proportionné, ludique et ergonomique. Les potentiomètres, curseurs et switches sont de taille appréciable et fluides ce qui rend l’utilisation agréable, même si comme je l’ai écrit plus haut, j’aurais aimé un panneau aux dimensions de celui de l’odyssey (ou du Minimoog) car si l’espace entre les faders est correct, un espacement plus important entre les rotatifs n’aurait pas été un luxe. C’est curieux aussi de se retrouver avec des capuchons de curseurs et quelques switches de formes identiques à ceux du Juno-106.
J’ai dû utiliser un vieux PC (mes Mac n’étant plus supportés) pour installer Synthtribe et paramétrer certaines fonctionnalités. Pour les quelques petits soucis rencontrés au moment de la reconnaissance MS-5 après installation du pilote, il m’a fallu éteindre et rallumer le synthé pour que ça fonctionne, un simple débranchement du câble USB n’a pas suffit. Par défaut il est paramétré en Last Note Priority mais j’ai dû le passer en mode Multi Tigger car j'avais des notes muettes lors du jeu, injouable en l'état. ce petit logiciel est pratique, simple et bien foutu !
SPÉCIFICATIONS:
VCO’s: Les formes d’onde sont produites par deux sections de VCO très bien pourvues: Onde triangle, Dent-de-scie descendante, Carrée et Impulsion avec largeur variable (LFO/Manuel pour le VCO1 et ADSR/Manuel pour le VCO2), a noter que la largeur d’impulsion est positive, c’est à dire qu’à "0" l’impulsion est à 50% (carrée) et qu’à "10" elle est approximativement à 80%/90% donc n’allant pas jusqu’au silence. On a aussi une synchro des oscillateurs "Hard Sync" et "Soft Sync" (pas mal, car généralement seule la "Hard Sync" est disponible), le VCO1 devient dans ce cas l’oscillateur maître.
Le suivi de clavier peut être débrayé pour le VCO2, la fréquence de celui-ci est alors fixée par ses réglages PITCH et RANGE quelle que soit la hauteur de la note jouée, ce qui apporte son lot d’avantages notamment avec le modulateur en anneau.
La tessiture des oscillateurs est extra large, elle couvre de 32" à 2". L’accordage se fait de -7 à +7 demi-tons continus (on est plutôt proche des +/- 8 demi-tons), donc un peu plus long a accorder. Cela aurait tout de même été mieux d’avoir des gros potards crantés avec des pas de 1/2 ton suivi de petits potentiomètres à côté pour le contrôle du detune de +/-50cts (plus facile et précis pour obtenir un très léger battement entre les deux oscillateurs pour épaissir le son). Les VCO’s sont stables rapidement et tiennent bien l’accordage.
Dans les autres types de sources de signal audio on dispose d'un modulateur en anneau (qui peut lui-même être affecté par l'une des sources de modulation) et dans lequel on peut substituer le signal du VCO1 par un signal provenant de l’entrée externe ainsi qu'un générateur de bruit (blanc et rose).
Modulations: La section de modulation comporte un premier LFO des plus basiques (dent-de-scie ascendante ou descendante) avec uniquement un contrôle de la vitesse, un second LFO avec différentes formes d’onde (triangle, sinusoïdale et carrée) doté d’un contrôle de temps de retard additionnel (n'affecte que l'onde sinusoïdale). L'avantage de ce LFO2 c'est que ses différentes formes d'onde sont routées simultanément sur la matrice, ici on peut contrôler chaque destination avec l'onde de son choix (contrairement aux LFO's avec un switch de sélection d'onde unique de sortie, comme c'est le cas du LFO1) et la polarité de l'onde carrée du LFO2 est inversée pour la modulation de l'onde d'impulsion. On a aussi une section Sample&Hold avec un processeur de lag qui permet d'adoucir les transitions des signaux (pour obtenir bien plus que le simple effet de type R2D2 en mode chaotique). En ce qui concerne les LFO’s, c’est dommage que l’on ne puisse pas les débrayer (mode Free), le re-déclenchement du cycle se produit à chaque note jouée (comme c’est le cas sur l’Odyssey), ce qui peut être gênant pour les "drones" ou les "leads solo". Un petit switch de débrayage aurait été bienvenu (au lieu de contourner ce problème en utilisant l’astuce que j'ai postée à ce sujet dans le forum).
Mixer: Personnellement, ce que j’aime particulièrement sur ce synthé (outre le son) c’est son fameux "MIXER" avec ses fonctions étendues car celui-ci ne se contente pas uniquement de régler le niveau de chaque source sonore ("NOISE", "VCO1", "VCO2", "RING MOD" et "EXT IN"), il permet de diriger le signal de chaque source vers l’une des quatre destinations de façon totalement indépendante (VCF, VCF+BPF, BPF,VCA) via des switches et ça c’est l’un des grands atouts de cet instrument car ce mixeur permet de déterminer quel filtre sera utilisé et même d’utiliser les deux filtres en série pour traiter certaines sources ou encore de permettre aux sources de notre choix de contourner les filtres pour attaquer directement le VCA et ça, en plus d’être très peu commun c’est d’une flexibilité hors pair.
Filtres: La section de filtre est très sympa, on y trouve deux filtres indépendants. L’un est de type Multi-Mode (LPF/HPF/BPF) qui peut être contrôlé par l’un des LFO’s, le Sample&Hold ou le suivi de clavier en plus des enveloppes. Ce filtre est capable d’entrer en auto-oscillation, le suivi de clavier est juste et permet d'obtenir des mélodies avec des sonorités de type Theremin.
L’autre filtre est de type Passe-Bande (BPF), il est assez atypique et permet d’occuper une largeur de bande spécifique et ça fait une sacrée différence, d'autant plus qu'avec son paramètre "Level" on arrive a en sortir une belle saturation. Dommage que ce filtre Passe-Bande ne soit pas contrôlable via l’une des sources de modulation ou par l'une des enveloppes.
Une chose à laquelle je voulais porter mon attention c’était la linéarité de la fréquence de coupure du potentiomètre Cutoff, seuls un peu plus des deux premiers tiers de la course ont une incidence sur le son, au-delà c'est inopérant et c'est dommage qu’on y perde un peu en progression sur l’ouverture du filtre.
Générateurs d’enveloppe: On dispose de deux générateurs d’enveloppe, l’un de type ADSR et l’autre de type AR (autre similitude avec l’Odyssey). Plusieurs modes de déclenchement sont possible (clavier, Sample&Hold, LFO2 ou EXT via une pédale switch ou un GATE branché sur l’entrée TRIG) et ce indépendamment tant pour l’enveloppe AR que l’enveloppe ADSR, ça aussi c’est vraiment bien vu… L’enveloppe ADSR a une attaque franche et rapide (plus rapide que sur l’Odyssey FS).
Pour l’enveloppe AR c’est un peu comme sur l’original (mais ici la différence semble plus drastique, je n'ai pas de SH-5 sous la main pour comparer), il y a une baisse du niveau lorsque celle-ci contrôle le VCA et dans une moindre mesure le VCF (on peut constater avec le Cutoff au minimum que le potentiomètre "Sens" a un effet moindre qu'avec l'ADSR), on a comme un sentiment de mollesse dans le son (le niveau est équivalent à un réglage Sustain de l’ADSR à 40%). Cette baisse d’amplitude ne se produit que si le déclenchement de l’enveloppe AR est fait par un clavier (que ce soit celui du MS-5, en MIDI ou en CV/Gate), pas de soucis si le Trig est fait par les autres sources, j'ai mis une solution un peu plus bas et créé un thread "Trucs et astuces" à ce sujet dans le forum.
Dommage que l'on ne bénéficie pas de l'inversion de polarité de l'enveloppe ADSR.
VCA: Dans cette section on a un paramètre HOLD qui permet d’ouvrir le VCA pour générer des drones ou encore pour traiter des sources externes sans avoir a déclencher le générateur d’enveloppe avec la moindre note (encore une similitude avec l’Odyssey sur lequel ce paramètre s’appelle "VCA Gain"), on a également un paramètre de contrôle du panoramique (plus indispensable aujourd’hui, excepté pour le dosage lors de l’utilisation d’un effet sur l’une des sorties), un switch pour le contrôle du VCA par une source de modulation ainsi que le bouton "OUT LEVEL" pour le volume de sortie générale. Un 2ème VCA alimente la sortie casque de façon totalement indépendante, le paramètre OUT LEVEL du VCA n'affecte pas le volume du casque (on peut d'ailleurs constater un très léger retard entre le signal des sorties MAIN et celui de la sortie casque).
Contrôleurs: Dans la partie gauche du clavier on dispose des contrôles traditionnels tels que le Portamento (fixe ou variable), l’accordage général, la transpose (-1/0/+1, qui est juste) et le Pitch-bend (VCO ou VCF). Concernant le Pitch-bend je regrette qu’il manque une option qui affecte à la fois le VCF et la hauteur des VCO’s, c’est dommage que cela n’ait pas été ajouté avec un switch a 3 positions lors de la conception et cela aurait ajouté de l’expressivité à l’instrument, ce qui est regrettable aussi c’est que le levier de Pitch-bend ne possède pas un axe Y qui permette de contrôler l’intensité de la modulation.
SONORITÉS:
Au menu: Basses monstrueuses, Leads, FX’s, Sweeps, sons métalliques, le tout pouvant être gras, fin et acidulé, tout y est. On retrouve des sons du type Kraftwerk, Klaus Shulze, Jarre, des premiers albums de Depeche Mode. Très bon également pour l'electro, ambient et dérivés mais il peut tout à fait convenir a d'autres styles musicaux.
Il possède une superbe couleur sonore que l’on peut raboter pour n’occuper qu’une partie du spectre grâce au filtre Passe-Bande ou encore filtrer indépendamment le VCO1 et le VCO2.
Pour finir, prenez garde, le niveau de sortie est très élevé (que ce soit les sorties générales ou le casque).
DIFFÉRENCES / LACUNES:
Maintenant que tout ceci est posé, passons à mes observations:
Si on retrouve l’esprit de l’original on y est pas tout à fait, le SH-5 est plus FAT et plus pêchu, mais ceci n’enlève rien aux qualités de ce MS-5.
Souffle résiduel: Il y en a un peu lorsqu'on met toutes les sources à zéro dans le mixeur (curseurs en bas) et que le VCA est ouvert en appuyant sur des touches (je n’ai pas analysé ce bruit mais à l’oreille je dirais que c’est assez proche d’un bruit rose), ce souffle est affecté par les filtres, le même symptôme qui touche certaines révisions du MS-20. Ce problème de souffle avait été évoqué par @davsound sur le forum, ce que je peux aussi confirmer. Ce souffle ne provient pas du générateur de Noise car la couleur du souffle ne change pas que celui-ci soit réglé sur blanc ou rose. Ceci dit, ce noise résiduel est très léger ce n’est pas trop gênant en soi, les signaux des sources audio sont suffisamment élevés.
LFO's: En mettant les curseurs "Rate" des LFO1 et LFO2 en haut, la fréquence maxi est à peu de choses près équivalente, par contre à mi-course la fréquence du LFO1 est environ 3 fois moins rapide que celle du LFO2. On a un effet exponentiel pour le curseur du LFO1 alors qu'on a une meilleure linéarité avec le curseur du LFO2.
Sample&Hold: On retrouve un comportement du curseur "Sample Time" identique à celui du curseur "Rate" LFO1, avec cet effet exponentiel.
Molette de pitch-bend: Elle souffre d'une large zone morte, c’est à dire qu’il y a une bonne partie de la course qui ne produit aucun effet, seuls les derniers 15/20% (en négatif comme en positif) ont une action tant sur les VCOs que sur le VCF, il ne permet pas d’avoir une belle progression c’est dommage. De plus, j'ai découvert plusieurs bugs qui touchent cette section en approfondissant mes tests (j'ai fait un récapitulatif des problèmes rencontrés et identifiés dans un texte intitulé EDIT en caractères gras un peu plus bas).
Si le MS-5 est piloté en MIDI, l'action du pitch-bend du clavier maître n'affecte que la hauteur des VCO's du MS-5 et ce même si le réglage du pitch-bend du MS-5 est positionné sur VCF, dommage que l'on doive en passer par des bricolages basés sur le CV si on veut faire des automations dans un DAW.
Vélocité du clavier: Si le clavier est annoncé sensible a la vélocité ce n’est qu’en émission, il ne permet pas de contrôler en interne le niveau du VCA ou l’ouverture du VCF (à moins que j’ai loupé un truc dans Synthtribe, il propose quelques réglages se rapportant à la vélocité mais les essais ont été infructueux, je vois bien les différences de vélocité dans Logic X).
Enveloppe AR: Comme je l’ai mentionné, l’enveloppe AR, engendre une baisse de niveau significative lorsqu'elle est déclenchée par le clavier.
Pour la résoudre il faut utiliser un câble asymétrique avec d'un côté un jack 6,35 et de l'autre côté un jack 3,5 pour relier sortie KBD GATE OUTPUT à l'entrée EXT INPUT TRIG puis de mettre le switch de l'enveloppe AR sur EXT et là ben "Miracle", ça fonctionne nickel et les deux enveloppes produisent le même niveau., ça change tout !
Malgré ces imperfections je retrouve tout de même l’ensemble des interactions et en grande partie le son de l’original, alors oui, des différences il y en a et même si elles sont mineures elles pourront paraître énormes pour les puristes. Personnellement je ne considère pas le MS-5 comme un "faux" SH-5 mais plutôt comme un synthé analogique moderne qui offre les mêmes types de sonorités et caractéristiques que le SH-5. Il sonne magnifiquement et je l'apprécie !
EDIT: Ayant remarqué un problème de fonctionnement du pitch-bend j'ai fait une batterie de tests beaucoup plus approfondis exclusivement focalisés sur cette section, ce qui m'a permis d'identifier plusieurs problèmes de fonctionnement qui touchent le contrôle tant en interne qu'en externe:
Large zone morte dans la course du levier du bender (seul le dernier tiers de la course affecte la destination sélectionnée, en positif comme en négatif).
Quand le MS-5 est contrôlé en MIDI, lorsqu'on bouge le pitch-bend du clavier maître cela n'affecte que la hauteur des VCO's que le switch de la destination du pitch-bend du MS-5 soit réglé sur VCO ou VCF.
Lorsque le MS-5 est utilisé en tant que clavier maître:
Action du pitch-bend totalement erratique, le pitch de l'instrument esclave ne répond pas du tout comme attendu.
Aucune action du pitch-bend sur la sortie CV du MS-5 (pas la moindre augmentation/réduction de la tension en sortie CV).
j'attends le retour d'autres utilisateurs concernant ces dysfonctionnements pour en faire une synthèse et faire remonter le tout chez Behringer, si ces problèmes concernent uniquement mon exemplaire j'en demanderais un échange pur et simple (peut-être que ces problèmes pourront être corrigés par simple une mise à jour du firmware).
Pour le reste de mon avis global sur le MS-5, hormis ces bugs liés à la molette, je ne vais pas cracher sur le produit car c'est un synthé sympa et qui sonne très bien.
Affaire à suivre (je supprimerais cet aparté lorsque ces soucis seront réglés).
CONNEXIONS:
De ce côté c’est bien fourni, en plus du trio MIDI IN/OUT/THRU et du port USB (véhiculant aussi le MIDI) qui le modernisent, on retrouve l’ensemble des connecteurs de l’original: les entrées/sorties CV/Gate classiques (en mini-jack 3,5), les entrées pour un signal audio externe et une pédale switch pour le déclenchement des générateurs d’enveloppe (jack 6,35), les sorties audio L/R symétriques, les entrées pour pédales de contrôle du VCF et des VCO’s, les entrées/sorties destinées à une pédale de volume (jack 6,35) et une prise casque en façade avec son volume indépendant, tout y est et sur ce point c’est généreux.
QUALITÉ DE FABRICATION:
L’ensemble est plutôt (voire très) bien construit et semble solide avec un châssis en métal classieux, les potentiomètres, curseurs et switches ont l’air d’être fiables, sans jeu, fluides et agréables a manipuler (mais pas vissés sur la façade). La finition est soignée et la sérigraphie est bien lisible (même le packaging respire la qualité). Le clavier est correct (semble être de même qualité que les rééditions de chez Korg), il faut avouer que pour le prix c’est plus qu’acceptable d'autant plus que celui-ci répond à la vélocité. L’alimentation externe est générique avec un aspect bas de gamme mais visiblement ça fait l'affaire.
Personnellement je n’ai rien de particulier a reprocher concernant la fabrication ou les matériaux !
Behringer s’est visiblement donné les moyens (chaînes d’assemblage, recrutement d’ingénieurs, rachat de marques, …) et ça lui a permis une belle évolution sur le plan qualitatif de ses produits. J’ai tout de même préféré attendre un peu quelques retours utilisateurs sur ce produit et au vu des avis assez positifs (et ceux des autres synthés qu’ils ont sortis) je me suis lancé.
EN RÉSUMÉ:
Ayant l’habitude d’utiliser/posséder des modèles originaux de marques historiques, il était pour moi difficile de rester objectif face à un produit Behringer, je ne partais pas avec trop d’à priori mais gardais l’esprit critique.
Il est capable d’aller sur tous les terrains et registres, extrêmement polyvalent. Ceux qui connaissent bien l’Odyssey ne seront pas trop dépaysés, le MS-5 est bien plus puissant et tout aussi flexible et ceux qui connaissent le SH-5 s’y retrouveront.
Le format compact peut surprendre au départ (aussi le poids réduit par 2 car l’original pèse un âne mort) et il est moins profond que je pensais, ceci-dit j’ai tout de même été surpris par son poids pour un clavier de cette taille, beaucoup plus lourd qu’un Minibrute.
Il est incontestablement réussi et même s’il y a quelques différences il tient bien la route sur le plan sonore. En plus, ce qui ne gâche rien c’est qu’il a vraiment de la gueule.
Gros point faible, le mode d'emploi… Il est vraiment hyper léger, heureusement que celui du Roland SH-5 est trouvable sur le net, je ne peux que conseiller de le récupérer (en anglais, pas trouvé en français), il est extrêmement bien détaillé avec des exemples de sons pour se faire la main. Un gros effort reste à faire de ce côté là.
À voir comment il va traverser les années (mécanique, niveau d’exigence en terme de qualité dans le sourcing des composants électroniques), autrement au tarif auquel il est distribué (à présent sous la barre des 500,00 €) avec ce qu’il propose il faut avouer que c’est bluffant et je ne regrette pas ce choix, il est vraiment TOP !
J’aurais donc aimé que ce clone bénéficie des actualisations suivantes:
* Un mode Free pour les LFO’s.
* Une sélection de sources de modulation pour le contrôle du filtre Passe-Bande.
* Un contrôle simultané du VCF et des VCO’s via le levier de Pitch-Bend.
* Pas de contrôle de modulation via Pitch-Bend (difficile de régler les portards "Mod" des 2 VCO'S en même temps avec précision pendant le jeu).
* Un contrôle du VCA/VCF via la vélocité (encore une fois, sur ce point j’ai peut-être loupé un truc dans l’utilitaire Synthtribe).
* Une inversion de polarité pour l'enveloppe ADSR.
Les +:
+: Restitution plutôt correcte du son du Roland SH-5.
+: Gros son.
+: L’ergonomie fidèle au modèle original.
+: Très nombreux routings.
+: La stabilité des oscillateurs.
+: Les deux filtres, en particulier l’excellent Passe-Bande.
+: Rapidité de l’enveloppe ADSR.
+: Très bon niveau de sortie.
+: Le MIDI.
+: Les entrées et sorties CV/Gate.
+: Le déclenchement des enveloppes par pédale (Trig).
+: Les entrées pour pédales d’expression.
+: Look superbe.
+: Belle qualité de fabrication.
+: Le poids, même s’il n’est pas léger ce n’est pas au point de l’original qui pèse un âne mort .
Les -:
-: Les lacunes de l’original n’ont pas été corrigées (elles ont été clonées).
-: Pas de contrôle du VCA/VCF par la vélocité alors que le clavier en est équipé.
-: Pas d’actualisation (hormis le MIDI et le port USB).
-: Zones mortes du pitch-bend.
-: Quelques paramètres uniquement accessibles via l’application.
-: Alimentation externe bas de gamme.
-: Mode d’emploi léger (très léger).
.
Le Roland SH-5 est un synthé que j'affectionne tout particulièrement. C'est, selon moi, l’un des mono les plus puissants tant en terme de possibilités de synthèse qu‘en terme de son, avec ce gros son Roland de la grande époque, il a une architecture semi-modulaire avec énormément de similitudes qu’il partage avec l’ARP Odyssey qui est moins puissant et beaucoup moins fourni en terme de routing, j’ai fait un comparatif "in-situ" en l’ayant à côté puisqu’il faut comparer ce qui est comparable (mono, architecture de même type excepté que l’Odyssey est duophonique et que l’onde en dent-de-scie des VCO’s est ascendante, contrairement au MS-5, donc forcément le contenu harmonique a un rendu différent).
C’est un synthé qui dispose de multiples sources/destinations assignables via les switches et réglables par les potentiomètres/curseurs, il est donc indispensable de bien comprendre le rôle de chacun pour arriver au résultat que l’on recherche. Avec le MS-5, Behringer a décidé de créer sa version du SH-5 en le reprenant point par point.
Les contrôles du filtre passe-bande ont été déplacés sous la section MIXER au lieu de se trouver dans la section VCF pour pouvoir sortir un modèle aussi compact tout en gardant un panneau de commande cohérent et uniforme. Le panneau est clair, aussi bien agencé que sur le modèle original. J’avoue que c’est assez bizarre de se retrouver face à un SH-5 d’une taille qui a été réduite d’un tiers tout en gardant l’ensemble des fonctionnalités. Le look est classe et on éprouve à aucun moment le sentiment d’être devant une machine qui a été amputée, d’autant plus qu’étant un instrument mono ce n’est pas pénalisant d’avoir quelques touches en moins, le choix du form factor est judicieux, même si j’aurais préféré un panneau de contrôle plus profond (de mêmes dimensions que celui de l’ARP Odyssey ou du Minimoog).
Je l’ai vraiment poussé dans ses derniers retranchements durant les tests pour voir s’il répond à une grande partie de mes attentes.
Alors, qu’en est-il après quelques jours ?
Verdict…
UTILISATION:
Je vais encore me répéter: le routing est complexe et en ayant utilisé le SH-5 pas mal de fois en sessions de studio je peux vous dire qu’il demande du temps pour le maîtriser totalement.
Le modèle original avait été extrêmement bien pensé par les ingénieurs de chez Roland (ben oui, il faut rendre à César ce qui est à César). J’ai une nette préférence pour ce système de matrices utilisant des switches plutôt que des câbles de patch, c’est plus pratique, visuel, direct et il arrive parfois d’heureux accidents d'un simple "Clic" (en plus c’est beaucoup moins le bordel sur le panneau).
Le fait que sa taille soit bien plus réduite que celle du Roland SH-5 n’enlève rien au côté ergonomique et à la prise en main du synthé, c’est bien proportionné, ludique et ergonomique. Les potentiomètres, curseurs et switches sont de taille appréciable et fluides ce qui rend l’utilisation agréable, même si comme je l’ai écrit plus haut, j’aurais aimé un panneau aux dimensions de celui de l’odyssey (ou du Minimoog) car si l’espace entre les faders est correct, un espacement plus important entre les rotatifs n’aurait pas été un luxe. C’est curieux aussi de se retrouver avec des capuchons de curseurs et quelques switches de formes identiques à ceux du Juno-106.
J’ai dû utiliser un vieux PC (mes Mac n’étant plus supportés) pour installer Synthtribe et paramétrer certaines fonctionnalités. Pour les quelques petits soucis rencontrés au moment de la reconnaissance MS-5 après installation du pilote, il m’a fallu éteindre et rallumer le synthé pour que ça fonctionne, un simple débranchement du câble USB n’a pas suffit. Par défaut il est paramétré en Last Note Priority mais j’ai dû le passer en mode Multi Tigger car j'avais des notes muettes lors du jeu, injouable en l'état. ce petit logiciel est pratique, simple et bien foutu !
SPÉCIFICATIONS:
VCO’s: Les formes d’onde sont produites par deux sections de VCO très bien pourvues: Onde triangle, Dent-de-scie descendante, Carrée et Impulsion avec largeur variable (LFO/Manuel pour le VCO1 et ADSR/Manuel pour le VCO2), a noter que la largeur d’impulsion est positive, c’est à dire qu’à "0" l’impulsion est à 50% (carrée) et qu’à "10" elle est approximativement à 80%/90% donc n’allant pas jusqu’au silence. On a aussi une synchro des oscillateurs "Hard Sync" et "Soft Sync" (pas mal, car généralement seule la "Hard Sync" est disponible), le VCO1 devient dans ce cas l’oscillateur maître.
Le suivi de clavier peut être débrayé pour le VCO2, la fréquence de celui-ci est alors fixée par ses réglages PITCH et RANGE quelle que soit la hauteur de la note jouée, ce qui apporte son lot d’avantages notamment avec le modulateur en anneau.
La tessiture des oscillateurs est extra large, elle couvre de 32" à 2". L’accordage se fait de -7 à +7 demi-tons continus (on est plutôt proche des +/- 8 demi-tons), donc un peu plus long a accorder. Cela aurait tout de même été mieux d’avoir des gros potards crantés avec des pas de 1/2 ton suivi de petits potentiomètres à côté pour le contrôle du detune de +/-50cts (plus facile et précis pour obtenir un très léger battement entre les deux oscillateurs pour épaissir le son). Les VCO’s sont stables rapidement et tiennent bien l’accordage.
Dans les autres types de sources de signal audio on dispose d'un modulateur en anneau (qui peut lui-même être affecté par l'une des sources de modulation) et dans lequel on peut substituer le signal du VCO1 par un signal provenant de l’entrée externe ainsi qu'un générateur de bruit (blanc et rose).
Modulations: La section de modulation comporte un premier LFO des plus basiques (dent-de-scie ascendante ou descendante) avec uniquement un contrôle de la vitesse, un second LFO avec différentes formes d’onde (triangle, sinusoïdale et carrée) doté d’un contrôle de temps de retard additionnel (n'affecte que l'onde sinusoïdale). L'avantage de ce LFO2 c'est que ses différentes formes d'onde sont routées simultanément sur la matrice, ici on peut contrôler chaque destination avec l'onde de son choix (contrairement aux LFO's avec un switch de sélection d'onde unique de sortie, comme c'est le cas du LFO1) et la polarité de l'onde carrée du LFO2 est inversée pour la modulation de l'onde d'impulsion. On a aussi une section Sample&Hold avec un processeur de lag qui permet d'adoucir les transitions des signaux (pour obtenir bien plus que le simple effet de type R2D2 en mode chaotique). En ce qui concerne les LFO’s, c’est dommage que l’on ne puisse pas les débrayer (mode Free), le re-déclenchement du cycle se produit à chaque note jouée (comme c’est le cas sur l’Odyssey), ce qui peut être gênant pour les "drones" ou les "leads solo". Un petit switch de débrayage aurait été bienvenu (au lieu de contourner ce problème en utilisant l’astuce que j'ai postée à ce sujet dans le forum).
Mixer: Personnellement, ce que j’aime particulièrement sur ce synthé (outre le son) c’est son fameux "MIXER" avec ses fonctions étendues car celui-ci ne se contente pas uniquement de régler le niveau de chaque source sonore ("NOISE", "VCO1", "VCO2", "RING MOD" et "EXT IN"), il permet de diriger le signal de chaque source vers l’une des quatre destinations de façon totalement indépendante (VCF, VCF+BPF, BPF,VCA) via des switches et ça c’est l’un des grands atouts de cet instrument car ce mixeur permet de déterminer quel filtre sera utilisé et même d’utiliser les deux filtres en série pour traiter certaines sources ou encore de permettre aux sources de notre choix de contourner les filtres pour attaquer directement le VCA et ça, en plus d’être très peu commun c’est d’une flexibilité hors pair.
Filtres: La section de filtre est très sympa, on y trouve deux filtres indépendants. L’un est de type Multi-Mode (LPF/HPF/BPF) qui peut être contrôlé par l’un des LFO’s, le Sample&Hold ou le suivi de clavier en plus des enveloppes. Ce filtre est capable d’entrer en auto-oscillation, le suivi de clavier est juste et permet d'obtenir des mélodies avec des sonorités de type Theremin.
L’autre filtre est de type Passe-Bande (BPF), il est assez atypique et permet d’occuper une largeur de bande spécifique et ça fait une sacrée différence, d'autant plus qu'avec son paramètre "Level" on arrive a en sortir une belle saturation. Dommage que ce filtre Passe-Bande ne soit pas contrôlable via l’une des sources de modulation ou par l'une des enveloppes.
Une chose à laquelle je voulais porter mon attention c’était la linéarité de la fréquence de coupure du potentiomètre Cutoff, seuls un peu plus des deux premiers tiers de la course ont une incidence sur le son, au-delà c'est inopérant et c'est dommage qu’on y perde un peu en progression sur l’ouverture du filtre.
Générateurs d’enveloppe: On dispose de deux générateurs d’enveloppe, l’un de type ADSR et l’autre de type AR (autre similitude avec l’Odyssey). Plusieurs modes de déclenchement sont possible (clavier, Sample&Hold, LFO2 ou EXT via une pédale switch ou un GATE branché sur l’entrée TRIG) et ce indépendamment tant pour l’enveloppe AR que l’enveloppe ADSR, ça aussi c’est vraiment bien vu… L’enveloppe ADSR a une attaque franche et rapide (plus rapide que sur l’Odyssey FS).
Pour l’enveloppe AR c’est un peu comme sur l’original (mais ici la différence semble plus drastique, je n'ai pas de SH-5 sous la main pour comparer), il y a une baisse du niveau lorsque celle-ci contrôle le VCA et dans une moindre mesure le VCF (on peut constater avec le Cutoff au minimum que le potentiomètre "Sens" a un effet moindre qu'avec l'ADSR), on a comme un sentiment de mollesse dans le son (le niveau est équivalent à un réglage Sustain de l’ADSR à 40%). Cette baisse d’amplitude ne se produit que si le déclenchement de l’enveloppe AR est fait par un clavier (que ce soit celui du MS-5, en MIDI ou en CV/Gate), pas de soucis si le Trig est fait par les autres sources, j'ai mis une solution un peu plus bas et créé un thread "Trucs et astuces" à ce sujet dans le forum.
Dommage que l'on ne bénéficie pas de l'inversion de polarité de l'enveloppe ADSR.
VCA: Dans cette section on a un paramètre HOLD qui permet d’ouvrir le VCA pour générer des drones ou encore pour traiter des sources externes sans avoir a déclencher le générateur d’enveloppe avec la moindre note (encore une similitude avec l’Odyssey sur lequel ce paramètre s’appelle "VCA Gain"), on a également un paramètre de contrôle du panoramique (plus indispensable aujourd’hui, excepté pour le dosage lors de l’utilisation d’un effet sur l’une des sorties), un switch pour le contrôle du VCA par une source de modulation ainsi que le bouton "OUT LEVEL" pour le volume de sortie générale. Un 2ème VCA alimente la sortie casque de façon totalement indépendante, le paramètre OUT LEVEL du VCA n'affecte pas le volume du casque (on peut d'ailleurs constater un très léger retard entre le signal des sorties MAIN et celui de la sortie casque).
Contrôleurs: Dans la partie gauche du clavier on dispose des contrôles traditionnels tels que le Portamento (fixe ou variable), l’accordage général, la transpose (-1/0/+1, qui est juste) et le Pitch-bend (VCO ou VCF). Concernant le Pitch-bend je regrette qu’il manque une option qui affecte à la fois le VCF et la hauteur des VCO’s, c’est dommage que cela n’ait pas été ajouté avec un switch a 3 positions lors de la conception et cela aurait ajouté de l’expressivité à l’instrument, ce qui est regrettable aussi c’est que le levier de Pitch-bend ne possède pas un axe Y qui permette de contrôler l’intensité de la modulation.
SONORITÉS:
Au menu: Basses monstrueuses, Leads, FX’s, Sweeps, sons métalliques, le tout pouvant être gras, fin et acidulé, tout y est. On retrouve des sons du type Kraftwerk, Klaus Shulze, Jarre, des premiers albums de Depeche Mode. Très bon également pour l'electro, ambient et dérivés mais il peut tout à fait convenir a d'autres styles musicaux.
Il possède une superbe couleur sonore que l’on peut raboter pour n’occuper qu’une partie du spectre grâce au filtre Passe-Bande ou encore filtrer indépendamment le VCO1 et le VCO2.
Pour finir, prenez garde, le niveau de sortie est très élevé (que ce soit les sorties générales ou le casque).
DIFFÉRENCES / LACUNES:
Maintenant que tout ceci est posé, passons à mes observations:
Si on retrouve l’esprit de l’original on y est pas tout à fait, le SH-5 est plus FAT et plus pêchu, mais ceci n’enlève rien aux qualités de ce MS-5.
Souffle résiduel: Il y en a un peu lorsqu'on met toutes les sources à zéro dans le mixeur (curseurs en bas) et que le VCA est ouvert en appuyant sur des touches (je n’ai pas analysé ce bruit mais à l’oreille je dirais que c’est assez proche d’un bruit rose), ce souffle est affecté par les filtres, le même symptôme qui touche certaines révisions du MS-20. Ce problème de souffle avait été évoqué par @davsound sur le forum, ce que je peux aussi confirmer. Ce souffle ne provient pas du générateur de Noise car la couleur du souffle ne change pas que celui-ci soit réglé sur blanc ou rose. Ceci dit, ce noise résiduel est très léger ce n’est pas trop gênant en soi, les signaux des sources audio sont suffisamment élevés.
LFO's: En mettant les curseurs "Rate" des LFO1 et LFO2 en haut, la fréquence maxi est à peu de choses près équivalente, par contre à mi-course la fréquence du LFO1 est environ 3 fois moins rapide que celle du LFO2. On a un effet exponentiel pour le curseur du LFO1 alors qu'on a une meilleure linéarité avec le curseur du LFO2.
Sample&Hold: On retrouve un comportement du curseur "Sample Time" identique à celui du curseur "Rate" LFO1, avec cet effet exponentiel.
Molette de pitch-bend: Elle souffre d'une large zone morte, c’est à dire qu’il y a une bonne partie de la course qui ne produit aucun effet, seuls les derniers 15/20% (en négatif comme en positif) ont une action tant sur les VCOs que sur le VCF, il ne permet pas d’avoir une belle progression c’est dommage. De plus, j'ai découvert plusieurs bugs qui touchent cette section en approfondissant mes tests (j'ai fait un récapitulatif des problèmes rencontrés et identifiés dans un texte intitulé EDIT en caractères gras un peu plus bas).
Si le MS-5 est piloté en MIDI, l'action du pitch-bend du clavier maître n'affecte que la hauteur des VCO's du MS-5 et ce même si le réglage du pitch-bend du MS-5 est positionné sur VCF, dommage que l'on doive en passer par des bricolages basés sur le CV si on veut faire des automations dans un DAW.
Vélocité du clavier: Si le clavier est annoncé sensible a la vélocité ce n’est qu’en émission, il ne permet pas de contrôler en interne le niveau du VCA ou l’ouverture du VCF (à moins que j’ai loupé un truc dans Synthtribe, il propose quelques réglages se rapportant à la vélocité mais les essais ont été infructueux, je vois bien les différences de vélocité dans Logic X).
Enveloppe AR: Comme je l’ai mentionné, l’enveloppe AR, engendre une baisse de niveau significative lorsqu'elle est déclenchée par le clavier.
Pour la résoudre il faut utiliser un câble asymétrique avec d'un côté un jack 6,35 et de l'autre côté un jack 3,5 pour relier sortie KBD GATE OUTPUT à l'entrée EXT INPUT TRIG puis de mettre le switch de l'enveloppe AR sur EXT et là ben "Miracle", ça fonctionne nickel et les deux enveloppes produisent le même niveau., ça change tout !
Malgré ces imperfections je retrouve tout de même l’ensemble des interactions et en grande partie le son de l’original, alors oui, des différences il y en a et même si elles sont mineures elles pourront paraître énormes pour les puristes. Personnellement je ne considère pas le MS-5 comme un "faux" SH-5 mais plutôt comme un synthé analogique moderne qui offre les mêmes types de sonorités et caractéristiques que le SH-5. Il sonne magnifiquement et je l'apprécie !
EDIT: Ayant remarqué un problème de fonctionnement du pitch-bend j'ai fait une batterie de tests beaucoup plus approfondis exclusivement focalisés sur cette section, ce qui m'a permis d'identifier plusieurs problèmes de fonctionnement qui touchent le contrôle tant en interne qu'en externe:
Large zone morte dans la course du levier du bender (seul le dernier tiers de la course affecte la destination sélectionnée, en positif comme en négatif).
Quand le MS-5 est contrôlé en MIDI, lorsqu'on bouge le pitch-bend du clavier maître cela n'affecte que la hauteur des VCO's que le switch de la destination du pitch-bend du MS-5 soit réglé sur VCO ou VCF.
Lorsque le MS-5 est utilisé en tant que clavier maître:
Action du pitch-bend totalement erratique, le pitch de l'instrument esclave ne répond pas du tout comme attendu.
Aucune action du pitch-bend sur la sortie CV du MS-5 (pas la moindre augmentation/réduction de la tension en sortie CV).
j'attends le retour d'autres utilisateurs concernant ces dysfonctionnements pour en faire une synthèse et faire remonter le tout chez Behringer, si ces problèmes concernent uniquement mon exemplaire j'en demanderais un échange pur et simple (peut-être que ces problèmes pourront être corrigés par simple une mise à jour du firmware).
Pour le reste de mon avis global sur le MS-5, hormis ces bugs liés à la molette, je ne vais pas cracher sur le produit car c'est un synthé sympa et qui sonne très bien.
Affaire à suivre (je supprimerais cet aparté lorsque ces soucis seront réglés).
CONNEXIONS:
De ce côté c’est bien fourni, en plus du trio MIDI IN/OUT/THRU et du port USB (véhiculant aussi le MIDI) qui le modernisent, on retrouve l’ensemble des connecteurs de l’original: les entrées/sorties CV/Gate classiques (en mini-jack 3,5), les entrées pour un signal audio externe et une pédale switch pour le déclenchement des générateurs d’enveloppe (jack 6,35), les sorties audio L/R symétriques, les entrées pour pédales de contrôle du VCF et des VCO’s, les entrées/sorties destinées à une pédale de volume (jack 6,35) et une prise casque en façade avec son volume indépendant, tout y est et sur ce point c’est généreux.
QUALITÉ DE FABRICATION:
L’ensemble est plutôt (voire très) bien construit et semble solide avec un châssis en métal classieux, les potentiomètres, curseurs et switches ont l’air d’être fiables, sans jeu, fluides et agréables a manipuler (mais pas vissés sur la façade). La finition est soignée et la sérigraphie est bien lisible (même le packaging respire la qualité). Le clavier est correct (semble être de même qualité que les rééditions de chez Korg), il faut avouer que pour le prix c’est plus qu’acceptable d'autant plus que celui-ci répond à la vélocité. L’alimentation externe est générique avec un aspect bas de gamme mais visiblement ça fait l'affaire.
Personnellement je n’ai rien de particulier a reprocher concernant la fabrication ou les matériaux !
Behringer s’est visiblement donné les moyens (chaînes d’assemblage, recrutement d’ingénieurs, rachat de marques, …) et ça lui a permis une belle évolution sur le plan qualitatif de ses produits. J’ai tout de même préféré attendre un peu quelques retours utilisateurs sur ce produit et au vu des avis assez positifs (et ceux des autres synthés qu’ils ont sortis) je me suis lancé.
EN RÉSUMÉ:
Ayant l’habitude d’utiliser/posséder des modèles originaux de marques historiques, il était pour moi difficile de rester objectif face à un produit Behringer, je ne partais pas avec trop d’à priori mais gardais l’esprit critique.
Il est capable d’aller sur tous les terrains et registres, extrêmement polyvalent. Ceux qui connaissent bien l’Odyssey ne seront pas trop dépaysés, le MS-5 est bien plus puissant et tout aussi flexible et ceux qui connaissent le SH-5 s’y retrouveront.
Le format compact peut surprendre au départ (aussi le poids réduit par 2 car l’original pèse un âne mort) et il est moins profond que je pensais, ceci-dit j’ai tout de même été surpris par son poids pour un clavier de cette taille, beaucoup plus lourd qu’un Minibrute.
Il est incontestablement réussi et même s’il y a quelques différences il tient bien la route sur le plan sonore. En plus, ce qui ne gâche rien c’est qu’il a vraiment de la gueule.
Gros point faible, le mode d'emploi… Il est vraiment hyper léger, heureusement que celui du Roland SH-5 est trouvable sur le net, je ne peux que conseiller de le récupérer (en anglais, pas trouvé en français), il est extrêmement bien détaillé avec des exemples de sons pour se faire la main. Un gros effort reste à faire de ce côté là.
À voir comment il va traverser les années (mécanique, niveau d’exigence en terme de qualité dans le sourcing des composants électroniques), autrement au tarif auquel il est distribué (à présent sous la barre des 500,00 €) avec ce qu’il propose il faut avouer que c’est bluffant et je ne regrette pas ce choix, il est vraiment TOP !
J’aurais donc aimé que ce clone bénéficie des actualisations suivantes:
* Un mode Free pour les LFO’s.
* Une sélection de sources de modulation pour le contrôle du filtre Passe-Bande.
* Un contrôle simultané du VCF et des VCO’s via le levier de Pitch-Bend.
* Pas de contrôle de modulation via Pitch-Bend (difficile de régler les portards "Mod" des 2 VCO'S en même temps avec précision pendant le jeu).
* Un contrôle du VCA/VCF via la vélocité (encore une fois, sur ce point j’ai peut-être loupé un truc dans l’utilitaire Synthtribe).
* Une inversion de polarité pour l'enveloppe ADSR.
Les +:
+: Restitution plutôt correcte du son du Roland SH-5.
+: Gros son.
+: L’ergonomie fidèle au modèle original.
+: Très nombreux routings.
+: La stabilité des oscillateurs.
+: Les deux filtres, en particulier l’excellent Passe-Bande.
+: Rapidité de l’enveloppe ADSR.
+: Très bon niveau de sortie.
+: Le MIDI.
+: Les entrées et sorties CV/Gate.
+: Le déclenchement des enveloppes par pédale (Trig).
+: Les entrées pour pédales d’expression.
+: Look superbe.
+: Belle qualité de fabrication.
+: Le poids, même s’il n’est pas léger ce n’est pas au point de l’original qui pèse un âne mort .
Les -:
-: Les lacunes de l’original n’ont pas été corrigées (elles ont été clonées).
-: Pas de contrôle du VCA/VCF par la vélocité alors que le clavier en est équipé.
-: Pas d’actualisation (hormis le MIDI et le port USB).
-: Zones mortes du pitch-bend.
-: Quelques paramètres uniquement accessibles via l’application.
-: Alimentation externe bas de gamme.
-: Mode d’emploi léger (très léger).
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